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Non à la reconnaissance faciale en France

Publié : 31 oct. 2019
par Boxcar
Le France doit freiner le fantasme du tout contrôle social opéré par l'Etat sous couvert de modernisation...

Afin de faire passer le dynamitage des services publiques...et réaliser des économies rêvées par les plus aisés qui souhaitent de plus en plus se désolidariser du plus grand nombre, des pans entiers de notre modèle de "cohésion sociale", dont notre système de protection sociale (les algorithmes pour pallier les carences de la médecine de ville, ect., en autres choses (voir l'articled'Acteurs publics ci-dessous ), sont en passe d'être régis par les algorithmes de la Start up Nation qui y voit une nouvelle manne pour engranger encore et encore de la valeur ajoutée aux détriments des libertés individuelles et collectives....suivant en cela les modèles politiques les plus autoritaires (Inde), voire dictatoriaux (Chine). Nous savions que la démocratie est très largement fragilisée en France depuis le tournant sécuritaire avec une succession de lois répressives depuis 2015, mais, avec la reconnaissance faciale, un cran au dessus est franchi.

Mais Nous....qu'est-ce qu'on a à y gagner?
Pour l'heure, il y a des résistances salutaires. https://www.change.org/p/edouard-philip ... e_petition

je transmet deux art. dans leur intégralité car l'accès est payant
« La reconnaissance faciale s’avère inefficace pour enrayer la violence » Publié le 24 octobre 2019, Le Monde
L’authentification biométrique, testée par des entreprises, aura pour conséquence d’instaurer un « contrôle permanent et généralisé » au nom du « solutionnisme technologique », déplorent le juriste Martin Drago et le chercheur Félix Tréguer, dans une tribune au « Monde ».

Tribune. L’inévitable débat sur la reconnaissance faciale arrive enfin en France, et le gouvernement esquisse sa réponse. Dans un entretien paru dans Le Monde du 15 octobre, le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, ancien cadre du groupe Safran, a notamment estimé qu’« expérimenter » la reconnaissance faciale était « nécessaire pour que nos industriels progressent ».

Mais cette prise de parole au plus haut niveau politique n’est que la partie émergée de l’iceberg. Car depuis des mois, notes et rapports officiels se succèdent pour souligner le défi que constitue l’« acceptabilité sociale » de ces technologies. Pour leurs auteurs, l’objectif est clair : désarmer les résistances à ces nouvelles modalités d’authentification et d’identification biométriques dont la prolifération est jugée inéluctable, et permettre à des industriels français comme Thales ou Idemia [une entreprise de sécurité numérique] de se positionner face à la concurrence chinoise, américaine ou israélienne.

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L’enjeu est d’autant plus pressant que, contrairement à ce que laisse entendre Cédric O, les dispositifs de reconnaissance faciale sont déjà en place sur le territoire français. Depuis plusieurs années, des entreprises développent et testent ces technologies grâce à l’accompagnement de l’Etat et l’argent du contribuable. Le tout sans réel encadrement ni transparence.

La campagne participative de recherche-action Technopolice.fr, lancée début septembre par des associations de défense des libertés, a commencé à documenter les projets lancés au niveau national et local – à Paris, Nice, Marseille, Toulouse, Valenciennes et Metz notamment. Outre la reconnaissance faciale, d’autres applications greffées aux flux de vidéosurveillance et fondées elles aussi sur des techniques d’« intelligence artificielle » font également l’objet d’expérimentations, comme l’analyse des émotions ou la détection de « comportements suspects ».

« Rassurer » l’opinion publique
Alors, face aux oppositions portées sur le terrain et jusque devant les tribunaux par les collectifs mobilisés contre ces déploiements, les représentants de l’Etat et les industriels font front commun. Leur but n’est pas tant d’expérimenter que de tenter de « rassurer » l’opinion publique, le temps d’œuvrer à la banalisation de ces technologies et de mettre la population devant le fait accompli.
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Les garanties mises en avant dans la communication gouvernementale – instance de supervision sous l’égide de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), pseudo-consultation et adoption future de règles juridiques qui dessineraient un modèle « acceptable » de reconnaissance faciale « à la française » – sont tout bonnement illusoires. L’histoire récente l’illustre amplement. La loi « informatique et libertés », adoptée en 1978 en réaction aux premiers scandales liés au fichage d’Etat, n’a de toute évidence pas permis, comme c’était pourtant son objectif, de juguler l’avènement d’une société de surveillance.

