marre du chomage

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Modérateurs : superuser, Yves

tristan

marre du chomage

Message par tristan »

:( bonjour voila cela fait six mois que je suis au chomage ett que le commence a deprimer grave vu deja que ce n aiqs pas evident de trouver du taf et en plus ce gouvernement veut nous controler quel galere d etre chomeur c marrant qand tu es au chomage beaucoup de gens ce detourne de toi notamement les meufs j espere que tout le monde retrouvera du boulot bon courage a tous
superuser
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Bonjour Tristan

Message par superuser »

Six mois, c'est long et angoissant au début, et ensuite on s'aperçoit que ce n'est pas fini... Après, tu deviens éventuellement un "chômeur de longue durée" (+ d'1 an) et puis, passé 40 ans, un chômeur de très longue durée (+ de 3 ans) qui bascule dans les minimas sociaux.

On en est à 2,5 millions de chômeurs officiels (catégorie 1) sur un total de 4,1 millions d'inscrits à l'ANPE (en 8 catégories), et au gré de la fluctuation annuelle des destructions et créations d'emplois, la France affiche actuellement un solde positif de 30 à 40.000 emplois créés par an… seulement !!! En 2003, année noire sous Raffarin, ce solde a été historiquement déficitaire de - 67.000 !
Il s'agit bien d'une "file d'attente" de sans-emploi qui s'est considérablement allongée.

Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais un témoignage de chômeur sur ce forum disait qu'un agent ANPE avouait lui-même à son interlocuteur déprimé que rester au chômage "au moins 8 mois" avant de retrouver "quelque chose", c'était normal aujourd'hui. Ce n'est pas encourageant, mais ça a le mérite d'être franc.

Alors prépare-toi à ça. Et surtout, ne te sens jamais coupable !

Quant aux gens qui se détournent de toi, tant pis : ils n'ont rien compris => essaie de leur expliquer si tu en as la force, mais s'ils ne cherchent pas à te comprendre c'est qu'ils ne sont pas fréquentables, point !
Le sujet a été déjà abordé ici : avec Emmanuelle qui souffre du comportement de sa famille dans Marre d'être rejetée..., et par Carl dans Le chômage et les amis, sujets que je te conseille de lire attentivement car ils sont au coeur du problème.

Sinon, pour les meufs, c'est encore autre chose. C'est "éthologique" et biologique.
Pour une majorité de nanas + ou - formatées (ce sont elles qui enfantent et elles choisissent instinctivement un partenaire qui sera "un bon père", même si c'est pour la nuit…), un mec au chômage passe volontiers pour un branleur ou un parasite à fuir, alors qu'une fille au chômage fait moins peur, parce que d'abord le chômage et la précarité touchent plus les femmes, et que dans la pensée collective la femme reste à la maison avec les gosses... Donc une femme fragile à protéger (et dominer) attire souvent plus les hommes.

Le processus est presque identique quand on considère que l'homosexualité masculine est répugnante alors que deux filles qui se tripotent c'est tolérable parce que ça fait fantasmer ces messieurs.

Alors oui, en surface c'est plus cool d'être une meuf lesbienne et/ou chômeuse. Mais en profondeur, socialement, quotidiennement, les femmes sont toujours largement moins bien loties que les hommes.
Alors oui, un homme doit être un modèle de force, de réussite, la société le favorise quotidiennement dans ce sens, mais quand le vent tourne il en paie le prix fort.

Tout ça pour te dire (et je vais reprendre les termes de l'écrivain Eric-Emmanuel Schmitt, invité du plateau de "Ça se discute" auquel j'ai participé hier en tant que témoin sur le thème de la "Pauvreté, précarité, sommes-nous à l'abri?" et qui sera diffusé mardi 21 septembre à 22h30) : il ne faut pas confondre
=> la fierté et la dignité
=> la richesse et l'argent
=> la misère et la pauvreté
A travers le chômage, un homme peut se sentir atteint dans sa "fierté" mais elle est souvent mal placée : c'est la dignité qui est la vraie valeur à conquérir. Elle repose sur l'humanité et l'intelligence, non sur l'apparence et le statut.
Ce qui amène à dire que le confort matériel n'a rien à voir avec la richesse personnelle, même si on a tous besoin d'un revenu pour être indépendant et se loger et bouffer et vivre tout court. Le confort matériel n'est pas un critère suffisant pour conduire au bonheur, même "s'il y contribue".
Ce qui amène à constater qu'il y a des riches misérables - intellectuellement, humainement - et des pauvres très riches de ce côté-là, nettement plus "fréquentables", finalement...

