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épouser, ou rompre

Publié : 26 déc. 2012
par superuser
anya a écrit :Il y a ce qu'on pense et ce qu'on doit faire. Parfois ce sont deux choses qui s'opposent. (...) Oui ce n'est pas simple mais faut-il choisir et avons-nous vraiment le choix ? Moi, je sais que je ne l'ai pas.
Peut-être pensez-vous ne pas l'avoir ?

A titre de métaphore, je vous donne l'exemple d'une personne qui vit en couple avec quelqu'un qui lui fait la vie dure et qu'elle n'aime plus. Ou elle reste avec pour des raisons financières/matérielles ou de bienséance, mais continue à vivre l'enfer. Ou elle s'en sépare pour ne plus souffrir, quitte à en chier financièrement/matériellement et socialement. Dans les deux cas, il y a un prix à payer : celui de la servitude, ou celui de la liberté.

Tout choix est difficile et demande des sacrifices. Tout choix implique des avantages et des inconvénients, et ce n'est pas parce qu'on se libère de ses chaînes que la vie redevient facile. Mais ce qui est essentiel, c'est de se sentir en conformité avec soi-même. Car rien ne fait plus souffrir qu'une position schizophrène (injonctions contradictoires, dissonance cognitive). Comme le préconise Lordon, il faut ouvrir son angle alpha… pour soi : faire en sorte de s'écarter au maximum du désir-maître. Ce qui est aussi une lutte de tous les jours.
anya a écrit :Mais ont-ils vraiment choisi ?
Personnellement, je n'ai pas choisi de me faire virer au bout de 10 ans de maison et 20 ans d'activité professionnelle. Je n'ai pas choisi de me faire éjecter du train et de me retrouver sur le balast sans pouvoir ensuite remonter dans les wagons suivants malgré tous mes beaux efforts.
Après des années à vouloir escalader un nouveau train chaque fois plus bondé et à souffrir de mes échecs répétés pour réintégrer la norme, je me suis adaptée et j'ai fait le choix suivant : celui de rester pauvre parce que je n'ai pas d'emploi digne de ce nom plutôt que de rester pauvre tout en me faisant exploiter. Je me suis éloignée du balast pour m'installer dans le pré. Je considère que ma situation, aussi précaire soit-elle, est peut-être plus enviable que celle des voyageurs entassés comme des bêtes dans les wagons que je regarde passer : ils sont emportés à toute vitesse dans un mouvement qu'ils ne maîtrisent plus alors que moi, je garde les pieds sur terre.

La pauvreté n'est qu'un état matériel. Ce que j'ai perdu financièrement, je l'ai gagné intellectuellement. Je vis pleinement les idées exposées dans cette sélection de livres — article dont vous, Anya, êtes à l'origine. Cette résistance que je tente d'appliquer au quotidien me procure de la joie, même si j'en chie. Quand je compare ma vie actuelle avec ma vie d'avant, je me dis que j'ai plus gagné que perdu.

Mais je ne suis pas à votre place. C'est à vous de voir.

Re: épouser, ou rompre

Publié : 26 déc. 2012
par anya
A titre de métaphore, je vous donne l'exemple d'une personne qui vit en couple avec quelqu'un qui lui fait la vie dure et qu'elle n'aime plus. Ou elle reste avec pour des raisons financières/matérielles ou de bienséance, mais continue à vivre l'enfer. Ou elle s'en sépare pour ne plus souffrir, quitte à en chier financièrement/matériellement et socialement. Dans les deux cas, il y a un prix à payer : celui de la servitude, ou celui de la liberté.
Je ne trouve pas cet exemple approprié. Quand on est victime de violences, les choses sont plus complexes qu'on l'imagine. On peut avoir affaire à une personnalité perverse et manipulatrice. On peut se retrouver malgré soi dans une forme de sidération et être véritablement victime alors qu'on voudrait faire ce qu'il faut pour se protéger.C'est particulièrement le cas quand on est seul, isolé et en situation de faiblesse que l'agresseur ou le persécuteur tourne à son avantage. Ce sont souvent des situations très complexes d'un point de vue psychologique. La victime ne sait parfois simplement pas ce qu'elle devrait faire parce qu'elle a été habituée à un certain mode de relation ou qu'elle se sent honteuse ou coupable. C'est bien plus complexe qu'on le croit. Je pense aussi que cela n'a rien à voir. En ce qui me concerne, je sais bien que je n'ai pas le choix. Je m'en rends bien compte. Le fait même que j'entende sans cesse qu'il "faut" en est une preuve. Les gens ont souvent aussi tendance à simplifier les choses avec la bon vieux principe du "y a qu'à" ce qui prouve aussi d'une certaine manière qu'il n'y a qu'une possibilité de manière générale et que donc il n'y pas de d'autre choix.


