25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

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Chris64

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Chris64 »

Bonjour,
Sur Mediapart :

https://blogs.mediapart.fr/yann-gaudin/ ... -reportage
Débunkage d'un reportage
29 mars 2021 Par Yann GAUDIN Blog : Pôle emploi : le droit de savoir

Jeudi 25 mars 2021, l'émission Envoyé spécial ouvrait son nouveau numéro par un reportage d'1/2 heure intitulé "Ma vie de conseiller Pôle emploi". Cette enquête a secoué le personnel de l'institution, le directeur général a réagit par courrier et de nombreux salariés de Pôle emploi ont fait savoir leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Analyse du fond et de la forme du reportage.

Début janvier 2021 j'étais contacté par une journaliste de la société STP Productions qui préparait un reportage sur Pôle emploi pour l'émission Envoyé spécial, diffusée sur France 2. Le sujet annoncé était "Pôle emploi est-il prêt à faire face à une très forte augmentation du chômage ?" Nous avons eu plusieurs échanges par téléphone et par e-mail portant sur divers dysfonctionnements de l'institution, un tournage était prévu à Rennes mais il a été annulé au dernier moment et j'en apprendrai la raison le jour de la diffusion du reportage : la majeure partie de ce qui apparaîtra à l'antenne proviendra... d'une infiltration en caméra cachée. Yann Gaudin, auteur du blog

De l'usage de la caméra cachée

Cette méthodologie présente 2 inconvénients et 1 avantage majeurs :

D'une le rendu audiovisuel n'est pas des plus qualitatifs, loin s'en faut. La qualité de résolution est plutôt "baveuse", le cadrage est assez hasardeux et l'image souvent flottante, notamment lorsque la journaliste est en mouvement. Par ailleurs, dès lors que les personnes qui apparaissent à l'écran n'ont bien évidemment pas donné leur consentement, tous les visages sont floutés et les voix transformées. Ça n'est pas ce qu'il y a de plus agréable à regarder, ni de plus valorisant pour les individus filmés et leur environnement (l'anonyme étant toujours suspect). Et puis ça contraint aussi le montage donc le propos du reportage car une bonne partie des rushs est inexploitable car irregardable.

De deux l'usage de la caméra cachée fait toujours débat parmi les journalistes et, naturellement, chez les personnes ou établissements qui se font "poisser". Car la clandestinité du procédé est souvent dénoncée comme déloyale mais c'est pourtant là qu'est constitué l'avantage maître qui suit.

Comment faire autrement que filmer en cachette pour constater et révéler des vérités dérangeantes ? Pôle emploi est une "grande muette", pour preuve la direction de l'établissement a refusé tout reportage en agence et toute interview mais a eu le culot d'envoyer in fine un courrier de réprobation. Par ailleurs les conseillers le savent bien : lorsqu'une visite importante est annoncée - que ce soit un auditeur, une personnalité politique ou un membre important de la direction - tout le monde est briefé à l'avance pour donner l'image idéale d'une agence parfaite. Pour capter la réalité in situ, il n'y a donc pas d'autre choix que d'y passer secrètement plusieurs jours car comme les salariés de Pôle emploi sont sous le joug de la menace de représailles s'ils rompent le chimérique devoir de réserve (qui n'existe pas en droit), l'infiltration parmi le personnel reste le meilleur moyen d'authentifier sans fard ce qui se passe dans une agence.

Vérités ou bidonnage à buzz ?

La plupart des salariés de Pôle emploi qui ont réagit dénoncent un reportage "honteux", "à charge" et qui ne correspondrait pas à l'exercice au quotidien du métier de conseiller. Ils tiennent principalement pour responsable Élise Lucet - présentatrice et rédactrice en chef de l'émission - qu'ils accusent d'avoir voulu faire du buzz avec un reportage aussi fallacieux que démago et racoleur, or il convient de rappeler que le reportage a été élaboré par une société de production sous-traitante, à qui Élise Lucet fait confiance autant qu'un directeur de Pôle emploi peut faire confiance à son équipe.

