Page 1 sur 3

Mais quelle alternative inventer ? Résumé de la situation

Publié : 09 mars 2006
par CartagDE
Et voilà. Un ami chômeur senior qui m'annonce qu'il va se suicider dès la fin imminente de ses économies. Mais quelle alternative inventer ?

Résumons la situation sociale de l’emploi et les différents modes de luttes utilisés jusqu’ici par les chômeurs :

Le chômage et les chômeurs sont les révélateurs d’un grave dysfonctionnement du système social actuel : le système sophistiqué de SOLIDARITE économique, construit après guerre, est affaibli par la constitution d’une économie parallèle de la pauvreté, de la misère, et de l’exclusion économique.

. Les taux de chômage sont manipulés et ne prennent en compte ni les RMIstes, ni les ASS, ni les conjoints de salariés après la première période d’indemnisation chômage à l’ARE, ni les chômeurs de plus de 55 ans, ni ceux qui découragés, ne sont même plus inscrits à l’Anpe.
Le taux global de chômage est masqué au profit de certaines générations : apparaissent 25% de jeunes sans emploi et seulement 7 ,5% de seniors.
La contestation de ces statistiques, des associations de chômeurs jusqu’au niveau des médias et de politiques, les réserves de l’INSEE, la protestation du Directeur de l’Unedic, ne modifient pas la situation.

. Indépendemment de leurs niveaux de compétence, deviennent « seniors » très partiellement comptabilisés dans les taux de chômage, c’est à dire « parias de l’emploi » discriminés :
- les informaticiens à partir de 35 ans
- les licenciés à partir de 40 ans
- les consultants free lance à partir de 45 ans
- et tous à partir de 50 ans, sans compter les pré-retraités.
Les pratiques de recrutement de l’Anpe, de l’Apec, des cabinets de recrutement et recruteurs se conforment à la demande de leurs « clients-entreprises » au mépris de la loi.
Les plaintes pour discrimination à la Halde, la haute autorité de luttes contre les discriminations à l’embauche, sont enterrées dans des méandres administratifs et juridiques.

. Les politique familialiste d’indemnisation du chômage s’appuient sur la SOLIDARITE de la famille pour faire survivre les sans emploi. L’accroissement des taux réels de chômage rendent la population globale financièrement exangue.
Néanmoins, la majorité des aides publiques sont distribuées aux entreprises et non aux populations démunies.

. Le régime de SOLIDARITE des retraites est mis en danger par le manque de cotisations dues au chômage et aux diverses réductions de charges sociales acordées aux employeurs (déjà, Renault en 1970, ...).
Les modes de calcul des retraites, dont le montant n’est pas proportionnel au temps travaillé (application de décôtes), défavorise les précaires, ceux qui ont des périodes de chômage dans leur carrière, et bien évidemment les femmes.
Ceci laisse prévoir une très grande pauvreté des prochains retraités, condamnés à travailler dans un pays pourtant en manque d’emplois.
Pourtant le coût du travail est obéré par les coûts du système de protection sociale.

. Les syndicats, non représentatifs de la population salariée, ne défendent que les intérêts des franges de populations salariées (petits grades de fonctionnaires et salariés de grandes entreprises.)
Les instances paritaires, de gestion de la SOLIDARITE sociale et du chômage entre autres, sont gérées par les syndicats non représentatifs et par le patronat, en excluant la représentation, et même l’information de l’ensemble des populations concernées.
Les protestations des associations de chômeurs depuis des années n’y a rien changé.

. L’économie SOLIDAIRE et sociale, articulée entre financement public et action privée, est privée de subventions et ne survit que de contrats aidés par l’exonération de charges sociales et de très bas salaires. Le tissu associatif est exangue.

. La solution libérale consistant à créer sa propre activité se heurte à trois écueils :
- Le rejet social de toute activité professionnelle « senior », y compris dans la proposition d’offres commerciales.
- la complexité opaque des couches sédimentées de législations d’aide à la création d’entreprise, et d’aides à la création d’emplois.
- Les avances de trésorerie consenties de fait par les entreprises à l’Urssaf, de par ses modes de calcul d’imposition. Quand on sait que la trésorerie d’une entreprise reste fragile pendant 3 à 5 ans au moins après sa création, un an d’exonération de charges sociales ne compense pas les risques liés aux avances de trésorerie forcées.

. Des statistiques économiques boostées par les grands bénéfices de quelques grandes compagnies masquent la situation économique présente, et future : actuellement, les entreprises distribuent plus de dividendes qu’elles n’investissent, obérant le futur.

