Page 4 sur 4

Publié : 05 mai 2008
par maguy
Pour en revenir au sujet initial, la régulation autoritaire se pratique, je crois, en Chine. Pas spécialement un modèle…
Très juste, des centaines de milliers de jeunes Chinois ne trouvent pas d'épouse, car il en manque beaucoup. Bizarrement l'enfant unique, surtout en zone rurale était toujours un garçon...car une fille est élevée "à fonds perdu" car elle ne sera jamais que la servante de son mari et de la belle-famille, alors que le garçon restera chez ses parents et les soutiendra dans leur vieillesse.
Voir la représentation des femmes au Parlement, ou dans les partis politiques, par exemple
Mmmouais, les quotas obligatoires, ça me fait doucement rigoler, peut-être que la plupart des femmes ne sont pas prêtes à s'exposer, ou alors elles servent d'alibi sur les listes :?

Bon, j'ai peut-être cette vision parce que vis seule, personne ne me dit quoi faire, j'évite les compromis (quel euphémisme) et que je vis à Paris, donc la perception n'est pas la même que dans une petite ville.

Pour en revenir aux émeutes de la faim, je viens de voir sur le portail Orange

Somalie: cinq morts dans des émeutes contre la hausse des prix alimentaires

Au moins cinq personnes ont été tuées lundi à Mogadiscio lorsque les forces de sécurité somaliennes ont ouvert le feu sur des milliers de manifestants protestant violemment contre la hausse des prix des denrées alimentaires.

C'est la première fois que des violences ont lieu en Somalie sur la hausse des denrées alimentaires qui ont pratiquement doublé dans le monde en trois ans selon la Banque mondiale, provoquant des émeutes meutrières en avril en Egypte et à Haïti et des manifestations dans de nombreux autres pays.

Environ 20.000 manifestants, selon des témoins, ont fait éclaté leur colère lundi, brisant des vitrines d'échoppes, brûlant des pneux, bloquant des rues, dans la capitale somalienne déjà ravagée par des combats entre des insurgés islamistes et les forces gouvernementales dans ce pays en guerre civile depuis 1991.

Au moins cinq personnes ont été tuées lundi dans ces violences, qui ont dégénéré quand la police a ouvert le feu sur les manifestants pour répliquer à l'explosion de grenades lancées par des inconnus et à des scènes de pillage.


Riz: les gouvernements asiatiques tentent d'enrayer l'envolée des prix

Les manifestants protestaient également contre l'hyper-inflation et les pratiques de nombreux commerçants qui imposent le dollar dans les échanges au lieu du shilling somalien, fortement dévalué.
"La police a ouvert le feu lorsque des civils avançaient vers un commissariat de police. Ils ont tué deux manifestants dans le quartier de Dharkiley" (sud), a rapporté un témoin, Farah Mohamed Abdi.

"Alors que la foule manifestait (...), une grenade a explosé près d'un barrage de la police. Les policiers ont répliqué (en tirant), tuant deux civils et dispersant la foule", a ajouté un autre habitant, Osman Mukhtar, originaire du quartier de Waberi (sud).

Une personne a également été tuée lorsque la police a ouvert le feu sur la foule dans le quartier K4.

"Nous ne voulons pas de ces commerçants cruels", scandaient plusieurs manifestants.

"S'ils refusent de baisser les prix de la nourriture, nous allons commencer à piller les magasins pour survivre (...) nous allons continuer à manifester jusqu'à qu'ils (commerçants) acceptent le shilling somalien", a lancé un autre manifestant, Hassan Said.

"Nous demandons aux marchands d'arrêter leur pratiques commerciales sans scrupules. Ils refusent d'accepter les shillings somaliens et demandent des dollars. Ne sommes-nous pas Somaliens? Le dollar est-il notre monnaie? La réponse est non", a lancé un manifestant, Hussein Mohamed Ali.

Actuellement, un dollar s'échange à 25.000 shillings contre environ 4.000 en 1991, au moment de la chute du président Mohamed Siad Barre, qui a plongé le pays dans la guerre civile.

Depuis, ce pays pauvre de la Corne de l'Afrique n'a plus d'institutions centralisées, y compris de banque centrale capable de réguler la masse monétaire en circulation.

Quelque 2,6 millions de Somaliens ont besoin d'aide pour se nourrir et leur nombre a augmenté de 40% depuis janvier, selon les chiffres recueillis par la Food Security Analysis Unit, qui dépend de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

L'ONU a averti des conséquences dramatiques de la dévaluation du shilling somalien de 100% ces 15 derniers mois et d'une inflation galopante.

Les prix des céréales ont augmenté entre 110% et 375% depuis un an en Somalie.

La situation a été exacerbée par des affrontements incessants ainsi que par une situation climatique difficile où la saison des pluies s'étendant habituellement d'avril à juin a pris du retard.

Les responsables

Publié : 05 mai 2008
par maguy
Les responsables de la famine

Le jugement de M. Olivier de Schutter, rapporteur des Nations unies sur le droit à l’alimentation, est sévère pour le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, les pays riches : « Beaucoup criaient dans le désert depuis des années pour qu’on soutienne l’agriculture dans les pays en développement. Rien n’a été fait contre la spéculation sur les matières premières, pourtant prévisible depuis qu’avec la chute de la bourse, les investisseurs se repliaient sur ces marchés. […] Les plans d’ajustement structurel du Fonds monétaire international ont poussé les pays les plus endettés, notamment en Afrique subsaharienne, à développer des cultures d’exportation et à importer la nourriture qu’ils consommaient. Cette libéralisation les a rendus vulnérables à la volatilité des prix (1). »

Le point de vue de M. Michel Barnier, ministre français de l’agriculture, n’est pas entièrement différent, bien que lui défende la politique agricole de l’Union européenne, souvent mise en cause, en Afrique notamment : « Le choix de cultures d’exportation dans les pays pauvres a détruit les cultures vivrières et fait disparaître les paysans. […] Mettre en compétition des agriculteurs dont les niveaux de compétitivité varient de 1 à 1 000, c’est à coup sûr condamner les plus pauvres (2). »

L’analyse du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation ne semble pas avoir convaincu les Etats-Unis davantage que celle du ministre français. Répondant à M. Barnier dans Les Echos, l’ambassadeur américain à Paris, M. Craig Stapleton, préfère imputer la crise alimentaire à « certains pays producteurs de céréales [qui] ont choisi de restreindre leurs exportations, exacerbant la tension sur l’offre ». Après avoir fait l’éloge du maïs génétiquement modifié qui, estime-t-il, « pourrait augmenter la production agricole dans les régions arides », il prescrit : « En fait, le moyen le plus efficace pour inciter à produire plus, dans les pays développés comme dans les pays en voie de développement, serait de réduire les distorsions commerciales. » Ce genre d’ordonnance s’abrite derrière un avis de M. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international, qui semble avoir enchanté Washington : « Personne ne devrait oublier que toutes les nations comptent sur le libre-échange pour nourrir leur population (3). »

Comme le remarque ironiquement un vieux dicton américain, quand on ne dispose que d’un marteau, le monde ressemble forcément à un clou…



source