On peut accorder aux détracteurs que le titre du reportage est un peu trompeur. En effet, la journaliste infiltrée s'est faite embauchée comme conseillère emploi débutante, en CDD, dans une petite agence d'Île-de-France. Son environnement de travail n'est donc pas forcément représentatif des 900 agences du territoire national, et surtout son quotidien de travail n'est pas à comparer à des conseillers confirmés, expérimentés, qualifiés. D'ailleurs il y a plusieurs types de conseillers à Pôle emploi : conseiller emploi, conseiller indemnisation, conseiller entreprises, etc. Le titre "Ma vie de conseiller Pôle emploi" est donc très sommaire mais correspond à un format éditorial habituel de l'émission, d'ailleurs dans ce même numéro du 25 mars 2021, Thomas Pesquet apparaissait dans un reportage intitulé "Ma vie d'astronaute" qui, pour le coup, était conforme à la réalité d'une profession aussi bien dans le titre que dans le contenu.

Le recrutement à Pôle emploi

La journaliste dit en ouverture du reportage avoir été embauchée en CDD comme conseillère alors qu'elle n'avait aucune expérience dans le domaine des ressources humaines, elle montre d'ailleurs une autre nouvelle recrue issue d'un "tout autre secteur" qui n'est pas précisé.

À l'époque de l'ANPE, le recrutement se faisait sur concours via une épreuve écrite et un oral, avec pour prérequis d'être titulaire d'un Bac +2 minimum. Dans chaque région, des milliers de postulants se retrouvaient sur la ligne de départ à chaque ouverture de concours, pour une centaine de recrues seulement à l'arrivée, embauchées en CDI pour les mieux classées sur liste principale et en CDD pour la liste complémentaire.

Depuis la création de Pôle emploi fin 2008, le recrutement se faisait de gré à gré, autrement dit sur simples entretiens après candidature avec toujours le prérequis du Bac +2 et généralement un lien exigé avec le domaine des ressources humaines comme expérience.

Récemment l'institution a créé un test de sélection en ligne pour vérifier les aptitudes au métier mais, en contrepartie, le lien avec les ressources humaines n'est plus systématiquement exigé donc oui, "n'importe qui" peut désormais être embauché·e par Pôle emploi à condition d'être titulaire d'un Bac +2 et de réussir les tests.

Cependant n'espérez pas un CDI d'emblée : ils sont généralement réservés aux agents qui ont fait leurs preuves sous CDD.

La formation à Pôle emploi

Rappelons que les activités d'un conseiller Pôle emploi ont un impact fort sur la vie des usagers : l'impact attendu est une sécurisation voire une amélioration des parcours professionnels ainsi qu'une sécurisation transitoire, par l'indemnisation, de la survie financière des usagers. Mais en cas d'erreurs d'information ou de traitement d'un dossier, l'impact peut se révéler potentiellement très fâcheux voire dramatique. Et comme on le sait hélas davantage depuis quelques jours, les défaillances de Pôle emploi génèrent le courroux des usagers jusqu'à parfois engendrer des comportements violents pouvant mener à l'homicide.

Il est donc indispensable que les conseillers soient parfaitement qualifiés pour toutes les activités de leur mission, et ça passe naturellement par les compétences acquises en formation préalable puis entretenues par des formations continues. D'ailleurs la journaliste infiltrée le dit elle-même dans le reportage : "Je me rends compte qu'être conseiller, cela ne s'improvise pas."

Mais voilà : cette journaliste infiltrée, recrutée sans aucun bagage de compétences, se voit annoncer par le directeur d'agence à son arrivée qu'elle devra être opérationnelle en 3 semaines pour délivrer des services aux usagers, elle aura donc "10 jours pour une connaissance parfaite" du métier. Déjà, à ce stade, pour exercer un métier aussi complexe que sensible ça paraît un challenge incroyable à réaliser ! Et la journaliste nous révèle sa découverte empirique : sur ces 3 premières semaines, elle ne bénéficiera que de 4 heures de formation théorique "bricolée" par un conseiller entreprises et le reste de l'acquisition de compétences se fera sur le tas, juste dans l'échange & l'observation en lien avec une salariée tutrice et en étant "jetée" dès le 3ème jour au contact des usagers en zone d'accueil, ne pouvant répondre autre chose que "Je ne sais pas, je ne voudrais pas vous dire de bêtise donc vous allez voir avec une collègue". Consternant.

