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Jacques Sapir a écrit :Derrière l’Espagne se profile désormais très visiblement le problème de l’Italie. Ce dernier tient en deux termes : une dette qui représente 120% du PIB et une croissance très faible depuis des années, qui a été cassée par les mesures prises par Mario Monti depuis son accession au poste de Premier Ministre.
La politique de Mario Monti est aujourd’hui un échec : non seulement elle a cassé la croissance et plongé le pays dans la récession, mais encore elle provoque – par une rigueur fiscale accrue alors que l’État est notoirement mauvais payeur – une aggravation sensible de la situation des PME/PMI. Les recettes fiscales, qui ont plafonné en avril, ont commencé à baisser en mai. Comme il était donc prévisible, la politique de rigueur budgétaire, poussée à l’extrême, provoque une asphyxie de l’économie qui à son tour engendre une baisse des recettes fiscales. L’Italie, elle aussi, ne tiendra pas ses objectifs de déficit pour 2012.
Le problème se double d’une défiance accrue des banques et des entreprises italiennes vis-à-vis de la politique de Mario Monti. Cette défiance se manifeste par des sorties importantes de capitaux (en direction de la Suisse, de l’Allemagne et des Etats-Unis) et surtout par une raréfaction de l’offre d’épargne en échange des titres publics italiens.
Le résultat est la montée régulière des taux depuis le mois de mars. Ils sont aujourd’hui revenus au niveau de la fin de l’été 2011, un niveau qui est clairement insupportable pour le pays. Il faut donc s’attendre dans les semaines à venir à une dégradation rapide de la situation italienne, qui devrait conduire le gouvernement de Rome à solliciter vers la fin de l’été 2012 à son tour une aide de la zone euro.
Or, le montant de la dette italienne est largement supérieur à celui de la dette française et tourne autour de 2.000 milliards d’euros. Si l’Italie connaît une crise de liquidité, celle-ci sera à la hauteur de cette dette et les besoins en financement pourrait être compris entre 500 et 850 milliards d’euros.
On voit que ces montants saturent les possibilités du MES. Le drame espagnol, pour spectaculaire qu’il soit aujourd’hui, ne doit pas cacher que le problème fondamental sera celui de la dette italienne. Si l’Espagne perd la confiance des marchés (ce qui est d’ores et déjà acquis), la spéculation va se porter sur l’Italie. Comme l’aide européenne est en réalité en deçà des besoins de l’Espagne, la situation de l’Italie va désormais rapidement se dégrader.