Les formes pacifiques de lutte utilisées jusqu’ici sont inefficaces : analyses pertinentes, publication de bouquins et témoignages, lobbying auprès des médias et décideurs politiques, actions médiatiques, associations militantes diverses.

Un lobbying intensif de chômeurs auprès d’élus (Fides) ou de journalistes, et même l’intervention protestataire d’intermittents dans des émissions télévisées à très grande audience ne change rien à la situation.

Les ouvrages d’analyse ou de témoignages publiés par chômeurs et économistes rencontrent une très faible diffusion dans le public. (Gérard, ...)

Les victoires démocratiques apparentes des instances parlementaires sont quelques mois après détruites en catimini par des votes parlementaires de nuit. ( tel celui de la restriction des moyens d’action de la Halde dont le fonctionnement était pourtant déjà inefficace.)

Quant aux soulèvements sociaux, traditionnels en France, ils sont réprimés ou prêts à l’être. Les représentants du maintien de l’ordre sont formés à la lutte contre la guérilla urbaine.

En conclusion, comme en Angleterre au XIXe siècle, nation durablement affaiblie au profit des grands entrepreneurs (lire Polanyi), aujourd’hui toutes les richesses de ce pays sont détournées au profit de quelques opérateurs financiers, par le moyens de dispositifs multiples.

. La situation perdure et s’aggrave depuis plusieurs années. Les partis politiques se préparant à l’élection présidentielle ne prennent pas la mesure de la situation ou l’ignorent délibérement, voire se préparent à l’entretenir.

Il ne s’agit plus seulement d’une question de partage des revenus, mais aussi de comprendre ce qu’est la SOLIDARITE, et d’observer et imaginer ses traductions en organisation sociales et pratiques quotidiennes :
- loi prédatrice du plus fort sur le faible assortie de charité dominatrice ?
- centralisation autoritaire et bureaucratique ?
- participation « démocratique » au profit de bandes de copains fondées en communautés auto-protectrices ?
- démocratie équitable ?

La pratique de la solidarité est quotidienne et à la portée de chacun, dès cet instant.
D’autant que la définition de la solidarité est un enjeu de luttes politiques aux visages et aux stratégies multiples, tragédie actuellement jouée dans l’ombre, construction d’un plan B visible dans 10 ans au plus tôt. D’ici là, nous avons le temps de mourir de faim. Quelle solution ? Que faire ?
Autre alternative : fuir. Connaitriez-vous un petit coin de planète sympa, pas pollué, accueillant ?

Publié : 09 mars 2006
par tristesir
Les taux de chômage sont manipulés et ne prennent en compte ni les RMIstes
Seulement la moitie des eremistes (plus de 500 000 personnes) seraient sortis des chiffres du chomage.

???

Publié : 09 mars 2006
par CartagDE
Sont pourtant pas en catégorie 1 ?

Mais ça ne change guère le fond du problème.

Publié : 09 mars 2006
par tristesir
Sont pourtant pas en catégorie 1 ?
Drole de question.

Pourquoi ils ne le seraient pas?

La categorie 1 c'est bien celles des gens qui sont demandeurs d emploi et qui voudraient un emploi à plein temps? (il doit y avoir des conditions d age ) N'est ce pas?
Etre eremiste c'est une entrave pour vouloir un emploi à temps complet?

Publié : 09 mars 2006
par CartagDE
C'est la théorie, oui. Mais je croyais que pour alléger les stats était exclu tout ce qui était possible d'exclure.

Est ce que ça signifie qu'il ne faut pas cumuler les RMIstes et ASS au taux officiel de chômage ? J'avais lu qu'en tant qu'ASS je ne comptais même plus dans les stats. Il y avait un beau tableau explicatif de Sylvie, quelque part sur le site, je sais plus où.

De toute façon je ne vois pas en quoi tu le prends mal ou en quoi j'aurais porté atteinte aux rmistes.

Tu sais, merci de rectifier si j'ai écrit une c...e, une de plus ou de moins, ... Aujourd'hui, ça m'est un peu égal, ça ne change pas le fond.
J'ai surtout mal de ne plus savoir quoi faire avec ce "préavis" de suicide. Cà me touche trop.

Publié : 09 mars 2006
par tristesir
J'ai surtout mal de ne plus savoir quoi faire avec ce "préavis" de suicide. Cà me touche trop.
Ecouter et faire parler cette personne, et eventuellement l adresser à un psychotherapeute. C'est ce qui me vient spontanement à l esprit.

