Actionnariat salarié : un leurre monumental
Publié : 26 juin 2006
L'exemple d'ARCELOR...

Faut pas rêver, là : participer à la gouvernance de leur entreprise n'est justement pas ce que souhaitent gouvernement et employeurs, voyons !!!Dans la famille actionnaires, je voudrais... le salarié !
Aujourd’hui, moins d’un tiers des sociétés cotées disposent d’un actionnariat salarié, mais depuis plusieurs mois, ça bouge : de plus en plus de dirigeants proposent à leurs salariés des actions de leur entreprise gratuites ou des titres à bas prix. Et l’État boucle tout juste un projet de loi en faveur de l’actionnariat salarié.
L’objectif ? Pour l’entreprise, motiver les employés, les associer aux résultats de l’entreprise tout en bénéficiant d’un système de rémunération défiscalisé. L’État espère, lui, encourager les Français à capitaliser pour leur retraite...
Mais dans les grands groupes, le système vise surtout à s’attirer les faveurs des salariés... Par exemple, si la direction d’Arcelor a souscrit 2,8 millions d’actions supplémentaires pour ses salariés le mois dernier, c’est pour tenter de solidariser son actionnariat contre l’offre hostile de Mittal... Et pour cause, les salariés sont des actionnaires plus dociles, ils privilégient souvent leur emploi : «L’OPA de Mittal nous paraît néfaste pour l’entreprise et pour les salariés : 40.000 suppressions d’emplois ont été annoncées dès le début ! illustre Daniel Bury, président de l’Association des actionnaires salariés d’Arcelor. De fait, nous avons toujours été dans le sens de la direction et nous la soutenons aujourd’hui dans l’affaire Severstal».
Mais bien qu’au nombre de 50.000 (50% du personnel), les salariés actionnaires d’Arcelor détiennent seulement 1,4% du capital total ! Un pouvoir qui reste donc symbolique... D’autant plus que, jusqu’à présent, aucune loi ne garantit la représentativité ni le droit de vote des actionnaires salariés en assemblée générale. «Une absurdité, pour Jean-Claude Mothie, président de la FAS, car c’est un argument majeur pour convaincre les salariés de devenir actionnaires». Ils pourraient alors vraiment participer à la gouvernance de leur entreprise...
Economie Matin