Et c'est hélas la réalité : au temps de l'ANPE, non seulement la sélection était drastique comme expliqué plus haut mais la prise de poste se faisait très progressivement sur 6 mois en alternance avec régulièrement 1 semaine complète de formation en centre interne à Pôle emploi, le reste du temps en agence, d'abord en observation puis petit à petit en situation. Depuis la création de Pôle emploi, la formation se fait toujours en alternance mais de manière plus expéditive, avec moins de jours de formation en centre et surtout une mise en situation beaucoup plus rapide donc parfois, comme ça semble être le cas dans cette agence francilienne, avant même d'avoir suivi de "vrais" cours dispensés en interne. C'est évidemment totalement irresponsable de la part de l'institution envers les usagers mais c'est également mettre en difficulté les nouvelles recrues, les exposant potentiellement ainsi à des violences verbales voire physiques... Une conseillère en témoigne dans le reportage : elle dit avoir eu l'impression de faire de "l'à peu près" à ses débuts, ce qui est potentiellement désastreux en matière d'impact pour les usagers et dangereux quant à leur réaction.

Des chômeurs abandonnés ?

Au bout de quelques jours, l'autre conseillère fraîchement recrutée en CDD se voit confier le suivi de dossiers d'usagers, ce qu'on appelle un portefeuille. Et pas n'importe quels dossiers : il s'agit d'usagers classés dans un accompagnement renforcé, autrement dit censés avoir davantage besoin d'aide que les autres et donc besoin d'un conseiller très qualifié sur tous les aspects de la recherche d'emploi. C'est évidemment incohérent et très inquiétant qu'une conseillère non-formée soit chargée de ce type de mission mais l'erreur est imputable uniquement à la direction de cette agence, il ne s'agit pas d'une consigne généralisée à l'ensemble des agences Pôle emploi.

La journaliste fait alors une autre découverte en discutant avec sa collègue : des chômeurs seraient inscrits à Pôle emploi sans avoir aucun contact, aucun entretien pendant plusieurs années !

C'est hélas vrai et pour le coup il s'agit bien d'un problème de consigne nationale : outre la proposition d'un entretien aux personnes qui le demande, l'établissement a pour priorité depuis bien longtemps de convoquer les usagers fraîchement inscrits ou récemment sortis de formation et ce, pour optimiser les résultats chiffrés de retour rapide à l'emploi et donc la communication institutionnelle sur son efficacité. Tant pis pour un certain nombre d'usagers qui, dans quasiment tous les portefeuilles de conseillers, n'ont pas été vus depuis des années... La direction de Pôle emploi utilise un joli slogan depuis sa création : "Faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin." Il faut croire qu'un chômeur livré à lui-même pendant plusieurs années n'a pas de besoin particulier, cela dit il y'en a que ça arrange de passer à travers les radars de Pôle emploi... Mais c'est justement ce genre de situation qui agace une partie de la population française car ça donne le sentiment que Pôle emploi ne fait rien face à l'oisiveté de "profiteurs" d'aides sociales. Précisons quand même que sans aucun travail salarié après l'inscription à Pôle emploi, on ne perçoit les allocations chômage que 3 ans maximum pour une personne de plus de 53 ans, au-delà le niveau de vie d'un chômeur n'est pas vraiment enviable.

Des conseillers fainéants ?

Les conditions contractuelles pour les conseillers Pôle emploi sont plutôt avantageuses : ils bénéficient d'un salaire versé sur 14,5 mois et qui atteint, pour un conseiller confirmé, entre 2000 et 2500€ net "compacté-lissé" par mois, voire près de 3000€ net en fin de carrière. A cela s'ajoute jusqu'à plus de 700€ de chèques vacances ou chèques cadeaux par an et 10€ de chèque restaurant par jour travaillé (avec toutefois une petite participation du salarié). Le temps de travail standard à temps plein est de 37h30 par semaine avec 15 jours de RTT par an, 25 jours de congés payés, 5 jours de congés dits "mobiles" (pour combler notamment les ponts) et jusqu'à 2 jours de congés bonus selon la période de vacances du salarié. Comme dans la plupart des grandes entreprises, des jours supplémentaires de congés peuvent être octroyés pour des évènements personnels (déménagement, décès d'un proche, etc.) et les salariés de Pôle emploi n'ont pas de jour de carence en cas d'arrêt maladie.

