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La face cachée de la baisse du chômage

Publié : 05 juil. 2006
par Yves
Un article du "Canard enchaîné" :

Les excellents chiffres du mois de mai sont surtout le résultat des nombreux départs à la retraite anticipés et du "dopage" de l'emploi par les aides publiques à l'embauche de chômeurs et de jeunes

POUR le marquage à la culotte, même Thuram n'est pas meilleur que Villepin et Borloo. Lors de sa conférence de presse mensuelle, mercredi 28, le Premier ministre lâchait quelques indiscrétions sur l'amélioration des chiffres du chômage, lesquels, en principe, ne devaient être rendus publics que le lendemain par son ministre du Travail. Galouzeau donnait même dans le registre divinatoire, en prévoyant un taux de chômage " sous la barre des 9 % dans les prochains mois ". Borloo ne pouvait être en reste et, quelques heures plus tard, jouait les " Monsieur Plus " à l'Assemblée, annonçant " 8,9 % dans les mois qui viennent et, j'espère, 7 % très bientôt ". Et de poursuivre sa contre-attaque le lendemain, jeudi 29, enchaînant un déjeuner où il commentait les chiffres, devenus officiels, devant un groupe de journalistes, une interview au "Parisien", puis une autre aux "Echos"… Et l'ensemble de la presse emboîtait le pas.

Le filon Fillon

Après ce tambourinage, impossible d'ignorer que la France comptait 48.900 chômeurs de moins fin mai et que le taux de chômage est tombé à 9,1 % de la population active. Et, bien sûr, les deux compères ont retrouvé un bel esprit d'équipe pour affirmer que ce résultat mirobolant, qui permet de ramener le chômage à son niveau de 2002 (sous-entendu : là où la gauche l'avait laissé), est le fruit d'une politique gouvernementale marquée du sceau du dynamisme et de l'imagination.
Examinée par les économistes, l'appréciation mérite d'être fortement nuancée. À en croire, notamment, les experts de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la baisse du chômage serait d'abord la conséquence mécanique de la réforme des retraites de 2003. Pour faire avaler cette réforme à une CFDT venue négocier clandestinement, François Fillon y avait inclus une clause qui allait connaître un certain succès : les salariés ayant commencé à travailler très jeunes pourraient partir à la retraite avant l'âge de 60 ans, sous réserve de totaliser quarante annuités de cotisations. Environ 100.000 presque sexagénaires se jettent chaque année sur cette aubaine.

Borloo rêve tout haut

Bilan : alors qu'en 2002 la population active s'était accrue de 180.000 personnes, elle n'a augmenté que de 40.000 en 2005. En 2006, elle pourrait ne croître que de 20.000. D'où cette petite équation formulée par Eric Heyer, directeur adjoint de 'l'OFCE : "En 2002, il fallait créer au minimum 180.000 emplois pour faire baisser le chômage. Aujourd'hui, 40.000 suffisent." Au passage, ce sont les caisses de retraite qui paient la différence.
Cet effet automatique des départs à la retraite sur les chiffres du chômage est quelque peu occulté dans les commentaires officiels. Lesquels gomment aussi cette petite réalité : jusqu'en mai 2005, les radiations représentaient moins de 8 % des chômeurs. Depuis juin 2005, elles frappent régulièrement près de 10 % des inscrits à l'ANPE.
En revanche, Jean-Louis Borloo claironne qu'il aurait trouvé la pierre philosophale du plein-emploi grâce à sa réforme des "aides à la personne". Selon lui, 36.800 boulots auraient été créés dans ce secteur au printemps (soit plus de 150.000 à attendre pour l'ensemble de 2006), ce qui double le rendement par rapport à l'année précédente. Où ce chiffre a-t-il été déniché ? Un autre expert de l'OFCE, Xavier Timbaud, expliquait, dans "Libération" (30/6), qu'il ne s'agit que d'une estimation au doigt mouillé reposant sur l'accroissement du nombre des organismes prestataires de services à la personne.
Le même Borloo, qui, selon le mot du député communiste Alain Bocquet, pourrait remplir une baignoire de mousse avec seulement 3 grammes de savon, se targue de pouvoir créer en trois ans 500.000 jobs grâce aux chèques-services universels. Là encore, le mystère sur les savants calculs qui ont présidé à ce pronostic reste épais : les propres services statistiques de Borloo estiment à 320.000 le nombre d'emplois de ce type... en 2015.

Recettes socialistes

Dernière recette employée pour réduire le chômage : la redécouverte des emplois aidés. En 2002, au retour de la droite, la simple évocation de ces aides provoquait des procès en sorcellerie ; l'avenir était à une économie redynamisée par des entreprises débarrassées de leurs carcans. Les emplois aidés ont donc été progressivement ramenés à la portion congrue. Mais, dans la perspective des élections en 2007, il faut faire du chiffre. La timide tentative des "contrats d'avenir" créés par Borloo et financés par les Régions n'a permis de caser que 34.507 anciens RMIstes à la fin du mois de mars. Presque un bide.