Tout choix est difficile et demande des sacrifices. Tout choix implique des avantages et des inconvénients, et ce n'est pas parce qu'on se libère de ses chaînes que la vie redevient facile. Mais ce qui est essentiel, c'est de se sentir en conformité avec soi-même. Car rien ne fait plus souffrir qu'une position schizophrène (injonctions contradictoires, dissonance cognitive). Comme le préconise Lordon, il faut ouvrir son angle alpha… pour soi : faire en sorte de s'écarter au maximum du désir-maître. Ce qui est aussi une lutte de tous les jours.

J'en ai bien conscience mais cela ne résout rien et ce n'est même pas le problème. Toujours est-il que je ne me sens pas en conformité avec moi-même et que je n'ai pas le choix. Ce que propose Lordon me semble assez juste, mais en réalité c'est extrêmement difficile car nous nous n'avons pas le choix, nous sommes obligés de satisfaire aux exigences du capital.


Personnellement, je n'ai pas choisi de me faire virer au bout de 10 ans de maison et 20 ans d'activité professionnelle. Je n'ai pas choisi de me faire éjecter du train et de me retrouver sur le balast sans pouvoir ensuite remonter dans les wagons suivants malgré tous mes beaux efforts.
On ne choisi pas d'être exclu, en tous cas pas toujours mais on ne choisi pas de ne pas l'être non plus. Il faut être le mieux inséré possible quoi quel qu'en soit le prix. Si par malheur on fait partie de ceux qui se retrouvent éjectés, il faut se débrouiller pour revenir dans le système comme on le peut. Il n'y a pas d'alternative malheureusement.

Après des années à vouloir escalader un nouveau train chaque fois plus bondé et à souffrir de mes échecs répétés pour réintégrer la norme, je me suis adaptée et j'ai fait le choix suivant : celui de rester pauvre parce que je n'ai pas d'emploi digne de ce nom plutôt que de rester pauvre tout en me faisant exploiter. Je me suis éloignée du balast pour m'installer dans le pré. Je considère que ma situation, aussi précaire soit-elle, est peut-être plus enviable que celle des voyageurs entassés comme des bêtes dans les wagons que je regarde passer : ils sont emportés à toute vitesse dans un mouvement qu'ils ne maîtrisent plus alors que moi, je garde les pieds sur terre.
Je le comprends bien et je ne crois pas que la situation de ceux qui ont le privilège d'être encore dans le train soit souvent meilleure. Nous vivons dans l'un des pays où les individus souffrent le plus au travail, au point qu'ils sont souvent obligés de consommer des drogues pour supporter leur vie. Cependant, être riche est fondamentale dans notre société car l'argent est le seule chose qui importe vraiment et c'est aussi la seule chose qui vous permette d'être libre.
Et vivre dans la pauvreté, ce n'est pas une vie. Personne à mon avis ne mérite cela, qu'il soit employé ou non.
Certes, de manière on ne s'enrichit pas en produisant mais bien plutôt en spéculant par exemple, mais la majorité des individus adhèrent au principe de la méritocratie, du "travailler toujours plus" et s'il y a de plus en plus de travailleurs pauvres, il faut reconnaître que le travail salarié est pour une majorité malheureusement le seul moyen de survivre dans un système qui repose sur ce principe. Et donc cela implique toujours qu'il n'y a aucune autre issue, aucun véritable choix. La plupart des gens font ce qui est attendu d'eux sans plus interroger et ils ont probablement raison puisqu'ils ont l'habitude de dire qu'il ne faut pas se poser de question. Cela leur permet au moins de dormir en paix bien qu'entraînés dans ce mouvement qu'ils ne maîtrisent plus. Cependant, je doute qu'ils que cela les intéresse.



La pauvreté n'est qu'un état matériel. Ce que j'ai perdu financièrement, je l'ai gagné intellectuellement. Je vis pleinement les idées exposées dans cette sélection de livres — article dont vous, Anya, êtes à l'origine. Cette résistance que je tente d'appliquer au quotidien me procure de la joie, même si j'en chie. Quand je compare ma vie actuelle avec ma vie d'avant, je me dis que j'ai plus gagné que perdu.
Je comprends bien et si vous estimez y avoir gagné, vous êtes en harmonie avec vous-même. Tout le monde ne peut pas en dire autant malheureusement.

