Maxerem a écrit :Quand un type a un langage de vérité (il y en a parfois !) il se fait rarement élire: on lui préfère le fumiste qui promet la lune.
C'est le constat de Cynthia Fleury dans son livre "La fin du courage", au chapitre consacré au courage en politique.
Elle écrit : «La parrêsia (le dire vrai) n’est pas affaire de communication. Elle prends le risque de déplaire (et non pas de plaire en déplaisant ou en provoquant, voie classique de la communication polémique à tendance blasphématoire et populiste).»
Ce disant, elle vise directement Le Pen et Sarkozy, qui se revendiquent du "parler vrai" alors qu'ils mentent comme des arracheurs de dents.
Elle cite Foucault : «Le dire vrai n’est pas un dire sur tout et n’importe quoi. Il est normatif et non permissif. Il renvoie à des critères spécifiques, sinon il est le dire de la doxa, populiste, tout puissant et infantile : un dire fantasmatique qui disloque la cité. Pratiquer la parrêsia n’est pas simplement "tout dire". C’est "tout dire, mais indexé à la vérité".» Le "parrèsiaste" dit ce qu’il pense mais, surtout, il «se lie à cette vérité, il s’oblige, par conséquent, à elle et par elle». Pour qu’il y ait parrêsia, il faut que le «sujet [en disant] cette vérité, prenne un certain risque, risque qui concerne la relation même qu’il a avec celui auquel il s’adresse».
Donc, l'homme politique qui pratique la parrêsia gêne ses homologues (qui ne la pratiquent pas) et effraie les électeurs (peu habitués à ce type de démarche) qui vont lui accorder un simple succès d'estime. Deux raisons à cela. D'abord, s'il propose des solutions totalement innovatrices ou radicales qui ne sentent pas le frelaté et qu'il mettra véritablement en œuvre, il va bousculer le riskophobe qui sommeille dans chaque électeur : ce dernier préfèrera alors se réfugier dans le "soft", le consensus mou... Enfin, l'électeur est tellement conditionné au mensonge en politique qu'il finit par le trouver normal, voire sécurisant.