Zorro22 a écrit :Donc Renaud Camus qui recycle en modernisant poncifs et lieux communs, ce n'est pas du top niveau, désolé
Il faudrait quand même apprendre à être un peu modeste quand même… je trouve… raisonnablement. Tout simplement parce qu'il n'y a pas de "lieux communs" ici. Ou alors ce sont des lieux communs qui te conduisent devant les tribunaux, t'excluent de la vie professionnelle et font de toi un paria. Dans la France de 2018, il faut en avoir (un peu) pour tenir pareils propos. C'est prendre nettement plus de risque que s'exprimer sur Actuchomage (ce qui est valable pour toi COMME POUR MOI).
Quant à tes "exemples pour démystifier" cette prose, ton argumentation est faiblarde. J'aurais l'outrecuidance de dire qu'elle n'est pas à la hauteur. Il n'est donc pas utile de la commenter. Pas plus que la pitoyable allusion à Hitler… l'artiste peintre. Dans ce genre de discussion, il est préférable de s'en abstenir pour conserver une once de crédibilité. Dommage !
J'en rajoute une couche, histoire d'élever le débat. Je te souhaite de t'y hisser.
Si tu y arrives, je te passerai alors une troisième couche où il faudra que tu t'accroches sauf à avoir lu Marx, la Torah, la Kabbale, Rousseau, Platon, Pascal, Spinoza, Descartes, Montaigne et le Talmud en français, en hébreu, en grec classique, en néerlandais, en allemand et en yiddish dans le texte (ce que je te souhaite).
PS :
Je précise que ces retranscriptions (celle plus haut et celle ci-dessous) sont exclusives. Ce ne sont pas des copier-coller piqués sur Internet.
Renaud Camus : Le Grand Remplacement est un aspect du Remplacisme, de l’homme remplaçable, de l’homme jetable. Je suis désespéré de voir ce qui survient et devant la passivité, l’indifférence de notre peuple face à ce qu’il subit, qui est très précisément ce que ses ancêtres ont voulu lui éviter plus que tout pendant des siècles.
Si on ne comprend pas que le Remplacisme est un tout, on ne comprend rien au Grand Remplacement. Le remplacement des Hommes par des Hommes, des choses par des choses, des Hommes par des choses, des hommes avec les femmes… C’est l’abolition des frontières, des différences, de la discrimination, de l’identité, c’est-à-dire la disparition du « déjà là », du présent. […]
Paul-Marie Couteaux : Votre slogan c’est le NON au changement de peuple et de civilisation.
Renaud Camus : Il y a des moments dans la vie des individus et des peuples où un grand NON est l’affirmation suprême à l’adhésion à l’être, à la vie, à la volonté de vivre ou de survivre, ou enfin de perdurer dans l’être. Je crois que le NON peut être l’affirmation suprême.
Paul-Marie Couteaux : Platon dit « La vérité de la chose est dans son commencement »…
Renaud Camus : … dans son histoire aussi. Il appartient également à l’Homme, dans sa dignité, de se détacher de l’origine, de s’affirmer en tant que tel. Mais dans la lignée de son histoire. C’est le dialogue absolument fondamental que je généralise entre Cratyle et Hermogène. Nous sommes dans un monde hermogénien.
Paul-Marie Couteaux : Vous faites référence à un dialogue de Platon qui s’appelle le Cratyle (1). Quelles sont les deux positions en présence. C’est très important car c’est au centre de tout.
(1)
Le Cratyle est un dialogue de logique de Platon portant sur la question de la rectitude des noms.
Renaud Camus : Hermogène prétend que le nom de la chose peut être arbitraire, aléatoire, que ça dépend d’une décision par exemple quand un individu devient français sur un coup de tampon. Et Cratyle dit que non, qu’il y a un rapport fondamental entre les noms et les choses, les noms et leur histoire, dans l’inscription, dans le temps, dans le rapport à l’origine. Dans mon ouvrage « Du Sens » j’évoque un exemple récurrent. Je crois que la question de savoir si la Turquie fait partie de l’Europe est absolument centrale. C’est un enjeu géographique, géopolitique et stratégique mais surtout philosophique, lié à l’identité. À quoi Hermogène dit qu'il suffit de le décider, sans considération de son être, de son histoire, de sa culture, de sa civilisation. Voilà. Et avec Cratyle, la Turquie n’a rien à voir avec l’Europe. Sinon par opposition évidemment.
