A la louche - Le Monolecte
Publié : 19 déc. 2010
Suite : http://blog.monolecte.fr/post/2010/12/19/A-la-loucheÉtrangement, cette année, la gueule de bois tombe un peu avant les fêtes.
Manger sa merde, en cette fin d'année, c’est rester dans un job pourri et fermer soigneusement sa gueule en espérant que la tempête passera au large. C’est faire semblant de ne pas voir les coups de sabre répétés contre le Code du travail, les salaires qui font, au mieux, du surplace et la balkanisation totale du monde du travail, où chacun tente de sauver sa peau, quitte à marcher sur le voisin.En ce moment, je fais comme tout le monde : je mange ma merde
On pourrait se dire qu’on est à 2 000 lieux de l’ambiance de franche fraternité qui avait éclos à l’ombre des piquets de grève de cet automne, mais en fait, on est en plein dedans, on paie cash la facture de la solidarité à deux balles. C’était bien sympa de savoir de les 3/4 des Français soutenait le mouvement contre la réforme, que dis-je, le dynamitage en règle de nos retraites, mais dans les faits, ce que les gens soutenaient, c’est l’idée qu’une bande d’excités allaient se peler les miches, se manger le tonfa, se faire des soirées pâtes à l’eau à leur place tout en sauvant une certaine idée de la sécurité contre la rapacité du patronat financiarisé. La révolution par procuration, en gardant les arpions bien au chaud et en ne compromettant pas ses chances de promotion carriériste, maintenant, on en a la confirmation : ça ne mène nulle part.
Résultat des opérations : c’est 100 % des salariés qui l’ont franchement dans le cul et un patronat avide qui fonce à tombeau ouvert sur l’autoroute de la dérégulation sociale en klaxonnant. Parce qu’on avait, par contre, tous bien compris que l’enjeu des luttes de l’automne dépassait de très loin la simple question comptable de savoir que combien on serait tous plus miséreux au moment où nous ne pourrions plus arquer au boulot. On le savait et on a été petits joueurs. On le savait et maintenant, on bouffe tous notre merde. Dans de grands bols. Pleins à ras bord.