gratuité des transports en Midi-Pyrénées
Publié : 03 avr. 2010
Je bénéficie de la gratuité des transports en Midi-Pyrénées, ce qui remplit de gratitude mon petit cœur de chômeuse-baroudeuse.
Je serais encore plus contente si je n'avais pas à faire la queue au guichet pour demander un billet gratuit. En plus de ça je vais bientôt suivre une formation et je devrais prendre le train tout les jours, or je n'ai droit qu'à 60 trajets par semestre. Je vais faire une demande de défraiement mais cela va surement être très compliqué, avec des retards etc..
En effet ma carte Midi-Pyrénées emploi n'est pas un titre de transport, je dois donc passer au guichet, où, si la gare est fermée, demander au contrôleur de me délivrer un billet gratuit (il n'est pas possible d'obtenir un billet des guichets automatiques avec ma carte).
Si je n'ai pas eu le temps de passer au guichet (une demie-heure d'attente parfois au guichet, en effet il y a des restrictions de personnel = chômage = c'est la crise, et ne comptez pas sur le secteur public pour changer un paramètre de cette équation), alors je suis en effraction.
En général le contrôleur se montre compréhensif, mais la semaine dernière, n'ayant pas eu le temps de faire la queue au guichet, je me suis présentée au contrôleur qui a voulu me faire payer le prix d'un billet normal (15 euros) plus 4 euros d'amende.
J'ai refusé de payer et de lui présenter mes papiers d 'identité. Il m'a dit que mon « refus d'obtempérer » serait traité par la police à la prochaine gare. A la gare suivante je l'ai vu discuter avec sa collègue qui lui a dit que dans ces cas là on laissait courir, et je suis arrivée à bon port.
Cette aventure m'inspire plusieurs questions :
1.A quoi sert l'obligation d'avoir un billet en plus du justificatif de la gratuité des transports?
2.Est il légal qu'un usager « normal » n'ait à payer que 4 euros en plus du prix de son billet, alors qu'un chômeur doit payer 19 euros de plus?
3.Qui veut tenter quoi pour que les chômeurs précaires ne soient pas à la merci des contrôleurs mal lunés?
Voilà les débuts de réponses que j'ai obtenus :
Renseignements pris en téléphonant au conseil régional :
1.A quoi sert l'obligation d'avoir un billet en plus du justificatif de la gratuité des transports?
- Le système du titre de transport permet de limiter à 60 trajets par semestre les voyages en train d'un chômeur. Cette limitation a deux raisons :
a) économique :
Elle permet de faire des économies sur un budget déjà élevé (5 millions d'euros).
Un système de carte à puce (semblable à la carte pastel) est déjà mis en place sur plusieurs départements et sera effectif sur l'ensemble de la région progressivement, si tout ce passe bien d'ici la fin de l'année. Le problème du passage au guichet est donc en passe d'être résolu. La carte sera débitée d'un trajet à chaque passage et le nombre de trajet est toujours limité à 60 trajets par semestre.
b) Empêcher les chômeurs de bouger :
Ces 60 trajets sont « largement suffisants » pour un sans-emploi lambda (ce dont je me doutais), « si un chômeur a besoin de plus, c'est qu'il travail au noir »! La limitation à 60 trajets sert à limiter les déplacements forcément suspects d'un chômeur.
Cet argument est non seulement déplaisant mais aussi peu convaincant : si chômeur travaille au noir, il pourra sans doute payer ses déplacements supplémentaires.
Ma question devient :
1 - Est ce que cette limitation à 60 trajets par semestre vaut le coût?
Pour évaluer cela il faut évaluer deux choses :
- Combien payerait le conseil régional en plus sur un dispositif sans limitation?
Cette question n'est finalement pas si intéressante puisque cet argent est versé aux TER, donc revient à la Région (dites moi si je me trompe).
- Évaluer le montant des trajets payés par les chômeurs en plus de leurs 60 trajets semestriels
C'est cette deuxième question qui représente l'économie réelle.
Comment l'évaluer? On pourrait commencer par demander combien de trajets sont utilisés par semestre en moyenne par détenteur de carte Midi-Pyrénées emploi. Cette donnée fait partie des statistiques de la SNCF communiquées au conseil régional mais les personnes que j'ai jointes ont refusé de me la communiquer par téléphone : il faut que je fasse un courrier à M. Malvy, le président de la région.
En attendant je me contente de mon bon sens et je l'estime à : trois cacahuètes
2.Est il légal qu'un usager « normal » n'ait à payer que 4 euros en plus du prix de son billet, alors qu'un chômeur doit payer 19 euros de plus?
- Le contrôleur est libre d'agir comme bon lui semble dans la limite maximum du billet au plein tarif + amende réglementaire + en cas de refus d'obtempérer transférer le dangereux délinquant à la police (Je n'ai pas demandé ce que les flics auraient eu le droit de me faire).