Au-delà de ces avantages, la cadence de travail est souple puisque le matin un conseiller peut arriver entre 7h45 et 9h00 (sauf obligation de prise de poste dès 8h30) et partir entre 15h00 (le vendredi) et 18h00. Interdiction cependant d'arriver avant 7h45 ou de partir après 18h00. Enfin les prises de pauses sont très libres et la durée de ces pauses, bien qu'encadrée par le Code du travail, très peu surveillée.

Pause ne signifie toutefois pas forcément "glandouille" : il est fréquent que les conseillers fassent de l'échange de pratiques sur ces temps hors poste de travail, par ailleurs le lien social est important pour le bien-être donc pour la productivité des salariés et en cas de conflit avec un usager ou de très long entretien approfondi, il est nécessaire de prendre le temps de recouvrer une bonne disposition pour la suite de la journée.

Tout ça pour situer le contexte parce que le reportage nous présente plusieurs situations peu glorieuses :

Un conseiller qui serait "réputé pour arriver en retard" et qui, le jour de la prise de vues, est arrivé au travail à 9h30 au lieu de 9h00 maximum. Il s'agit d'un cas assez marginal car le respect des horaires obligatoires est assez surveillé par les encadrants et l'abus ne saurait perdurer sans rappel, peut-être que ce salarié dans cette agence joui d'une impunité pour une raison mystérieuse mais il n'est pas représentatif de ses pairs.

Ce même conseiller, ce matin-là planifié sur des entretiens d'inscription, est clairement présenté comme un tire-au-flanc : sur 4 entretiens prévus, il semble qu'il n'ait finalement reçu qu'un seul usager et rien fait d'utile le reste du temps, pensant davantage à sa pause déjeuner qu'à apporter des services aux personnes de son portefeuille par exemple. Il y trop d'ellipses dans ce passage du reportage, il manque trop d'éléments pour qu'on puisse à la fois porter un jugement sur le travail au quotidien de cet agent et encore moins en tirer un enseignement sur le quotidien de l'ensemble des conseillers Pôle emploi.

Juste après, la journaliste nous montre une pratique abusives de salariés qui, au moment de la pause déjeuner, badgent en même temps pour le début de la pause... et pour la fin. Dès lors, seules 45 minutes forfaitaires leur seront déduites de leur temps de travail et ce, même si les personnes restent 1h20 en salle de pause. Cette pratique existe bien en agence mais il est difficile de savoir dans quelle ampleur, pourtant l'établissement dispose d'un logiciel pour identifier facilement les "double-badgeurs" mais il semble qu'il y ait de la tolérance en la matière... En somme, les français payent des conseillers Pôle emploi pour des heures de travail fictives, quelque soit l'ampleur c'est pour le moins dérangeant.

Enfin on nous montre une "technicienne supérieure appui gestion" qui serait quasiment payée à ne rien faire, occupant la majeure partie de son temps à "faire des trucs persos" et mettre à jour un trombinoscope des 40 salariés de son agence. Déjà, pour le coup, on sort du sujet puisqu'il ne s'agit pas de montrer la vie d'un conseiller Pôle emploi. Ce poste existe bien en agence mais son utilité, pour le bon fonctionnement des services rendus par les conseillers, dépend de l'organisation définie par chaque directeur d'agence. Il y a par exemple des salariés à ce poste qui sont chargés de "tracer" tous les documents qui transitent dans l'agence et permettent ainsi de retrouver très vite une pièce qui, autrement, serait déclarée "perdue" auprès de l'usager, ce qui ne fait pas très sérieux quand par exemple l'indemnisation en dépend. Manifestement, dans cette agence d'Île-de-France, le directeur a choisi de confier très peu d'activités à sa subordonnée qui le dit elle-même : "On me laisse pourrir." Cette salariée risque donc le bore-out, à savoir une détresse psychique liée à l'absence d'utilité et donc de sens dans son travail. L'anthropologue David Graeber appelait ça les bullshit jobs.

La question du format de programme TV

D'avance pardon pour l'équipe qui a élaboré ce reportage mais la partie sur cette salariée, à la mission annexe, dure 3 minutes 30 soit plus de 10% du reportage !