C'est plus facile à dire qu'à faire, mais c'est pas con.
Le chômage est une épreuve qui peut nous faire découvrir de vraies valeur et nous enseigner - entre autre - l'humilité et la solidarité. Comme toute épreuve, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Garde courage !
@++
Sophie
Dernière modification par superuser le 09 sept. 2005, modifié 3 fois.
Monolecte

Message par Monolecte »

Je viens de noter pour le 21 au soir, hsitoire de ne pas te rater (après le son, voici l'image :wink: )
Ceci dit, si tu as vraiment dit des trucs comme ça, tu risques de te faire trancher au montage. T'imagines, si les gens t'écoutaient et se réveillaient, roulalala, le bordel!

Pour Tristan : c'est normal de mal le vivre : tout est fait pour ça.
Mais tu n'es pas seul, d'ailleurs, on va finir par être les plus nombreux (plus nombreux + bulletin de vote... hum, hum, hum!).
J'ai un pote du net qui en parle bien : http://traxs3.free.fr/jechercheunjob/index.php
superuser
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Ça se dispute pas trop sur France 2

Message par superuser »

Pardon Tristan, je dévie de ton sujet pour répondre à Monolecte, mais quand tu seras (ce que je ne te souhaite absolument pas) exclus de très longue durée, tu verras qu'il y a des choses intéressantes à faire tant qu'on est en vie !


... Coucou Agnès ! How do you do ?

Eh oui, j'ai passé hier ma journée de 11h15 à 19h45 à la maison de Radio-France, porte F, pour l'enregistrement du prochain "Ça se discute" sur la pauvreté (et la précarité) "Sommes-nous tous à l'abri ?" à paraître le 21/09 après une laborieuse "soirée thema France 2" dont l'intro en prime time sera... un vieil épisode de L'Instit ! Avec l'ancien logo de l'ANPE, et des clichés à revendre !!! Ils auraient mieux fait de passer Pixote ou Le voleur de bicyclette mais bon, faut faire pleurer dans les chaumières sans trop heurter les Français "moyens".

Un taxi Réservoir Prod - ma chère ! - est venu nous chercher, Sylvie (notre vice-présidente & créatrice d'Inter-Emploi, ma nouvelle amie de galère), Malika (Mamalova sur les forums, ex collègue virée l'année dernière à 51 balais, "vieille" amie donc) et moi la Sophie d'Actuchomage, à 10h30 en bas de mon immeuble.

Sylvie et Malika étaient dans le public mais on ne les a pas fait intervenir (réservé aux témoins à reportage). On voit un peu Malika, une brunette toute en bleu ciel, et Sylvie avec son t-shirt noir & blanc Inter-Emploi, à côté d'une mère de famille select/réac qui témoignera de l'«errance» de sa fille SDF «marginale» (hors-sujet limite scandaleux, tu imagines pourquoi => notion de "volontariat" dans ces situations alors que ce n'est absolument pas représentatif, et que c'est surtout lié à une communication familiale défaillante plutôt qu'au chômage et à la précarité qui nous sont massivement imposés). A écouter cette bonne femme, je comprenais aisément que sa fille se soit tirée ! Et Sylvie fulminait à côté d'elle, ça se voit !

Bref : on nous a fait venir plus tôt pour visionner le téléfilm... qui sera résumé/cassé en début d'émission par les participants. Mais on en a profité pour, entre nous, faire connaissance.

Puis, on nous a servi un plateau repas + café à volonté avant mon coiffage/maquillage à 14h.
Beaucoup de temps morts, comme sur un tournage de film.

Je tiens à dire que l'accueil et l'accompagnement tout au long de l'émission ont été parfaits : du dialogue, de la gentillesse, nickel !
Les coiffeurs et maquilleuses sont eux aussi des intermittents du travail. La maquilleuse m'a expliqué qu'il y a 20 ans il y avait deux écoles sur Paris (pas spécialement reconnues, mais elles permettaient de mettre le pied à l'étrier), et qu'aujourd'hui, avec le boom de l'«esthétisme», il y en a une myriade avec ses "travaux pratiques" : le métier se désagrège parce que sur un plateau on ne trouve plus que 2 vraies maquilleuses pour 5 ou 6 stagiaires gratuit(e)s ! Partout donc le même dysfonctionnement, la même braderie de l'emploi et l'exploitation des étudiants....

