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Télérama :
Le jour où la France s'est donnée à l'ultragauche
Laurent Delahousse appelle Sophie Brunn, l’envoyée spéciale de France 2 au QG de Ségolène Royal. «La candidate est ici, elle affiche sa confiance. Pour son entourage, plus il y a de votants et plus elle pourrait en profiter.» Raté. Hier, la France a basculé.
C’est une catastrophe nationale. Dimanche, la France s’est livrée à un groupuscule constitué de «4% du corps électoral» selon Jean-François Copé, invité sur le plateau du 20 heures de France 2. «Qu’il soit dit ce soir au moins une fois que 2 millions de Français qui sont venus voter, cela veut dire en tout et pour tout 4 Français sur 100. Il y en a donc 96 sur 100 qui ne sont pas allés voter. En comparaison, il y avait 3 millions de Français à la braderie de Lille.» Et 5,3 millions de Français devant "Danse avec les stars" samedi soir sur TF1.
C’est un cauchemar. Hier, le plus extrémiste de ses activistes a pris un fatal ascendant sur le minuscule groupuscule. Il s’appelle Arnaud Montebourg. «C’est une folie, s’alarme Jean-François Copé. Parce que Montebourg, c’est celui qui défend cette dinguerie de la démondialisation. Arnaud Montebourg, je suis désolé, il est à la gauche de la gauche du PS, ses thèses sont très proches d’une certaine ultra-gauche.» Dans mon canapé, je suis bien plus que désolé. Je suis terrorisé de voir la France aux mains de l’ultra-gauche et de ce dingue d’Arnaud Montebourg.
Un gigantesque Tarnac, voilà ce qu’est devenu notre pays. Tout le monde fait la cour à Arnaud Montebourg, craignant de déplaire au révolutionnaire nihiliste. Même Laurent Fabius et Pierre Moscovici, peu suspects de sympathie pour les anarcho-autonomes, affirment sur le plateau du 20 heures être en parfait accord avec ses propositions — qu’ils ont toujours défendues. Cet opportunisme est écœurant.
«Ici, les visages sont rayonnants», raconte Guillaume Daret en direct du QG d’Arnaud Montebourg. Au passage, je remarque que les militants de la secte insurrectionnelle regardent i>télé sur un écran géant. Or, quelques instants plus tard, quand Valérie Astruc intervient en direct du siège du PS, je découvre encore un écran géant diffusant i>télé. Il semblerait qu’elle soit devenue la chaîne officielle des putschistes. Je quitte donc France 2 pour y jeter un coup d’œil.
Je ne m’étais pas trompé. Sur i>télé, on célèbre sans se cacher le succès de l’idéologue Arnaud Montebourg. Le présentateur appelle son envoyé spécial en direct de son QG. Se voyant à l’écran, les militants de la gauche radicale se mettent à hurler sans discontinuer. Impossible pour le reporter de s’exprimer. Voilà ce qui arrive quand on travaille dans une chaîne anarchiste : c'est le règne de la cacophonie.
Je préfère zapper sur BFM-TV, un îlot de résistance où Olivier Mazerolle, Ruth Elkrief et Etienne Gernelle (directeur de la rédaction du
Point) débattent dans la sérénité. Mais je suis consterné par les nouvelles données. Les serments d’allégeance au leader de l’ultragauche ne cessent de se multiplier. Jean-Marie Le Guen, en direct du QG de François Hollande, affirme «légitimes» les questions posées par Arnaud Montebourg. Marie-Noëlle Lienemann, «députée et soutien de Martine Aubry», y va aussi de sa flatterie : «Ce qui est important, c’est le bon score d’Arnaud Montebourg, qui incarne une certaine vision de la gauche avec des thématiques que Martine Aubry partage.»
Soudain, le sous-titre de BFM-TV est modifié. «Marie-Noëlle Lienemann, députée» est remplacée par «Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice». Ça y est ! La VIe République de Montebourg est arrivée ! Le Sénat et l’Assemblée nationale ont fusionné ! L’ultragauche a commencé à saccager nos institutions. Justement, un écran éblouissant annonce : «Vous vivez en direct la cohue qui entoure Arnaud Montebourg», annonce le présentateur de BFM-TV, basculant lui aussi dans le culte de la personnalité. Après cet intermède, il donne la parole à Marine Le Pen, qui s’exprime par téléphone. «Je vois avec beaucoup d’optimisme le résultat d’Arnaud Montebourg. Il a des propositions qui ressemblent aux miennes.» Horreur ! Si l’ultradroite se rallie à l’ultragauche, c’en est fini de notre démocratie.
Que faire ? Prendre les armes, le maquis ? Sur le plateau de BFM-TV, Olivier Mazerolle, Ruth Elkrief et Etienne Gernelle pianotent frénétiquement sur leur téléphone portable. «Vous avez reçu un texto personnel ?» demande le présentateur à Ruth Elkrief. «Oui, apparemment Manuel Valls appelle au plus large rassemblement derrière François Hollande.» J’ai du mal à y croire. Cela fait déjà cinq minutes que l’information figure à l’écran :
Ruth Elkrief aurait donc reçu un SMS d’un téléspectateur de BFM-TV qui l’avertirait d’un sous-titre défilant devant elle ? Ce n’est pas crédible. A mon avis, la journaliste est en train de réserver un billet de train ou d’avion pour quitter la France au plus vite. Olivier Mazerolle, c'est certain, l’imite. Il débite des résultats soi-disant arrivés par texto «du camp de François Hollande mais de quelqu’un qui se trouve à Solférino».
Or, BFM-TV a déjà un envoyé spécial au siège du PS qui vient de donner les mêmes résultats. Olivier Mazerolle a donc lui aussi menti. Comme 96 Français sur 100, il cherche à fuir le pays.
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