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Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par superuser
Il y a des journaleux qui font leur boulot : hier L'Expansion (article posté page précédente) et maintenant La Tribune...

Pourquoi un referendum sur le chômage n'aurait pas de sens

L'idée de Nicolas Sarkozy de proposer par referendum une modification des règles d'indemnisation du chômage se heurte à de nombreux obstacles juridiques et pratiques. De surcroît, l'assurance chômage est un régime paritaire géré par les syndicats et le patronat.

Cliver ! Cliver toujours. Nicolas Sarkozy raffole des propositions qui déclenchent les foudres. Encore une fois, le président-quasi-candidat a atteint son objectif en proposant, dans un entretien accordé au Figaro Magazine, d'organiser un referendum sur l'indemnisation du chômage. Mais qu'a dit exactement le Chef de l'Etat ? Il suggère de "créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre". Un dispositif qui s'appliquerait "passé quelques mois "à tout chômeur "sans perspective sérieuse de reprise d'emploi". Et, à l'issue de cette formation "qualifiante", "le chômeur serait tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé". Il reviendrait aux partenaires sociaux de mener cette réforme mais, ajoute le président "si les intérêts particuliers, les obstacles catégoriels s'avéraient trop puissants, il faudrait sans doute réfléchir à l'opportunité de s'adresser directement aux Français". Via, donc, un referendum.

La proposition présidentielle "choc" est-elle réaliste ? On peut en douter tant elle se confronte à de nombreux obstacles juridiques et pratiques. D'ailleurs, le patronat lui-même, via notamment la CGPME, a déjà fait connaître son opposition.

La difficulté de répondre par "oui" ou " non"

Premier point totalement basique. Un referendum est une procédure par laquelle les citoyens sont appelés à se prononcer directement par un vote en répondant à une question posée par "oui" ou par "non". Il serait dès lors, intéressant de voir comment serait posée une question sur l'indemnisation du chômage, sujet très complexe. (...)

Deuxième point. L'article 11 de la Constitution prévoit que le Président de la République peut soumettre au peuple un projet de loi portant sur "les réformes relatives à la politique économique ou sociale de la nation et aux services publics qui y concourent". Ce serait notamment le cas si les pouvoirs publics souhaitaient, par exemple, supprimer la Sécurité sociale ou sortir le pays de l'Union européenne. En revanche, on peut douter de la légalité d'un referendum s'agissant de l'assurance chômage. Certes, depuis une loi de 2008, l'ANPE (Etat) et les Assedic (partenaires sociaux) ont été fusionnées dans Pôle Emploi, établissement public à caractère administratif (EPA). Il n'en reste pas moins que depuis l'instauration de l'Unedic en 1958, les conventions qui régissent l'indemnisation du chômage sont conclues entre les syndicats de salariés, d'une part, et les organisations patronales, d'autre part. Il revient juste à l'Etat de ratifier ces conventions (la dernière s'applique depuis le 1er juin 2011). En d'autres termes, tout comme les retraites complémentaires Arrco et Agirc, l'assurance chômage est un régime paritaire. D'ailleurs, les 30 milliards de cotisations annuelles prélevées par l'Unedic le sont sur les entreprises et les salariés. Il ne s'agit pas de fonds publics. Dès lors, il revient légalement aux seuls partenaires sociaux de revoir éventuellement les règles d'indemnisation. A cet égard, dans le temps, certaines conventions d'assurance chômage prévoyaient la dégressivité des allocations.

L'assurance chômage est un régime relevant des syndicats et du patronat, pas de l'Etat

De plus, comme son nom l'indique, l'assurance chômage est un système assurantiel qui donne automatiquement droit à une allocation en fonction du temps travaillé (dans la limite de 36 mois pour les plus de 50 ans). Et depuis l'instauration du "projet personnalisé d'accès à l'emploi", sorte d'héritier du fameux "plan d'aide au retour à l'emploi" (Pare) institué avec fracas à la fin des années quatre-vingt-dix, le demandeur d'emploi est déjà tenu à différentes obligations. Ainsi, il ne peut refuser "sans motif légitime", sous peine d'être radié, plus de deux "offres raisonnables d'emploi". Des sanctions existent donc déjà, certes plus ou moins drastiquement appliquées en fonction de la situation de l'emploi. Par ailleurs, il paraît extrêmement ambitieux de vouloir proposer une formation qualifiante à plus de 2 millions de chômeurs alors que, déjà, actuellement, Pôle Emploi n'arrive pas à répondre aux demandes de formation.

Eventuellement, la proposition présidentielle pourrait retrouver un certain sens - juridiquement parlant - si elle se limitait aux quelque 400.000 titulaires de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), d'un montant de... 460 euros mensuels. L'ASS est une allocation servie par l'Etat aux demandeurs d'emploi qui ont épuisé leurs droits à l'assurance chômage. Il s'agit d'un régime purement étatique où les pouvoirs publics ont donc toute latitude pour fixer les règles de perception ou, à l'inverse, d'interruption du versement.