Villepin, lui, a vu les choses en grand, en développant les contrats d'accès à remploi, qui ressemblent à s'y tromper aux emplois-jeunes naguère reprochés à la gauche. Plus de 166.000 jeunes ont été ainsi arrachés à l'ANPE à la fin du premier trimestre 2006. Du coup, Villepin et son ministre de l'Emploi ne cessent de vanter les mérites du bon vieux "traitement social du chômage", grâce auquel un Borloo shooté aux chiffres va jusqu'à prévoir 300.000 emplois nouveaux. Les méthodes des socialistes ont du bon... si elles permettent d'éviter leur retour au pouvoir.

Alain Guédé - "Le Canard enchaîné" du 5/7/06

Publié : 05 juil. 2006
par tristesir
En revanche, Jean-Louis Borloo claironne qu'il aurait trouvé la pierre philosophale du plein-emploi grâce à sa réforme des "aides à la personne". Selon lui, 36.800 boulots auraient été créés dans ce secteur au printemps
Je me demande bien ce que sont ces emplois en terme du nombre d heures travaillés et de salaire.

Publié : 05 juil. 2006
par victorine83

Publié : 06 juil. 2006
par St-Dumortier
Bonjour,

Le grand projet, c'est selon une circulaire de la DGEFP, de favoriser les "vocations" dans le secteur sanitaire et medico social.
Tous en Contrat d'Acces à l'emploi, généreusement financé (Tiens encore de "fonctionnaires" au rabais)

La consigne c'est de favoriser les Contrats d'Avenir (en priorité) et les CAE. (Nouveaux et renouvellement).

Le SPE (Service Publique de Placement) est vivement sollicité.

Les employeurs, sont choyés avec la possibilité de renouveller les contrats démarrés en 2005. (Bin oui ça la ferait mal si les CA/CAE étaient virés juste avant les elections).
D'ailleurs, pour ces renouvellements exeptionnel, il est prévu de créer un nouveau taux de prise en charge. (encore des chiffres de chômage qui vont coûter cher à tout le monde, n'oublions pas que ces contrats sont renouvelés fin 2006 début 2007 et je veux bien parier que les nouveaux taux seront incitatifs ...)

Les employeurs sont vivement invités à passer par le SPE pour leurs problèmes de recruttement.

Ce recruttement sera en priorité réalisé avec la méthode de simulation (système automatisé).

Voila Voila, On continue à payer la campagne electorale avec l'argent public ....
Source:! ASH.
Circulaire DGEFP/MIP/DGAS/SD 4 B/DHOS/P 2 N°2006-164 du 10 avril 2006

Ah oui, je vous ai pas dis:
Ces personnes qui seront recrutés en CAE et CA, forcément ne sont pas ou peu qualifiées ....
C'est seulement pendant le contrat qu'il est prévu d'inciter à des actions de formation.
Je ne doute pas de la bonne volonté, mais je pense que s'il ne fait pas bon être sénior de nos jours, ça va toujours être mieux que personne agée dans les années qui suivent.

Finalement, le plan du sarkollepin, c'est de filer les vieux en cobaye à des personnes qui seront arrivées là pour ne pas perdre leurs allocations.
C'est présenté comme de l'emploi, mais allocs ou contrat aidé, c'est toujours notre pognon qui sert à la propagande et au bidouillage des chiffres de la reprise.

Publié : 06 juil. 2006
par tristesir
Finalement, le plan du sarkollepin, c'est de filer les vieux en cobaye à des personnes qui seront arrivées là pour ne pas perdre leurs allocations.
N'est ce pas le meilleur moyen pour que les <<vieux>> ne profitent pas trop longtemps de leur retraite? 8)

Publié : 06 juil. 2006
par diety
L'INSEE nous donne les chiffres des bénéficiaires du RMI (en millions):

2002: 1,090
2003: 1,144
2004: 1,238

De 2002 à 2003 un accroissement de 4,95%
De 2003 à 2004 un accroissement de 8,22%

Donc de 2002 à 2004 un accroissement de 13,17%

Source: INSEE

Est-ce quelqu'un connait les chiffres des bénéficiaires du RMI pour l'année 2005 ?

Publié : 06 juil. 2006
par tristesir
Ce que tu cherches est là, directement de la <<source>>:

ICI

Nombre de eremistes en metropole en 2005: 1 111 374

Nombre de eremistes sur l ensemble du territoire de la republique: 1 266 429

Les chiffres de la CNAF me semblent etre differents de ceux que tu indiques.
Le nombre d’allocataires du RMI au 31 mars 2006
En Métropole, le nombre d'allocataires effectivement payés au titre du revenu minimum
d'insertion (RMI) par les caisses d'Allocations familiales (CAF) a diminué de 0,8 % au premier
trimestre 2006, en données corrigées des variations saisonnières (CVS). Sur douze mois,
l'augmentation est de 3,9 % par rapport au premier trimestre 2005. Après trois ans et demi de
hausse ininterrompue, l'amélioration constatée au premier trimestre 2006 reflète l'impact de la
baisse du chômage intervenue depuis mai 2005 ainsi que la montée en charge des dispositifs
d'emplois aidés ciblés sur les allocataires de minima sociaux.

