Tombera, tombera pas notre commandant?
Publié : 18 mars 2006
Dernière minute du Monde après les manif du samedi
Le doute a-t-il saisi Dominique de Villepin ?
Après une nouvelle démonstration de force attendue des lycéens, des étudiants et des salariés, samedi 18 mars, et après les invitations répétées du président de la République à dialoguer, le premier ministre semble disposé à mettre de nouvelles propositions sur la table. Sans renoncer au contrat première embauche (CPE), il devrait proposer aux syndicats de donner un nouveau tour de vis à l'utilisation des stages et des contrats à durée déterminée (CDD), devenus le passage obligé des jeunes pour entrer dans la vie active. La taxation des CDD, une revendication syndicale ancienne, et l'encadrement renforcé des stages pourraient être avancés par le gouvernement dès ce week-end. En outre, la rencontre du premier ministre avec les présidents d'universités vendredi soir semble avoir fait émerger l'idée d'un grand débat national sur les liens entre l'université et le marché du travail.
La bataille du CPE est vécue comme une épreuve fondatrice par M. de Villepin. Qu'ils soient 800 000 ou 1,5 million dans la rue samedi ne changera rien pour lui. Le premier ministre compte aussi sur le ras-le-bol de la "majorité silencieuse" du pays. Il a par exemple souhaité, vendredi soir, sur le perron de Matignon, que "les étudiants aient la liberté d'étudier", estimant que l'opinion était hostile au blocage des universités.
Le chef du gouvernement pense que le dialogue avec les syndicats reprendra, dès ce week-end, sur la base de ses nouvelles propositions, chacun ayant fait la démonstration de sa force. Il a confié à son ministre de l'emploi, Jean-Louis Borloo, une mission de bons offices. Ce dernier tente d'ailleurs de se créer des marges de manoeuvre : vendredi matin sur France 2, il disait comprendre que les étudiants ne veuillent pas d'un contrat autorisant le licenciement sans motif. Mais, deux heures plus tard, sous la dictée de Matignon, il affirmait, dans un communiqué de presse, n'avoir "jamais évoqué la question de la motivation de la rupture du CPE par le chef d'entreprise".
Jacques Chirac a peut-être trouvé son premier ministre un peu raide jusqu'à présent mais il a choisi de mener avec lui la bataille du CPE. Pour la deuxième fois cette semaine, le président de la République a appelé les partenaires sociaux et le gouvernement au dialogue. "Le gouvernement, vous le savez, est prêt au dialogue", a redit, vendredi 17 mars, M. Chirac, lors d'une cérémonie de remise de décoration. "Et pour ma part je souhaite qu'il s'ouvre au plus vite", a-t-il ajouté, comme s'il manifestait de l'impatience. "Ça fait quand même trois fois en quatre jours que Chirac intervient sur le CPE, c'est qu'il ne doit pas en être complètement convaincu...", note un proche de Nicolas Sarkozy.
"On a bien conscience que notre main tendue n'est pas une réussite totale pour le moment", reconnaît une conseillère du président. Il ne s'agit pas de lâcher M. de Villepin à la première bourrasque. "Le président ne l'a jamais fait", souligne un chiraquien, mais l'injonction à garder "la porte ouverte aux discussions" est claire. En somme, tout faire pour éviter le syndrome Juppé 1995.
"CONVICTION PROFONDE"
Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général de l'Elysée, veut y croire : M. de Villepin est "ouvert au dialogue, je le connais parfaitement, et il le fera dans l'état d'esprit le plus constructif possible", assure-t-il. Il y a, à Matignon comme à l'Elysée, explique-t-il, une "conviction profonde" sur le CPE. Et, même si des collaborateurs de M. Chirac ont failli s'étrangler en découvrant les propos de M. Borloo vendredi, M. Salat-Baroux veut croire que "la cohésion gouvernementale est exceptionnelle".
A défaut de pouvoir quitter le navire gouvernemental dont l'impopularité affecte en partie son image et sa cote, Nicolas Sarkozy s'installe lui dans une chaloupe à l'écart. Lors de la réunion de ses conseillers, dimanche, plusieurs d'entre eux se sont interrogés sur la manière d'affirmer "son soutien à Villepin sans renier sa différence". Le ministre de l'intérieur a retenu l'idée d'organiser, le 26 mars à Douai (Nord), un fief de la gauche, un meeting dans lequel il serait seul en scène, sans même qu'apparaisse le logo de l'UMP. Le premier meeting du candidat Sarkozy ?