Ce sont surtout les emplois peu qualifiés qui sont recherchés

Troisième point. Nicolas Sarkozy propose qu'il revienne à une sorte de "comité national", composé de syndicalistes et de chefs d'entreprise, de déterminer "les secteurs d'avenir créateurs d'emplois". Un objectif très difficile. Si l'on se réfère à l'étude annuelle qui fait référence en la matière : l'enquête "Besoin en main d'œuvre" (BMO), réalisée par Pôle Emploi et le Credoc auprès de 1,6 million d'entreprises, les principaux métiers recherchés (hors saisonniers) concernent les "agents d'entretien de locaux", "les employés polyvalents de cuisine" dans la restauration, les "aides à domicile et aides ménagères". Pis, en 2011, la propension à recruter atteint 18% des entreprises consultées, contre 20% en 2010. Au total, l'enquête recensait 1.542.400 projets de recrutement, dont 13% dans l'hôtellerie-restauration qui reste le premier recruteur national. Des données à comparer aux 2.874.500 demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A à la fin décembre 2011. On voit donc bien que l'offre d'emploi est loin d'égaler la demande et que les secteurs les plus porteurs le sont surtout en emplois peu qualifiés qui ne pourront satisfaire la part importante des demandeurs d'emploi qualifiés et/ou âgés.

En conclusion, la proposition de Nicolas Sarkozy a certainement un sens politiquement parlant, elle s'inscrit dans la lignée des nombreuses déclarations à l'encontre de l'assistanat, dont le ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez s'est fait le chantre. En revanche, juridiquement et techniquement parlant, l'idée d'un référendum pour obliger les chômeurs à reprendre un travail se heurte aux faits. Toujours têtus.

http://www.latribune.fr/actualites/econ ... -sens.html

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par maguy
En effet, très bon article, bien documenté et argumenté.

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par Invité
Bjr. C'est de l'agitation. Les gens qui pensent que les chômeurs sont des fainéants se feront plaisir. Rien de nouveau sous le soleil. La chasse aux pauvres est ouverte depuis longtemps.

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par bebert
Comment peut-on encore s'emparer des propos de ce minable personnage et en remplir des pages, dans la presse ou ici ? C'est lui faire bien trop d'honneur...C 'est fini pour lui, et meme a l'UMP, ils doivent avoir les boules de penser qu'il souhaiterait se representer, pour eux c'est la certitude de l'avoir dans le...

J'espere juste qu'il sera recompense a la hauteur de sa contribution au bonheur des Francais...

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par RaoulPiconBière
S'imaginer que tous seront servis, même de coups de matraque;
ne pas voir que les pauvres sont des exclus apprivoisés;
ne pas croire que l'élevage OGM est plus rentable que la chasse ou la pèche au "Beau";
oublier la Règle d'Or. (Les hommes sont libres et égaux dans la limite du buget disponible);
et croire que le système en a réellement quelque chose à faire que tu crève sur le trottoir;
à mon sens, c'est pure vanité.

Focaliser sur le grotesque est une erreur.

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par lucho
quand tu demandes une simple formation de cariste à PE il n'y a pas d'argent alors pour 5 millions de chomeurs :idea:

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par Invité
C'est pour cela qu'il y a absolument pas lieu de s'affoler! :lol:

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par RaoulPiconBière
Quand un employeur veut former quelqu'un il trouve l'argent. Pour le garder, il met ce qu'il faut.
Des caristes formés à être cariste, il y en a plein les fichiers de PôleEmploi

Former quelqu'un à fermer sa gueule, à accepter des contrats minables et à être disponible 365 jours sur 365,
cela ne coûte pas cher
et ça rapporte des votes
et ça rend le taux officiel de chômage acceptable.
Sarkozy Hollande, ou LePen, ce sera idem, tout ira bien pour les inclus.

S'affoler, non.
S'inquiéter sérieusement d'une atteinte aux libertés, oui.
journal leMonde a écrit :Autre crainte : "On va mettre en place rapidement des formations, qui risquent d'être centrées sur les métiers en tension et d'entraîner les demandeurs d'emploi vers une spirale de déqualification", redoute Mme Uzan Chomat.
-Francine Aizicovici-
Voilà qui est clairement vu et très justement redouté/redoutable.

L'ascenseur social était en panne, Sarkozy annonce (procède à) son démontage,
certainement avant de boucher définitivement la trappe d'accès.

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par maguy
avant de boucher définitivement la trappe d'accès
Si seulement lui et ses pareils pouvaient y tomber avant, on tirerait la chasse :evil:

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par elusive_reclusive
RaoulPiconBière a écrit :
journal leMonde a écrit :Autre crainte : "On va mettre en place rapidement des formations, qui risquent d'être centrées sur les métiers en tension et d'entraîner les demandeurs d'emploi vers une spirale de déqualification", redoute Mme Uzan Chomat.
-Francine Aizicovici-
Voilà qui est clairement vu et très justement redouté/redoutable.
Certaines conseillères zélées de chez Pôle anticipent et mettent déjà cela en pratique... :evil: Exemple perso parmi tant d'autres: on m'incite fortement à effacer ce que j'ai mis des années à construire (à savoir accumuler des expériences et des formations dans "mon" métier, garder une certaines cohérence dans mon parcours). On efface tout, et on recommence, comme si au bout de X années on ne vaut plus rien du tout. Allez hop, tout le monde de force vers les services à la personne! Ou la restauration...