Il y avait bien plus pertinent que ce focus sur une situation circonscrite à cette agence, bien que la voix-off distille le doute par cette phrase laconique : "Il y aurait-il d'autres agents, à Pôle emploi, qui seraient payés sans attribution ?" Si le rapport entre l'utilité publique et la rémunération est à étudier à Pôle emploi, c'est peut-être davantage du coté de cadres grassement payés par les français et placardisés en direction départementale, régionale ou nationale comme chargés de mission...

Ces 3 minutes 30 auraient par exemple pu être consacrées à l'analyse des deux sociologues qui, sur 1h30 d'interview donnée, ont vu leur expression réduite à la portion très congrue d'à peine 1 minute...

Et puis il aurait été éclairant de faire davantage place à l'expression des usagers. En toute fin de reportage il y a bien le cas de cette jeune femme qui s'est vu infliger un très lourd trop-perçu suite à une erreur de Pôle emploi. Sa situation liée à une prise de disponibilité de la fonction publique n'est pas isolée mais il y aurait tant d'autres situations à évoquer, tant de préjudices liés à des erreurs, à de la dissimulation voire à des consignes hiérarchiques frauduleuses chez Pôle emploi, ce qui est tout l'objet de ce blog. D'ailleurs, l'obligation faite aux agents d'obéir à des ordres scélérats aurait pu être très utile à aborder pour la compréhension des usagers, au lieu de ça les conseillers se sont sentis dénigrés alors qu'on entrevoit bien dans le reportage que tout le problème vient du management mais ça n'est pas assez appuyé, pas assez étayé.

33 minutes de reportage, c'est bien trop court au final pour décrire tout ce qui ne va pas dans le fonctionnement d'un établissement qui concerne actuellement près de 7 millions de français inscrits et qui est financé par la totalité des français, retraités (par la CSG) et enfants (par la TVA) compris. Car rappelons-le, contrairement à ce que semblent avoir cru des conseillers Pôle emploi à travers leurs commentaires sur internet, Pôle emploi est un service public, payé par le public pour rendre des services au public. Certes la plupart des salariés ont un contrat de travail de droit privé, mais juridiquement Pôle emploi est bel et bien un établissement public national à caractère administratif.

Tout comme France Télévisions est également un service public. Alors une prochaine fois, pour le plus grand bien de toutes et tous, usagers et conseillers, pourriez-vous consacrer une émission entière à ce qui concerne le présent et l'avenir de millions de français ?

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L'auteur·e
Yann GAUDIN
Conseiller emploi & formation
Rennes - France

Pour info, Yann GAUDIN :
https://www.francebleu.fr/infos/economi ... 1579375023
https://www.marianne.net/societe/police ... ur-dalerte
https://www.latribune.fr/economie/franc ... 56950.html
Chris64

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Chris64 »

Zorro22 a écrit : Justement, je n'en sais rien. J'ai constaté par hasard au fil du temps dans la jurisprudence différents litiges avec Pôle Emploi traités devant des juridictions différentes.
Parfois, cela dépend du Tribunal administratif. Mais selon mon assurance de protection juridique, mon litige se rapportant à l'IPR de Pôle Emploi en Bretagne
relevait d'une procédure civile (donc risquée, financièrement parlant, en terme de frais de justice à rembourser si procès perdu, en plus de réparations conséquentes).

Pour les litiges se rapportant à l'ASS, je ne vois pas l'allocataire se risquer dans une procédure civile.
Mais cela reste à creuser. Généralement, Pôle Emploi n'est pas mon domaine de prédilection (contrairement aux CAF et conseils départementaux).
On n'avance pas beaucoup sur ce sujet. Il faudrait voir quels genres de litiges avec Pôle Emploi dépendent du tribunal administratif : ça, c'est facile et pas cher, pour un chômeur,
comme procédure.

Merci Zorro pour tes infos.

Alors, pourrait-on dire que des litiges ASS pourraient se régler au TA -Tribunal Administratif- par exemple, des erreurs de calcul, etc... ? Je note que les assurances de protection juridique seraient plus enclin sur des dossiers au TA, est-ce que je me trompe ?

