Le CPE creusera-t-il le déficit de l'Assédic ?
Publié : 23 mars 2006
Alain, un lecteur du site, nous fait parvenir le texte suivant (reposté ici par Yves).
Alain écrit :
Bilan Financier Cadre 1996-2006 : 10 ans à l’ANPE
Je suis Cadre, mais j’ai eu quelques difficultés d’insertion professionnelle.
J’ai commencé à travailler il y a 10 ans, mais ma première inscription à l’ANPE remonte aussi à 10 ans. En effet, depuis 10 ans, j’ai multiplié les CDD, et j’ai été inscrit au total près de 6 années à l’ANPE (même si j’ai parfois travaillé à temps partiel tout en restant inscrit).
Et durant ces 6 années d’inscription à l’ANPE (soit 60% du temps), j’ai été chômeur indemnisé durant 4 ans et demi (plus de 45% du temps).
Ainsi, si en 10 ans j’ai gagné au total en salaire 65.700 euros, en 4 ans et demi de chômage indemnisé (étalé sur 6 ans) j’ai gagné au total 32.700 euros. C’est-à-dire que j’ai touché en chômant la moitié du salaire que j’ai gagné en travaillant.
On comprend ainsi mieux où va se chercher le déficit énorme de l’Assédic (près de 15 milliard d’euros). Je crois en effet avoir retenu que les prestations ne devaient pas dépasser un ratio de 1 pour 8 (8 fois plus de salaire gagné par le travail que fourni par l’assurance-chômage) pour que le système soit viable. Bien involontairement, du fait de ce système, j’ai dépassé de 4 fois cette limite (ratio de 1/2 au lieu de 1/8ème).
Ainsi, si j’en juge par mon expérience personnelle, je pense qu’il est nécessaire de remettre profondément en question le système même de l’assurance-chômage, car celui-ci conduira toujours et inévitablement à des telles dérives (une preuve en est que jamais les analystes n’avaient prévu que ce système puisse être déficitaire, et voyons où nous en sommes arrivés).
De plus, les pouvoirs publics ont-ils songé qu’avec ce système, il est ‘avantageux’, tant pour les salariés que surtout pour les employeurs, de travailler et d’employer «par intermittence» : c’est-à-dire de travailler ou d’employer deux ans - le temps d’ouvrir un droit à l’assurance-chômage-, puis de s’arrêter de travailler ou d’employer (de faire semblant de chercher du travail pour le demandeur…).
En effet, certains salariés ou cadres peuvent parfois très bien se satisfaire de vivre durant un certain temps avec l’assurance-chômage pour peu que leur salaire antérieur était supérieur à un certain niveau du type 1.600 euros net/mois (on touche alors 57% de son salaire antérieur, et 900 ou 1.000 euros net par mois, ça permet de continuer à vivre correctement).
Ainsi, bien avant le CPE, les CDD renouvelables étaient déjà un piège pour la société, car il est facile tant pour l’employeur que pour le salarié de se laisser aller à ne pas renouveler un CDD pour des motifs futiles sachant que de toute façon la personne sera indemnisée par l’Assurance-Chômage.
Mais qui paye dans l’histoire, ou plutôt qui souffre ? Car n’est-ce pas de souffrance psychologique et sociale qu’il s’agit aussi et surtout ?
En effet, toutes ces années d’inscription à l’ANPE ont été des années d’humiliation et de dépendance : il a fallu faire beaucoup de démarches pour un objectif futile (toucher sans travailler), actualiser sa situation par téléphone chaque mois (par internet pour les plus équipés), etc…
Outre la dépense financière, quelle humiliation, et surtout quelle mise ne place d’un processus de dépendance… Une véritable accoutumance au fait d’être inscrit à l’ANPE, d’être dépendant des allocations et catégorisé comme ‘demandeur d’emploi’ s’est mise en place. Et pas facile d’en sortir.
Les pouvoirs publics ont-ils songé à cela ?
Alain écrit :
Bilan Financier Cadre 1996-2006 : 10 ans à l’ANPE
Je suis Cadre, mais j’ai eu quelques difficultés d’insertion professionnelle.
J’ai commencé à travailler il y a 10 ans, mais ma première inscription à l’ANPE remonte aussi à 10 ans. En effet, depuis 10 ans, j’ai multiplié les CDD, et j’ai été inscrit au total près de 6 années à l’ANPE (même si j’ai parfois travaillé à temps partiel tout en restant inscrit).
Et durant ces 6 années d’inscription à l’ANPE (soit 60% du temps), j’ai été chômeur indemnisé durant 4 ans et demi (plus de 45% du temps).
Ainsi, si en 10 ans j’ai gagné au total en salaire 65.700 euros, en 4 ans et demi de chômage indemnisé (étalé sur 6 ans) j’ai gagné au total 32.700 euros. C’est-à-dire que j’ai touché en chômant la moitié du salaire que j’ai gagné en travaillant.
On comprend ainsi mieux où va se chercher le déficit énorme de l’Assédic (près de 15 milliard d’euros). Je crois en effet avoir retenu que les prestations ne devaient pas dépasser un ratio de 1 pour 8 (8 fois plus de salaire gagné par le travail que fourni par l’assurance-chômage) pour que le système soit viable. Bien involontairement, du fait de ce système, j’ai dépassé de 4 fois cette limite (ratio de 1/2 au lieu de 1/8ème).
Ainsi, si j’en juge par mon expérience personnelle, je pense qu’il est nécessaire de remettre profondément en question le système même de l’assurance-chômage, car celui-ci conduira toujours et inévitablement à des telles dérives (une preuve en est que jamais les analystes n’avaient prévu que ce système puisse être déficitaire, et voyons où nous en sommes arrivés).
De plus, les pouvoirs publics ont-ils songé qu’avec ce système, il est ‘avantageux’, tant pour les salariés que surtout pour les employeurs, de travailler et d’employer «par intermittence» : c’est-à-dire de travailler ou d’employer deux ans - le temps d’ouvrir un droit à l’assurance-chômage-, puis de s’arrêter de travailler ou d’employer (de faire semblant de chercher du travail pour le demandeur…).
En effet, certains salariés ou cadres peuvent parfois très bien se satisfaire de vivre durant un certain temps avec l’assurance-chômage pour peu que leur salaire antérieur était supérieur à un certain niveau du type 1.600 euros net/mois (on touche alors 57% de son salaire antérieur, et 900 ou 1.000 euros net par mois, ça permet de continuer à vivre correctement).
Ainsi, bien avant le CPE, les CDD renouvelables étaient déjà un piège pour la société, car il est facile tant pour l’employeur que pour le salarié de se laisser aller à ne pas renouveler un CDD pour des motifs futiles sachant que de toute façon la personne sera indemnisée par l’Assurance-Chômage.
Mais qui paye dans l’histoire, ou plutôt qui souffre ? Car n’est-ce pas de souffrance psychologique et sociale qu’il s’agit aussi et surtout ?
En effet, toutes ces années d’inscription à l’ANPE ont été des années d’humiliation et de dépendance : il a fallu faire beaucoup de démarches pour un objectif futile (toucher sans travailler), actualiser sa situation par téléphone chaque mois (par internet pour les plus équipés), etc…
Outre la dépense financière, quelle humiliation, et surtout quelle mise ne place d’un processus de dépendance… Une véritable accoutumance au fait d’être inscrit à l’ANPE, d’être dépendant des allocations et catégorisé comme ‘demandeur d’emploi’ s’est mise en place. Et pas facile d’en sortir.
Les pouvoirs publics ont-ils songé à cela ?