Il ne faut pas confondre la "psychologie" et ses dérivés, qu'ils soient "de comptoir", mercantiles ou à visée idéologique, et la psychanalyse, qui a elle aussi mauvaise presse, hélas, via des clichés largement répandus comme celui que tu viens de pondre, Fredo...
La psychologie, c'est l'art de cerner l'autre pour l'aider à être heureux (notamment en vendant du papier

)… ou le manipuler. La psychologie, c'est comme la social-démocratie : c'est du
soft qui ne vise pas à remettre profondément en cause les rouages d'un système.
La psychanalyse, quand elle est exercée sérieusement, est
un prodigieux voyage au bout de soi-même qui aboutit à l'émancipation (car le vrai bonheur, il se trouve là, dans l'émancipation personnelle). Le psy n'est pas là pour pour te cerner, mais pour que tu te cernes toi-même : que tu saches qui tu es et pourquoi tu fonctionnes de telle ou telle manière, dans telle ou telle circonstance, afin que tu réagisses au mieux tout au long de ta vie.
fredo ettonio a écrit :Au lycée on nous a enfoncé dans le crâne toutes les théories délirantes de Sigmund Freud, nous naïvement on croyait que c'était vrai... Je te raconte pas comment ils nous ont rendu malades à nous persuader que tous nos problèmes viendraient du fait qu'on veut niquer nos mères

Quel stupide cliché !
Certes, Freud était un homme du 19e siècle, avec ses lacunes. Mais ce qu'il a initié a fait du chemin depuis.
Fustiger Freud aujourd'hui, c'est comme fustiger le communisme en l'assimilant à une dictature alors que, dans l'absolu, ce courant de pensée n'a rien à voir avec la dictature, bien au contraire.
L'invention de Freud, ensuite reprise et bonifiée par d'autres, est une méthode thérapeutique noble consistant, par un long travail de parole, à se défaire des multiples chaînes qu'on nous a collées dès l'enfance, puis tout au long de notre vie, afin de se sentir le plus LIBRE possible (car, dans l'absolu, la liberté n'existe pas).
J'ai personnellement, à deux reprises dans mon existence, fait plusieurs années de psychanalyse avec deux psys différents. Le premier était un type formidable : il a amorcé mon travail (car c'en est un). Comme souvent, on s'arrête parce qu'on croit qu'on est tiré d'affaire. Mais il me manquait des tas d'éléments et, quelques années plus tard, à l'occasion d'une rechute, j'ai réalisé que je devais poursuivre cette quête à peine entamée. Avant de trouver le second, qui était lui aussi un type exceptionnel, j'ai testé plusieurs psys qui ne me convenaient pas (car il faut qu'il y ait des atomes crochus). Fort heureusement, ça ne m'a pas arrêtée, et ce que cet homme m'a appris il y a quinze ans me sert encore aujourd'hui. Pour le rôle qu'il a joué en me permettant de trouver moi-même les clés qui me libèrent au fur et à mesure de mes chaînes, je lui serai éternellement reconnaissante.
Je ne supporte pas qu'on crache sur les psys parce qu'ils font un boulot difficile (se fader les loggorhées de leurs patients, c'est vraiment lourd…) mais indispensable (rester à l'écoute et guider chacun dans sa quête d'émancipation pour qu'elle aboutisse. Même si, pour certains, elle n'aboutit pas : ce n'est pas une recette magique, et il y a des gens qui n'en voient jamais le bout).
La psychanalyse est un tabou, sujet au dénigrement et au rejet : c'est bien dommage. Personnellement, si j'étais présidente de la République, j'obligerais, au même titre que l'éducation est obligatoire jusqu'à 16 ans, chaque individu à suivre dans sa vie au moins trois séances de psychanalyse, question de savoir ce que c'est (comme on le fait pour les dents des enfants ou les dépistages de cancer). Trois séances obligatoires, c'est rien : ceux qui n'en ont pas besoin sauront au moins en quoi ça consiste et s'ils en ont besoin un jour, ils auront moins de préjugés; et ceux qui en ont besoin auront peut-être envie d'aller plus loin. Il ne faut pas avoir peur de se regarder dans une glace et remettre radicalement en question ce qu'on est devenu. Il ne faut pas avoir honte de se faire aider quand on a l'impression de tourner en rond dans une cage et qu'on souffre. Au final, aller voir un psy permet de gagner du temps, beaucoup de temps.
La psychanalyse est dangereuse : elle est constamment attaquée, et ce n'est pas pour rien. Illustration :
fredo ettonio a écrit :pendant qu'on pense à des explications délirantes à la limite du discours de secte on oublie les vraies causes.
C'est faux. D'abord, il n'y a pas de "discours de secte" mais une introspection individuelle et personnalisée.
Au bout d'un long cheminement (il faut plusieurs années), une fois que la personne a des clés en mains, elle devient "dangereuse" parce qu'elle a appris se libérer des entraves que la vie — sa famille, son employeur, la société… — lui colle aux chevilles tout au long de son parcours.
Pour que les choses changent, il faut partir de l'individu, qui compose la collectivité. Une personne qui se sent bien dans sa peau, qui est en accord avec elle-même, devient ouverte aux autres : jamais l'inverse. Un maximum d'individus partis à la conquête de leur émancipation personnelle peuvent contaminer leur entourage et partir à la conquête d'une émancipation collective, donc s'employer à s'attaquer aux vraies causes du malaise général.
fredo ettonio a écrit :quelqu'un a voulu me faire plaisir en m'offrant une consultation chez un "psy spécialiste en recherche d'emploi" (...) Bon donc pour répondre à la question, à quoi peuvent bien servir ces charlatans... je dirais qu'ils servent à justifier leur salaire

Partout, dans tous les secteurs, il y a des compétents et des incompétents, des gens honnêtes et des charlatans.
Quand on décide d'aller voir un psy, on le cherche soi-même et on choisit celui qui convient. Se faire recommander "quelqu'un", pourquoi pas (d'ailleurs, qui était-ce dans ton cas ? Un proche, ou une institution ?), mais ce n'est pas parce qu'on te recommande "quelqu'un" que ça sera le bon. J'ai envoyé quelques ami(e)s chez mon dernier psy : pour certain(e)s, ça n'a pas marché et pour d'autres, oui.
Quoiqu'il arrive, je pense qu'un psy ne doit pas être "spécialiste en recherche d'emploi" : ce n'est pas son boulot. Un psy est là pour nous aider à accoucher de nous-mêmes dans un contexte global et à fourbir nos propres armes pour nous faire respecter dans ce contexte. Le fait de culpabiliser parce qu'on ne trouve pas de travail et de souffrir d'être sans emploi remonte toujours à plus loin que la situation présente. Un psy doit aider à comprendre pourquoi on culpabilise et pourquoi on ne supporte pas de ne pas travailler en nous faisant pénétrer dans la machine à remonter le temps.