emploi des jeunes :
Publié : 14 janv. 2006
Emploi des jeunes : Matignon veut une mesure choc
CHÔMAGE Dominique de Villepin doit arbitrer ce week-end le plan emploi qu'il annoncera lundi. L'extension du contrat nouvelles embauches (CNE) aux moins de 25 ans fait débat, y compris au Medef.
Béatrice Taupin
[14 janvier 2006]
A LA RECHERCHE d'une mesure coup de poing et forte pour les jeunes, Matignon est tenté d'étendre le contrat nouvelles embauches (CNE) aux entreprises de toute taille qui recruteraient des moins de 25 ans. Mais la mesure fait débat. Entre ministres et au sein des partenaires sociaux.
Certes, dans tous les pays, le chômage des jeunes est à peu près le double de ce qu'il est aux autres âges. Mais la France fait plus mal encore avec plus de 22% des jeunes actifs de moins de 25 ans au chômage. Cela signifie que parmi ceux qui sont présents sur le marché du travail (en emploi ou à la recherche d'un emploi), plus d'un sur cinq est au chômage. Mais attention, en France, si l'on se souvient qu'«il n'y a qu'un tiers des 15-24 ans qui est actif» (les autres poursuivent leurs études), «ce taux correspond en réalité à 6% de l'ensemble des 15-24 ans en recherche d'emploi, soit un jeune sur seize» comme l'explique parfaitement Olivier Dutheillet de Lamothe, conseiller d'Etat et ancien directeur des relations du travail (1).
Autre spécificité que la France partage avec la Belgique, la Grande-Bretagne et l'Italie, l'importance du parchemin : le chômage est plus élevé chez les bacs+ 2 sans diplôme que chez les titulaires d'un CAP. Enfin, troisième caractéristique, commune cette fois aux pays d'Europe du Sud, le risque de «déclassement» et l'écart important entre le poste obtenu et le diplôme possédé.
Détournement des stages
Il reste, c'est une évidence, que les débuts de la vie professionnelle sont très chaotiques en France. En témoigne le fait que 30% des jeunes sont dans un dispositif d'emploi aidé et même 65% chez les jeunes non diplômés ! En témoigne aussi le «détournement des stages», mis en lumière par la révolte des jeunes diplômés.
Faut-il, pour autant, stigmatiser les jeunes en autorisant le CNE dans toutes les entreprises, pour les seuls moins de 25 ans ? Ne risque-t-on pas de renouveler l'affaire du smic-jeunes ? A l'époque, c'était en 1993, Edouard Balladur avait voulu instaurer un contrat d'insertion professionnelle (CIP) autorisant à déroger au smic pour l'embauche de jeunes... avant d'y renoncer sous la pression de la rue. Nombre de parlementaires de la majorité ont alerté Matignon sur ce risque. Comme Laurence Parisot, la présidente du Medef, hostile à stigmatiser les jeunes, comme elle l'était déja à l'ordonnance sur les seuils – désormais suspendue, autorisant les entreprises à sortir les moins de 25 ans du décompte des effectifs.
Ne serait-il pas plus lisible d'étendre le CNE, aujourd'hui réservé aux TPE comptant moins de 20 salariés, à celles qui en ont 50 par exemple, voire 250 si l'on prend la définition européenne des PME, voire à toutes les entreprises ? Bercy serait davantage sur cette ligne. Les deux ministres sociaux – Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher – sont plus prudents, «tant il y a d'avantages et d'inconvénients à chaque solution». Au plan de l'efficacité, mais aussi parce qu'ils craignent de rouvrir un «casus belli» avec les syndicats.
http://www.lefigaro.fr/eco-monde/200601 ... tml?212259
CHÔMAGE Dominique de Villepin doit arbitrer ce week-end le plan emploi qu'il annoncera lundi. L'extension du contrat nouvelles embauches (CNE) aux moins de 25 ans fait débat, y compris au Medef.
Béatrice Taupin
[14 janvier 2006]
A LA RECHERCHE d'une mesure coup de poing et forte pour les jeunes, Matignon est tenté d'étendre le contrat nouvelles embauches (CNE) aux entreprises de toute taille qui recruteraient des moins de 25 ans. Mais la mesure fait débat. Entre ministres et au sein des partenaires sociaux.
Certes, dans tous les pays, le chômage des jeunes est à peu près le double de ce qu'il est aux autres âges. Mais la France fait plus mal encore avec plus de 22% des jeunes actifs de moins de 25 ans au chômage. Cela signifie que parmi ceux qui sont présents sur le marché du travail (en emploi ou à la recherche d'un emploi), plus d'un sur cinq est au chômage. Mais attention, en France, si l'on se souvient qu'«il n'y a qu'un tiers des 15-24 ans qui est actif» (les autres poursuivent leurs études), «ce taux correspond en réalité à 6% de l'ensemble des 15-24 ans en recherche d'emploi, soit un jeune sur seize» comme l'explique parfaitement Olivier Dutheillet de Lamothe, conseiller d'Etat et ancien directeur des relations du travail (1).
Autre spécificité que la France partage avec la Belgique, la Grande-Bretagne et l'Italie, l'importance du parchemin : le chômage est plus élevé chez les bacs+ 2 sans diplôme que chez les titulaires d'un CAP. Enfin, troisième caractéristique, commune cette fois aux pays d'Europe du Sud, le risque de «déclassement» et l'écart important entre le poste obtenu et le diplôme possédé.
Détournement des stages
Il reste, c'est une évidence, que les débuts de la vie professionnelle sont très chaotiques en France. En témoigne le fait que 30% des jeunes sont dans un dispositif d'emploi aidé et même 65% chez les jeunes non diplômés ! En témoigne aussi le «détournement des stages», mis en lumière par la révolte des jeunes diplômés.
Faut-il, pour autant, stigmatiser les jeunes en autorisant le CNE dans toutes les entreprises, pour les seuls moins de 25 ans ? Ne risque-t-on pas de renouveler l'affaire du smic-jeunes ? A l'époque, c'était en 1993, Edouard Balladur avait voulu instaurer un contrat d'insertion professionnelle (CIP) autorisant à déroger au smic pour l'embauche de jeunes... avant d'y renoncer sous la pression de la rue. Nombre de parlementaires de la majorité ont alerté Matignon sur ce risque. Comme Laurence Parisot, la présidente du Medef, hostile à stigmatiser les jeunes, comme elle l'était déja à l'ordonnance sur les seuils – désormais suspendue, autorisant les entreprises à sortir les moins de 25 ans du décompte des effectifs.
Ne serait-il pas plus lisible d'étendre le CNE, aujourd'hui réservé aux TPE comptant moins de 20 salariés, à celles qui en ont 50 par exemple, voire 250 si l'on prend la définition européenne des PME, voire à toutes les entreprises ? Bercy serait davantage sur cette ligne. Les deux ministres sociaux – Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher – sont plus prudents, «tant il y a d'avantages et d'inconvénients à chaque solution». Au plan de l'efficacité, mais aussi parce qu'ils craignent de rouvrir un «casus belli» avec les syndicats.
http://www.lefigaro.fr/eco-monde/200601 ... tml?212259