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Supression de l’Observatoire national de la pauvreté.

Publié : 10 nov. 2019
par rsarnaque
Hier soir en regardant la chaine télé france info , je découvre que l’Observatoire national de la pauvreté va être supprimé ...
En cherchant sur internet , on peut voir qu'il y a très peu de journaux connus qui en parlent ...


https://www.liberation.fr/debats/2019/1 ... te_1758919

Pourquoi supprimer l’Observatoire national de la pauvreté ?
21 octobre 2019 à 18:36

Depuis vingt ans, l’Onpes diffuse en toute indépendance des études pour mieux lutter contre l’exclusion, qui frappe une personne sur dix en France. Les pouvoirs publics chercheraient-ils à «casser le thermomètre» pour ne plus voir le malade ?

Tribune. Quelques jours à peine après la «journée mondiale de lutte contre la pauvreté» célébrée chaque année le 17 octobre, le gouvernement envisage de supprimer l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes). Un tel symbole ne pouvait passer inaperçu.

Créé par la loi d’orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, loi fondatrice des politiques publiques en matière de lutte contre la pauvreté, l’Onpes est composé à parité de représentants des grandes administrations publiques comme l’Insee, le ministère de l’Economie, les directions statistiques des ministères du Travail et des Affaires sociales, mais également de chercheurs et d’universitaires spécialistes du domaine en France et en Europe, ainsi que de personnalités qualifiées issues du monde associatif. Il a permis durant vingt ans, par la publication de plus de 10 rapports, de très nombreuses études et recherches, et par la diffusion d’un tableau de bord annuel sur la pauvreté (notamment celle des enfants), d’éclairer le débat public sur la réalité de ce phénomène en France et en Europe.

On peut dès lors s’interroger sur les raisons qui ont poussé les pouvoirs publics à vouloir supprimer un outil utile à la connaissance d’un problème aussi essentiel pour la cohésion nationale qu’est l’exclusion de plus d’une personne sur dix en France.

Il suffit de se reporter aux derniers rapports publiés par l’Onpes pour constater que la nature des travaux engagés justifie pleinement qu’un tel organisme, unique en Europe, puisse poursuivre son travail d’analyse et de compréhension des mécanismes économique et sociologique qui sont à l’origine du développement de la pauvreté. D’autant plus qu’elle continue de toucher en France aux alentours de 9 millions de personnes et que les politiques publiques mises en œuvre depuis de nombreuses années peinent à réduire le nombre d’exclus. L’Onpes a ainsi engagé dernièrement des travaux aussi importants que ceux qui ont traité de l’invisibilité de certaines populations qui, bien que pauvres, n’apparaissent pas dans les statistiques publiques et ne font donc pas l’objet de politiques spécifiques. Il a également lancé la publication des «budgets de référence» qui, grâce à la participation de personnes représentatives de différentes configurations familiales, ont permis d’évaluer les besoins des ménages pour participer pleinement à la vie sociale. Il a ainsi montré qu’il n’était pas possible de vivre décemment en dessous d’un seuil de revenu fixé par les personnes elles-mêmes (avec l’aide d’experts) à 1 500 euros pour une personne seule, pour ne prendre que ce cas.

L’objectif recherché est-il de «casser le thermomètre» pour ne plus voir le malade ? Dans ce cas, il ne serait pas nouveau. Le gouvernement d’Edouard Balladur avait en effet supprimé en 1993 le Centre d’études des revenus et des coûts dont les rapports avaient mis en évidence la montée de l’inégalité et de la pauvreté. L’organisme qui lui avait succédé - le Conseil de l’emploi, des revenus et des coûts - a ensuite vu son action s’éteindre à petit feu (supprimer cette instance aurait sans doute été trop voyant) pour disparaître définitivement en 2009 après le départ de son président, Jacques Delors. A cette époque, il s’agissait de jeter un voile pudique sur la montée des inégalités de revenus. Aujourd’hui, il s’agit de détourner le regard de la persistance de la pauvreté. Mais dans ces deux cas, la conséquence est la même : se priver des moyens de mieux connaître, et donc de mieux combattre, ce qui constitue un véritable fléau social et mine le fondement de notre société.

