L'Emploi et le Chômage en Débats

D'un autre coté, je ne vois pas comment on peut aboutir à avoir un boulot bien payé, si au départ, on ne se donne pas la peine d'acquérir une bonne expérience, même payée au smic !

Sachant qu'un employeur a le droit à des allègements de cotisations sociales sur les salaires qui vont du SMIC à un 1,3 fois le SMIC, sauf erreur, il est encouragé à ne jamais vous payer plus. Cela explique pourquoi en France, plus de 15% des salariés sont au SMIC.

Et avec les millions de gens sans emploi ou en sous-emploi non désiré, ce n'est pas le manque de candidatures pour une offre d'emploi au SMIC qui va faire revoir à la hausse les salaires pratiqués.

Cela finit par être extraordinaire d'avoir un emploi à plein temps (35h-39h) payé au SMIC.

D'un autre coté, je ne vois pas comment on peut aboutir à avoir un boulot bien payé, si au départ, on ne se donne pas la peine d'acquérir une bonne expérience, même payée au smic !

Aujourd'hui, tout le monde est bon pour le Smic. C'est ce qu'on vous propose aussi à 45 ans malgré un Bac+2 et 20 ans d'expérience.

Bonsoir,

Superuser, je suis entièrement d'accord avec vous lorsque vous mentionnez :Aujourd'hui, tout le monde est bon pour le Smic. C'est ce qu'on vous propose aussi à 45 ans malgré un Bac+2 et 20 ans d'expérience.
L'année dernière, j'ai accepté un poste au SMIC que j'ai failli refuser.
Je sortais d'un emploi correctement rémunéré et mon ex-employeur a trouvé une bonne parade : "Tu n'as pas de bac+5". De plus, il n'a pas considéré mon expérience (près de 10 années avec des publics dits "très difficiles").
A présent, je me rends bien compte que je n'ai même plus à négocier un salaire. Je trouve que le dérapage devient incontrôlable...

Je sortais d'un emploi correctement rémunéré et mon ex-employeur a trouvé une bonne parade : "Tu n'as pas de bac+5".

Il aurait pu aussi t'objecter que tu ne parles pas l'espéranto, que tu ne sais pas lire le linéaire B pour justifier de ne te payer qu'au SMIC ça aurait été pareil.

Vous ne savez pas danser sur des claquettes les yeux bandés, les mains attachés dans le dos? On ne va pas pouvoir vous payer plus que le SMIC

Thalie a écrit :

Alors fais le - et vois si tu peux le faire. Moi je ne peux pas et préfère rester au rmi

Je l'ai fait... Après 13 ans sans emploi pour m'occuper de mes enfants, j'ai accepté un mi temps au smic qui me coutait plus cher en frais de cantine, transport et autres. Ca a duré 5 mois, et j'ai été prise à temps plein avec un salaire pas mirobolant, mais plus que ce que j'espérais au départ.

C'est clair que c'est dur de trouver du boulot, et il y a plus de demande que d'offre, mais ressasser son amertume, ça n'apporte rien à personne.

C'est clair que tant qu'il y aurat des personnes qui trouveront "bien et mieux que rien" de retravailler quelques soit les conditions les choses ne changeront pas.
Marcher dans ce sens c'est justifier le systeme en place.
Le but n'est pas de "trouver du boulot", c'est debile de "trouver du boulot", un travail c'est un contrat entre toi et une societe qui te prends minimum 10 heures de ta vie par jour : n'est il pas sensé de negocier convenablement les choses ? sinon à quoi bon, la prostitution rapporte beaucoup plus pour un resultat pas si eloigné : perdre sa dignité pour de l'argent.

Un travail c'est un échange entre un employeur qui a besoin d'un salarié et un salarié qui a besoin d'un employeur. C'est un échange et on n'est jamais obligé d'accepter n'importe quoi. Mais ne rien accepter sous le pretexte de changer la société, c'est plutot essayer de justifier son découragement face à une situation particulièrement difficile, en trouvant une autre combat bien moins concret et une autre excuse face à ce que l'on ressent comme une situation d'echec. C'est vrai que ceux qui se battent ne s'en sortent pas toujours, mais ceux qui ne se battent pas s'en sortirons encore moins.
Et penser qu'on va changer les choses en restant statiquement à ruminer dans son coin, c'est vraiment un leurre. Par contre, pour ne pas justifier le système en place, on peut aussi monter une entreprise et embaucher à un meilleur salaire que ce qui se pratique actuellement. Ca, ça serait du vrai combat.

