Revenu universel

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Modérateurs : superuser, Yves

rsarnaque

Re: Revenu de base : financement ?

Message par rsarnaque »

l'allemagne est un pays ayant un gouvernement de précurseurs d'après ce que je lis dans le lien que tu donnes maguy , et encore , j'ai pas tout lu , mais c'est vraiment un gouvernement de précuseurs du pire ...

autrement je parlais du revenu de base lorsque je disais que ça semble plus avancé là bas pour ce qui est de l'étude du machin , mais comme en france , je crois qu'avant d'avoir un revenu de base on sera surement au cimetière :roll:
maguy

Re: Revenu de base : financement ?

Message par maguy »

Je viens de retrouver le lien d'un article que Diety avait écrit pour nous sur HartzIV et encore cela date de 2009. Depuis ils comptent les allocations familiales des pauvres comme revenus. Pour les Hartzis, pas pour les autres, pour les bourges déjà très friqués ils ne le font pas :evil:
http://www.actuchomage.org/Les-dossiers ... hartz.html
conundrum

Re: Revenu de base : financement ?

Message par conundrum »

Villepin à propos de son revenu citoyen : http://www.villepincom.net/magazine/rea ... _4525.html
lobozo

De Villepin propose la création d'un revenu citoyen ...

Message par lobozo »

MDR, même de Villepin est plus à gauche, enfin moins à droite, que DSK :roll: :roll:

http://www.liberation.fr/politiques/010 ... nu-citoyen

Pour la dignité, je propose la création d’un revenu citoyen

TRIBUNE

Par DOMINIQUE DE VILLEPIN Président de République solidaire.


Les peuples arabes nous tendent un miroir. Peut-on se réjouir de ce qu’on y voit ? Ecoutons ce qui se dit d’admiration, d’enthousiasme et de peur dans les rues, les cafés, à table en famille. Nous parlons d’eux, mais en fait nous nous posons des questions sur nous-mêmes. Qui voulons-nous être ? La vérité, c’est que nous nous sentons perdus. La République est à bout de souffle. Cette révolution arabe est une main tendue. Nous pouvons la saisir ou nous pouvons la rejeter. Ecouter l’espoir ou la peur. Ne prenons pas le risque d’un faux départ en imaginant déjà des flux incontrôlables, des théocraties meurtrières, un terrorisme déchaîné. Nous avons un destin commun, de part et d’autre de la Méditerranée et nous pouvons faire tomber des barrières érigées depuis près de cinquante ans, des mépris, des rancœurs, des cynismes. C’est le rôle de la France d’œuvrer à la réconciliation des deux rives. Il y a là-bas une formidable aspiration à la dignité. C’est le seul mot d’ordre.

Et chez nous, chez les éleveurs qui travaillent sans revenu ? Chez ces jeunes de banlieue qui jouent le jeu des diplômes, mais savent bien qu’ils ont quatre fois moins de chances d’emploi que d’autres ? Chez les chômeurs de longue durée qui se sentent baladés de formation en stage sans perspective, les plus jeunes pour qui l’entrée dans l’emploi est un parcours du combattant et les plus âgés qui s’en sentent expulsés ? Chez ces fonctionnaires orphelins de leur mission ? Chez ces exclus qui mendient parfois plus un regard qu’une pièce ? Le même mot d’ordre murmuré. Qu’on nous rende notre dignité.

Oui, il y a de part et d’autre une même aspiration à la dignité. Qui nous en prive ? La réponse est plus complexe ici que là-bas. C’est une accoutumance diffuse à l’indifférence, une acceptation de la compétition de tous contre tous, une soumission à la marchandisation du monde. Notre vie politique et médiatique s’est pliée au réalisme comme les diplomaties occidentales se sont rendues à la normalité de la dictature au nom de l’exception arabe. Le sentiment d’avoir trop à perdre et la loi de bascule des grands partis, avec ses petits arrangements entre ennemis et ses petits ajustements à la marge, nous ont condamnés au statu quo. La révolution de la dignité que nous appelons de nos vœux sans oser le dire à haute voix, c’est une reconquête sur nous-mêmes, un réveil des consciences. Faisons de l’indignation le levier de la dignité retrouvée, par une véritable refondation sociale.