Mais je ne suis pas à votre place. C'est à vous de voir.
Ce n'est même pas à moi de voir en réalité. Ce sont le plus souvent les autres qui voient pour vous. Les gens bien intégré ont tendance à tous savoir. Je suis presque admirative. Le problème est que je ne vois pas comment on peut faire quelque chose sans y adhérer à moins de jouer en continuellement la comédie. Le plus logique serait donc le renoncement même si je trouve cela triste mais si ça se trouve, ce sont les partisans de ce système qui ont raison. Tout semble le démontrer.

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alors, épousez...

Publié : 26 déc. 2012
par superuser
anya a écrit :Je ne trouve pas cet exemple approprié. Quand on est victime de violences, les choses sont plus complexes qu'on l'imagine. On peut avoir affaire à une personnalité perverse et manipulatrice. On peut se retrouver malgré soi dans une forme de sidération et être véritablement victime alors qu'on voudrait faire ce qu'il faut pour se protéger. C'est particulièrement le cas quand on est seul, isolé et en situation de faiblesse que l'agresseur ou le persécuteur tourne à son avantage. Ce sont souvent des situation très complexes d'un point de vue psychologique. La victime ne sait parfois simplement pas ce qu'elle devrait faire parce qu'elle a été habituée à un certain mode de relation ou qu'elle se sent honteuse ou coupable. C'est bien plus complexe qu'on le croit. Je pense aussi que cela n'a rien à voir.
Quand je vous lis dans le détail, je trouve que ma comparaison est, au contraire, très appropriée... Les ressorts de la violence sociale sont exactement les mêmes.
anya a écrit :Etre riche est fondamental dans notre société car l'argent est le seule chose qui importe vraiment et c'est aussi la seule chose qui vous permette d'être libre. (...) Ce sont le plus souvent les autres qui voient pour vous.
Je suis consternée par vos propos. :shock:
anya a écrit :Toujours est-il que je ne me sens pas en conformité avec moi-même et que je n'ai pas le choix. Ce que propose Lordon me semble assez juste, mais en réalité c'est extrêmement difficile car nous nous n'avons pas le choix, nous sommes obligés de satisfaire aux exigences du capital. (...) Il n'y a pas d'alternative malheureusement.
Du Margaret Thatcher dans le texte. :evil:

Je vous laisse à votre dilemme.

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par tristesir
car l'argent est le seule chose qui importe vraiment et c'est aussi la seule chose qui vous permette d'être libre.
Libre de consommer davantage? Vous estimez à quel montant le prix de cette "liberté"? 5000 euros par mois? 10 000? 50 000?

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par nanard
... Il n'y a pas d'alternative malheureusement.
Rothé et Mordillat avait raison. Bel exemple du bourrage de crâne qu'ils décrivent parfaitement dans leur livre. Voir :TINA

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par Psidou
Bonjour,


Pour ma part c'était très difficile. Après les études, on pense sincèrement réussir dans la vie, puis viennent les enchaînements de CDD assortis de périodes de chômage puis de RSA. Je pensais sincèrement que pour garder un poste ou pour être "en poste" il fallait se donner à fond. La réalité m'a vite rattrapée, ce n'est pas parce que je me démenais au travail (avec une pression de dingue, des dossiers à n'en pas finir, assortis de stats quasiment toutes les semaines concernant mon taff ainsi que des collègues, qui va pulvériser le record?...) que j'aurais des primes loin s'en faut, j'ai appris sur le tas que c'était les "chefaillons" qui récoltaient le gros lot.

J'ai été presque au bord du désespoir parce qu'à un moment donné je me sentais inutile dans la vie et mes proches me l'ont reproché car se demandaient pk je ne travaillais pas puisque je possède des diplômes.

Puis je me suis repris en main, et j'ai découvert des personnes vivant la même situation que la mienne. D'ou mon intérêt pour l'insertion professionnelle. Et depuis que je suis CIP, j'ai appris énormément, et surtout, surtout à ne pas m'en vouloir, ni aux bénéficiaires que je reçois de ne pas trouver un emploi.
On est dans un contexte particulièrement difficile, avec peu ou pas de production d'emplois, il ne faut surtout pas culpabiliser parce qu'on "glande" selon certains :roll:

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par anya
nanard a écrit :
... Il n'y a pas d'alternative malheureusement.
Rothé et Mordillat avait raison. Bel exemple du bourrage de crâne qu'ils décrivent parfaitement dans leur livre. Voir :TINA

En effet, mais ce qui constitue un élément de propagande est aussi malheureusement l'unique réalité. Les alternatives qu'on peut imaginer ne sont pour le moment que de l'ordre de l'Utopie.