Puis l'enregistrement. "Très long et trop court", comme me l'a résumé Michel Legros, sociologue à l'Observatoire de la Pauvreté, l'«invité expert» et grand humaniste qui interviendra à la fin de l'émission. Un type chaleureux qui a relevé le niveau.

Effectivement c'était super-long, limite interminable. Trop de témoignages - dont 2 hors sujet - et Jean-Luc Delarue, alliage de pro qui se la pète sous couvert de fausse empathie. Nous ne lui parlerons que devant les caméras, et pas avant ni après. C'est ça les stars.

Trois témoignages avec reportage :
=> Christine et Pascal, la trentaine, deux enfants : ils bossent et se font à deux 2500 euros par mois... mais ils ne trouvent pas de logement parce qu'ils sont intérimaires. Expulsés de leur appartement, ils vivent à 4 dans une chambre de 15 m2 d'un Formule 1 du 95. Edifiant.
=> Maria Dolores et Romain : elle a 48 ans, est au chômage depuis 10 ans et touche l'ASS, elle élève seule son fils qui a maintenant 13 ans. Quotidien de calculs budgétaires et de survie, souffrance de ce pré-ado qui supporte le regard consumériste et primaire de ses camarades d'école. Et qui veut s'en sortir par les études pour ensuite aider sa mère.
=> Mélanie et Yohan : ils ont rompu avec leur famille et vécu dans la rue, là où ils se sont rencontrés. Un adorable jeune couple (et je suis sincère) de SDF. Manche, poubelles, squats... Maintenant qu'ils veulent reprendre une vie normale pour se construire, ils constatent qu'à moins de 25 ans on ne peut prétendre ni au RMI ni à un logement et à aucun boulot.

Quatre témoignages complémentaires :
=> ma pomme, 43 ans, en tant que salariée licenciée qui n'a jamais pu rebondir alors qu'elle croyait qu'elle retrouverait un emploi sans problème, passant de 1700 à 1300 puis 400 euros en quatre ans, malgré son Bac+2, ses 20 ans d'expérience, et 1500 envois de candidatures.
=> Nicole, femme au foyer, 4 enfants, qui a décidé de quitter son mari au bout de 22 ans de mariage et s'est retrouvée à dormir dehors plusieurs jours avec ses gamins alors que, prisonnière de son mari, elle menait une vie "confortable". Là-dessus, la précarité des femmes n'a pas été abordée.
=> François (adorable, mais hors-sujet) qui a gravement succombé aux sirènes de la flambe et du consumérisme, puis perdu son emploi. Endetté jusqu'au cou, il n'a jamais avoué sa situation à sa nouvelle compagne - qui est, de surcroît - une magistrate haut placée. Il est venu témoigner pour se convaincre de lui dire la vérité... Grrrrrrrr pfffffff
=> Frédéric, ex cadre dans le BTP, qui se palpait 50000 balles par mois et dirigeait 30 personnes, flambait aussi et se comportait même avec mépris. En conflit avec sa direction il a démissionné, pensant retrouver vite fait un bon boulot. Il a investit sa maison et ses économies pour créer une SSII qui n'a jamais décollé. Démissionnaire, il s'est retrouvé sans rien, à squatter et à galérer, s'isoler, prendre 10 kilos de malbouffe et passer de la branlette à la masturbation. Il est toujours au RMI, mais il a écrit un livre et appris l'humilité. Superbe témoignage, très brillant.

Là-dedans, j'ai fait ce que j'ai pu. Je n'ai pas pu dire tout ce que je voulais dire. Je pensais avoir l'occasion de revenir ensuite sur certains points : que nenni. Malika et Sylvie m'ont assuré que j'avais assuré, mais je reste frustrée. J'attends de recevoir la K7 finalisée de l'émission qu'on nous a promis, en espérant que je ne serai pas censurée au montage...
C'est pas évident, mais ça reste un bon exercice.