P.-M. C. : Nous sommes tous deux fondamentalement Cratyliens.
Renaud Camus : Certes.
P.-M. C. : Vous dites que les mots sont du temps retrouvé, que les mots portent leur histoire. C’est en écrivain que vous intervenez dans la politique, en prenant les mots au sérieux.
Renaud Camus : Les gens me disent : « Vous avez tellement changé » (le concept de « Grand Remplacement » a placé Renaud Camus au cœur d’une multitude de controverses et polémiques). Mais pas du tout. C’est l’écrivain qui parle, celui qui prend les mots au sérieux, comme inscrits dans le temps, dans leur connotation, dans leurs liens. Les mots qui débarquent comme ça un beau jour sont inutilisables pour la littérature. Ils n’ont pas de vibrations sympathiques dans l’air, dans le temps, dans l’espace, dans l’être. Ce sont des objets inaptes à la littérature. […] Je crois à la profondeur du temps et de l’histoire. Mais les choses peuvent évoluer.
P.-M. C. : Ce que vous dites est finalement assez simple mais personne ne veut le comprendre…
Renaud Camus : Les noms de nationalités sont aujourd’hui totalement dérisoires. C’est de l’hermogénisme poussé à son paroxysme. On a des Français qui ne parlent même pas français.
P.-M. C. : Où des joueurs de l’équipe de France de football qui viennent de l’au-delà des mers, naturalisés français, qui vivent à Londres…
Renaud Camus : Dans l’histoire, Hermogène gagne toujours mais Cratyle ne perd jamais. Cratyle est ce qui revient, c’est la grande source d’espérance, c’est ce qui remonte. […]
N’importe qui peut devenir français s’il le désire par amour. La France a intégré, assimilé au cours de son histoire, des étrangers de tous les peuples de la terre qui ont fait des Français excellents, merveilleux, qui ont contribué de façon fondamentale à ce qu’est la culture française. J’ai des dizaines d’exemples ne serait-ce que politiques, comme Mazarin ou Gambetta…
P.-M. C. : Qui ont eu l’amour de la France. Dans l’identité il y a de l’amour, c’est très important. Nous avons cité Roland Barthes dans une conversation précédente. Il dit : « Il n’y a pas de crise de la langue, il y a une crise de l’amour de la langue ». On peut paraphraser Barthes : « Il n’y a pas de crise de la France, il y a une crise de l’amour que nous avons pour la France ».
Renaud Camus : Oui, tout a été fait pour cela. On parlait de l’enseignement de l’oubli, de ce que j’appelle aussi l’industrie de l’hébétude. Tout est fait pour une imbécilisation de masse, pour couper la racine, pour produire de l’Homme remplaçable, interchangeable, une matière industrielle indifférenciée… Conformément bien sûr à l’intérêt du marché et des marchands.
P.-M. C. : Vous acceptez le mot marchandisation du monde…
Renaud Camus : Oui, bien sûr et plus encore de marchandisation de l’Homme surtout, par la remplaçabilité générale. Il y a un lien très étroit entre la phase ultime de la révolution industrielle, fordienne (de Henri Ford), tayloriste (de Frederick Winslow Taylor), qui est déjà une imposition de la norme, de l’objet normé, et du Grand Remplacement à venir.