Personnellement, j'avais besoin de re-rentrer dans le monde du travail et j'ai sacrifié quelques mois, mais c'était une concession, et en aucun cas une prostitution car ça a été calculé par rapport aux possibilités éventuelles par la suite et je ne me suis pas trompée. Je suis bien convaincue que si j'y étais allée avec cette mentalité, je serais actuellement en train de pointer.

Je pensais que cet endroit était un site où on soutenait les personnes en recherche d'emploi et c'est pour cette raison que je m'y suis intéressée. Mais je me félicite de ne pas avoir lu ce genre de propos quand j'étais au chomage parce que pour casser le moral et démotiver, je vois difficilement comment on peut mieux faire. Il y a une responsabilité énorme dans ce discours qui fournit des arguments et incite à l'exclusion, et dans les conséquences que ça peut avoir sur des personnes en situation précaire.

Parce que ceux qui changeront les choses, ce sont ceux qui sont dans le système, pas ceux qui s'en excluent. Et s'ils n'ont pas la haine et que la solidarité a vraiment un sens pour eux, ils le feront de l'intérieur. C'est d'ailleurs comme ça que ça a toujours marché... Les avancées sociales, ce sont les salariés qui les ont gagnées, et parfois aussi pour ceux qui n'avaient pas d'emploi.

Je viens de voir sur Canal+ (auquel je ne suis pas abonnée, mais bon je capte par erreur depuis quelques jours) un reportage tout récent sur la pauvreté laborieuse telle qu'elle est organisée politiquement et économiquement pour servir d'épouvantail aux salariés en place.

Terrible, j'ai surtout retenu deux intervenants, l'écrivain Jacques Cotta (7 millions de travailleurs pauvres) et Gérard Filoche, inspecteur du travail, dont le blog a (été) brutalement fermé

- un couple de retraités obligé de distribuer des prospectus pour pouvoir continuer à vivoter

- leur fille qui distribue aussi à plein temps des prospectus.

Ils sont payés une telle misère pour des objectifs impossibles à tenir qu'ils font des horaires impossibles pour gagner 950€. La jeune femme expliquait qu'avec le secteur qu'elle devait couvrir, seul un plein sur quatre était remboursé.

- le fils de ces mêmes personnes obligé de prendre deux boulots, soit 17 heures par jour

- cette femme employée à temps partiel, mère élevant seule ses deux garçons pré-ado, obligée non seulement de compter chaque sou, mais devant remettre en rayon un paquet de riz car elle dépassait son budget

- ce couple avec une fille de 20 ans aussi à temps partiel vivant dans 10m2 d'une chambre d'hôtel depuis 6 ans, qui coûte un oeil aux pouvoirs publics (c'est à dire nous tous) et à qui on refuse un appartement social.

- un autre qui s'est retrouvé après son divorce surendetté dans la spirale des crédits revolving, véritable piège à pauvres (presque 20% d'intérêts )

Et tant d'autres

Une juge expliquait que le pire est que ces pauvres s'endettaient parfois par bêtise ou envie d'avoir le même truc que son voisin, mais que de plus en plus le devenaient pour simplement payer les factures de la vie courante.

Les salariés en CDI 35h ont peur de devenir chômeur ou temps partiel forcé, puis de devenir très pauvres avant de basculer SDF.

Un politologue expliquait très clairement l'utilité sociale des SDF et que si cela continuait ainsi, on aurait une humanité à deux vitesses.

La toute petite minorité qui continuera à se goinfrer, à se soigner, à augmenter sa durée et confort de vie et l'immense majorité qui va se deshumaniser, une sorte de dégénérescence de l'humain, qui vivra de miettes sans petit coin où se retirer, sans soins, sans culture.

Tous ont dénoncé l'hypocrisie depuis vingt ans des pouvoirs publics (gauche ou droite d'ailleurs) leur volonté de démolir ce que nos ainés avaient mis des decennies à construire. Ces temps partiels imposés sont devenus une véritable peste de notre époque.

Les contrats aidés, une véritable manne pour les patrons. Mieux vaut embaucher 2 personnes en contrat précaire aidé, qu'une seule à plein temps. Ce système est pervers mais volontairement mis en place.