Après que l'excellent Michel Legros ait remis les pendules à l'heure in fine avec des données chiffrées + quelques arguments éloquents, le fameux écrivain Eric-Emmanuel Schmitt est venu conclure. Face à des exclus qu'on méprise et qu'on stigmatise, il a tenu à s'adresser à nous individuellement. J'ai apprécié l'humanisme de sa démarche : un petit mot pour chacun, même si c'était parfois un peu facile.
Et il a conclu sur moi, en disant que je lui faisais peur ! Désarçonnée, je n'ai pas saisi la moitié de ses propos : j'attends la K7, d'autant plus qu'il s'est barré vite fait et que je n'ai même pas pu le coincer 2 minutes pour lui demander d'approfondir. Trop radicale, ma chère Agnès ?

Ensuite, on nous a offert un petit verre de champagne, et le taxi Réservoir Prod nous attendait à 19h45 pour le retour.
Malika était toute contente, Sylvie et moi avions mal au crâne.

Bref : je n'ai pas témoigné pour la gloire (au contraire, j'ai les boules de me voir avec mes 10 kilos en trop et mes vieilles fringues, et que ceux que j'ai envoyé chier dans ma vie se frottent les mains de me voir passer à la télé dans cette situation), mais pour faire passer un message de déculpabilisation et de combat. Je rappelle que c'est en voyant Sylvie et Yves témoigner fin 2003 aux JT à l'occasion de l'affaire des "recalculés" - sans savoir qu'on devriendrait amis par la suite! - que je me suis enfin bougé le cul.

Et puis, pour finir, je précise que Réservoir Prod m'a contactée suite à un mail de protestation que je leur avais adressé après une émission sur les handicapés moteur victimes d'accidents : je leur ai demandé pourquoi ils ne parlaient jamais des chômeurs ! Comme quoi ça peut servir de râler.

Gros bisous Monolecte ! @++
Bien@vous tous et toutes
Dernière modification par superuser le 02 juin 2006, modifié 1 fois.
Invité

Message par Invité »

faut pas que je rate ça :wink:

le mec "françois" bizarre mais impression de déjà vu et entendu une histoire un peu semblable
Monolecte

Message par Monolecte »

Je sais pourquoi tu fais peur.
D'ailleurs, on fait tous peur.
On représente la réalité du chômage.
Pas les chiffres jolis qu'on bidonne, avec +5% par ci et - 1,5% par là. Même pas des milliers de gens, mais des pourcents.
Nous sommes des gens qualifiés, volontaires, éduqués, travailleurs énergiques, très loin des clichés et on ne sort pas du chômage. C'est notre réalité qui fait peur! Parce que ça raconte que quiconque tombe au chômage peut y rester quelque soit la quantité d'effort qu'il va fournir pour s'en sortir. Ca raconte qu'il n'y a plus de place pour tout le monde depuis longtemps. Ca raconte l'enlisement dans une situation mortifère, tant pour chacun de nous que pour l'ensemble de la société.
Ca raconte surtout que les grosses buses qui nous gouvernent mentent, mentent comme des arracheurs de dents!
mamalova
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ça se discute = ça se discute

Message par mamalova »

:lol: Oui Sophie tu as été "super". C'est vrai j'étais toute contente (non pas d'être sur le plateau) mais d'être avec toi et Sylvie. Pourquoi ?? eh bien parce que ça me fait du bien, j'ai eu l'impression de "faire quelque chose" "de servir à quelque chose" même si je n'ai pas réussi à retenir mes larmes sur le plateau. Heureusement que Sylvie et moi on avait repéré que "la mère de famille très select" avait préparé des mouchoirs (elle ne s'en n'est d'ailleurs pas servie :?: pas besoin trop select). Mais moi oui :cry:.
Désolée hein mais je suis comme ça (trop sensible, trop révoltée)
Vous êtes encourageantes, fortes, vous êtes en quelque sorte "les maillons forts" de mon moral. Vous êtes mes "béquilles".
ACTUCHOMAGE et INTER EMPLOI devraient être "subventionnés" par la sécu. :D
Non Sophie tu n'as pas témoigné pour la gloire je le crie hat et fort, je te connais trop bien.
Je serais curieuse de voir le "Gu...." de ceux que tu as envoyé chier et que nous connaissons en commun :D . Ne t'inquiète pas, tu as bien fait de les envoyer chier. Si tu l'as fait c'est que c'était justifié. Ils n'auront que ce qu'ils méritent. Qui sait, un jour ce sera peut être eux ou quelqu'un de proche. Et ça ça s'appelle le retour du bâton. Au lieu de se frotter les mains, ils feraient bien mieux d'en tirer des conclusions et de réfléchir à leur avenir.
Quand à "Delarue" froid froid froid, il est arrivé sur le plateau, il a fait son "boulot" et puis plus personne. Faut le voir pour le croire... Mais bon son équipe assure vraiment alors ça fait un équilibre :wink:

Pas terrible ma réponse mais bon moi je suis spontanée, je préfère la discussion orale, écrire n'est pas du tout mon truc.

Courage à tous
Mamalova
Invité

Bonjour Tristan

Message par Invité »

superuser a écrit :Là-dedans, j'ai fait ce que j'ai pu. Je n'ai pas pu dire tout ce que je voulais dire. Je pensais avoir l'occasion de revenir ensuite sur certains points : que nenni.
C'est ce qui se passe souvent. Et c'est là où on voit la différence avec les pros des médias, les politiciens entre autres. Avoir des idées "justes" est une chose, savoir les présenter, les défendre dans un environnement donné, autre chose, surtout si on est dans le "collimateur" du pseudo-animateur -neutre en théorie, mais en réalité non car véhiculant volontairement ou non une certaine idéologie-, comme cela arrive souvent
superuser a écrit : Et il a conclu sur moi, en disant que je lui faisais peur ! Désarçonnée, je n'ai pas saisi la moitié de ses propos : j'attends la K7, d'autant plus qu'il s'est barré vite fait et que je n'ai même pas pu le coincer 2 minutes pour lui demander d'approfondir. Trop radicale, ma chère Agnès ?
Je ne connais pas du tout cet écrivain -tendance globale. Je situe toujours les gens à partir de ça, avant d'affiner. A priori, il n'est pas sympathisant de la LCR :lol:
tranquilledeuz

Message par tranquilledeuz »

Voilà la deuxième date notée sur mon tableau... Merci Superuser, d'avoir témoigné : je suppose pas facile, il est probable qu'à ta place, j'aurai bredouillée ou me serai renfrognée... Je raterai peut-être un peu le début.
J'attends de voir l'émission pour en dire plus ; à propos d'EE Schmitt, ça fait parti des auteurs que j'ai lu un moment beaucoup (les livres écrits en prose, que j'ai trouvés un peu inégaux, mais très appréciables quand même) ; en général, et dans ses interviews, il y a de l'humanité et de la spiritualité dans ses propos, mais tout le monde peut se tromper, surtout que le statut d'"invité-star-people" et non "invité-expert" ainsi que le théâtre de l'émission ne permettent pas le dialogue et le recul dans ses interventions (ce qui limite donc la justesse des propos).
Il est probable que je m'énerve en regardant l'émission... parce que ça touche, évidemment !
Mes encouragements à chacun.
Invité

Message par Invité »

actu chez delarue

bon je vous raconte moi aussi mes impressions dans les beaux appartements du sieur delarue
mais tout d'abord je remercie Agnes (monolecte) qui a suggéré un jour de créer des tee-shirts avec nos logos
c'est suite à son idée que Ben et moi avons confectionné un tee-shirt inter-emploi, en utilisant simplement un transfert.
c'est simple et ça coûte pas cher.

A +
Sylvie
www.inter-emploi.org

Une journée chez Delarue

A force de témoignages dans les médias sur le sort des recalculés Assedic, mon nom doit trainer dans quelques bases de données journalistiques.
C’est ainsi que régulièrement, les équipes successives de « ça se discute » me contactent et tentent de m’amener sur leur plateau, en général sur les thèmes liés à la précarité. Je décline toujours l’offre.
Cette fois-çi ce fût ma copine Sophie d’actuchomage qui me demanda de l’accompagner, puisqu’elle était sélectionnée en tant qu’invitée sur le sujet : « précarité : sommes-nous à l’abris ? »
Voir l’envers du décor, voilà qui s’annonçait une aventure amusante.
En tant qu’ « accompagnatrice », je serai dans le public. J’en ai profité pour me confectionner un tee-shirt avec le logo d’inter-emploi. Tant qu’à être vue par des inconnus derrière le petit écran, autant qu’ils fixent sur le symbole de mon labeur au cas où l’œil de la caméra se pencherait sur la petite chômeuse que je suis.

Rendez-vous à 11 heures au studio. Un taxi VIP vient nous chercher, stars d’un jour que nous sommes.
Après le café, on nous emmène dans une loge regarder le film qui précédera l’émission.
Première déception : le téléfilm choisi n’est autre que « Marine et Fabien » réalisé en 1999, un vieil épisode de la série « l’instit » et déjà diffusé sur la même chaîne à peine un an plutôt. Voilà qui ne va pas encourager les téléspectateurs, à croire que la précarité n’a qu’un seul visage figé !

Une séquence remarquable tout de même : un père au chômage et son fils vivent dans une caravane, non par goût de la route mais à défaut de maison, le fils est catalogué de « gitan » et de « voleur » pour reprendre le vieil appriori « les gitans sont tous des voleurs » !
A la mode d’aujourd’hui, les chômeurs sont ouvertement taxés de voleurs (il faut bien justifier de la politique de contrôle) …on n’use plus de la case nomade, après tout cela serait contradictoire avec l’incitation à rendre les chômeurs mobiles !

Au bout d’une demi-heure, nous avons déclaré forfait et préféré discuter avec d’autres invités d’infortune (un couple travaillant tous 2 en interim, et leurs enfants, vivant dans une chambre d’hôtel à défaut de logement décent).
Après le plateau repas, très convenable, nous avons glandé au bar pendant 2 heures, entre séquences maquillage et coiffage pour les invités.

Un grand écran diffuse les infos de LCI, dont un sous-titre de bon alois vu le thème du jour « le travail doit se mériter ». Ils doivent être contents nos copains de loge, qui bossent depuis toujours et se buttent au refus des propriétaires de leur louer un appartement.

Pendant ce temps, nous voyons défiler une ribambelle de jolies jeunes filles, toutes moulées dans de petites robes noires, et qui s’affèrent à diverses tâches, le staff de la sécurité et les techniciens et enfin la direction composée d’hommes en costume beige, improvisant ou pas une réunion autour d’une table après avoir lancé à la ronde un bonjour tonitruant.

Ironie du sort ou simple reflet de la vie, nous apprendrons plus tard que nombre des membres de l’équipe sont eux aussi en situation de précarité, puisque dans le meilleur des cas, ils ont décroché un CDD, tandis que beaucoup d’autres sont encore simples stagiaires.

Enfin on nous dirige vers le plateau et on nous désigne nos places. Dans le public, beaucoup de fidèles.
Les invités sont installés au premier rang. On nous annonce qu’à 19heures 15 la séance sera terminée.
Le maître de cérémonie Delarue arrive, salué par une tornade d’applaudissements.

Show must go on !
Chacun tentera d’exposer des bribes de sa vie, parfois avec brio et sans se laisser démener par les rappels à l’ordre du Sieur Delarue. Comme Sophie qui lorsque l’animateur voulu la décontenancer en lui lançant « vous gagniez 1700 euros alors que ce couple à eux deux touchent 2400 euros » répondit brillamment « et oui et aujourd’hui je n’ai pas de travail mais j’ai un logement tandis qu’eux ont un travail mais pas de logement », expliquant ainsi simplement ce que peut être la précarité.

Les témoignages vont défiler, intercalés par quelques vidéos de « mise en situation » sur le quotidien des invités.
A chacune des projections, Delarue sort de la scène. Il revient et enchaîne les questions, n’hésitant pas à couper la parole, valsant de l’un à l’autre sans laisser aucune place à l’improvisation. Car tout est organisé et le temps comptabilisé. Soit. Ce ne sont là que les règles du petit écran.
Le plus insupportable n’est pas là mais bien dans le choix des témoignages.

Qui sont donc les précaires d’aujourd’hui ?
Une femme, pas de bol, c’est ma voisine d’estrade, raconte sa souffrance, la fuite de sa fille, vivant la bohème « on the road again » et le pire nous confie t’elle « le pire, c’est de savoir qu’elle n’a pas de projet, pas d’activité ». Vlan voilà la sauce sarkozienne lâchée ! SDF et marginaux seuls responsables de leur sort, voulu et choisi.

Un autre invité, masqué, raconte ses déboires, il ne peut avouer à sa petite amie magistrate sa situation actuelle et vit tous les jours dans le mensonge. Participer à « ça se discute » est un premier pas vers la vérité.