P.-M. C. : Peut-on revenir quelques instants sur l’affaire Camus dont on a beaucoup parler en 2000 il me semble. Je sais que vous n’aimez pas beaucoup l’évoquer…
Renaud Camus : C’est rasoir surtout ! Il y a beaucoup de légendes autour de cette maudite affaire qui ne portait pas sur France Culture mais sur une émission précise qui s’appelait « Panorama ». Comme son nom l’indique, elle est sensée être généraliste. Or il me semblait que cette émission à la longue devenait particulariste. Une fois sur deux, l’émission portait sur des questions communautaires. Ce qui était insupportable est qu’on ne puisse pas le dire. J’ai toujours été convaincu que la fonction de l’écrivain est de porter éternellement les non-dits de la société. Cette affaire est très désagréable car elle a donné lieu à des malentendus. On m’a traité d’antisémite. Personne n’est moins antisémite que moi. Je suis pétri de culture juive. Je passe mon temps à peindre ce que j’appelle des « YHWH » (2). C’était très difficile de se défendre parce que dire que je ne suis pas antisémite s’est s’engager dans ce débat absurde. L’avantage de la situation actuelle est qu’il n’y pas de malentendu. Les reproches qui me sont faits sont légitimes. En effet, je proteste contre le remplacement et le changement de peuple. Mais me traiter d’antisémite, c’est ridicule !
(2) Le Tétragramme YHWH est le théonyme francisé de la divinité d’Israël.
P.-M. C. : C’est d’autant plus absurde que tout ce que nous venons de dire à propos de Craille résonne et raisonne parfaitement avec la culture hébraïque qui réfère aux origines en permanence.
Renaud Camus : Beaucoup de lecteurs de Cratyle estime que Cratyle est une voix juive. C’est la présence de Jérusalem à Athènes.
P.-M. C. : Pour vous, un monde beau est un monde où les peuples ne sont pas interchangeables ou l’on peut être séduit par l’étrangeté d’un autre, où les Chinois restent chinois, les Italiens italiens, Argentins argentins… Le monde est beau par sa diaprure. D’où votre attachement au concept d’étrangèreté …
Renaud Camus : J’ai risqué ce concept à la suite d’une conversation avec Alain Finkielkraut et Emmanuel Carrère qui a donné un petit livre. Je crois profondément au charme des choses qui demeurent étrangères. Theodor Adorno a dit une chose magnifique, très juste et profonde : « L’Art est ce qui nous est étranger ». Je crois en effet que les œuvres qui résistent sont celles qui gardent leur caractère d’étrangeté et même d’étrangèreté. On pourrait se saouler de néologismes que j’aime assez je le confesse. La grandeur de Shakespeare est qu’il n’est pas notre contemporain. Il faut l’aimer comme quelque chose d’étrange, lointaine, comme affirmant des choses qui nous choquent, qui nous étonnent…
Renaud Camus : J’ai vu très tôt l’effondrement de la transmission scolaire d’autant plus dramatique que la France a une conception littéraire du monde, une non adhésion au sens. On a remplacé la littérature par le journalisme, par le militantisme, c’est-à-dire par la coïncidence entre le sens et la phrase, le contraire de la littérature qui par définition est un jeu, une ambiguïté. Il me semblait que la France était le pays littéraire par excellence.
Paul-Marie Couteaux : Et cette transmission est torpillée dans les années 80 par l’émergence d’une classe qui passe pour cultivée mais qui au fond se débarrasse du patrimoine culturel.
Renaud Camus : Qui se débarrasse de la notion de patrimoine dans son ensemble. […] Vous avez parlé de l’émergence d’une classe cultivée, je crois au contraire à la disparition de la classe cultivée. Tout le prestige de la France tenait à l’existence formelle d’une classe cultivée et artistique. C’est ça qui a disparu. […] L’héritage est devenu suspect parce qu’il est inégalitaire. Il doit être détruit. Tous les efforts consistent à ce que les gens n’aient plus d’héritage, donc à déculturer la classe cultivée.
Plus tard…
Renaud Camus : Il y a dans le système scolaire tel qu’il se présente aujourd’hui des professeurs qui souffrent abominablement de ce qu’on leur fait faire, de la trahison de leur vocation. Il y a des parents qui sont désespérés à l’idée de mettre leurs enfants en classe parce qu’ils y seront décivilisés, déculturés. Pour être plus ignorants quand ils en sortent que quand ils y entrent. Et parler plus mal le français. Il y a aussi des élèves qui se rendent compte qu’ils sont soumis à ce que j’appelle l’industrie de l’hébétude ou l’enseignement de l’oubli.
P.-M. C. : Vous avez publié deux ouvrages importants il y a quelques années : « La grande déculturation » et « Décivilisation ».