« Si nos grands-parents avaient vécu au début des années 1940 dans un monde saturé de tels dispositifs, ils n’auraient pas pu tisser des réseaux clandestins capables de résister au régime nazi »

Pire, dans ce domaine, la CNIL a vu ses pouvoirs systématiquement rognés depuis quinze ans, donnant le change à des présidents successifs ayant souvent contribué à cette impuissance. Quant à l’exemple des fichiers de police, il suffirait à démontrer que, même une fois inscrites dans la loi, les dispositions destinées à protéger les droits fondamentaux sont systématiquement contournées.

Or ces technologies biométriques augurent un changement de paradigme dans l’histoire de la surveillance. A terme, elles reviennent à instaurer un contrôle d’identité permanent et généralisé, exigeant de chaque personne qu’elle se promène en arborant une carte d’identité infalsifiable, qui pourra être lue sans qu’elle ne le sache par n’importe quel agent de police. L’histoire devrait nous servir de leçon : si nos grands-mères et nos grands-pères avaient dû vivre au début des années 1940 dans un monde saturé de tels dispositifs, ils n’auraient pas pu tisser des réseaux clandestins capables de résister au régime nazi.

Déshumaniser les rapports sociaux
En dépit de leurs effets politiques délétères, ces coûteuses machines seront incapables d’apporter la sécurité vantée par leurs promoteurs. Les milliards d’euros dépensés depuis plus de vingt ans au nom du « solutionnisme technologique » en vogue dans les milieux de la sécurité devraient là encore nous en convaincre : la technologie s’est avérée inopérante pour enrayer les formes de violence qui traversent nos sociétés. Sous couvert d’efficacité et de commodité, elle conduit à déshumaniser encore davantage les rapports sociaux, tout en éludant les questions politiques fondamentales qui sous-tendent des phénomènes tels que la criminalité.
Lire aussi Cédric O : « Expérimenter la reconnaissance faciale est nécessaire pour que nos industriels progressent »

C’est pourquoi, contre cette offensive concertée de l’Etat et des industriels qui, à tout prix, cherchent à imposer la reconnaissance faciale, nous devons dire notre refus. Aux Etats-Unis, après les mobilisations citoyennes, plusieurs municipalités, ainsi que l’Etat de Californie, ont commencé à en proscrire les usages policiers. A notre tour, nous appelons à l’interdiction de la reconnaissance faciale.

Martin Drago est juriste au sein de l’association La Quadrature du Net, spécialisée dans la défense « des libertés fondamentales dans l’environnement numérique ». Félix Tréguer est chercheur postdoctorant au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po.


Acteurs publics, 30 oct 2019
“La nature a horreur du vide. Il y a donc urgence à ce que l’État développe et propose son identité numérique” avant que les acteurs privés ne le fassent à sa place. C’est la seule certitude de la députée LREM Paula Forteza, qui se voit chargée officiellement, ce mercredi 30 octobre, d’une mission d’information parlementaire sur l’identité numérique aux côtés de son homologue Christine Hennion.

La mission, présidée par la socialiste Marietta Karamanli, vise d’abord et avant tout à faire entendre la voix du Parlement sur un sujet aussi crucial que celui de l’identité à l’heure du tout-numérique. “Nous allons regarder quels peuvent êtres les bonnes technologies, la bonne gouvernance et le bon cadre juridique à mettre en œuvre pour déployer le dispositif d’identité numérique du gouvernement”, résume Paula Forteza à Acteurs publics.

