Yves a écrit : ↑11 juil. 2023
Après, je sais ce que tu vas me répondre : "Tous ces gens ne sont pas des hommes et des femmes de Gauche".
Peut-être mais ça démontre que tout cela est très complexe.
Un type comme Philippot (Président des Patriotes, ancien numéro 2 du FN) est par exemple plus à gauche que la plupart de celles et de ceux qui se revendiquent de Gauche.
Et Mitterrand ?
Et Staline, il était de Gauche ou de Droite ? Et Mao ?
Et Hitler à la tête du parti
National Socialiste ?
Quand on s'intéresse à la politique économique (et financière) menée de 1933 à 1939 en Allemagne,
elle était ASSURÉMENT de Gauche et radicalement opposée à la finance (donc à une communauté très influente) et au capitalisme anglo-saxons. Fermons la parenthèse.
T'en as oublié un et un beau : Pierre Laval, comme traitre et pourriture de collabo, il ne faut pas oublier que c'est une partie de la SFIO qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain -
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Laval
La notion de droite et de gauche doit toujours être remise en question
Lire ci dessous:
Ces socialistes qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain
Richard Ferrand vient de rendre hommage, à Vichy, aux 80 parlementaires qui refusèrent les pleins pouvoirs constitutionnels au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940, il y a 79 ans jour pour jour. Évidemment, la récupération politique marche à plein, mais cela n’a rien d’étonnant. « Car en politique, il faut savoir dire non : non au populisme et à l’antiparlementarisme, facilités d’un jour et calamités du lendemain », a déclaré le président de l’Assemblée nationale, oubliant que le 10 juillet 1940, les calamités étaient bien là et qu’on ne pouvait probablement pas imaginer alors qu’il pourrait en advenir de bien pires dans les mois et les années qui suivirent. L’Histoire est toujours plus facile à refaire une fois qu’elle s’est accomplie.
Il est de bon ton de souligner que la majorité de ces 80 parlementaires (députés et sénateurs) étaient de gauche. En revanche, on insiste moins sur le fait que parmi les 357 députés qui votèrent les pleins pouvoirs, une majorité était de gauche et que le Sénat était un fief radical. Les parlementaires SFIO (ancêtre du Parti socialiste actuel) étaient 126 : 36 votèrent contre, 90 pour. M. Ferrand, ancien socialiste, se garde bien de l’évoquer. Il est tellement plus facile de hurler au « populisme » sans se soucier, du reste, d'anachronisme. Avec un manichéisme tellement confortable, on fait de ces parlementaires qui votèrent les pleins pouvoirs au vainqueur de Verdun des lâches, des salauds, des collabos. Pourtant, la réalité est bien plus complexe.
Restons, d'ailleurs, sur ces parlementaires socialistes qui accordèrent leur confiance à Pétain. Certains basculèrent carrément dans la collaboration. Ce fut le cas du député de Vaucluse Pierre Vaillandet (1888-1971), qui avait été avant-guerre militant dans le Syndicat national des instituteurs ainsi qu’à la Ligue des droits de l’homme. Proche de Marcel Déat, il quitta Paris le 15 août 1944 pour l’Allemagne. Il sera condamné par contumace en 1946 à la dégradation nationale, à la confiscation de ses biens. On pourrait aussi évoquer Marcel Régis (1892-1986), député socialiste d’Alger, ancien vice-président de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA, ancêtre de la LICRA), qui déclara à propos de Léon Blum : « Quand ce juif sera à la morgue, il sera au seul logis qui convient. » On pourrait encore citer Georges Barthélémy (1897-1944), député de la Seine. C’est lui qui avait déclaré, en 1936, à l’occasion des Olympiades populaires, que le sport constituait « le meilleur moyen d’arrêter la dégénérescence physique et morale de la race ». Farouche anticommuniste, en février 1940, après la signature du pacte germano-soviétique, il déclarait à la Chambre vouloir envoyer à la guillotine les députés communistes, le peloton d'exécution étant leur faire trop d'honneur. Le 10 juillet 1944, il mourra mitraillé devant la mairie de Puteaux.