J'ai relevé une erreur quand on voit charity hirsch et qui on sait arriver chez des jeunes au RMI pour proposer leur RSA, genre de rustine Ils parlaient du RMI à 480€

J'aurais aimé avoir la plume de Superuser qui en aurait fait une chronique autrement torchée, j'aurais dû prendre des notes

Alors si Thalie trouve bien de travailler en perdant du fric grand bien lui fasse, mais je rejoins les autres et Oliv5400 : accepter ce genre d'ignominie servira toujours les intérêts des employeurs et leur laissera toute latitude pour leur management basé sur la peur.

Le mieux que rien est une insulte à la dignité, na

Bonsoir Thalie,

Le travail n'est plus "un échange entre un employeur qui a besoin d'un salarié et un salarié qui a besoin d'un employeur". Plus maintenant. Sauf rares exceptions, grâce au chômage de masse, l'employeur a aujourd'hui tous les droits.

Je n'accepte pas les emplois au Smic (et - désolée - il n'y a que ça !), non pas pour "changer la société" (bien que je sois co-fondatrice et rédactrice de ce site, ce qui n'est tout de même pas rien, je pense, pour diffuser certaines vérités sur le web et faire évoluer les mentalités) mais pour garder ma dignité.

J'ai été travailleuse pauvre des années durant (seule à élever ma fille avec un loyer qui a toujours fait la moitié de ma paie). Sur 20 ans de boulot où j'en ai chié (promesses non tenues et sexisme, entre autres), j'ai gagné ma vie à peu près correctement les 7 dernières années. Puis j'ai fait partie d'une charrette, et je n'ai jamais retrouvé un boulot digne de ce nom depuis.

Je demande juste à sortir complètement de l'assistanat et pour cela, ce n'est pas un boulot au Smic qui va me le permettre. Pour payer mon loyer et vivre un peu, il me faudrait un salaire médian : 1500 euros par mois (j'en gagnais 1700 en 2001). En dessous, ce n'est même pas la peine !!! C'est du travail à perte !

Surtout, je ne veux plus connaître à nouveau l'enfer d'aller bosser sans pouvoir m'en sortir. Plus jamais ça ! Et retourner me battre avec un Smic et 2% d'augmentation de salaire par an, à mes yeux ce n'est pas un combat digne d'intérêt. Au contraire : ça va me bouffer mon moral et mon énergie pour rien.

Oui, je suis découragée. Mais il y a de quoi, et je ne me sens ni coupable, ni en situation d'échec. Je ne rumine pas dans mon coin puisque j'anime ce site, que j'écris des articles et que j'analyse en profondeur ce qu'il se passe depuis quatre ans. En fait, je résiste, et j'attends mon heure. Car je pense qu'en ce moment, à part espérer des boulots de merde, il n'y a pas grand chose à faire. Et je n'ai pas la fibre entrepreneuriale.

Quant aux avancées sociales gagnées par les salariés, elles sont loin. Plus personne ne bouge ! Nous sommes dans une période vraiment particulière où tout le monde est tétanisé. Je préfère donc attendre, comme le roseau qui plie et tiens bon alors qu'à la moindre bourrasque, le chêne est déraciné.

Bon courage à toi !

Bonsoir,

Je pense que les salaires ne sont plus à la hauteur d'une inflation sans cesse croissante. Il y a encore 2 ans, je m'en sortais très bien avec 1 smic.
Je ne vois pas qui des salariés ou des exclus pourrait trouver une solution puisque l'économie actuelle échappe à tout le monde, y compris à nos élites, et que les caisses de l'Etat sont un puits dont on a touché le fond à force de le racler !
Pour ma part, j'ai beau m'esquinter à trouver un travail dans ma branche, avec un salaire décent (non correct), je n'en vois plus mais je préfère toucher 900 Euros que 440. Je préfère la pression d'un employeur ou des personnes dont je m'occupe plutôt que celle de l'armada anpe/assedic, celà dépend de la nature de chacun...

Très Bonne Réponse Maguy! merci.

on peut aussi monter une entreprise et embaucher à un meilleur salaire que ce qui se pratique actuellement. Ca, ça serait du vrai combat.

Encore faut_il avoir les fonds necessaire et ne pas etre en Comission de Surendettement, on n'y a pas droit!
Faut_il encore que la trésorerie quotidienne fonctionne; Si c'est pour faire 3 € par jour, n'oubliez pas le nombre d'entreprises qui sont en liquidation judiciaire au bout d'a peine 1 an d'ouverture!