Cette mission intervient alors que le programme interministériel “Identité numérique” du gouvernement, lancé en janvier 2018, est entré dans sa phase opérationnelle, avec notamment, l’expérimentation de la solution pour smartphone “Alicem” qui fait déjà débat. Pourtant, il n’est pas trop tard pour peser dans les choix du gouvernement, estime Paula Forteza. “Au contraire, dit-elle, nous arrivons au bon moment car la mise en œuvre n’est pas encore totalement déclenchée, et que l’on peut déjà répondre à des premiers travaux concrets du gouvernement.”

Une loi sur l’identité numérique ?
Portée conjointement par les commissions des affaires économiques et des lois de l’Assemblée nationale, la mission s’intéressera ainsi à de nombreux aspects de l’identité numérique : son modèle économique, son interaction avec le secteur privé, les usages qu’elle permet, mais aussi son cadre juridique et sa gouvernance. Si le déploiement d’une identité étatique doit se faire au plus vite, dans un monde numérique où les acteurs privés ont déjà commencé à s’en charger sans trop de scrupules pour les libertés individuelles et la vie privée des internautes, la députée réclame qu’il se fasse dans les meilleures conditions possibles.

“Je serai très attentive au fait que les grands principes du RGPD [le règlement européen sur la protection des données personnelles, ndlr] sont vraiment respectés comme le consentement libre et éclairé des utilisateurs, la minimisation des données utilisées et la proportionnalité des dispositifs proposés par le gouvernement”, assure Paula Forteza, qui espère aussi, grâce à la mission, sensibiliser ses collègues au sujet, dans l’éventualité d’un texte de loi sur l’identité numérique. “Quand bien même cela serait techniquement possible sans un texte de loi, certains pensent qu’il pourrait être utile, pour asseoir la légitimité d’un dispositif qui opère un tournant majeur dans la façon dont l’administration et la société vont fonctionner, d’organiser un débat à l’Assemblée autour d’un texte qui pose des garanties”, juge-t-elle.
Contexte brûlant

Le lancement de cette mission, annoncée depuis plusieurs mois déjà, intervient alors que le projet d’identité numérique de la Place Beauvau est sous le feu des critiques. Expérimentée depuis l’été, la solution Alicem a été fortement médiatisée après que Bloomberg y a consacré un article titrant sur la généralisation de la reconnaissance faciale en France. Pour rappel, l’application Alicem permet de générer une identité numérique à distance en scannant soi-même son passeport biométrique à l’aide de son smartphone et en filmant son visage afin de vérifier que le détenteur du passeport et du téléphone est bien la même personne. C’est donc uniquement au moment de l’enrôlement des citoyens que la reconnaissance faciale est utilisée, et non à chaque identification en ligne.

Dès sa création, la solution a été très critiquée, notamment par des associations comme la Quadrature du Net, qui n’a pas hésité à déposer dans la foulée un recours devant le Conseil d’État pour tenter de faire annuler le décret, sur la base des réserves émises par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Dans son avis sur le décret de création d’Alicem, le gendarme des télécoms estime en effet que le consentement des citoyens à l’utilisation d’Alicem n’est pas totalement libre et éclairé, dans la mesure où le dispositif repose exclusivement sur la reconnaissance faciale et ne propose - pour l’heure en tout cas – pas d’alternative.

D’autres, comme le chercheur en cybersécurité Baptiste Robert, ont déjà signalé des failles de sécurité informatique dans l’application et commencent à tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un tel projet. Car au-delà de la reconnaissance faciale, ce sont les dérives d’une identité numérique généralisée que craint le chercheur, sur la base de ce qu’il a vu se passer en Inde avec la base de données biométriques “Aadhaar”, qui collecte l’iris et les empreintes digitales des Indiens. “Aujourd’hui, en Inde, tout tourne autour de Aadhaar : quand vous voulez aller à l'hôpital, il faut donner son numéro Aadhaar, sous peine d’être refusé. Il en va de même pour ouvrir une ligne de téléphone. Avec votre numéro Aadhaar, votre ligne est ouverte en une heure. Sans, cela peut prendre plusieurs semaines”, expose le chercheur, qui voit déjà poindre cette même idée en France. “On commence par les services publics comme les impôts, puis on élargit petit à petit, jusqu’à ce que tout y soit relié”, retrace-t-il par avance. Le risque, selon lui, c’est de créer une société à plusieurs vitesses et d’augmenter considérablement le risque de piratage de ces données pour le moins intimes et non modifiables comme un simple mot de passe.