Pendant des siècles l’humanité n’a eu d’autre but que d’assurer sa survie. La révolution industrielle, en deux siècles, a changé la donne. C’est la simple vérité que nous constatons chaque jour : il y a abondance, mais pas pour tous. Nous sommes une nation riche d’un long passé et d’un patrimoine accumulé. N’est-il pas naturel que chaque Français ait un droit sur l’héritage national ? N’est-il pas nécessaire de donner au citoyen la liberté de se consacrer aux choses de la cité, comme les jurés aujourd’hui ou les citoyens athéniens hier ? N’est-il pas utile de profiter du libre épanouissement des dons de chacun ? C’est vrai, hier ce n’était ni possible ni forcément souhaitable. En France, c’est devenu possible et souhaitable - à cause du chômage de masse, de l’éducation démocratisée, de l’émancipation des femmes - et tout au long du XXIe siècle, les pays développés se tourneront vers ces solutions simples, modernes, justes. Je propose la création d’un revenu citoyen. Il s’agirait d’un revenu garanti à tous, de l’ordre de 850 euros. Autant dire le strict nécessaire. Aucun luxe, tous ceux qui en vivent vous le diront. Mais un socle pour construire une vie digne et libre : ce revenu serait dégressif jusqu’à un niveau de revenus médian, autour de 1 500 euros. Enfin, ce revenu créerait l’engagement moral de poursuivre une activité - travail, formation, bénévolat associatif, engagement politique ou syndical, création artistique. Couplé à une réforme profonde de l’impôt sur le revenu, fusionné avec la CSG, rendu plus progressif et prélevé à la source, ce revenu pourra être versé en temps réel en cas de baisse de revenus, sans les retards désastreux qui sont la règle de nos allocations sociales. Il sera financé largement par un redéploiement d’aides existantes, par des économies de frais d’administration des aides et par des hausses ciblées d’impôts, TVA et tranches supérieures de l’impôt sur le revenu.

Ce revenu citoyen réglerait-il tout ? Bien sûr que non. Mais il serait un socle pour rebâtir notre république sociale et démocratique. Un nouveau départ pour rebâtir nos services publics, aujourd’hui en miettes. Il faut surmonter à la fois le tout-Etat et le tout-marché et remettre enfin l’intérêt général au cœur de notre république. La propriété privée n’exonère pas d’une responsabilité sociale. C’est pourquoi une régulation publique des intérêts privés est souvent nécessaire. La crise l’a prouvé, nous avons besoin d’un service public bancaire, tant pour les garanties envers les usagers que pour assurer des obligations de service public de financement de l’économie, en dirigeant le crédit vers les PME notamment. Nous avons besoin d’un service public du logement qui maîtrise les abus - logements vides, marchands de sommeil - et harmonise la demande et l’offre, par un cahier des charges avec contreparties concernant les loyers.

Un nouveau départ pour rebâtir notre conception de la citoyenneté. Un service citoyen obligatoire pour tous les jeunes et ouvert à tous les âges permettra le brassage social et l’engagement pour le bien public. C’est l’occasion de repenser le maillage de proximité pour nos services publics : médecins en dispensaires, adossés aux pharmacies, en milieu rural ou dans les quartiers sensibles ; enseignants au sein même des grands ensembles, assurant le soutien scolaire ; avocats assurant une aide juridique de proximité. Un nouveau départ pour rebâtir le dialogue social. Je propose que nous choisissions la voie d’une cogestion à la française, pour permettre la participation des salariés au destin de l’entreprise et aux décisions concernant la stratégie, les emplois, les salaires. Un nouveau départ, dans la dignité et dans l’espoir. Car il ne tient qu’à nous de reprendre en main notre destin.
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Re: blah blah blah

Message par superuser »

