Faut pas t'inquiéter pour moi ! Celles et ceux qui me suivent savent très bien de quel bois je me chauffe. Je ne dérape jamais parce que j'assume mes positions depuis toujours.
Je ne suis pas de ceux qui pleurnichent sur le sort des autres… de préférence ceux qui sont très loin. Je m'intéresse à ceux dont je suis proche. Que m'importe leur couleur, leur origine, leurs différences… Ce qui compte est de m'en sentir proche donc en mesure de leur apporter une réponse ou de tenter d'en trouver une.
En consacrant une partie de ma vie à "aider" des personnes en difficulté, je ne tiens pas à en voir débarquer des centaines de milliers d'autres qui complexifieront plus encore mon engagement.
Je ne suis pas indifférent à leurs souffrances mais je suis contraint de me fixer des priorités. Si les inégalités se creusent, si on n'obtient pas d'avancées probantes, c'est que le système a tout intérêt de rajouter des inégalités aux inégalités existantes. Depuis 2015, on ne parle quasiment plus du chômage en France. On parle des migrants. On ne se soucie pas de l'existant mais du nouveau. On empile les problèmes pour diluer les souffrances et les difficultés, pour les fondre au point de les rendre indistinctes donc sans réponse.
À quoi bon se battre pour défendre des droits alors que l'afflux constant, programmé, organisé, les rend caduques, tant les statuts des nouveaux arrivants sont complexes et nécessitent autre chose que le versement d'un RSA taxé ou non à 3%… si tu vois ce que je veux dire.

Tout le monde s'en fout… logiquement finalement au regard de l'ampleur et de la diversité des problèmes.
Je mesure parfaitement cette dilution, cette impuissance à agir qui me conduira d'ici quelques mois à fermer boutique.
Si mon engagement servait encore à quelque chose il y a 5 ans et plus encore il y a 10 ou 15 ans, il est sans objet aujourd'hui. J'en suis plus convaincu encore en observant les autres (les associations et collectifs de chômeurs & précaires avec lesquels j'ai travaillé ces 15 dernières années). Ils sont dans la même situation bien qu'ils soient, à ma différence, favorables aux flux migratoires et à la pleurniche universelle.
Ce qu'ils ne savent pas - mais que je sais - c'est qu'ils creusent leur tombe.
Comme j'ai encore de belles années devant moi, je ne m'entêterai pas à m'enterrer vivant. Je vais m'investir ailleurs. Et je laisserai à d'autres le soin de se démerder dans la pétaudière qu'ils ont eux-mêmes contribué à créer.
Donc le jour où je déraperai pour de bon, ce ne sera pas ici sur Actuchomage. Et comme nous sommes bientôt à la fin d'une histoire, je te raconterai avant de partir le début de celle que je m'apprête à écrire. Elle est passionnante.