Le doute a-t-il saisi Dominique de Villepin ?
Après une nouvelle démonstration de force attendue des lycéens, des étudiants et des salariés, samedi 18 mars, et après les invitations répétées du président de la République à dialoguer, le premier ministre semble disposé à mettre de nouvelles propositions sur la table. Sans renoncer au contrat première embauche (CPE), il devrait proposer aux syndicats de donner un nouveau tour de vis à l'utilisation des stages et des contrats à durée déterminée (CDD), devenus le passage obligé des jeunes pour entrer dans la vie active. La taxation des CDD, une revendication syndicale ancienne, et l'encadrement renforcé des stages pourraient être avancés par le gouvernement dès ce week-end. En outre, la rencontre du premier ministre avec les présidents d'universités vendredi soir semble avoir fait émerger l'idée d'un grand débat national sur les liens entre l'université et le marché du travail.
La bataille du CPE est vécue comme une épreuve fondatrice par M. de Villepin. Qu'ils soient 800 000 ou 1,5 million dans la rue samedi ne changera rien pour lui. Le premier ministre compte aussi sur le ras-le-bol de la "majorité silencieuse" du pays. Il a par exemple souhaité, vendredi soir, sur le perron de Matignon, que "les étudiants aient la liberté d'étudier", estimant que l'opinion était hostile au blocage des universités.
Le chef du gouvernement pense que le dialogue avec les syndicats reprendra, dès ce week-end, sur la base de ses nouvelles propositions, chacun ayant fait la démonstration de sa force. Il a confié à son ministre de l'emploi, Jean-Louis Borloo, une mission de bons offices. Ce dernier tente d'ailleurs de se créer des marges de manoeuvre : vendredi matin sur France 2, il disait comprendre que les étudiants ne veuillent pas d'un contrat autorisant le licenciement sans motif. Mais, deux heures plus tard, sous la dictée de Matignon, il affirmait, dans un communiqué de presse, n'avoir "jamais évoqué la question de la motivation de la rupture du CPE par le chef d'entreprise".
Jacques Chirac a peut-être trouvé son premier ministre un peu raide jusqu'à présent mais il a choisi de mener avec lui la bataille du CPE. Pour la deuxième fois cette semaine, le président de la République a appelé les partenaires sociaux et le gouvernement au dialogue. "Le gouvernement, vous le savez, est prêt au dialogue", a redit, vendredi 17 mars, M. Chirac, lors d'une cérémonie de remise de décoration. "Et pour ma part je souhaite qu'il s'ouvre au plus vite", a-t-il ajouté, comme s'il manifestait de l'impatience. "Ça fait quand même trois fois en quatre jours que Chirac intervient sur le CPE, c'est qu'il ne doit pas en être complètement convaincu...", note un proche de Nicolas Sarkozy.
"On a bien conscience que notre main tendue n'est pas une réussite totale pour le moment", reconnaît une conseillère du président. Il ne s'agit pas de lâcher M. de Villepin à la première bourrasque. "Le président ne l'a jamais fait", souligne un chiraquien, mais l'injonction à garder "la porte ouverte aux discussions" est claire. En somme, tout faire pour éviter le syndrome Juppé 1995.
"CONVICTION PROFONDE"
Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général de l'Elysée, veut y croire : M. de Villepin est "ouvert au dialogue, je le connais parfaitement, et il le fera dans l'état d'esprit le plus constructif possible", assure-t-il. Il y a, à Matignon comme à l'Elysée, explique-t-il, une "conviction profonde" sur le CPE. Et, même si des collaborateurs de M. Chirac ont failli s'étrangler en découvrant les propos de M. Borloo vendredi, M. Salat-Baroux veut croire que "la cohésion gouvernementale est exceptionnelle".
A défaut de pouvoir quitter le navire gouvernemental dont l'impopularité affecte en partie son image et sa cote, Nicolas Sarkozy s'installe lui dans une chaloupe à l'écart. Lors de la réunion de ses conseillers, dimanche, plusieurs d'entre eux se sont interrogés sur la manière d'affirmer "son soutien à Villepin sans renier sa différence". Le ministre de l'intérieur a retenu l'idée d'organiser, le 26 mars à Douai (Nord), un fief de la gauche, un meeting dans lequel il serait seul en scène, sans même qu'apparaisse le logo de l'UMP. Le premier meeting du candidat Sarkozy ?