Adriana, suicidée de la précarité
Publié : 20 août 2006
Arrivée il y a dix ans en France, cette Colombienne de trente-six ans sans papiers, exploitée, devait être expulsée de son hôtel à la fin du mois.
Sur la photo, le cheveu est long et blond, la lèvre pulpeuse et l’oeil souligné au crayon noir. Au-dessous de l’image de cette jeune femme, quelques lignes : « On vous informe par ce présent avis du décès de Mlle Adriana Patricia B., née le 21 juin 1970. » On donne également rendez-vous au cimetière du Père-Lachaise pour l’incinération - qui a eu lieu hier. Sur tout un pan de la rue Charonne, la nouvelle de la mort d’Adriana est placardée sur les murs, dans les vitrines des cafés. C’est Karim, son ex-petit copain, qui a collé les affichettes dans ce lieu populaire du 11e arrondissement parisien. Ici tout le monde se connaît, c’est « l’esprit de quartier ». Ici, on se souvient d’Adriana. « Une jeune femme toujours souriante, je l’avais rencontrée en tant que barmaid dans différents cafés, explique Christiane, quinquagénaire arborant une casquette à la gavroche vissée sur une chevelure poivre et sel. Je n’étais pas au courant de sa situation de sans-papiers. J’aurais jamais imaginé... »
Lundi dernier, la jeune Colombienne a été retrouvée morte dans la chambre d’hôtel qu’elle occupait, les veines tailladées.
(...)
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