Néanmoins, de nombreux parlementaires socialistes, qui avaient voté les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, entrèrent ensuite dans la Résistance. On pourrait citer André Naphle (1903-1941), député de la Gironde, fusillé pour faits de Résistance. Ou encore Henri Martin (1903-1945), député de la Marne, déporté à Mauthausen et mort cinq jours à peine après la libération du camp.
La plupart des parlementaires socialistes qui avaient voté les pleins pouvoirs furent frappés d’inéligibilité après la guerre et exclus de la SFIO, sauf ceux qui purent présenter des titres de Résistance. Certains se retrouvèrent sous la IVe République dans le Parti socialiste démocratique (PSD) fondé par Paul Faure (1878-1960) et poursuivirent une carrière politique. Parmi eux, on trouve un certain Charles Spinasse (1893-1979), député de Corrèze, ministre de l’Économie sous le Front populaire et fondateur, en 1941, à Paris, de l’hebdomadaire Le Rouge et le Bleu, « revue de la pensée socialiste française », revue publiée avec l’autorisation de la censure allemande… En 1967, à l'occasion des élections législatives, Charles Spinasse contribua à l'implantation locale d'un jeune loup de la politique nommé… Jacques Chirac. Pas simple, le socialisme, en France. Richard Ferrand en conviendra...
et encore:
TV – « Quand la gauche collaborait, 1939-1945 »
Notre choix du soir. Florent Leone et Christophe Weber dressent le portrait de personnalités de gauche qui sombrèrent sous l’Occupation (sur France 5 à 22 h 40).
Il aura fallu du temps, beaucoup de temps, et le travail acharné des chercheurs pour déconstruire la vision caricaturale d’une des périodes les plus troubles et les plus ambiguës de notre histoire. Celle d’une France, sous Vichy, coupée idéologiquement en deux, entre une gauche résistante et une extrême droite collaborationniste.
Une vision sans nuance qui perdura pendant des décennies dans la mémoire collective. « Les sociétés préfèrent percevoir leur passé en termes stables. La notion de mutation est inacceptable », explique l’historien Simon Epstein, auteur d’Un paradoxe français et des Dreyfusards sous l’Occupation (Albin Michel), que l’on retrouve, sans surprise, auprès de Pascal Ory et d’Olivier Wieviorka dans le second volet du documentaire de Florent Leone et Christophe Weber consacré, après l’extrême droite entrée en résistance, aux hommes de gauche (socialistes, radicaux, communistes, syndicalistes) qui versèrent dans la collaboration.
Un documentaire classique dans sa forme, qui tient autant, sinon plus, aux analyses du trio d’experts qu’aux archives – même si certaines, notamment sonores ou d’actualité, sont assez rares. Telle celle sur l’attentat perpétré par un résistant le 27 août 1941 contre Pierre Laval et Marcel Déat lors d’un défilé de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF).
A raison, les deux auteurs s’attardent longuement sur la période de l’entre-deux-guerres, tout particulièrement celle des années 1930 où s’effectua le basculement de deux futures figures de la collaboration : Marcel Déat, député socialiste qui rompt en 1933 avec Léon Blum avant d’être exclu de la SFIO – ce qui n’est pas précisé – après avoir formé les « néosocialistes » dont le slogan est : « Autorité, ordre et nation ». Et Jacques Doriot, expulsé du Parti communiste français en 1934 après avoir créé le Comité de défense antifasciste avec des membres de la SFIO et du Parti radical.
Par leur parcours et leur dérive idéologique, qui se matérialisera respectivement par la fondation du Rassemblement national populaire (RNP) et du Parti populaire français (PPF), ces deux hommes incarnent les deux grands courants – pacifisme forcené et anti-bolchévisme – qui forcent les revirements à gauche. Et l’éclatement d’un paysage politique qui finira par être totalement « démantibulé » à la faveur des événements. A commencer par les accords de Munich, en septembre 1938, votés par la gauche (hormis les communistes), qui ouvrent une brèche entre pacifistes convaincus et pacifistes de raison. Et, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique qui déchire le Parti communiste français devenu, de fait, l’allié de l’Allemagne nazie.
