Philo - travail - rêves
Publié : 14 sept. 2006
Nietzsche (1844-1900) - Aurore, livre troisième, paragraphe 173 (1881)Les louangeurs du travail. - Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et d'un intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de cette dure activité du matin au soir -, que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l'on travaille sans cesse durement jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême. - Et voici (ô épouvante !) que c'est justement le "travailleur" qui est devenu dangereux ! Les "individus dangereux" fourmillent ! Et derrière eux il y a le danger des dangers - l'individuum !
http://zarathoustra.info
http://fr.wikisource.org/wiki/Aurore
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aurore_(Fr ... Nietzsche)
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Raul VANEIGEM : Traité du savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (1967) - Chapitre V - Déchéance du travail.Dans une société industrielle qui confond travail et productivité, la nécessité de produire a toujours été antagoniste au désir de créer. Que reste-t-il d’étincelle humaine, c’est-à-dire de créativité possible, chez un être tiré du sommeil à six heures chaque matin, cahoté dans les trains de banlieue, assourdi par les fracas des machines, lessivé, bué par les cadences, les gestes privés de sens, le contrôle statique, et rejeté vers la fin du jour dans les halls de gare, cathédrales de départ pour l’enfer des semaines et l’infime paradis des week-ends, où la foule communie dans la fatigue et l’abrutissement ?
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De la force vive déchiquetée brutalement à la déchirure béante de la vieillesse, la vie craque de partout sous les coups du travail forcé.
http://arikel.free.fr/aides/vaneigem
http://fr.wikipedia.org/wiki/Raoul_Vaneigem
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Paul LAFARGUE (1842-1911) : Le Droit à la paresse (1883) - page 16Les économistes s'en vont répéter aux ouvriers : travaillez pour augmenter la richesse nationale ! Et cependant un économiste, Destut de Tracy, répond : les nations pauvres, c'est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c'est là où il est ordinairement pauvre. Mais assourdis et idiotisés par leur propres hurlements, les économistes de répondre : travaillez, travaillez toujours pour créer votre bien-être ! Travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables.
http://classiques.uqac.ca/classiques/la ... resse.html
http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?paresse3
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http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm