Le "vote utile", seul argument de campagne du PS pour 2007 ?
Reuters 06.08.2006 - 16:18
par Laure Bretton
PARIS (Reuters) - Après avoir multiplié les appels au vote utile, François Hollande a joint le geste à la parole en demandant par écrit cette semaine aux maires socialistes de ne pas apporter leur parrainage présidentiel à un autre candidat que celui du PS.
Des consignes qui passent mal chez les partenaires potentiels du Parti socialiste, petits ou grands, pour qui la multiplication des candidats en 2002 n'explique pas - seule - l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle.
Il y a quatre ans, tout l'éventail de la gauche était représenté par huit candidats, Lionel Jospin compris. A neuf mois du scrutin, Verts, Parti communiste, Ligue communiste révolutionnaire et Lutte ouvrière ont annoncé leur intention de concourir.
José Bové et Stéphane Pocrain, ancien porte-parole des Verts, se sont également déclarés candidat mais pour se lancer, tous doivent réunir 500 signatures d'élus.
Chef d'un Parti socialiste traumatisé au lendemain du 21 avril qu'il a ensuite mené aux victoires de 2004 - régionales, cantonales et européennes - François Hollande s'inquiète à voix haute depuis des mois de la nouvelle inflation de candidatures, une "tous les mois, si ce n'est toutes les semaines".
Pour lui, l'extrême-gauche n'a "rien compris" et joue les ingrates. "On a filé des coups de main mais on a pris des coups de pied", estime le premier secrétaire en faisant allusion aux mobilisations sociales et aux accords électoraux réservant des circonscriptions aux partenaires du PS.
En parallèle de ses négociations avec le Parti radical de gauche (PRG) et le Mouvement républicain et citoyen (MRC, Chevènementistes), il a donc décidé de hausser le ton à quelques semaines d'une rencontre entre les forces de gauche, en septembre.
ÉLÉPHANTS ET SOURIS
"L'élection présidentielle ce n'est pas un grand bazar, un grand barnum, un forum participatif, une assemblée générale où chacun vient débattre", s'est-il emporté samedi à Marseille.
"Je me suis fait la promesse de ne plus jamais demander aux électeurs de gauche de voter pour la droite contre l'extrême-droite", a-t-il ajouté après avoir été interpellé par Roland Castro, urbaniste proche du Parti communiste.
Candidat du "Mouvement de l'utopie concrète" - il brigue la "présidence du désir" - il ne digère pas les tentatives de muselage des petits candidats par le PS, qui ferait mieux à ses yeux de commencer par réduire le nombre de ses "présidentiables".
"Tu devrais être un peu plus ferme avec tes éléphants et un peu plus doux avec les petites souris", a-t-il lancé à François Hollande avant de poursuivre son tour de France "de Sarcelles à Saint Trop'", à bord d'un bus à impériale rutilant.
Le mot d'ordre du patron du PS ne fait en revanche pas du tout sourire Christiane Taubira, qui pourrait de nouveau se présenter sous les couleurs du PRG.
Affolement, panique ou "déclaration d'hostilité envers les partenaires du PS", la député de Guyane n'a pas encore fait sa religion sur la lettre de François Hollande, envoyée cette semaine à tous les élus du PS.
"Je suis très insensible aux menaces", a-t-elle prévenu dimanche sur France Inter. "Un élu n'a pas à recevoir d'ordre, même pas d'un chef de parti, il doit obéir à sa conscience".
Après avoir remporté la primaire présidentielle des Verts contre Yves Cochet mi-juillet, Dominique Voynet avait elle renvoyé la balle dans le camp du PS, rejetant par avance tout désistement.
Pour l'ancienne ministre de l'Environnement de la "gauche plurielle", la recette du succès socialiste est simple. "Etre bon et de rassembler dès le premier tour".
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