Si il y a un juriste dans la salle je lui poserais bien la question tout de même.
3.Je reformule ma question :
Que peut-on faire pour convaincre la Région que cela ne vaut pas le coût de limiter le nombre de trajets des chômeurs pour économiser trois cacahuètes?
Conclusion :
Pourquoi le conseil général fait de la rétention d'information du quand je leur demande combien de trajets sont utilisés par semestre en moyenne par détenteur de carte Midi-Pyrénées emploi?. Mes deux interlocuteurs ont étés bien clairs : ils connaissent cette statistique et refusent de me la communiquer. Ais-je mis le pied dans un panier de crabes?
Quand j'ai rappelé pour poser cette question je suis clairement passée du statut d'honnête citoyenne qui s'interroge suite à un petit problème au statut de suspect. Êtes-vous une journaliste? m'as-t-on demandé plusieurs fois. J'ai failli répondre « je ne suis qu'une inoffensive chômeuse » mais j'ai réalisé qu'ils n'avaient peut-être pas tord : un chômeur a une arme terriblement efficace par rapport à un salarié qui travaille plus pour gagner plus : il a le temps de faire chier le monde!
Mes deux interlocuteurs ont insisté lourdement sur la gratitude que je devrais éprouver à bénéficier de ce système, gratitude que je vais finir par cesser d'éprouver si je continue à entendre ce discours moralisateur à la place des réponses aux questions concrètes que je pose.
Et puis l'argument de ma deuxième interlocutrice (le chômeur qui bouge de trop est forcément en train de faire des conneries) m'a un peu énervé.
Tout ça me donne envie de leur donner raison : devenir suspecte : ne plus simplement demander des informations, mais puisqu'il faut se battre pour les obtenir alors organiser la lutte : écrire dans ce forum pour trouver des alliés, contacter des associations...
Aujourd'hui je me bat pour un point de détail mais je crois à ça bien plus qu'aux grandes idées théoriques : les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Voici les propositions suite à un coup de fil à la Maison des chômeurs Partage Faourette :
- participer à un groupe de chômeur au sein du Mouvement National des Chômeurs et Précaires
(bien entendu ce groupe ne s'occupera pas que de la question des transports!). Un groupe est en train de se former, il se réunie le mardi matin. Voilà le contact :
Association Partage
17, rue Paul Lambert
M° Bagatelle
Tél. Mme Clo 05 34 60 13 16
- faire une lettre à la région (avec le plus grand nombre de signataires possible)
- faire une pétition
Je serais encore plus contente si je n'avais pas à faire la queue au guichet pour demander un billet gratuit. En plus de ça je vais bientôt suivre une formation et je devrais prendre le train tout les jours, or je n'ai droit qu'à 60 trajets par semestre. Je vais faire une demande de défraiement mais cela va surement être très compliqué, avec des retards etc..
En effet ma carte Midi-Pyrénées emploi n'est pas un titre de transport, je dois donc passer au guichet, où, si la gare est fermée, demander au contrôleur de me délivrer un billet gratuit (il n'est pas possible d'obtenir un billet des guichets automatiques avec ma carte).
Si je n'ai pas eu le temps de passer au guichet (une demie-heure d'attente parfois au guichet, en effet il y a des restrictions de personnel = chômage = c'est la crise, et ne comptez pas sur le secteur public pour changer un paramètre de cette équation), alors je suis en effraction.
En général le contrôleur se montre compréhensif, mais la semaine dernière, n'ayant pas eu le temps de faire la queue au guichet, je me suis présentée au contrôleur qui a voulu me faire payer le prix d'un billet normal (15 euros) plus 4 euros d'amende.
J'ai refusé de payer et de lui présenter mes papiers d 'identité. Il m'a dit que mon « refus d'obtempérer » serait traité par la police à la prochaine gare. A la gare suivante je l'ai vu discuter avec sa collègue qui lui a dit que dans ces cas là on laissait courir, et je suis arrivée à bon port.
Cette aventure m'inspire plusieurs questions :
1.A quoi sert l'obligation d'avoir un billet en plus du justificatif de la gratuité des transports?
2.Est il légal qu'un usager « normal » n'ait à payer que 4 euros en plus du prix de son billet, alors qu'un chômeur doit payer 19 euros de plus?
3.Qui veut tenter quoi pour que les chômeurs précaires ne soient pas à la merci des contrôleurs mal lunés?
Voilà les débuts de réponses que j'ai obtenus :
Renseignements pris en téléphonant au conseil régional :
1.A quoi sert l'obligation d'avoir un billet en plus du justificatif de la gratuité des transports?
- Le système du titre de transport permet de limiter à 60 trajets par semestre les voyages en train d'un chômeur. Cette limitation a deux raisons :
a) économique :
Elle permet de faire des économies sur un budget déjà élevé (5 millions d'euros).
