02/01/07 : Augustin Legrand, invité du 12.50
Augustin Legrand est l'un des fondateurs de l'association "Les enfants de Don Quichotte". Association qui a placé au cœur des débats la situation dramatique des sans-abri en France, en installant un campement de tentes sur les rives du canal Saint-Martin à Paris. Opération médiatique efficace puisque des membres de la commission parlementaire sur le logement se sont rendus sur place mardi matin.
Script de l'interview
Nathalie Renoux miniature 12.50Nathalie Renoux : A l'origine de ce mouvement d'indignation contre le mal-logement, un jeune acteur et ses frères. Augustin Legrand, merci d'être avec nous sur ce plateau. Pourquoi vous êtes-vous jeté ainsi dans cette cause ?
Augustin Legrand : C'est une question de vie ou de mort pour certain. Et une question de respect des principes fondamentaux de notre société. Je crois que cela empêche de faire de la politique. Il y a un vote contestataire très fort aux extrêmes qui sont liés à ça, aux problèmes des SDF, gauche comme droite qui font rien, alors on va voter extrême gauche ou extrême droite. Je crois que cela va assainir le débat politique.
NR : Vous, vous n'étiez pas personnellement concerné par ce problème ?
AL : Non. J'avais les solutions et les clefs, et je suis en train de le prouver pour faire avancer le dossier de manière très concrète et radicale. Je n'aurais jamais fait ça si je n'avais pas été convaincu depuis le début. Moi j'ai des enfants, et j'ai dormi six semaines sur des cartons. Si j'ai fais ça c'est uniquement parce que je suis convaincu et déterminé. Ni optimiste ni pessimiste, je suis vraiment déterminé.
NR : Quand vous entendez Jacques Chirac, qui lors de ses vœux, parle d'un droit au logement opposable, en clair avoir la possibilité de se retourné contre l'Etat quand on est mal-logé, vous vous dîtes que la bataille est en partie gagnée ?
AL : Pas du tout. Je dis que c'est important qu'il y ait eu un tsunami médiatique, que les Français soient vraiment sensibilisés aujourd'hui sur notamment qui est SDF et qui est mal-logé. On se rend compte qu'ils sont des citoyens comme nous, qu'il faut les aider. C'est une question d'éducation des générations futures. C'est la force vive de notre pays qu'on est en train de sauver maintenant. C'est pourquoi je crois qu'il faut appliquer cette charte du "canal Saint-Martin", qui a fait un consensus réel autour des grosses associations et de tous les politiques, sauf le Front National, bizarrement.
Maintenant il faut utiliser ce consensus associatif et politique pour avancer à l' Assemblée nationale pour fixer des moyens coercitifs afin de faire respecter ce droit au logement opposable, et toutes les règles autour. Il faut que tous les gouvernements de droite et de gauche qui sont amenés à gouverner dans les dix ou vingt prochaines années à venir aient toujours les mêmes moyens pour avancer. Ces moyens, il faut les fixer maintenant et ensemble.
NR : Jusqu'où vous comptez aller et quel est votre objectif ?
AL : C'est assez simple. Nous, on fait une pression populaire forte et citoyenne. Je crois qu'il est important de dire que ce sont des gens de gauche comme de droite, qui n'ont jamais milité comme moi. Il faut gardé cette pression populaire pour que les médias continuent à nous soutenir. Parce que vous vous savez très bien qu'on a raison et qu'on dit la vérité. Et on vous donne une accroche médiatique pour dire la vérité aux Français.
NR : C'est qu'il manquait, une accroche médiatique ?
AL : Exactement. C'est comme Outreau : il y a eu une erreur judiciaire, ça a scandalisé tout le monde. Là moi, j'ai créé un entonnoir pour crier la vérité, et la forme est très efficace. Un haut parleur avec toutes ces tentes pour dire : "Attention, attention, écoutez-nous. Tout le monde se trompe depuis 20 ans. On a les solutions, et ça ne va pas coûter si cher que ça". Parce que ça ne va pas coûter cher. Oui, ça va participer à la croissance. Oui, ça va réinjecter des gens dans l'activité et qui vont payer des impôts. Le mouvement va continuer et s'amplifier : à Rome, ça campe, à Barcelone, ça campe aussi.
NR : Votre mouvement s'intègre dans une campagne électorale, et le dossier est maintenant au cœur des débats.
AL : Oui parce que ça va assainir la campagne électorale. Si on règle le problème du logement maintenant, la gauche et la droite pourront vraiment dire ce qu'ils pensent, sans avoir peur d'un Le Pen au second tour. Parce que Le Pen va perdre des voix si on applique cette loi maintenant, j'en suis sûre.