Loin de rester attachés aux seuls Déat et Doriot et à leur combat acharné et revanchard pour conquérir le pouvoir, ou à Jean Luchaire, dreyfusard, héritier d’Aristide Briand, devenu ministre de l’information sous Vichy, ou encore le radical-socialiste René Bousquet, grâce auquel Olivier Wieviorka analyse la position des fonctionnaires, Florent Leone et Christophe Weber mettent en lumière d’autres personnalités politiques moins connues. Telle Marc Augier, membre du cabinet de Léo Lagrange dans le gouvernement du Front populaire en 1936 puis combattant dans la LVF et la Waffen SS, ou René Belin, dirigeant de la CGT, avant d’être le principal inspirateur de la Charte du travail et le cosignataire du statut des juifs en 1940. A ce titre – et c’est le seul bémol –, on peut regretter que le basculement dans l’antisémitisme de ces hommes de gauche, dreyfusards et philosémites, soit si peu évoqué et analysé.
Quand la gauche collaborait, 1939-1945, de Florent Leone et Christophe Weber (Fr. 2017, 55 min).
Et encore :
L’Histoire est souvent plus complexe que ce qu’en retient la mémoire collective. Après l’humiliation de la défaite en 1940, la Résistance française n’a pas été menée que par des hommes et des femmes dont le cœur portait à gauche. Refusant de se soumettre à l’Allemagne, des militants monarchistes, des membres de l’Action française, des cadres de divers partis d’extrême droite ont choisi de résister. D’où le paradoxe de retrouver plus tard, côte à côte dans certains maquis, des communistes et des vichystes, voire des juifs et des antisémites notoires. Bien construit, ce documentaire en deux volets – le second, Quand la gauche collaborait, sera diffusé dimanche 10, sur France 5 – souligne le rôle parfois majeur de figures de la droite extrême.
L’historien Olivier Wieviorka rappelle le poids des mouvements d’extrême droite entre les deux guerres mondiales. De l’Action française de Charles Maurras aux Croix de feu du colonel de La Rocque, en passant par la Cagoule, organisation secrète et violente, les militants ont des profils différents, mais se rassemblent autour de l’antiparlementarisme, de la haine du communisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie.
« Quand l’extrême droite résistait », de Florent Leone et Christophe Weber.
Le 6 février 1934, dans la foule des émeutiers d’extrême droite qui manifestent à Paris (quatorze morts, plus de soixante blessés), on trouve, par exemple, le monarchiste Gilbert Renault, qui deviendra une figure de la Résistance sous le nom de Colonel Rémy. Après la défaite de 1940, l’extrême droite française est divisée : certains, peu nombreux, rejoignent Londres, comme Gilbert Renault ou Maurice Duclos, membre de la Cagoule. D’autres font confiance à Pétain pour résister à l’occupant, mais lorsque le vieux maréchal serre la main d’Hitler à Montoire (Loir-et-Cher), le 24 octobre 1940, c’en est trop pour beaucoup.
Au fil du temps, d’autres personnalités marquées à droite comme l’ancien Croix-de-Feu Alfred Tourny, Pierre de Bénouville ou Henri d’Astier de La Vigerie, prendront part aux combats de la Résistance. Lorsque la zone Sud est occupée, les maquis voient arriver des cadres nationalistes qui formeront des communistes et des républicains espagnols. Comme le résume un témoin : « Versaillais et communards se sont réconciliés dans la Résistance. »
Quand l’extrême droite résistait, 1939-1945, de Florent Leone et Christophe Weber (Fr., 2017, 55 min).
https://www.youtube.com/watch?v=Xl4Vb6OkSXI