Chris
Chris64

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Chris64 »

Où l'on voit les requis, et plus loin les missions, du conseiller PE. Une offre d'emploi de conseiller PE :

https://candidat.pole-emploi.fr/offres/ ... il/112CLTG

Conseiller.ère Emploi "Nouveau suivi" (H/F)

74 - ANNECY -

Actualisé le 30 mars 2021 - offre n° 112CLTG

Au sein d'une agence de plus de 60 collaborateurs et collaboratrices, voici en synthèse, une partie des missions qui vous seront confiées :

- Gérer, accueillir, informer et orienter un portefeuille de demandeurs d'emploi autonome, principalement à travers des prestations à distance,
- Diagnostiquer, conseiller et accompagner la recherche d'emploi en délivrant notamment le conseil en évolution professionnelle (du diagnostic à la co-construction du plan d'action),
- Informer de manière personnalisée le demandeur d'emploi sur l'offre de services de Pôle emploi, le marché du travail, les aides et mesures pour l'emploi, les dispositifs de formation et les services digitaux.
- Organiser et animer des actions collectives (en ligne,en agence et/ou sur des salons et forums).

Compétences :

Vous aimez être au contact d'un public varié.
Vous avez le sens du service et l'esprit d'équipe.
Vous savez prendre des initiatives.

Type de contrat
Contrat à durée déterminée - 18 Mois
Contrat travail
Durée du travail
35H Horaires normaux
Salaire

Salaire : Annuel de 26200,00 Euros sur 13 mois
Chèque repas

Déplacements
Déplacements : Ponctuels Autre

Profil souhaité
Expérience

Débutant accepté

Savoirs et savoir-faire

Méthodes d'élaboration de projet professionnel Marché de l’emploi Droit de la formation Intervenir auprès d'un public de demandeurs d'emploi Mener des actions d'orientation professionnelle Proposer des actions de formation, d'orientation, d'accompagnement adaptées au profil de la personne Définir des besoins en matière d'évolution professionnelle Informer des personnes sur les offres et prestations de formation Réaliser les opérations de mise en place et de suivi de prestations externes Gérer un dossier de demandeur d'emploi Renseigner un public, des usagers Organisation et animation événement en ligne

Formation

Bac+2 ou équivalents Cette formation est indispensable

Informations complémentaires

Qualification : Employé qualifié
Secteur d'activité : Administration publique (tutelle) des activités économiques
SandrineA

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par SandrineA »

Merci pour l analyse d un ex conseiller de pole emploi. Tout reportage est critiquable. Mais existe -t-il un reportage parfait ? Un reportage accepté par pole emploi aurait été corrompu, car on aurait mis que des situations parfaites. Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles.

La formation requise bac+2 ne veut rien dire. On ne demande même pas une formation de conseiller en insertion professionnelle CIP https://www.orientation-pour-tous.fr/me ... 15153.html
Zorro22

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Zorro22 »

@Chris64 :
pourrait-on dire que des litiges ASS pourraient se régler au TA -Tribunal Administratif- par exemple, des erreurs de calcul, etc... ?
A ce stade, je ne sais pas. Et j'ignore aussi si Pôle Emploi est tenu, légalement, d'indiquer les voies de recours sur des courriers d'indus, de radiations, etc.
(peut-être que @Donuts3003 pourrait nous en dire plus là dessus, concernant sa radiation de 15 jours d'ASS ?).
Je note que les assurances de protection juridique seraient plus enclin sur des dossiers au TA, est-ce que je me trompe ?
Les assurances de protection juridique interviennent généralement (MatMut, Macif) au-delà d'environ 800 euros de litige,
peu importe le tribunal concerné, en fait. Mais cela leur coûte bien moins cher en moyenne devant les tribunaux administratifs
(généralement, aux alentours de 900 euros, qu'elles récupèrent sur les 1 000 euros de frais de justice souvent accordés par le magistrat, si victoire).
Zorro22

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Zorro22 »