Quand on eduque les gens dans la croyance que le travail salarie est la valeur supreme, il ne faut pas s etonner que lorsque le travail devient une denree rare des gens en viennent à des extremites regrettables.
C'est la théorie, oui. Mais je croyais que pour alléger les stats était exclu tout ce qui était possible d'exclure.
Les gens se decouragent et ne renvoient plus leur declaration mensuelle aux assedic: ils ne sont plus indemnises (ou ne l ont jamais ete) par ces memes assedic, ils sont finalement radies et sortent des listes.

Publié : 09 mars 2006
par chris
bah ,l'exclusion rend...ecorché vif !!!

on est tous des ecorchés vifs ,c'est ce qui nous rend vindicatif et vivant :idea:

pour votre ami ,jai envie de dire ,lui faire prendre conscience du contexe ,qu il est pas tout seul dans cette situation et puis que pas de revenus ,c est toujours mieux qu un cancer !!!!

relativiser rend les choses plus visible ,dans le genre ce qui ne tue pas rend plus fort 8)

cet aprem ,je sortais des prudhom ,bonne nouvelle ,gagné et je tombes sur un ex potes ,pas vu depuis l'armée ,c'est dire plus de vingt piges ,engagé a la fleur de l'age comme on dit !!

ben autour d'un café ,lui avait gardé beaucoup de contacts dans ce milieu ,pas moi , il m'a fait la liste de tous les potes qui sont morts ,entre les cancers et les morts violentes !

j'ai que 49 ans pourtant :shock:

et bien ,je me suis dit qu avec mon ass ,ma petite boite qui peine a s'envoler et bien en sortant j'ai trouvé le premier rayon de soleil tres sympa !

vla ,ce qui faut lui dire ou essayer au moins :idea:

la seule vraie constante dans la vie ,c'est de vivre ou mourir ,apres ya que des details .

Vie et mort. Mort ou vif ?

Publié : 09 mars 2006
par CartagDE
Merci Chris. Ta réponse me touche aussi beaucoup.

Mais réponse à Tristesir quand même :

Ouais. C’est ce que tu disais quand tu manageais ? Allez voir un médecin ? Qui n’a pas d’autre choix que de prescrire des anti-dépresseurs, pour engraisser un peu plus l’industrie pharmaceutique ? apparemment, ça a encore une utilité économique, les chômeurs fin de droit, grâce à la CMU.

Avec une thérapie sans rien pour bouffer ou te loger, t’as le temps de crever aussi, pas le médecin, lui, ça va encore, merci, même si ça eut plus payé. Même pas d’évaluation pour son boulot. Coolos peinard, obligation de moyens, pas obligation de résultats, et de séduire le client pour garder la clientèle. Un vrai boulot de fonctionnaire, quoi.

Mais quand tu as tout essayé pour trouver un boulot, que tu vas te retrouver SDF, qu’il ne te reste plus rien, la majorité des amis qui se défilent, plus d’espoir de trouver aucun boulot décent, plus de plaisirs et plus droit à aucune activité autre que survivre et devenir esclave, plus même les moyens de partir, tu fais quoi ? Tu restes zen et tu rêves de Spartacus, en empathie avec les copains qui ont un toit et une connexion internet ? Et eux, (et toi) ils font quoi ? Ils lui disent d’aller voir un médecin pour soigner ses maux sociaux ?

J’ai déjà un ami qui est mort comme ça. Hospitalisé avec allocations journalières, il a perdu le rmi. Quelques mois. Sa mairie lui a alloué 100 euros par mois pour bouffer, loyer compris. Il avait commencé à porter plainte contre elle.

Quand je lui ai prêté le peu que je pouvais, ses « copains » de l’association de chômeur, dont il était un des responsables, m’ont dit qu’il ne fallait rien lui prêter, et qu’eux refusaient. Jolis, les mecs. « solidaires », comme on dit. Tu comprends, avec le montant des indemnités journalières, il a payé ses loyers de retard. Il aurait dû économiser pour survivre sans RMI.

Il était gravement malade. Il a continué à militer de toutes ses forces pour les chômeurs, pour toi, pour nous, et oui, il était là en 1995. D’ailleurs tu l’as peut être vu un jour, un grand mensuel a publié sa photo, qui accompagnait son interview décapante.
Et l’ami, il est mort brusquement, tout seul chez lui. Les copains ont versé une larme de crocodile, sont allés à son enterrement et n’ont même pas salué sa mère. C’était juste une virée militante entre potes. Beurk.