Voudrait-on nous faire oublier le thème de ce soir « précarité : sommes-nous à l’abri ? » on aurait pas mieux choisi comme déroulement de programme.
Mais le pire vient toujours à la fin :
Emmanuel Schmitt, invité d’honneur, conclue la soirée en faisant une synthèse sur chacun.
A cette famille sans logement, il livrera son admiration eue égard à la joie de vivre des enfants.
Ceci partant clairement d’un bon sentiment, tout comme chaque mot personnel adressé aux différents témoins.
En aucun cas les bons sentiments pourraient nous faire oublier la réalité et il est certain que cette famille est repartie le soir même dormir à l’hôtel.

Rien ne fût dit ce jour là sur l’actualité pourtant à la une de la précarité : à force de mal-logement, des familles meurent brûlées vives ou asphyxiées et tous les jours les forces de l’ordre raflent dans les squattes.
La précarité est devenue la norme de ce marché : elle a tant de visages, mal-logés, chômeurs indemnisés, chômeurs non-indemnisés, RMIstes, travailleurs pauvres, SDF, intérimaires, intermittents du travail, sans papiers, etc.
A la discontinuité des revenus, aucune solution n’est envisagée si ce n’est d’amener tout un chacun vers l’activité, voulue ou forcée, mais sans garantie de stabilité.
A l’heure où les contrôles fusent de toutes parts, nous sommes plongés dans une insécurité totale.

Je suis rentrée chez moi, livide et malade. J’ai vomie la demie coupe de champagne.
Invité

Message par Invité »

merci a tous pour vos reponse a fait chaud au coeur par contre j aimerai rester en contact avec les personnes qui ont repondu a mon message sur la galere du chomage merci a tous
Monolecte

Message par Monolecte »

Et bien reste parmi nous, sur ce forum, pour commencer et puis en suivant les liens. Tu verras, tu n'es pas tout seul, loin s'en faut. Notre nombre, c'est notre force. Et c'est pour cela que tout est fait pour nous isoler, nous culpabiliser, nous forcer à raser les murs. Tous ensembles, nous sommes probablement la caste la plus nombreuse de France et alors, nous ne sommes plus obligés de nous laisser dicter la loi par une poignée de privilégiés!

Ensemble!
STATS

BRAVO

Message par STATS »

ET oui c'est dur de se montrer à la télé mais Bravo pour ce courage.
Je serai devant l'écran le 21 septembre .

N'étant pas dupe de cette émission, je pense pouvoir y voir ce qu'il faut et non pas ce qu'on aura voulu nous montrer.

Pour les T-shirt cela fait bien longtemps que je pensais qu'il fallait le faire.
bande.passante

déversoir prod

Message par bande.passante »

merci pour les reports détaillés des coulisses du fleron de l'intoxe télévisuelle depuis plus de 10 ans ... et bravo de continuer à pointer l'obscénité de la démarche (les pauvres qu'on renvoie dans leurs cartons après les avoir fait bosser gratos !)

bien à plaindre aussi les esclaves du show qui ne percutent pas que sans papa/maman/mecton elles/ils seraient dans des situations similaires
:roll:
vrai aussi que leurs ambitions vont plutôt dans le sens du rouleau compresseur autobronzé donc qu'ils se démerdent le jour venu :lol:

quant au gourou, il parait qu'il ne parle pas au bétail afin de préserver l'authenticité du contact qu'il établi en direct avec les invités, comme le téléspectateur
ça lui permet de vous poser les VRAIES questions que tous les téléspectateurs se posent...
(si c'est vrai, c'était raconté dans un reportage de canal sur leur espèce de secte)
tranquilledeuz

Message par tranquilledeuz »

Merci encore pour tous ces témoignages ; je suis tout à fait d'accord notamment avec ta conclusion, Sylvie ("Rien...totale"). Ca fait partie des éléments indispensables à construire pour la société à venir, au contraire de la fuite en avant que constituent les dernières ordonnances en matière d'emploi, mais aussi toutes les coupes budgétaires des subventions publiques.
Mais, apparemment, il en faut des émissions comme ça, pour que le sujet soit "débattu" en société dans une plus large mesure (confère la question des troubles autistiques, par exemple). Vient la question de la qualité (ce à quoi les intervenants ont contribués, ce qui n'est pas évident - à la tv).
Bonne journée
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