Parce que ceux qui changeront les choses, ce sont ceux qui sont dans le système, pas ceux qui s'en excluent


Dans l'histoire de notre France, beaucoup de combats ont été menés par des personnes dans la marge!
Les chomeurs ont aussi menés leur combat, sinon les indemnisations n'existeraient pas et la CMU encore moins. ET, je fais partie de ceux qui ont menes ces luttes, marginalité ou pas!
D'ailleurs , allez demandez aux Jeudis noirs ou aux Don quichotte, ou au DAL s'il se considerent menant les gens ou les renforçant vers l'exclusion
.

Les avancées sociales, ce sont les salariés qui les ont gagné


Que deviendront les salaries quand les chomeurs occuperont tous les emplois en RSA ou en contrats aides?

ON a pas dit que l'on ne voulait pas travaillés , on a dit qu'on ne voulait pas travailler pour un Bol de riz par jour , Nuance!

je préfère toucher 900 Euros que 440

Et bien je pense comme Sophie, on ne m'aura jamais au SMIC, d'ailleurs on ne me l'a jamais proposé

L'assistanat ne me plait pas non plus, mais je n'ai pas demandé à être licenciée il y a dix ans pour des motifs fumeux.

En 98 il y a dix ans je gagnais depuis quelques années 20.000F (soit 3000 euros bruts) et suis rarement descendue en dessous de 17000 les années précédentes.

Même dans le peu de CDD que j'ai eu depuis je n'avais pas en dessous de 2500€ bruts, je ne vois pas un employeur me proposer le SMIC.

Alors oui je suis aussi découragée parfois quand je vois des annonces me correspondant pile poil me passer sous le nez sans explication.

e ne rumine pas dans mon coin

Moi, si ma Sophie, parfois et d'autres jours je me transforme en vache qui rit

Je préfère la pression d'un employeur ou des personnes dont je m'occupe plutôt que celle de l'armada anpe/assedic, celà dépend de la nature de chacun...

Il n'est pas question de nature Zoée, en fait il faut prendre l'administration à ses propres contradictions et ne pas se trouver en faute non plus.

Mais je refuse de donner mon temps et le plaisir de ma compagnie pour me retrouver au final aussi pauvre. J'ai au moins le luxe du temps !

Pour survivre surtout mentalement, il faut une sacrée dose d'adaptabilité.

Bonsoir,

Je n'ai jamais réellement "bien gagné" ma vie, le grand maximum que j'ai perçu durant "mes heures de gloire" était à peine 1700 Euros brut pour un travail, certes très fatiguant aussi bien psychologiquement que physiquement, mais au moins il a eu le mérite de me passionner.
Je n'ai jamais vécu au dessus de mes moyens et celà fait des années que ça dure: J'ai malheureusement choisi entre le fait de n'avoir jamais de créances ou de soucis avec la banque (ce dont je suis fière!) au détriment de sorties avec des amis qui ne le sont plus.
Depuis le temps que je me serre la ceinture, j'ai appris à vivre plus que modestement, le smic devient pour moi une sorte de "luxe"car si je l'avais je pourrais au moins m'octroyer quelques jours de vacances .

moi une sorte de "luxe"car si je l'avais je pourrais au moins m'octroyer quelques jours de vacances .

est- tu sure ,financierement? il y a un gars , sur Daily motion, patrick du 49 , je crois qu'il s'appelle , qui explique très bien cela et qui travaille au SMIC depuis très longtemps. Et bien il a à peine de quoi se payer un week-end!

Bonsoir Romain,

J'évoquais quelques jours de camping 1 étoile avec nourriture boites de conserve et camping gaz, non loin de ma région !

jours de camping 1 étoile avec nourriture boites de conserve et camping gaz, non loin de ma région !


Comme les Don Quichotte

De tout façon , dans nos boulots, on a jamais reellement été payées.Ras le boll de L'humain. Si je trouvais une societe de nettoyage industriel qui m'embauche, je repartirais plutot faire des menages meme 10 h par jour! Quand j'ai quitté l'hopital ,il y a 15 ans , j'etais au 4 ° échelon, à 1500€
15 ans après, quand j'en discute avec les filles, elles sont maintenant à 1800 €grand maximun , pour celles qui ont prit un échelon supplémentaire , en fin de carriere!

300 € en 15 ans pour les plus meritantes, quelle progression de carrière, n'est-ce pas?