Mission parallèle
Face à la fronde contre Alicem, le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a très vite annoncé – comme l’appelait de ses vœux la Cnil depuis plus d’un an – la tenue d’un débat démocratique sur le sujet, avec la création d’une instance ad hoc pour contrôler et évaluer les expérimentations de la reconnaissance faciale.

“Est-ce que la reconnaissance faciale est la bonne technologie ? N’y a-t-il pas des alternatives et comment laisser vraiment le choix aux utilisateurs ?” : telles sont justement les questions que se pose Paula Forteza et à laquelle sa mission tentera de répondre. Mais sans attendre la constitution de la mission parlementaire et la mise en place d’un garde-fou, le secrétaire d’État a saisi le Conseil national du numérique (CNNum) pour réfléchir spécifiquement sur l’identité numérique.

Le CNNum a d’ores et déjà auditionné une cinquantaine d’experts et organisera très prochainement plusieurs consultations citoyennes à Paris, Montpellier et Lyon pour mieux “comprendre la perception de ce projet” par les citoyens, associations, entreprises et collectivités, et ce afin “d’anticiper au mieux les besoins de tous les utilisateurs et garantir l'appropriation collective de l'identité numérique”, précise la lettre de saisine du CNNum. L’institution devra notamment proposer des “éléments de communication et de pédagogie” pour accompagner le déploiement de l'identité numérique et “s’assurer de l’ergonomie, de la facilité d'usage et de la qualité des supports utilisateurs associés aux solutions retenues, afin de s'assurer de leur adoption par le plus grand nombre d'utilisateurs”. Le CNNum doit rendre ses premières conclusions, c’est à dire les synthèses des consultations, avant la fin de l’année. Un rapport plus complet comportant des recommandations sera rendu un peu plus tard, début 2020.

Ce n’est qu’après la remise de ces conclusions et celles de la mission parlementaire que l’expérimentation d’Alicem sera éventuellement étendue, assure de son côté le secrétariat d’État au Numérique. Néanmoins, et comme le précise la lettre de saisine du CNNum, Alicem n’a pas vocation à devenir obligatoire pour accéder aux services publics, il ne s’agit que d’une solution expérimentale qui doit être déployée dans l’attente du déploiement de la future carte nationale d’identité électronique à partir de l’été 2021. Celle-ci devrait permettre de se passer du recours à la reconnaissance faciale puisque le face-à-face aura lieu en mairie lors de la création de cette nouvelle carte qui embarquera l’identité numérique."

Re: Non à la reconnaissance faciale en France

Publié : 01 nov. 2019
par Zorro22
@Boxcar : merci pour votre brillante intervention.
De manière générale, comme je considère ce genre de sujet important, je le place en tête de mes priorités, lorsque je vote.
LREM/PS/LR, c'est la garantie de voir ces dispositifs liberticides progresser.

Et toujours la même excuse, de la part des politiques et patrons : "il ne faut pas gêner l'innovation". Cette blague.
Comme si la France était n°1 en ingénierie, en 2019.
Je dis généralement, là aussi, tout le mal que je pense du cirque "startup nation" : la réalité, c'est encore un groupe (PSA) forcé de fusionner pour survivre.
Et chaque année, depuis presque vingt ans, apporte son lot de faillites et de fusions dans l'ingénierie au sens large.
Le manque de capitaux en est la principale raison, et en aucun cas de soi-disant freins à l'innovation technologique, qui ne fonctionne pas tant que cela en France.
Sans même parler de la pénurie de "talents", qui n'existe pas. La vraie pénurie, c'est celle de jobs (en particulier en dehors de la région parisienne).