De Villepin a écrit :Il s’agirait d’un revenu garanti à tous, de l’ordre de 850 euros. Autant dire le strict nécessaire. Aucun luxe, tous ceux qui en vivent vous le diront. Mais un socle pour construire une vie digne et libre : ce revenu serait dégressif jusqu’à un niveau de revenus médian, autour de 1.500 euros.
Le strict nécessaire pour construire une vie digne et libre ? :lol: :lol: :lol:
De Villepin a écrit :Enfin, ce revenu créerait l’engagement moral de poursuivre une activité - travail, formation, bénévolat associatif, engagement politique ou syndical, création artistique.
C'est une lapalissade : personne n'a envie de rester les doigts de pied en éventail ! :roll:
(Et au lieu de dire "travail", il devrait dire EMPLOI.)
De Villepin a écrit :Couplé à une réforme profonde de l’impôt sur le revenu, fusionné avec la CSG, rendu plus progressif et prélevé à la source, ce revenu pourra être versé en temps réel en cas de baisse de revenus, sans les retards désastreux qui sont la règle de nos allocations sociales. Il sera financé largement par un redéploiement d’aides existantes, par des économies de frais d’administration des aides et par des hausses ciblées d’impôts, TVA et tranches supérieures de l’impôt sur le revenu.
C'est un peu le "modèle bâlois" (version libérale), mais en plus misérable...
superuser
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Re: Villepin l'opportuniste

Message par superuser »

N'oublions pas que l'inventeur du "suivi mensuel personnalisé", du "contrat nouvelle/première embauche" et du bouclier fiscal (entre autres…), C'EST LUI. :mrgreen:
maguy

Re: Revenu de base : financement ?

Message par maguy »

Oui, Sophie et je ne l'oublie pas et j'espère que pas mal de jeunes s'en souviendront, ce CPE de merde m'a fait faire mes premières manifestations même si je n'ai pas d'enfant (avec Actu of course) à plus de 50 ans.

Je n'avais pas vraiment de conscience politique, juste mon instinct qui me signalait les dangers.

Villepin, je ne connaissais pas trop, comme les autres, sauf ce dernier exercice français dont je pouvais être un peu fière quand à l'ONU, il a dit via Chirac "votre sale guerre en Iraq, on n'en veut pas" quitte à se/nous faire traiter de lâche. Je ne le savais pas encore, mais c'était le dernier coup de canon français, le chant du cygne, à l'époque où notre 1% de la population mondiale avait encore une voix.

Mais comme le souligne Sophie, c'est aussi l'homme du CPE, prêt à brader toute une génération, il ne faut pas l'oublier, Dominique-nique-nique.

Même si je n'ai pas d'enfant, je ne lui pardonnerai jamais, même s'exhibant en slip de bain au sortir des vagues :mrgreen:
Couplé à une réforme profonde de l’impôt sur le revenu, fusionné avec la CSG, rendu plus progressif et prélevé à la source, ce revenu pourra être versé en temps réel en cas de baisse de revenus,
J'ai déjà expliqué en long et en large de ce que je pensais des impôts prélevés à la source, d'ailleurs le réajustement en temps réel existe déjà.
Merde, qu'ils prélèvent à la source les revenus des capitaux, ça m'énerve :evil:
superuser
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Re: Revenu citoyen

Message par superuser »

J'avais mal lu !
Il limite ce revenu aux Français ayant des revenus inférieurs au revenu médian, qu'il fixe à 1.500 €.
Donc, on n'est pas dans le registre d'un revenu "universel" mais plutôt dans celui… d'un RMI de luxe.
conundrum

Re: Revenu de base : financement ?

Message par conundrum »

J'aimerais qu'il donne plus de détails, notamment savoir si ce revenu est inconditionnel, en dehors de l'histoire des 1500€. On ne passera jamais du système actuel au revenue de vie, en une seule étape, de toute façon.
superuser
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Re: Revenu de base : financement ?

Message par superuser »

Non, il n'est ni inconditionnel, ni universel. Relis sa tribune plus haut : il est limité à certains Français, et soumis à obligation.
Mona

Re: Revenu de base : financement ?

Message par Mona »

Sera-t-il candidat aux Présidentielles ?
Parce que je trouve que c'est un discours de candidat. Il sait que ça ne se fera pas alors il suggère pour se rendre populaire. Et oui beaucoup de français ont la mémoire courte en ce qui concerne le politicards, malheureusement.
Je savais pour le CPE mais je ne savais pas que le suivi mensuel personnalisé était de lui ! Ce qui est dingue c'est qu'aucun journaliste ne fait son taf correctement je trouve. Qui lui rappelle le CPE et le suivi mensuel ? Personne. Les journalistes sont mous, pas rentre dedans, faux culs.
C'est comme pour Jupé. Tout le ment semble se réjouir de sa nouvelle nomlination au gouvernement. Mais qui rappelle ses problèmes avec la justices (affaires des HLM) ? Personne, oublié, c'est devenu Monsieur propre.
Moi ils me font de plus en plus gerber.
superuser
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Re: Revenu de base : financement ?

