L'Emploi et le Chômage en Débats

Dis-moi ton prénom, je te dirai ta profession

« Olivier, Gérard et Mohammed ont-ils les mêmes chances de faire carrière ? » L'Observatoire des discriminations publie aujourd'hui une enquête du sociologue Jean-François Amadieu*, qui cherche à établir si « le fait de porter un prénom plutôt qu'un autre modifie la destinée professionnelle ».

Le chercheur s'est appuyé sur des « enquêtes emploi » de l'Insee réalisées en 1983, 1986 et 1989 – après cette date, l'Insee n'indique plus le prénom – auprès de 407 552 hommes et femmes nés entre 1930 et 1959. Cent quatre-vingt-seize prénoms « très fréquemment attribués » ont été retenus : des prénoms dits bourgeois, d'autres populaires, les derniers d'origine maghrébine.

Les résultats sont éloquents. Les filles de cadres au prénom « bourgeois » (Chantal, Elisabeth...) ont « 50 % de chances en plus » de devenir cadres que les filles au prénom populaire (Andrée, Ginette...). Pour les garçons, l'écart est « de près de 10 % ».

Selon l'étude, 83 % des fils d'ouvriers au prénom maghrébin sont restés ouvriers, alors que la moitié des fils d'ouvriers au prénom « français de souche » ont connu une ascension sociale. Pour Jean-François Amadieu, « le prénom est un marqueur révélant une origine sociale, géographique, un âge, ou une appartenance religieuse ». L'examen s'arrête à 1989, mais selon le sociologue, « le phénomène s'est renforcé depuis, car l'ascenseur social est encore plus bloqué que durant les années de l'étude, donc les prénoms jouent davantage encore un rôle discriminant ».

Bastien Bonnefous

Source

JF Amadieu était l'invité de l'émission de France inter "Café bazar" mardi 18, sur le thème "les clés du destin".
Il y était question de tous les "jugements" qui conditionnent nos parcours, et donc surtout des discriminations.
Au sujet des prénoms (une toute petite partie de l'émission), JF Amadieu a aussi évoqué les prénoms (généralement américains) tirés de séries télé. Selon lui, ces prénoms trahissent clairement l'appartenance des parents aux classes populaires, généralement plus friands (jeunes !) de ce genre de programmes.
Je suis intervenu en fin d'émission pour témoigner des discriminations liées à l'age (destin incontournable), en ajoutant que les délires discriminatoires ne se manifesteraient pas si nous n'étions pas dans une situation de grave pénurie d'emplois.

discriminations liées à l'age (destin incontournable), en ajoutant que les délires discriminatoires ne se manifesteraient pas si nous n'étions pas dans une situation de grave pénurie d'emplois.

exactement ,c'est la penurie qui crée ...le delire !

en cas de situation inverse ; mohammed et rudy deviendrait d'un seul coup tres ..beaux , tres frequentables et ...tres competents

qu'en plus la penurie soit organisée par les classes de sociétés que ca avantage ,doit y a avoir un peu de ca ,voir du coté des "rallyes" organisés pour qu'une certaine jeunesse ne se rencontre qu'entre elle !

mais bon , j'ai une experience qui m'a frappée lors de mon arrivée dans la telephonie , les commerciaux de nos distributeurs etaient de formation ingenieur et sortaient tous grosso modo des memes filieres et ecoles !

cinq tres grands comptes ,des grossistes locaux et des petits et moyens installateurs.

hors jamais de farid ou de gens de couleurs chez aucuns des precités ,ce qui pourrait faire penser que les jeunes issus de l'immigration ne frequente point les filieres ingenieurs .

pas du tout ,en fait ,ils etaient tous ..concentrés chez l'un des cinqs grands comptes qui n'etait autre que le filiale telephonie pro de l'operateur national de ce pays ,incroyable !

vla des gens qui faisaient le meme boulot ,avaient la meme formation sauf qu'ils n'avaient pas tout a fait les memes ..salaires

explication , a la sortie de l'ecole ,la filiale n'ayant pas une reputation de dynamisme mais recrutant malgre tout de maniere ..moins affective ,le tri etait fait !!!!

vla encore une des aberrations de ce pays , et le plus fou c'est que c'etait une situation parfaitement ..integrée meme par ceux qui en etaient victimes .

oui pour l'instant dans une constante de cv en lecture diagonale ,mieux vaut s'appeler jean charles que farid et le tout dans l'hypocrisie generale .

