L'Emploi et le Chômage en Débats

Un article écrit de l'intérieur d'une de ces associations par des employés. Cela ne m'étonne pas du tout, je me souviens de mon "suivi" de l'an dernier, avorté en route, dans une assoc qui s'occupait de ces personnes. Je n'y étais pas à ma place et bien sûr ça a pété assez vite.

Extrait :

MISÈRE, EFFICACITÉ, GALÈRE, RENTABILITÉ

L’EDUC FAIT DU CHIFFRE !
Mis à jour le :14 octobre 2010. Auteur : François Maliet, Juliette Volcler.

Nous vous avions prévenus, dans le numéro d’été : à peine débauchés, nous allions sûrement rencontrer des gens à qui tendre le dictaphone. Bingo ! Estelle, Antoine et Laetitia [1], assistante sociale et éducateurs, grenouillent dans des associations de réinsertion sociale depuis de nombreuses années pour les premiers, depuis quelques mois pour la troisième. Ils s’usent dans des boîtes qui, sectorisation du « marché » oblige, prennent en charge pour les unes des prostituées, pour les autres des mères célibataires, des toxicomanes, des mineurs en galère ou des personnes à la rue. Qu’importe, ils font tous trois le même constat : dans le social comme ailleurs, il faut être rentable. Ici aussi, dans leurs formations comme sur le terrain, la culture du résultat s’est imposée. Pas grave si la matière première vit, respire, désire, rêve – et souffre, souvent. « J’étais fier de faire ce travail, c’était un boulot militant, lance Antoine. Aujourd’hui, étant donné les règles que l’on doit appliquer, j’en ai parfois honte. » Tttt… On lance l’enregistrement, et vous nous expliquez, d’ac’ ? Ils nous ont parlé longuement. Nous en sommes ressortis sonnés.

article complet sur CQFD

Comment des grosses boites ou trusts peuvent être sous la loi de 1901 ?

Aujourd’hui, si on passe trente minutes avec une personne, il faut pouvoir les justifier : c’est pour faire un dossier CMU, un dossier APL. On ne peut pas – simplement ! – passer un moment avec elle.(quote)

Il y a belle lurette que "le relationnel" a disparu de l'accompagnement social. Depuis la reforme du Diplome d'educateur spécialisé dans les années 90, tout est quantifiable , gérable et doit rapporter. J'ai souvent signalé qu'un SDF doit rapporter dans son centre d'hebergement. J'ai souvent sortit la phrase de mon directeur de stage de l'époque " Plus j'ai de SDF devant la porte, plus je gagne d'argent. La plupart des directeurs de structure sont formés à l'ecole de santé de Rennes, dans une logique économique et gestionnaire plus dure qu"une ban que!
Dejà, nous , debut 90, nous étions formés à la logique du projet, de l'evaluation, avec objectifs d'interessement.
Il y a meme des centres d'hebergement qui monte des projets de style "réhabilitation de logements , "Les hebergés travaillent gratuitement, soi-disant pour payer leur hébergement ( alors que l'hebergement est déjà payé par les subventions de la DASS) ! Main d'oeuvre corvéable et gratuite! Si tu ne bosses pas , tu es dans la rue!
Inutile de dire quand j'ai tenté de soulever la problématique, je suis passée pour une "KOMMUNIST!"
N'empèche que je ne regrette pas d'avoir quitté ce milieu et de ne pas plaire aux employeurs , parce que je crois encore aux théories Humanistes!
(mais je ne sais pas quoi faire d'autres!)
Le but n'a jamais été d'aider les gens mais de faire fonctionner le système! La plupart du temps quand tu places un jeune, c'est souvent pour remplir les quotas de fonctionnement , avec prix de journée et subventions à l'appui!
bref, repeupler la structure. Comme on a appris en formation " quand un public est en deficit, faut savoir changer de public". Donc maintenant, le public c'est : les chomeurs! D'où la multitude d'assos de reinsertion, de rehabilitation et tutti quanti....

Il y a effectivement des grosses entreprises, qui financent en sous traitance , des centres d'hebergement! j'en connais au moins une: Saint G;
C'est du meme principe que les sociétés HLM qui ont des missions sociales dans leur statut pour hebergés soi-disant les plus defavorisés, qui perçoivent des subventions publiques pour cela, mais qui ne logent que des locataires qui sont au moins à 20%au dessus du SMIG. Il n'y aplus de controle , c'est le liberalisme économique à tous les niveaux....

Donc maintenant, le public c'est : les chomeurs!

L'an dernier, j'avais fait des recherches sur cette assoc et avais lu un article très édifiant du Collectif RTO. J'ai envoyé un mail et en ai appris de belles sur leurs structures et leur fonctionnement. La fille de RTO qui m'avait répondu était sidérée qu'ils aient récupéré les ASS... l'une des dirigeantes est au Conseil (ou je ne sais plus quoi) de Paris, sans doute un hasard...

Il y a meme des centres d'hebergement qui monte des projets de style "réhabilitation de logements , "Les hebergés travaillent gratuitement, soi-disant pour payer leur hébergement

Cela ne m'étonne pas, la rééducation par le travail, ce n'est pas nouveau, j'appelle cela de l'exploitation de la misère et comme toi Romain, je l'aurais ouverte ma grande gamelle

La plupart des directeurs de structure sont formés à l'ecole de santé de Rennes, dans une logique économique et gestionnaire plus dure qu"une ban que!

Ce ne serait pas plutôt l'école des éducs (EREES je crois) ?

serabeth a écrit :

La plupart des directeurs de structure sont formés à l'ecole de santé de Rennes, dans une logique économique et gestionnaire plus dure qu"une ban que!

Ce ne serait pas plutôt l'école des éducs (EREES je crois) ?

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Non, serabeth, chaque departement à une école d'educateurs spécialisés!(formés dans les instituts après bac , en 3 ans d'etudes)
Je parle de l'ecole Nationale de la santé , qui forme les directeurs et directeurs adjoints des structures sociales et medico-sociales , anciennement soumis à la loi de 1975 sur les institutions medico sociales. (bac +5 et quelques années d'experiences comme assistant directeur ou chef de service educatif)
Des pures et durs gestionnaires!

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole ... 9_publique

Des gestionnaires il en faut. Ce qui est grave c'est qu'on ne cherche à faire que du rentable financièrement. Alors qu'il ne s'agit pas de marchandises mais d'humains, et de vies. Je repense souvent au bouquin de Viviane Forrester : l'horreur économique : une partie de l'humanité est devenue carrément inutile aux yeux d'une certaine classe sociale.

une partie de l'humanité est devenue carrément inutile aux yeux d'une certaine classe sociale.

Et oui, rien de nouveau sous le ciel, Dickens parlait déjà de ces "surnuméraires".

Mais à quoi servent-ils ces riches ? Que feraient-ils sans leurs larbins ? Si on leur enlève leur fric demain, les relations suivront et quoi ? Ils ne seraient même pas fichus de faire bouillir de l'eau pour leur thé...