Le retour de la gourde
Publié : 06 juil. 2010
«Ri-lance»…
Le mot a été lâché dimanche par la ministre de l'économie. Un mot-valise qui associe deux contraires : rigueur et relance. "La politique économique que nous menons en France actuellement est une politique de «ri-lance»", a déclaré Christine Lagarde aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées chaque année par le Cercle des économistes.
Et la ministre de définir le terme : "Subtil dosage (...) qui consiste en réalité à réduire la dépense publique là où ce sera le moins douloureux pour la perspective de relance de l'activité économique." Le gouvernement mène donc de front de grandes réformes en profondeur – celle des retraites notamment – et une politique d'investissements tournés vers l'innovation, avec la réforme de la taxe professionnelle et le maintien du crédit impôt-recherche, par exemple. Autrement dit, la «ri-lance» revient à réduire les dépenses publiques tout en favorisant la croissance.
"LES PROFITS D'AUJOURD'HUI FONT LES INVESTISSEMENTS DE DEMAIN"
"Impossible, juge l'économiste Daniel Diatkine. C'est comme appuyer sur la pédale de frein et sur la pédale d'accélérateur en même temps." Pour cet historien de la pensée économique, la doctrine prônée par Christine Lagarde n'a par ailleurs rien de nouveau et remonte au XVIIe siècle. Son mécanisme : si l'Etat dépense moins, il prélève moins d'impôts. Les entreprises sont donc moins taxées et peuvent investir. L'idée a été relancée dans les années 1970 par Helmut Schmidt, alors ministre de l'économie, avec sa formule célèbre : "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain."
D'après Daniel Diatkine, personne n'a jamais démontré l'efficacité de cette politique. "Dans les années 1950, il y avait les politiques de 'stop and go' : on freine, puis on accélère. Faire les deux en même temps, ça ne peut pas marcher." En équilibre entre relance et rigueur, "la France est comme sur une ligne de crête et personne ne sait de quel côté elle va retomber".
Une situation inédite, selon le professeur. "La situation la plus comparable serait une économie fermée des années 1930, qui essaierait de décoller et d'atterrir en même temps." A choisir entre rigueur et relance, la priorité serait de ramener le calme en réduisant la dette publique. "L'important aujourd'hui, c'est de rassurer les marchés qui sont terrifiés par la crise économique en Europe", avance Daniel Diatkine.
Lors du dernier sommet du G20 à Toronto, les pays ont débattu sur l'équilibre à trouver entre la réduction nécessaire des déficits publics et les efforts à fournir pour favoriser la reprise de la croissance. Le gouvernement français s'est engagé à réduire le déficit public, de 8% du PIB cette année à 3% en 2013. Mais le mot "rigueur" reste tabou.
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html
Le mot a été lâché dimanche par la ministre de l'économie. Un mot-valise qui associe deux contraires : rigueur et relance. "La politique économique que nous menons en France actuellement est une politique de «ri-lance»", a déclaré Christine Lagarde aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées chaque année par le Cercle des économistes.
Et la ministre de définir le terme : "Subtil dosage (...) qui consiste en réalité à réduire la dépense publique là où ce sera le moins douloureux pour la perspective de relance de l'activité économique." Le gouvernement mène donc de front de grandes réformes en profondeur – celle des retraites notamment – et une politique d'investissements tournés vers l'innovation, avec la réforme de la taxe professionnelle et le maintien du crédit impôt-recherche, par exemple. Autrement dit, la «ri-lance» revient à réduire les dépenses publiques tout en favorisant la croissance.
"LES PROFITS D'AUJOURD'HUI FONT LES INVESTISSEMENTS DE DEMAIN"
"Impossible, juge l'économiste Daniel Diatkine. C'est comme appuyer sur la pédale de frein et sur la pédale d'accélérateur en même temps." Pour cet historien de la pensée économique, la doctrine prônée par Christine Lagarde n'a par ailleurs rien de nouveau et remonte au XVIIe siècle. Son mécanisme : si l'Etat dépense moins, il prélève moins d'impôts. Les entreprises sont donc moins taxées et peuvent investir. L'idée a été relancée dans les années 1970 par Helmut Schmidt, alors ministre de l'économie, avec sa formule célèbre : "Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain."
D'après Daniel Diatkine, personne n'a jamais démontré l'efficacité de cette politique. "Dans les années 1950, il y avait les politiques de 'stop and go' : on freine, puis on accélère. Faire les deux en même temps, ça ne peut pas marcher." En équilibre entre relance et rigueur, "la France est comme sur une ligne de crête et personne ne sait de quel côté elle va retomber".
Une situation inédite, selon le professeur. "La situation la plus comparable serait une économie fermée des années 1930, qui essaierait de décoller et d'atterrir en même temps." A choisir entre rigueur et relance, la priorité serait de ramener le calme en réduisant la dette publique. "L'important aujourd'hui, c'est de rassurer les marchés qui sont terrifiés par la crise économique en Europe", avance Daniel Diatkine.
Lors du dernier sommet du G20 à Toronto, les pays ont débattu sur l'équilibre à trouver entre la réduction nécessaire des déficits publics et les efforts à fournir pour favoriser la reprise de la croissance. Le gouvernement français s'est engagé à réduire le déficit public, de 8% du PIB cette année à 3% en 2013. Mais le mot "rigueur" reste tabou.
http://www.lemonde.fr/economie/article/ ... _3234.html