@Chris64 : merci pour le relais de l'article de Yann Gaudin !
n'espérez pas un CDI d'emblée : ils sont généralement réservés aux agents qui ont fait leurs preuves sous CDD.
C'est intéressant, car cela permet de démontrer qu'en agent en CDD sera davantage soumis aux pressions. Cela peut être utilisé devant un tribunal.
Côté RSA, le Conseil d'Etat a interdit aux CAF d'utiliser des "indépendants" pour ses contrôles, car trop de risques de pressions et donc de biais.
l'établissement a pour priorité depuis bien longtemps de convoquer les usagers fraîchement inscrits ou récemment sortis de formation et ce, pour optimiser les résultats chiffrés de retour rapide à l'emploi et donc la communication institutionnelle sur son efficacité. Tant pis pour un certain nombre d'usagers qui, dans quasiment tous les portefeuilles de conseillers, n'ont pas été vus depuis des années...
Aspect instructif du fonctionnement de Pôle Emploi. Absence évidente d'égalité de traitement.
les conseillers Pôle emploi sont plutôt avantageuses : ils bénéficient d'un salaire versé sur 14,5 mois et qui atteint, pour un conseiller confirmé, entre 2000 et 2500€ net "compacté-lissé" par mois [...] A cela s'ajoute jusqu'à plus de 700€ de chèques vacances ou chèques cadeaux par an
Donc à 2500€ nets sur 14,5 mois, avec chèque vacances, le conseiller PE émarge à 37 000 euros NETS environ par an. Généralement en région, de plus.
C'est plus de 3 000 euros NETS par mois, au final (et même pas en fin de carrière) pour... un BAC+2 ? (certes, certains conseillers ont un BAC+5).
Autant dire que c'est du grand luxe, presqu'aucun ingénieur, même expérimenté, ne gagne autant en région, et de plus, pas pour 37,50 heures (même moins si pause déjeuner truquée).
SandrineA

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par SandrineA »

le salaire indiqué en net est un salaire lissé sur 12 mois je pense. Ils ne sont pas à plaindre.

Le salaire médian en France :
En 2020, l’INSEE a publié son enquête basée sur les données de 2016. Le salaire médian net en France s’élevait à 1 789€. Il est important de noter que ce salaire média diffère selon le sexe. L’INSEEC a noté une différence de 13,7% entre les hommes et les femmes. Le salaire médian des femmes s’élève à 1 639€ tandis que celui-ci des hommes est de 1 899€. Selon la Direction statistique du ministère des Solidarités (Drees), il faudrait 1 760€ pour vivre décemment en France.
https://business-cool.com/decryptage/an ... 9%E2%82%AC.
Zorro22

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Zorro22 »

@Donuts3003 :
"si vous entendez contester cette décision vous devez obligatoirement saisir votre pôle-emploi d'un recours préalable..."
Bien que peu familier avec ces procédures-ci, le RAPO obligatoire (recours amiable) ne me surprend pas.
Mais par contre que le rejet de RAPO indique d'effectuer une saisine du médiateur est plutôt étrange : certes, c'est possible, mais aussi avant le RAPO.
A ce stade-là, c'est la voie contentieuse qui devrait être indiquée, c'est-à-dire le tribunal compétent.

Merci pour l'info, en tous cas. Le contentieux juridique avec PE reste un sujet à explorer.
unchti

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par unchti »