En Métropole et dans les DOM, le nombre d'allocataires ayant un droit ouvert au RMI et
bénéficiant d'une mesure spécifique d'aide à l'emploi [dispositif d'intéressement, contrat d'avenir
ou contrat d'insertion - revenu minimum d'activité (CI-RMA)] progresse de 19,5 % sur un an,
principalement sous l'effet de l'augmentation du nombre de contrats d'avenir : fin mars 2006,
24 000 allocataires bénéficiaient de ce contrat, après 11 000 fin décembre 2005
Source

les RMIstes

Publié : 06 juil. 2006
par superuser
Leur augmentation pour 2005 a été évaluée à 5%.

Pour la métropole seule
- fin décembre 2005 : il y avait 1.111.374 RMIstes
- en mars 2006 : ils sont 1.121.478

Pour la métropole ET les départements d'outre-mer
- fin décembre 2005 : il y avait 1.266.429 RMIstes
- en mars 2006 : ils sont 1.276.763

SOURCE


Wharfff ! on s'est croisés... :wink:

Publié : 06 juil. 2006
par Monolecte
Les pourcentages ne s'additionnent pas...
C'est donc 13,58% d'augmentation des effectifs RMI de 2002 à 2004

Publié : 06 juil. 2006
par tristesir
En effet, les pourcentages ne s'additionnent pas de facon inconsideree !

Petit rappel :wink: :
une hausse de 50% suivie d une hausse de 50% ne fait pas une hausse de 100% au total mais une hausse de 125%
puisque: (1+0.5)(1+0.5)=(1+1.25)

Une baisse de 50% suivie d une baisse de 50% ne fait pas une baisse au totale de 100% mais de 75%
Puisque: (1-0.5)(1-0.5)=0.25=(1-0.75)
Les pourcentages ne s'additionnent pas...
C'est donc 13,58% d'augmentation des effectifs RMI de 2002 à 2004
Si on prend les chiffres donnés par la CAF, pour l ensemble du territoire de la Republique, l augmentation est encore plus importante si j ai bien compté, elle est près de 18,48% de 2002 à 2005 !

Publié : 07 juil. 2006
par St-Dumortier
Bonjour,

:wink: Rajoutez 3 % du nonbre de rmi de la CAF, .....
ce sont ceux qui dépendent de la MSA (Mutualité Sociale Agricole).

Je ne sais pas pourquoi borloo s'obstine à ne pas les compter ...
Peut-être ne sait-il pas compter ! :roll:

Publié : 07 juil. 2006
par tristesir
St-Dumortier: si tu as un lien qui pointe sur l historique des chiffres du nombre de ces allocataires entre 2002 et 2005 on pourra mettre à jour le taux d''augmentation (probable) du nombre de gens beneficiant d'un RMI.

Publié : 07 juil. 2006
par diety
Les pourcentages ne s'additionnent pas...
J'ai honte...Exercice que j'ai donné x-fois à mes élèves... :?

Publié : 07 juil. 2006
par St-Dumortier
Bonjour,

La MSA c'est pas des forts en publications de chiffres ... mais voiciç des données éditées au premier trimestre 2006 pour 2005. (En fait au 30 juin 2005)
www.msa.fr
Les allocataires du revenu minimum d'insertion : 22 600 au 30 juin 2005
Le nombre d'allocataires du RMI, pour lesquels la MSA assure le versement des prestations (prime incluse), s'élève à 22 635 au 30 juin 2005, en diminution de 5% par rapport au 30 juin 2004. Le nombre d'allocataires du RMI au régime des non-salariés atteint 7 010 (- 11,1%), celui du régime des salariés atteint 15 625 (- 1,9%).
Ici des données plus complètes mais pour 2003 ou 2005 mélangées

Sinon, c'est la revue electronique de la CNAF elle même qui annonce dans le N° 50 (Encadré 1 Page 3) celui là même d'où viennent les chiffres utilisés par le ministre borloo.
Les données utilisées pour l'analyse conjoncturelledu nombre d'allocataires sont celles de l'ensemble des régimes à
l'exception de la Mutualité sociale agricole (environ 2 % du
nombre total d'allocataires en 2005
).
2%, ... excusez moi, j'ai dit trois sans vérifier.

Publié : 11 juil. 2006
par Invité
Je me demande bien ce que sont ces emplois en terme du nombre d heures travaillés et de salaire.
Ces emplois correspondent à un réel besoin ( d'entreprises et de particuliers ).

Le problème est d'arriver à inciter (ou obliger ?) les personnes à occuper ces postes. Hors le système actuel pénalise financièrement les bonnes volontés.