Pour le prénom, il conditionne en partie notre scolarité, puis notre carrière malheureusement. Et aussi bien lors du recrutement qu'apres.En revanche, un prénom bien vu n'apporte pas un emploi à coup sûr.

A l'école, à resultat égal, Pierre était mieux orienté scolairement que Dylan. Marie-Eloise est allée en seconde avec les mêmes résultats que Cynthia qui a été orienté en BEP compta. (J'ai changé volontairement les prénoms par des prénoms approchants)

Lors de mes expériences professionelles (en dehors de celle rémunéree au smic), je n'ai pas cotoyée de personnes avec des prénoms de séries américaines, ah si des agents de services.

C'est dommage le prénom ne démontre pas un niveau de compétence. Par contre, inconsciemment celui ou celle portant un prénom dit "populaire" est vu comme moins fiable pour prendre des responsabilité. J'ai aussi vu cela dans le milieu associatif il y a quelques années.

C'est déplorable ... Moi même je suis victime de mon prénom qui n'est pourtant pas vu comme populaire, mais pas classique

C'est vrai que toit-de-chôme, ça doit pas être facile à porter tous les jours!

Bonjour,

Oui c'est quand même prédestiné comme consonnance:

Toi ! DE ! Chôme !

Bonjour

Il vaut sans doute mieux porter un prénom banal qu'un prénom inconnu.

Mon vrai prénom (nos hôtes et Victorine le connaissent) ne vient de nulle part, étonnant que l'officier de l'état civil n'ait rien dit il y a 51 ans passés. On ne peut certes pas accuser les séries télé de l'époque, la télé était rarissime.

Enfant, c'est lourd à porter de ne pas être comme les autres bien qu'il n'ait rien de ridicule, mais si on rajoute des cheveux roux et des lunettes...

Ne pas oublier aussi les effets de mode ou les enfants prénommés après des naissances royales ou autres. Gamine j'avais 3 correspondantes anglaises dont deux Ann.

Quand on me demande, ce qui ne manque jamais d'où mon prénom est originaire, j'ai trouvé la parade : je suis comme vous je n'ai pas choisi, pas plus que le lieu de naissance ou la couleur de peau ou les gènes.

C'est comme pour le reste, il faut être "formaté", enfin "cloné" ne pas sortir du lot, j'ai l'impression que même avoir une personnalité devient un défaut.

Au fait, au jour d'aujourd'hui, c'est quoi être dans la moyenne ?

Maguy

Certes, un prénom français peut aider pour une recherche d'emploi. Mais parfois ça peut s'arrêter à l'entretien quand le recrute découvre un candidat de couleur. Les discriminations ne sont pas uniquement liées à l'âge! On trouve toujours un prétexte pour rejeter les chômeurs, Nous de chôme n'est pas rare à nos jours!

St-Dumortier a écrit :Bonjour,

Oui c'est quand même prédestiné comme consonnance:

Toi ! DE ! Chôme !

Oui, c'est clair
Un super prénom bientot à la mode lorsqu'un gros salaire moyen sera analogue à des allocations assedics ....

maguy a écrit :C'est comme pour le reste, il faut être "formaté", enfin "cloné" ne pas sortir du lot, j'ai l'impression que même avoir une personnalité devient un défaut.

Oui, être dans une sacro sainte norme.Une norme qui rassure ceux qui la suivent.
Le prénom n'est rien de plus qu'un étiquette, le(s) prenom (s) et le(s) nom (s) forme une sorte d'identifiant. Le recruteur potentiel imagine peut etre une origine, une descendance.

maguy a écrit :Au fait, au jour d'aujourd'hui, c'est quoi être dans la moyenne ?

La moyenne n'existe pas en réalité, mais elle rassure (cf la norme)