Un système de carte à puce (semblable à la carte pastel) est déjà mis en place sur plusieurs départements et sera effectif sur l'ensemble de la région progressivement, si tout ce passe bien d'ici la fin de l'année. Le problème du passage au guichet est donc en passe d'être résolu. La carte sera débitée d'un trajet à chaque passage et le nombre de trajet est toujours limité à 60 trajets par semestre.
b) Empêcher les chômeurs de bouger :
Ces 60 trajets sont « largement suffisants » pour un sans-emploi lambda (ce dont je me doutais), « si un chômeur a besoin de plus, c'est qu'il travail au noir »! La limitation à 60 trajets sert à limiter les déplacements forcément suspects d'un chômeur.
Cet argument est non seulement déplaisant mais aussi peu convaincant : si chômeur travaille au noir, il pourra sans doute payer ses déplacements supplémentaires.
Ma question devient :
1 - Est ce que cette limitation à 60 trajets par semestre vaut le coût?
Pour évaluer cela il faut évaluer deux choses :
- Combien payerait le conseil régional en plus sur un dispositif sans limitation?
Cette question n'est finalement pas si intéressante puisque cet argent est versé aux TER, donc revient à la Région (dites moi si je me trompe).
- Évaluer le montant des trajets payés par les chômeurs en plus de leurs 60 trajets semestriels
C'est cette deuxième question qui représente l'économie réelle.
Comment l'évaluer? On pourrait commencer par demander combien de trajets sont utilisés par semestre en moyenne par détenteur de carte Midi-Pyrénées emploi. Cette donnée fait partie des statistiques de la SNCF communiquées au conseil régional mais les personnes que j'ai jointes ont refusé de me la communiquer par téléphone : il faut que je fasse un courrier à M. Malvy, le président de la région.
En attendant je me contente de mon bon sens et je l'estime à : trois cacahuètes
2.Est il légal qu'un usager « normal » n'ait à payer que 4 euros en plus du prix de son billet, alors qu'un chômeur doit payer 19 euros de plus?
- Le contrôleur est libre d'agir comme bon lui semble dans la limite maximum du billet au plein tarif + amende réglementaire + en cas de refus d'obtempérer transférer le dangereux délinquant à la police (Je n'ai pas demandé ce que les flics auraient eu le droit de me faire).
Si il y a un juriste dans la salle je lui poserais bien la question tout de même.
3.Je reformule ma question :
Que peut-on faire pour convaincre la Région que cela ne vaut pas le coût de limiter le nombre de trajets des chômeurs pour économiser trois cacahuètes?
Conclusion :
Pourquoi le conseil général fait de la rétention d'information du quand je leur demande combien de trajets sont utilisés par semestre en moyenne par détenteur de carte Midi-Pyrénées emploi?. Mes deux interlocuteurs ont étés bien clairs : ils connaissent cette statistique et refusent de me la communiquer. Ais-je mis le pied dans un panier de crabes?
Quand j'ai rappelé pour poser cette question je suis clairement passée du statut d'honnête citoyenne qui s'interroge suite à un petit problème au statut de suspect. Êtes-vous une journaliste? m'as-t-on demandé plusieurs fois. J'ai failli répondre « je ne suis qu'une inoffensive chômeuse » mais j'ai réalisé qu'ils n'avaient peut-être pas tord : un chômeur a une arme terriblement efficace par rapport à un salarié qui travaille plus pour gagner plus : il a le temps de faire chier le monde!
Mes deux interlocuteurs ont insisté lourdement sur la gratitude que je devrais éprouver à bénéficier de ce système, gratitude que je vais finir par cesser d'éprouver si je continue à entendre ce discours moralisateur à la place des réponses aux questions concrètes que je pose.
Et puis l'argument de ma deuxième interlocutrice (le chômeur qui bouge de trop est forcément en train de faire des conneries) m'a un peu énervé.
Tout ça me donne envie de leur donner raison : devenir suspecte : ne plus simplement demander des informations, mais puisqu'il faut se battre pour les obtenir alors organiser la lutte : écrire dans ce forum pour trouver des alliés, contacter des associations...
Aujourd'hui je me bat pour un point de détail mais je crois à ça bien plus qu'aux grandes idées théoriques : les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Voici les propositions suite à un coup de fil à la Maison des chômeurs Partage Faourette :
- participer à un groupe de chômeur au sein du Mouvement National des Chômeurs et Précaires
(bien entendu ce groupe ne s'occupera pas que de la question des transports!). Un groupe est en train de se former, il se réunie le mardi matin. Voilà le contact :
Association Partage
17, rue Paul Lambert
M° Bagatelle
Tél. Mme Clo 05 34 60 13 16
- faire une lettre à la région (avec le plus grand nombre de signataires possible)
- faire une pétition