Bon, ça fait plaisir d'obtenir un résultat mais que d'énergie déployée. Il aura fallu un reportage télévisé et un article dans le canard local (Est Républicain, article ci-dessous) pour que la situation se débloque. La grande muette, sur le coup, n'est pas restée coite puisque l'organisme payeur a procédé dès le 26 novembre au paiement partiel de ce qui était dû à Élodie. À noter le courage de cette dernière qui après maintes hésitations a su affronter et exposer publiquement la situation qu'elle
subissait.
L’ÉTAT MAUVAIS PATRON
Six mois après la fin de deux ans de contrat, une ancienne gendarme adjointe n’a toujours ni allocation de chômage ni attestation de situation. Elle a des droits mais est sans ressources
BESANÇON. On savait l'État mauvais patron, mais pas à ce point. Élodie Coignard, jeune femme de 28 ans, en fait les frais depuis plusieurs mois.
Titulaire d'un BEP sanitaire-social, elle a travaillé trois ans en milieu hospitalier avant d'enchaîner plusieurs postes dans la restauration, puis de trouver ce qu'elle pensait être sa voie dans la gendarmerie. Elle y a effectué deux CDD d'un an de gendarme adjoint entre le 11 juin 2007 et le 11 juin dernier. Puis, plus rien.
Espérant un renouvellement, elle s'imaginait que cela se passerait de manière tacite, comme pour le second CDD. «Mon commandant d'unité a oublié de demander le renouvellement de mon contrat qui devait se faire trois mois avant l'échéance. Mon objectif était de devenir sous-officier puis d'être titularisée. Mais lors d'une conversation, fin mai, le secrétaire du capitaine m'a dit: "Avec ta myopie, tu ne pourras pas être titulaire." Je suis tombée des nues, je venais de découvrir que je n'étais pas renouvelée. »
Élodie prend dès lors les devants et s'inscrit à Pôle emploi. Le 12 juin, devant quitter sans préavis la caserne, sans logement, elle se retrouve en hébergement d'urgence dans une structure où elle est prise à partie par une personne qu'elle avait verbalisée... Le service d'accueil lui trouve un autre point de chute.
Ressources humaines injoignables
Mais le pire est à venir. La gendarmerie doit verser les allocations de chômage, mais Élodie n'a toujours rien perçu. Elle n'a pas reçu non plus l'attestation que doit fournir tout employeur à un ancien salarié pour qu'il puisse faire valoir ses divers droits. Le CTAC de Bordeaux, le service ressources humaines de la gendarmerie dont Élodie dépend, lui a demandé par écrit plusieurs fois les documents qu'elle a déjà fournis ! Ce CTAC reste injoignable par Élodie comme par Benjamin Gaillard, conseiller régional (PS) qui s'est saisi de la situation. Nous avons aussi tenté notre chance, en vain.
Plusieurs forums, sur l'Internet, témoignent d'une difficulté rencontrée, semble-t-il, par de très nombreuses personnes.
Élodie aurait pu baisser les bras, elle a décidé de rebondir en entamant, fin septembre, une formation de huit mois au Greta débouchant sur le CAP cuisine. L'ennui, c'est que l'absence de justification de sa situation empêche la constitution du dossier de financement par le conseil régional. «La Région prend les frais pédagogiques à sa charge. Quand il n'y a pas d'autres droits ailleurs, elle verse 700 euros par mois au stagiaire » au titre de rémunération ou d'indemnisation du chômage. Or, c'est justement à l'armée d'indemniser la demandeuse d'emploi qu'est devenue Élodie.
Bernard Sérafinowski, de l'association AC!, suit Élodie depuis un mois : « Je l'ai accompagnée auprès du service social de la gendarmerie, c'est irréel. J'ai vu des situations compliquées, je n'ai jamais vu ça. » Benjamin Gaillard est intervenu auprès du commandant de la gendarmerie du Doubs « qui ne peut joindre le CTAC », du général patron du service social à Metz, du cabinet du ministre de la Défense... Avec, pour résultat, le « déblocage du paiement de la mutuelle et d'une assurance voiture». Mais toujours pas de paiement d'allocation ni d'attestation de situation.
«Je suis baladée de service en service, je n'ai plus de force», lâche Élodie, qui avait de bonnes appréciations de ses supérieurs.
Daniel BORDUR