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par RaoulPiconBière
heu .... si vous me suivez bien maguy, et que je reprends votre métaphore :

nous sommes la merde au fond de la cuvette ! pour le moment, on flotte.
Après la chasse, pour nous, c'est la fosse septique et la station d'épuration.
L'eauclairelagonbleu c'est pour les chieurs de consomation !


Comprenez que je n'ai rien à faire que Sarko nous accompagne ou pas.

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par maguy
tout le monde de force vers les services à la personne! Ou la restauration...
Je suis trop âgée pour qu'on me pousse vers les services à la personne, et quand à la restauration ils ne veulent que des jeunes qui courent partout... et ne renversent pas :lol:

Quant à poser les parpaings, je n'ai pas envie de me casser un ongle.
nous sommes la merde au fond de la cuvette ! pour le moment, on flotte
J'en ai conscience Raoul, enfin de flotter pas d'être de la m... je ne focalise pas sur la personne, d'ailleurs j'ai écrit "lui et ses pareils". J'ai juste trop honte quand je parle à des potes étrangers :?

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par RaoulPiconBière
J'ai juste trop honte quand je parle à des potes étrangers
C'est que vous avez des potes dans pas tous les pays, ...
ou alors vous essayez de les snober .... !
:lol:

Re: Le référendum de Sarko contre les chômeurs

Publié : 11 févr. 2012
par lucho
raoul a écrit:Quand un employeur veut former quelqu'un il trouve l'argent. Pour le garder, il met ce qu'il faut.
je suis d'accord car mes permis cariste ont été payés par 2 sociétès (cac40) mais je parlais des personnes qui veulent changer de boulot.

Les chômeurs du village

Publié : 11 févr. 2012
par conundrum
Les chômeurs du village
L'un des fondements du sarkozyzme, ou plutôt de la communication sarkozyzte, consiste à profiter du fait que les gens ont du mal à imaginer 65.350.000.000 personnes en même temps. Il est préférable d'imaginer la France comme une sorte de petit village idéal habité. Dans ce village, il se trouve :
  • -deux pédophiles, dont un récidiviste ;
    -des "Arabes" ;
    -des chômeurs (dont beaucoup, la plupart en fait, trichent pour prolonger leurs allocations) ;
    -des braves gens qui travaillent ;
    -des enfants ;
    -des parents ;
    -des usagers.
Il y a des écoles, mais pas vraiment d'institueurs, des églises, des pratiquants mais pas de prêtres. Pas de banquiers, aucun membre d'une quelconque élite. Les patrons sont eux aussi dans la catégorie des "braves gens qui travaillent". C'est comme un petit théâtre, une scène où tous les problèmes de la France peut être réglés en mettant chacun à sa place, en faisant respecter l'ordre, et ainsi de suite.

De toutes parts, on nous annonce que la campagne de Nicolas Sarkozy sera centré autour des "valeurs". C'est bien sûr la technique traditionnelle et éprouvée des droites pour faire voter la majorité contre son propre intérêt. Le petit village que je viens de mentionner est très utile pour y arriver, car il permet de réduire des réalités qui concernent la société dans son ensemble (65 mégaoctets d'habitants) à des cas individuels. Ceux-ci :
  • -sont plus faciles à comprendre,
    -peuvent être jugés avec des termes moraux (fainéant, etc.), voire carrément raciaux (xénophobie, les "Arabes", etc.),
    -sucscitent des réactions émotionnelles immédiates.
Le chômage et, plus général, "l'assistanat", terme figarotiste pour "État providence", ne l'oublions pas, seraient en quelque sorte responsables des échecs économiques répétés du Très Grand Homme (TGH), et serviront donc de victimes expiatoire. Car, évidemment, le chômeur (celui donc du village) est chômeur par choix, faiblesse ou paresse… Car la volonté hors normes du TGH aurait dû, depuis le temps, depuis 2007 quand même, la volonté et l'énergie de ce Grand Président aurait dû les convaincre des mérites du travail.

Ben non, ils sont mêmes plus nombreux aujourd'hui qu'en 2007. Faute à qui ? Je vous le demande.

Le fait qu'il serait parfaitement impossible, et terriblement cher, de fournir des formations à tous ces paresseux et incompétents n'est d'aucune importance, puisque, dans le village ils ne sont pas plus de vingt ou trente. Dans le village, c'est parfaitement gérable.

Sarkozy est bien plus habile en communication électorale qu'en macroéconomie. Et avec ces fameuses "valeurs" qui arrivent dans la campagne, ce ne sont pas seulement des valeurs, mais le passage du réel vers un plan symbolique. Va falloir s'occuper des symboles, tout en essayant de noyer toutes ces sottises.
http://pire-racaille.blogspot.com/2012/ ... llage.html