L'effet du vieillissement sur le délitement militant est… incontestable. C'était même le sens de mon message.
Pour le reste, je n'ai pas tout bien saisi (de l'intervention de clesel).
Pour Ongles Noirs : Quand j'évoque l'élection de Mitterrand, c'est plus en référence à la date, à une période de l'Histoire, qu'à l'homme (et à son parcours).
C'est au début des années 80 que le discours des marques
a pris l'ascendant sur les "idéologies" sociales et politiques.
C'est à ce moment que les "repères" et les "valeurs" des générations montantes
ont radicalement changé.
Les 45/50 ans et plus ont été "élevés" sur les décombres de la Seconde guerre mondiale, sur la scission d'un monde entre deux blocs distincts qui nourrissait alors les débats (ou les sclérosait, au choix) et les conflits. Qu'importe. C'est le passé.
Venaient s'y greffer tout un tas de pensées dissidentes (qu'on appellerait aujourd'hui "alternatives"). Notons d'ailleurs que les "alternatifs" - présentés au début des années 2000 comme la 3e Voix - ont quasiment disparu, sauf à l'occasion des "grands sommets" internationaux, comme le G20.
Et, finalement, les initiatives nouvelles, "inventives" (comme je l'évoquais plus haut), ont des
champs d'action de plus en plus étriqués bien que les espaces d'expression se soient considérablement élargis depuis 30 ans (par la suppression des monopoles d'état sur la radio et la télédiffusion, par l'émergence d'Internet).
Les rares initiatives sont rattrapées, happées puis digérées par le marketing et la communication.
Un peu comme si Actuchomage avait succombé aux sirènes des annonceurs publicitaires.
ET je vous garantis que la situation s'est présentée (des sollicitations pour diffuser des pubs pour des "mutuelles", pour des "prestataires en accompagnement" et autres pros de l'affacturage).
Sirènes auxquelles nous n'avons évidemment pas succombé.
Quelle que soit l'émergence (sociale, artistique, médiatique…), la récupération consumériste n'est jamais loin.
ET, c'est ce qui a profondément changé depuis 30 ans.
Autre exemple (le dernier) : J'ai participé en 1981 au mouvement des radios libres. Une dynamique initiée et construite à 90% par le mouvement associatif.
2 ans plus tard, dès 1983, 90% des radios devenaient 100% commerciales, reléguant les radios associatives à la marge.
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Je ne suis pas nostalgique d'un temps que j'ai finalement peu connu (voire pas connu du tout. J'avais 8 ans en Mai-68).
Et je ne suis donc pas un "boudeur sur le seuil de l'hospice" car j'ai la chance ici de vivre une expérience qui se situe - malgré tout - toujours à l'avant-garde de la résistance sociale, même si nos moyens d'action sont dérisoires.
Au moins, nous réussissons - encore - à nous faire voir (un peu) et à partager une "petite expérience" collective.
Je ne suis pas "boudeur sur le seuil de l'hospice" car mon activité me permet d'avoir un pied dans la réalité de ce délitement que je constate (
mais qui ne m'atteint personnellement pas) et l'autre dans une vie professionnelle où je peux apprécier ce que j'avance (la suprématie des marques, des effets de mode, des discours commerciaux dominants… et de toutes les inégalités qui en découlent).
Le vrai problème - en fait - est l'absence de perspective qui - hélas - est très largement partagée… pas seulement par ceux qui sont au "bas de l'échelle".
Nous sommes donc des millions de "boudeurs au seuil de l'hospice" ou plus précisément au seuil du "cimetière" d'un monde qui ne sera bientôt plus le nôtre (même si je ne m'y sens pas si mal que ça. Plutôt très à l'aise parfois même, comme au moment où j'écris ces quelques lignes).