L’originalité de l’Onpes est de faire dialoguer deux formes de connaissance de l’exclusion : l’une expérientielle et l’autre scientifique. La mise en œuvre dès 2014 de méthodologies qui s’appuient sur la participation des personnes concernées par la pauvreté, comme cela a été le cas dans le cadre de la construction des budgets de référence ou des groupes de discussion sur l’invisibilité sociale, en est un exemple. Sa particularité est également, depuis sa création, d’élaborer en toute indépendance ses thématiques d’étude.

C’est donc bien la nature des travaux de l’Onpes qui est problématique pour le gouvernement. La décision de sa suppression renvoie dès lors à la volonté de brider une expression indépendante sur des sujets aussi sensibles que celui des inégalités économiques, sociales, territoriales, éducatives, de santé, de logement… que les mouvements sociaux de ces derniers mois ont pourtant remis avec force sur le devant de la scène publique. Avec la disparition de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, c’est un acquis majeur de la loi de 1998 de lutte contre les exclusions qui est aujourd’hui remis en cause.

Par Pierre Concialdi économiste ; Manuel Domergue directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre ; Jean Gadrey professeur honoraire d’économie, université de Lille ; Didier Gelot ancien secrétaire général de l’Onpes ; Florent Gueguen directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité ; Maryse Marpsat ancienne chercheuse à l’Ined, responsable du programme sur les personnes sans domicile ; Antoine Math chercheur à l’Ires ; Serge Paugam sociologue, directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS ; Philippe Warin CNRS, cofondateur de l’Observatoire des non-recours aux droits et ­services.

Re: Supression de l’Observatoire national de la pauvreté.

Publié : 10 nov. 2019
par Zorro22
@rsarnaque : bien vu ! (cette nouvelle importante n'est effectivement visible nulle part ou presque).
Plutôt que de renforcer cet organisme de recherche, qui, certes, ne publie pas grand chose http://www.onpes.gouv.fr/productions.html
le supprimer donne bien le "la" quant à savoir ce que va être le RUA : une probable boucherie encore pire que le RSA (et c'est déjà dur à battre).
Je l'avais bien dit : la nomination d'un élu de droite conservatrice et ultra-libérale du Bas-Rhin, l'un des départements où l'on relève des problèmes,
en terme d'administration de la prestation, à la tête du machin RUA, était un signal d'orientation clé dans cette histoire.

Là encore, comme pour le désastre de la réforme 2019 de Pôle Emploi, la brutalité pauvrophobe est stupéfiante.
Je me demande si on ne va pas devoir, à un moment donné, saisir une commission de l'ONU, vu les preuves de ciblage de population qui s'amoncellent,
et, justement, la tentative de faire disparaître tous les thermomètres (j'ai déjà dit que l'accès aux jurisprudences administratives de première instance
est essentiel pour savoir ce qui se passe dans un conseil départemental donné... à mon avis, on n'est pas près de l'obtenir).
Le dernier en date, la fabrication supposée (restant à juger) de faux rapports de fraude par la CAF du Val de Marne, est incroyable - quelle audace servile !
Fait encore une fois relayé par l'un des rares médias utiles à la France : le Canard Enchaîné !
Et comme on le voit dans le cas du "bénévolat forcé", même ses instigateurs et leur héritière (Mme Klinkert) admettent que les gens qui y sont contraints ne retrouvent
pas de travail suite à cela.

Echec annoncé de la prétendue lutte contre la pauvreté, qui est surtout une guerre ouverte aux pauvres. Guerre larvée depuis 2016, et ouverte désormais depuis 2019.
Cela n'annonce rien de bon.

Re: Supression de l’Observatoire national de la pauvreté.

Publié : 11 nov. 2019
par rsarnaque
Ce n'est pas moi qui ira dire qu'ils luttent contre la pauvreté , on voit bien qu'ils s'en foutent .