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par anya
Psidou a écrit :
C'est intéressant. Vous avez été soutenue ?

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par Paulina
Ben dis donc, c'est la déprime en fin d'année.

J'évite de me poser toutes ces questions. Je fais avec les moyens du moment. Si je ne travaille pas (cad la plupart du temps) je consomme peu et achète malin et me contente de ce que j'ai, même si je rêve de temps en temps de choses impossibles, mais pas luxueuses, sans avoir un emploi en cdi bien payé. Je préfère vivre au jour le jour sans me poser des tas de questions sur l'avenir que je ne maîtrise pas.
Lorsque je travaille (cad peu souvent) je me lâche un peu au niveau consommation, mais pas trop parce que je sais que je vais revenir à la situation de chômage.
Je ne me lamente pas sur mon sort, ce qui n'avancerait à rien, mais je garde toujours un espoir que la situation change dans le bon sens. :D

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 26 déc. 2012
par nanard
Les alternatives ..... ne sont.... que de l'ordre de l'Utopie.
Et si l'utopie n'était pas l'irréalisable mais plus simplement l'irréalisé ?

Image

borgne

Publié : 26 déc. 2012
par superuser
anya a écrit :En effet, mais ce qui constitue un élément de propagande est aussi malheureusement l'unique réalité. Les alternatives qu'on peut imaginer ne sont pour le moment que de l'ordre de l'Utopie.
Quelle résignation ! Une chose est sûre : avec les gens comme vous, rien ne changera.

Anya, vous êtes venue sur ce forum vanter des lectures progressistes (considérées comme subversives par les dominants) et qui vous ont, l'espace d'un instant, fait passer pour une rebelle éclairée alors que vous êtes, dans le fond, tristement conformiste... En voulant donner de vous une image qui ne vous correspond pas, vous ne trompez que vous-même !

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 27 déc. 2012
par Psidou
Bonjour,



Lol une blague digne dun 1er avril "l'argent est la seule chose qui vous permets d'être libre".

L'argent ne fait pas le bonheur des gens, même les "riches" en souffrent puisqu'ils sont constamment harcelés par des gens qui gravitent autour. Un simple exemple à donner, les bettencourt, sont-ils heureux ? Ils sont à couteau tiré les uns contre les autres se méfiant les uns les autres, avec coup bas and co est ce cela la vision de la richesse heureuse ?

Je préfère être avec ceux qui m'apprécient telle que je suis, sans être fausse ni donner une image de moi-même différente. La fausseté dans les relations avec les personnes peut être à double tranchant.

J'ai pas envie de ressembler à ces gens qui ont des conversations futiles, tiens ça me rappelle les Benali, qui étaient soifs d'une société blingbling avec les sacs gucci and co.
Mieux vaut être franc avec soi-même et honnête avec autrui que riche et suspicieux.

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 27 déc. 2012
par babyfootgirl
je fais des activités en attendant de trouver une formation où rentrer ! voir site : onvasortir.com

cela est super ! bonne fin d'année à tous et à toutes ! :)

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 27 déc. 2012
par bebert
Le rapport que l'on a a l'argent est pour une part importante dans l'apprehension que nous avons de notre bonheur. Et c'est vrai aussi qu'on se pose plus la question quand on n'en a pas. Nous n'avons pour la plupart jamais été riches. Je crois que pour nous ce ne serait pas l'accumulation de richesse qui pourrait nous rendre heureux, mais simplement le fait de savoir que nous ne serons pas dans la misère demain. Ce qui ronge un individu, c'est l'anxiété, pas le fait d'avoir un revenu modeste. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, en tous cas j'essaie... :wink:

Re: Comment faites-vous ?

Publié : 27 déc. 2012
par Trinita
bebert a écrit : Je crois que pour nous ce ne serait pas l'accumulation de richesse qui pourrait nous rendre heureux, mais simplement le fait de savoir que nous ne serons pas dans la misère demain. Ce qui ronge un individu, c'est l'anxiété, pas le fait d'avoir un revenu modeste. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, en tous cas j'essaie... :wink:
Je pense comprendre ! :) Sur le site, Superuser avait demandé, en gros, combien il nous manquait d'€uros, par mois. M'en sortant avec de faibles revenus, je m'étais dit que ce qui me manquait n'était pas tant une somme supplémentaire sur ce revenu que l'assurance d'avoir encore ce dernier dans un mois, six mois...
(Je n'avais pas laissé de commentaire, procrastinant, car il m'aurait fallu développer un peu avant d'en arriver à la conclusion).