Mais tu en faisais peut être partie, des copains en question ? SI si, maintenant je te reconnais ! Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. Alors toi aussi, tu es solidaire comme ça ?

Tu m’accuses de je ne sais quoi sur une stat RMI, mais ouvre plutôt les yeux sur la réalité. CA URGE – VITE - IMPOSSIBLE D’ATTENDRE jusqu’à des élections bidon.
On ne va tout de même pas crever chacun dans son coin, l'un après l'autre, comme çà ?

Alors je répète encore : que faire et comment ?

Merci

Publié : 11 mars 2006
par lupita83
CartagDE pour ton résumé de la situation, c'est si limpide et lucide. Si tu permets je vais en conserver une copie.

Dit, tu ne vudrais pas te présenter, toi en 2007 ? pour une fois qu'on aurait un chef de l'Etat si bien informé de ce qui se passe dans les foyers de la France d'"en bas"...Parce que pour l'instant, tout ceux (et celles) que je vois se presser au portillon ont pour caractéristique commune d'être "de la haute" : Aucun(e) n'a jamais subi l'humiliation de déposer un dossier de demande d'ASS ou de RMI, et mieux encore, aucun n'a jamais vécu avec 240 euros mensuels, car 240 euros, pour ces gens-là, c'est un couvert au resto :evil: .
De ces jolis dispositifs RMI, ASS...les prétendants au trône de France ne connaissent que les noms et les principales statistiques, mais ils ignorent totalement ce que cela recouvre en détresse humaine.PIRE, ils s'en foutent du moment que leurs fesses et celles de leurs descendants sont à l'abri.
Il faut les avoir vu vivre pour comprendre qu'un monde gigantesque nous sépare d'eux : il y a quelques années, j'ai eu la "chance" de partager une soirée avec des futures élites de la nation, toutes futures diplômées de l'Ecole des Mines. Les présentations se sont résumées à "Que fais-tu dans la vie?"suite à ma réponse ils m'ont très vite zappée (j'étais une pauvrette, étudiante en DESS à l'université), j'ai donc pu les observer à loisir et j'ai été ATTERREE de leurs conversations, de leur morgue, leur suffisance et leur mépris pour toute autre humanité que leur caste.
Ce jour-là, j'ai compris que tant que l'accès aux hautes fonctions politiques et/ou économique serait reservée à ces "élites", RIEN ne changerait pour nous, la majorité silencieuse et laborieuse.

Que faire ? LES FOUTRE DEHORS et récupérer les rênes de notre vie et de notre pays avant qu'il ne soit trop tard.

Comment ? Il n'y a guère qu'en les obligeant à partir sous l'effet de notre nombre que nous pourrons y arriver. Soit par les urnes, mais même là, ils ont érigé un système de suffrage qui les favorise et nous empêche de nous exprimer pour d'autres qu'eux. Soit à coups de pied au c--l mais ils s'attendent à ça et ont entraîné des "groupements d'intervention" chargés de réprimer la révolte dans l'oeuf, il faut donc prévoir des blessés, des morts peut-être. Sommes-nous prêts à cela ?

Concernant ton ami, pour avoir reçu un jour ce genre de confidence, je sais à quel point c'est lourd à porter. Dit-toi que s'il t'en a parlé, c'est quelque part bon signe, la plupart des gens qui se suprriment le font sans en avoir parlé à personne. En parler ou se rater, c'est appeller à l'aide, c'est encore croire que quelque chose peut arriver.
Ceci dit, si fait une dépression, que la cause soit sociale ou pas, c'est une vraie maladie à prendre au sérieux et il peut être nécessaire qu'il prenne un traitement anti-depresseur dans un premier temps pour s'ôter de l'esprit ses envies de suicide. Je te dis pas que ça résoudra quoi que ce soit à sa situation, c'est clair, mais ça reculera son geste et peut-être qu'entre temps, il se passera quelque chose de positif pour lui.
Conseille-lui d'aller voir un psychiatre en CMP (Centre Médico-Psychologique) il y en a dans chaque ville et les consultations sont remboursées par la sécu, qu'il demande les coordonnées à la mairie de son domicile, et s'il ne peut même plus faire cette démarche, cherche l'info pour lui et accompagne-le au premier RDV (c'est le premier pas le plus dur à franchir quand on est très très mal).
Voilà à mon avis ce que tu peux lui proposer de faire en tant qu'ami.