Zorro22 a écrit :@Chris64 : merci pour le relais de l'article de Yann Gaudin !
n'espérez pas un CDI d'emblée : ils sont généralement réservés aux agents qui ont fait leurs preuves sous CDD.
C'est intéressant, car cela permet de démontrer qu'en agent en CDD sera davantage soumis aux pressions. Cela peut être utilisé devant un tribunal.
Côté RSA, le Conseil d'Etat a interdit aux CAF d'utiliser des "indépendants" pour ses contrôles, car trop de risques de pressions et donc de biais.
l'établissement a pour priorité depuis bien longtemps de convoquer les usagers fraîchement inscrits ou récemment sortis de formation et ce, pour optimiser les résultats chiffrés de retour rapide à l'emploi et donc la communication institutionnelle sur son efficacité. Tant pis pour un certain nombre d'usagers qui, dans quasiment tous les portefeuilles de conseillers, n'ont pas été vus depuis des années...
Aspect instructif du fonctionnement de Pôle Emploi. Absence évidente d'égalité de traitement.
les conseillers Pôle emploi sont plutôt avantageuses : ils bénéficient d'un salaire versé sur 14,5 mois et qui atteint, pour un conseiller confirmé, entre 2000 et 2500€ net "compacté-lissé" par mois [...] A cela s'ajoute jusqu'à plus de 700€ de chèques vacances ou chèques cadeaux par an
Donc à 2500€ nets sur 14,5 mois, avec chèque vacances, le conseiller PE émarge à 37 000 euros NETS environ par an. Généralement en région, de plus.
C'est plus de 3 000 euros NETS par mois, au final (et même pas en fin de carrière) pour... un BAC+2 ? (certes, certains conseillers ont un BAC+5).
Autant dire que c'est du grand luxe, presqu'aucun ingénieur, même expérimenté, ne gagne autant en région, et de plus, pas pour 37,50 heures (même moins si pause déjeuner truquée).
C'est très cher payé pour des personnes complètement inutiles, non même pire que ça, parfois toxiques. Ca ne demande aucune compétence aucun savoir faire de taper un code rome sur un pc , et un petit compte rendu a la fin. J'imagine qu'au dessus du conseiller ca doit être encore mieux payé. Un ingénieur en région n'a pas ça en effet et si l'amplitude horaire est souple, c'est dans le mauvais sens.
Franchement ca me rends vraiment malade tout ça , tout cet argent gaché pour ça alors que nous on va venir nous faire chier pour 500 euros d'ass ou de RSA.
patrick2016z

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par patrick2016z »

Ah ouais la vache :shock:

Ils baisseraient leurs salaires mensuels de 1000€, ça permettrait de payer 2 chômeurs à 500€, multiplié par le nombre de conseillers inutiles. La cour des comptes devraient mettre son nez ici :mrgreen: j'ai la solution pour faire des économies :mrgreen:
SandrineA

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par SandrineA »

Mieux il faut supprimer des postes chez pole emploi.

Ce qui est nécessaire :

- entretien inscription
- paiement des allocations
- au début prestation acceler emploi

ensuite à l initiative du chômeur, il demande un rendez-vous si besoin de formation, aides diverses.

Voilà comment on fait des économies.

En plus du salaire brut, il faut ajouter des charges patronales.
Sur le site de pole emploi, on trouve un simulateur pour le coût d un salarié

J ai tape dans salaire brut le montant de 26 000 euros brut annuel pour un débutant chez pole emploi (vu annonce récemment). Il calcule un coût total de 36 672 €

https://entreprise.pole-emploi.fr/cout-salarie/


En comparaison coût d un DE en ASS par an :

(16,89 € x 365 jours) + prime Noel à 152,45 € = 6317,30

Un conseiller pole emploi débutant touche l equivalent de 5,8 fois le montant de l ASS.

Voilà comment l UNEDIC gaspille son argent. On se demande alors pourquoi elle est en déficit.
Estar

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Estar »

C'est clair que ces pseudo-conseillers sont largement sur-payés et bénéficient d'avantages non négligeables!
Mon ancien voisin à été embauché à Pôle Emploi l'an dernier au début du confinement, d'abord en CDD et puis en novembre je l'ai entendu parler d'achat de maison et qu'il allait s'adresser au courtier de PE! Il a finalement déménagé en début d'année! Ça doit le changer du logement social...
SandrineA

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par SandrineA »

Est il sympathique au moins ? ou tyrannique ?
Estar

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par Estar »

Du coup l'été dernier j'attendais désespérément mon rechargement de droits. Après deux réclamations et trois longues semaines je finis par me déplacer à mon agence, et qui était à l'accueil? Mon voisin avec qui je n'avais aucune affinité pour tout vous dire. Du coup je lui parle de mon problème, il regarde mon dossier, que plus personne ne gérait apparemment en raison d'une soi-disant anomalie...
Au bout d'un moment je lui dis: je vous reconnais vous êtes mon voisin du dessous!
Et là déclic, je sais pas s'il a eu peur que je le persécute chez lui, il m'a dit : je suis en gestion de dossiers cet après-midi je m'occupe de votre dossier en priorité. Il l'a fait...
SandrineA

Re: 25 mars sur France 2 Envoyé spécial sur pole emploi

Message par SandrineA »

OK il est gestionnaire des indemnisations. Parfait vous pouvez compter sur lui.
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