Page 4 sur 4

Chômage de décembre: explications de Philippe Askenazy

Publié : 09 févr. 2010
par superuser
Selon l'économiste, le statut d'auto-entrepreneur explique aussi le recul de la catégorie A :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/ ... _3232.html

Il fait également un net et judicieux parallèle avec le traitement social du chômage en Allemagne (Hartz).
Philippe Askenazy a écrit :Ce processus ressemble à celui mis en place par l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder à partir de 2003, avec le paquet de réformes Hartz. Incapable d'améliorer les chiffres de l'emploi, M. Schröder avait décidé de modifier profondément le marché du travail allemand.

Renversant le credo de son Parti social-démocrate, le SPD, il favorise les "mini-jobs". Via une procédure simplifiée, un employeur peut embaucher n'importe qui - chômeur, travailleur - pour un salaire faible et en payant des cotisations forfaitaires réduites ; le titulaire du job ne paie ni impôt ni cotisation sur ses revenus. Le dispositif a eu un succès immédiat. De 2003 à 2004, 2 millions de nouveaux mini-jobs ont été créés.

Cependant, les titulaires étant dans leur grande majorité déjà en emploi, l'impact sur les chiffres fut faible. Le chômage de longue durée demeurait massif. D'où la création, en janvier 2005 pour ces publics "difficiles", des "ein euro jobs", les jobs à "1 euro de l'heure", emplois aidés d'utilité collective. L'idée évoquée par le gouvernement Fillon de contrats aidés pour les chômeurs en fin de droit est basée sur le même principe : faire baisser le chômage de longue durée par un traitement social.

Malgré ces dispositifs, le chômage allemand ne diminuait pas. Hartz ne visait pas une manipulation des chiffres mais une "modernisation" du marché du travail germanique. Celle-ci est donc aussi passée par une politique d’"activation" des dépenses sociales. Elle a abouti à une hausse des recherches d'emploi par les titulaires du revenu minimum allemand, donc plus de chômeurs officiels. Cette fois, c'est le revenu de solidarité active (RSA) qui reprend ce principe.

La politique actuelle en France présente les mêmes logiques que celles de M. Schröder. Elle devrait donc avoir les mêmes conséquences. Les chiffres du chômage allemand, tantôt rassurants, tantôt inquiétants, étaient devenus illisibles pour les citoyens. La masse des travailleurs pauvres a progressé. Une réalité, elle, bien perçue par les citoyens ; il n'y a pas besoin d'une boule de cristal pour sentir la souffrance sociale.