Renaud Camus : On incrimine toujours l’école, mais l’école n’est quand même que seconde. Le drame est celui de la transmission des parents aux enfants. […] Je suis horrifié du type de rapport qui s’est instauré entre les parents et les enfants. La supériorité narquoise est devenue le ton des enfants quand ils parlent à leurs parents. Il me semble qu’on est là au centre du drame de l’échec de la transmission. Les enfants vivent l’illusion qu’ils sont d’emblée tout ce qu’ils ont à être. Ils sont même supérieurs à leurs parents. C’est l’échec de la lignée. L’instauration à titre emblématique du prénom contre le nom, c’est-à-dire du présent absolu, du présentéisme contre l’inscription dans le temps, dans la lignée. Contre le fait que nous héritons de quelque chose qui nous précède.
P.-M. C. : Vous êtes parti en guerre contre l’idéologie antiraciste […].
Renaud Camus : […] Aujourd’hui l’ennemi est le remplacisme. L’antiracisme qui venait de la gauche, qui avait des origines morales on ne peut plus compréhensibles et légitimes d’ailleurs, a été offert en mariage à la finance internationale qui s’est rendue compte que c’était un parti magnifique. Le remplacisme c’est ça : le fils monstrueux de la révolution industrielle dans sa phase ultime, post-fordienne, et de l’antiracisme. L’antiracisme va très bien à la haute finance. Ils sont enchantés que les peuples soient interchangeables, que l’Homme soit délocalisable, que l’on puisse faire venir qui on veut. Et si on n’est pas content des salaires, on fait venir des gens disposés à travailler pour trois fois rien. C’est ça l’alliance monstrueuse entre la finance et l’antiracisme. Ce ne sont des positions ni de gauche ni de droite. Le remplacisme est un totalitarisme. […]
P.-M. C. : Vous écrivez que nous ne savons plus ce que veut dire accueillir et être invité par quelqu’un.
Renaud Camus : Il y a un rapport très étroit entre la vie quotidienne, le mode de vie et la politique qui est très souvent et essentiellement une question de rapports de voisinage. Et les rapports de voisinage sont ce qui rend le vivre ensemble si difficile aujourd'hui et même à mon avis impossible. […] Il est essentielle de savoir dans l’hospitalité qui reçoit et qui est reçu. Les droits et les devoirs qu’ il y en a des deux côtés ne sont absolument pas les mêmes. J’observe que les règles ont terriblement changé. Aujourd’hui, les invités interviennent, vont dans la cuisine, desservent, mettent le couvert, disent qu’ils aimeraient mieux dîner ou arriver à telle heure, arrivent au milieu du repas, puis s’en vont. Les rapports d’hospitalité ont considérablement changé. Avant, les invités se pliaient aux règles avec leurs avantages et leurs inconvénients. Ils n’avaient aucune responsabilité dans la marche des choses. Ils ne se mêlaient pas d’aller dans la cuisine changer le rang des plats. […]
P.-M. C. : […] Vous êtes pour la re-migration je crois…
Renaud Camus : Je suis pour le Grand Rapatriement. Quand l’Algérie est devenue indépendante en 1962, le monde entier a considéré comme allant de soi qu’elle ne pouvait pas être vraiment indépendante si les peuples issus de la colonisation restaient sur place. […] Nous sommes depuis quatre siècles dans l’ère des grandes colonisations. Il faut arrêter ce balancier fou pour que chacun reste lui-même, dans son territoire, pour qu’il y ait encore des étrangers dans le monde de l’étrangèreté et non pas cet horrible village universel qui nous menace.
P.-M. C. : […] Vous avez été condamné. Pour quel délit ?
Renaud Camus : Incitation à la haine raciale à cause d’un discours qui s’appelle « la nocence – ou nuisance globale – instrument du Grand Remplacement ». […] J’ai été condamné pour avoir dit que les voyous étaient les soldats de la conquête démographique, que les tribunaux ont interprété par « tous les musulmans sont les soldats ». Je n’ai jamais dit et pensé une chose pareille. […] La nocence est l’instrument de la conquête y compris territoriale qui sert à chasser les gens. Notre peuple a déjà évacué des quartiers entiers et même des départements, les fameux territoires perdus de la république.