S'il se retrouve sans logement, il faut savoir qu'il existe des solutions, que ce n'est pas la rue le seul débouché : il peut demander à être hebergé dans un CHRS, Centre d'Hebergement et de Réadaptation Sociale : tu as une chambre et une cantine sur place et ça permet de se poser quelque temps, et puis tu es aidé par des travailleurs sociaux qui sont sur place pour tes démarches, t'informer de tes droits et t'aider à monter des dossiers ...J'ai connu un CHRS et je peux te dire que vu les conditions actuelles en terme d'emploi et de logement, on y trouve des gens de tous profils, même d'anciens cadres divorcés et sans boulot, donc il ne faut pas qu'il ait honte de faire cette démarche auprès d'une assistante sociale de sa ville.
Il rencontrera là-bas plein de gens de valeur comme lui, jetés comme lui pour vice de 'forme" (âge, couleur, handicap) et effectivement, il se sentira moins seul à vivre ce genre de galère et en tirera de la force. Il comprendra que ce n'est pas sa faute s'il en est là, mais la faute de ce monde qui marche sur la tête et fonce droit dans le mur.

C'est super que tu ne le laisses pas tomber, c'est dans des moments pareils qu'on voit ses amis, les vrais, et en général, une main suffit largement pour les compter :roll: Tu peux m'écrire en MP si tu souhaites parler de lui.

Publié : 12 mars 2006
par tristesir
Ouais. C’est ce que tu disais quand tu manageais ? Allez voir un médecin ? Qui n’a pas d’autre choix que de prescrire des anti-dépresseurs, pour engraisser un peu plus l’industrie pharmaceutique ? apparemment, ça a encore une utilité économique, les chômeurs fin de droit, grâce à la CMU.
Suivre une psychotherapie ne signifie pas devenir consommateur d anti-depresseurs (un psychologue n'est pas un medecin et n'a pas le droit de faire des prescriptions de medicaments).

La parole permet d'aller un peu mieux bien souvent.

Je crois qu il y a des conversations qu on ne peut pas avoir avec sa famille et ses amis.

Mais il est vrai que notre fierté nous empeche bien souvent d'avoir recours à ce type d aide.

Ceci dit, Il n'y a pas de solution prete à etre utilisee, malheureusement.

"Eloge de la fuite"

Publié : 12 mars 2006
par Maldoror
Analyse très juste de CathagDE que j'aurais été tenté de conclure férocement par la phrase de Marx (in "Thèses sur Feuerbach") : "Jusqu'ici les philosophies n'ont fait qu'interpréter le monde il s'agit maintenant de le transformer", s'il ne concluait pas par quelque chose qui ressemblerait à du Baudelaire (et oui, mariner au chômage, rend un peu littéraire :wink: )
"Emmène-moi wagon, enlève-moi frégate
Loin, bien loin, ici la boue est faite de nos pleurs"
in "Moesta et errabunda" (Triste et vagabonde).

Mais la citation du titre, si elle est de ce vieux crôa de Laborit, exprime bien l'attitude à tenir et son propos : la "fuite" en navigation à voile, consiste à partir au portant, donc dans le sens du vent, à voilure très réduite, quand les éléments sont déchaînés et nous privent de toute possibilité d'action (vous échappez de justesse à un MP3 lié de l'ouverture du Fliegende Holländer :wink: ). Non ! Rien ne vous sera épargné, rien ! Il vous suffira de cliquer ici (gaffe ! C'est pour de l'ADSL, quand même)

Car c'est bien d'un rapport de force qu'il faut tenir compte ! Les chômeurs que nous sommes se retrouvent devant une porte fermée.

Que faire (non, je ne me prends pas pour Lénine :lol: )? L'enfoncer à la hache :lol: ? Cette action aurait ma préférence mais elle nécessite un rapport de force (la hache étant l'allégorie d'un mouvement social conséquent) que nous n'avons pas. Ramper et s'applatir pour espérer passer dessous :cry: ? C'est ce qu'ont fait les jeunes cons en acceptant tout (les stages pas payés, la précarité) et tout ce qu'ils ont gagné à leur veulerie c'est un CPE. Dernière solution contourner la dite porte : c'est à dire la fuite.

En effet pourquoi laisser le monopole de la délocalisation aux (grands) patrons ? On n'est pas (encore) assigné à résidence que je sache ? Le moment de remettre au goût du jour "les prolétaires [et a fortiori les chômeurs] n'ont pas de patrie !"

