Si l’on voulait donner de la politique une image négative et caricaturale, il ne fallait pas s’y prendre autrement.
Alors que le jeudi 25 mai, l’Élysée confirmait avoir accordé l’amnistie à Guy Drut, condamné en octobre dernier à quinze mois de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France, deux jours plus tôt, le pouvoir réclamait au contraire la fermeté de la justice. Dans une circulaire datée du 23 mai, la Chancellerie demandait en effet aux parquets «de veiller à ce que des poursuites soient bien engagées à l’encontre des personnes en infraction avec la législation sur le revenu minimum d’insertion». Le ministère de la Justice insistait même en exigeant que les procureurs «donnent une réponse pénale systématique aux infractions dénoncées, même si le montant de la fraude n’apparaît pas significatif».
Ce texte a d’ores et déjà provoqué la réaction du Syndicat de la magistrature. Faisant un parallèle avec l’amnistie accordée à Guy Drut, reconnu coupable d’avoir occupé un emploi fictif entre juin 1990 et février 1993, pour lequel il a perçu 774.047 francs (environ 119.000 euros), le SM dénonce «une grave atteinte au principe d’égalité des citoyens devant la loi». « 800.000 francs, ça fait combien de mois de RMI ?» interroge ainsi le syndicat.
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