Je suis le discours médiatique en Allemagne sur la Grèce, entre autre dans l'émission emblématique "
Der Presseclub" (WDR, un débat entre rédacteurs en chef de différents journaux et "spécialistes", le blabla habituel genre Y.Calvi). Tout le monde frappe sur la Grèce: "Les menteurs", "Ils nous ont trompé", "Ils n'ont pas respecté les règles, ils doivenet être punis", et ça y va joyeusement.
La presse de canivau (Bild) sort des gros titres haineux d'un populisme limite extrème droite: "
Comment les Grèques flambent les euros" - "
Vendez vos îles, Grècques nullards en faillite!" - "
Arnaques, corruption, clans de famille, c'est ça la Grèce", "
Pourquoi leur payer leur retraite de luxe".
Or ce même gouvernement, ce même pays et la presse oublie généreusement qu'il (qu'elle) était parfaitement au courant des chiffres soi-disant cachés lors de l'entrée de la Grèce dans la zone euro. Tout le monde y a trouvé un intérêt à l'entrée de la Grèce en Europe. Mais quand il y a une difficulté, c'est la seule et unique faute des Grècques. Cherchez un seul capable d'une autocritique, vous ne trouverez pas. On préfère frapper sur un bouc émissaire pour faire oublier ses propres défaillances. Discréditer "Les Grècques" et simultanément faire peur pour préparer mentalement les peuples à d'autres régressions sociales, ainsi est le crédo médiatique en Allemagne. Une mémoire Alzheimer et une rancoeur qui n'oublie rien, les deux sélectives et simultanés comme cela arrange, on n'est pas à quelques contradictions près. L'Allemagne fut le premier pays européen à ne pas respecter les règles concernant la dette. Oublions, passons; il y a la Grèce à saigner. La toute puissance des agences de notation, l'intérêt des spéculateurs qui misent sur la faillite d'un pays, tout cela est parfaitement normal, au pire ce n'est pas un problème car ces agences sont seulement des "apporteurs de mauvaises nouvelles", ceux qui annoncent "la vérité". L'Allemagne fait la leçon à la Grèce, exige des plans de rigueur et continue à vendre, à exporter du matériel et des armes militaires high tech à son partenaire et se faire du fric sur les deux tableaux: se faire une bonne marge sur des crédits bon marché et se faire du fric en vendant des armes parfaitement inutiles. La vente de sous-marins et de chars n'est pas remise en cause, seulement la retraite du citoyen lamda.