Car, quand même, il existe une vie hors de France. Bien sûr il ne faut pas compter s'installer à Bagdad ou à Mogadiscio :wink: , mais il existe des pays vivables où il est possible de vivre économiquement en investissant quelques picaillons (avant de les perdre en végétant en France à payer des taxes). Je pense au sud de l'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili).

Voila un débat qu'il serait intéressant d'aborder plutot que de rabâcher nos griefs contre l'ANPE, l'ASSEDIC et ceux qui nous gouvernent. "S'ils ne veulent pas de vil pain, qu'ils mangent de la brioche" semble dire Madame Royale qui se prend pour Marie-Antoinette.

Bien sûr cette démarche de délocalisation est difficilement envisageable en solo intégral. Ou bien alors on retombe dans la logique du salariat. Logique qui, même hors de France, ne peut plus nous convenir (hormis les "jeunes diplomés" fraïchement sortis du moule

Publié : 12 mars 2006
par chris
Car, quand même, il existe une vie hors de France. Bien sûr il ne faut pas compter s'installer à Bagdad ou à Mogadiscio , mais il existe des pays vivables où il est possible de vivre économiquement en investissant quelques picaillons (avant de les perdre en végétant en France à payer des taxes). Je pense au sud de l'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Chili).
pour rappel ,les argentins ...emigrent pour ne pas mourrir de faim ,enfin ceux qui le peuvent .

pour le reste ,j'ai la double nationalité avec le mexique ,des reseaux solides la bas ,tout marche comme ca en amerique latine ,pas de reseaux ,pas de bizness !

pourquoi ,je vis en france a l'ass et une petite boite en creation qui peine a demarrer !

tout simplement parce que le ticket d'entrée est au mex par exemple tres ,tres ......elevé :wink:

de croire que les mexicains attendent les francais pour apprendre a survivre est illusoire ,on parle de pays ultraliberaux ,ultra violents avec des regles du jeu digne de vos pires cauchemars en terme de dictature et de fascisme

pour le futur entrepreneur ,il faut savoir que fofana et ses rigolos ,c'est tout les jours la bas ,le racket et le rapt est institutionnel la bas .

de penser que c est des pays de cocagne pour l'entrepreneur est ...naif ; c'est le narco traffic qui fait la loi ,la bas .

le fossé entre le petit commerce et le bizness est enorme !

les charges sociales et l'imposition sont en realité a peu de choses en pourcentage idem a chez nous , (37% au lieu de 41% ) la difference c'est la corruption qui fait que les gens avisés detourne le systeme .

comme dirait st dumortier ,c est un monde ou seul les requins s'en sortent !

d'ailleurs d'ou vient l'emigration en espagne ,les deux d'ailleurs ,la riche pour la tranquilité et les pauvres pour la misere !!!!

a part ca ,pour un requin avec de solides relations locales , on peut s'amuser beaucoup en amerique latine et les filles adorent les francais 8)

Publié : 12 mars 2006
par St-Dumortier
Bonjour,

Me délocaliser ??
Outre le fait que je ne pense pas être le bienvenu (comme le dit si bien chris... ou alors seulement si ma famille a de l'argent pour me faire libérer)
Il se trouve que je suis père de quatre enfants, grand père de 3 petits enfants, fils de 2 parents qui prennent de l'âge et "co responsable" d'une famille de 3 personnes...... sans compter les amis et relations (de chacun) ......les chiens, les chats et les poissons rouges....(reposants les poissons rouges !)

Combien vaut cette vie sociale ??
Quel salaire peut la remplacer ??

Publié : 13 mars 2006
par Stats1
Merci
CartagDE pour ton résumé de la situation, c'est si limpide et lucide. Si tu permets je vais en conserver une copie.
Moi aussi j'en conserve une copie si tu permets.
J'aime les esprits synthétiques, et là chapeau bas, je n'aurais pas fait aussi bien avec la même connaissance de la réalité.

Publié : 13 mars 2006
par tristesir
En effet pourquoi laisser le monopole de la délocalisation aux (grands) patrons ? On n'est pas (encore) assigné à résidence que je sache ? Le moment de remettre au goût du jour "les prolétaires [et a fortiori les chômeurs] n'ont pas de patrie !"
Le grand rêve des neo-liberaux: une main d oeuvre payée à la journée et mobile géographiquement, prête à se projeter aux quatre coins de la planète pour trimer.

Et si on aime sa terre, sa ville, sa famille, ses amis, sa maison?

Beaucoup de gens croient que la terre leur appartient,
je pense bien au contraire, que c'est nous qui appartenons à la terre.