Message par superuser »

Moi, je ne suis pas journaliste, mais j'ai fait ce travail de rappel et d'analyse :

http://www.actuchomage.org/201103011443 ... lepin.html
conundrum

Re: Revenu de base : financement ?

Message par conundrum »

Financement du revenu de vie : une bonne affaire pour les comptes publics ?
Le bal des idées politiques a ceci de commun avec le bal de jeunes premiers qu’il faut être recommandé pour y entrer. Pour les jeunes premiers par un organisateur. Pour les idées politiques par des économistes. Or, de ce point de vue, l’idée de revenu de vie n’est pas vraiment habillée à la dernière mode : devant les ratés du RSA, les mesures de rigueur budgétaire et les pistes de plus en plus sérieuses de privatisation de l’assurance maladie et autres prestations sociales, les modèles de financement d’une allocation inconditionnelle laissent les fiscalistes de marbre.

Sur la question du financement, les pistes proposées par les promoteurs de l’allocation universelle et du revenu de vie ne sont pas prises au sérieux par les économistes, note Marc de Basquiat, chercheur au Groupement d’économie quantitative d’Aix-Marseille. Et pour cause : la plupart des théoriciens ne sont pas des économistes eux-mêmes mais des philosophes qui cherchent d’abord à convaincre des courants de pensées politiques, notamment de gauche. Pour eux, taxer les flux spéculatifs ou les rentes sont des solutions. Pour les économètres, ce genre de plan de financement n’est pas solide. »

Conséquence de quoi, en ces temps où l’État se fait gestionnaire, le revenu universel reste à la marge des grands débats… alors même que certaines pistes de financement pourraient résoudre certains problèmes de gestion de l’État-providence.
Suite : http://owni.fr/2011/03/17/financement-revenu-universel/
superuser
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Re: Revenu de base : financement ?

Message par superuser »

Figurez-vous que feu Jacques Marseille était pour...


«Tant pis pour les paresseux» est bien, en effet, la seule réponse des partisans de l’«allocation universelle» à ceux qui pensent que tout homme est obligé de travailler pour avoir le «droit de vivre». Car s’il faut «contraindre» les salariés français à travailler pour qu’aujourd’hui 15% d’entre eux gagnent le SMIC, soit 1.000 euros nets par mois, comment construire sur cette «contrainte» une société moins aliénante et moins soumise à la précarité que celle dans laquelle sont aujourd’hui plongés trop d’entre eux ? En fait, le pari de l’allocation universelle est que l’insertion sociale ne peut se construire sur la contrainte mais sur la confiance placée dans les bénéficiaires de ce nouveau droit.

Une utopie, sans doute, pour tous ceux qui n’accordent aucune confiance aux individus et pensent que seule la contrainte de «gagner son pain à la sueur de son front» est le meilleur garde-fou contre la paresse. Un pari sur l’intérêt et la nature humaine pour tous ceux qui pensent au contraire qu’un individu préférera toujours cumuler ce revenu à un autre salaire, surtout quand ce salaire correspondra à un travail qu’il aura plus librement choisi. Dans notre hypothèse, en effet, un couple de smicards toucherait désormais 3.500 euros par mois (deux SMIC à 1.000 euros nets plus deux allocations universelles à 750 euros), au lieu de 2.000 euros aujourd’hui.

Utopie sans doute aussi pour ceux qui pensent qu’une telle somme est incompatible avec l’état des finances de la France. Pari fondé pourtant sur les comptes, pour ceux qui connaissent le bilan de la protection sociale en France. En 2007, l’ensemble des prestations de protection sociale versées par l’État aux Français a représenté 578 milliards d’euros, soit 29% du PIB, soit près de 60% du total des dépenses publiques, soit un peu plus de 9.000 euros par Français. 44,9% de cette somme sont constitués par les prestations vieillesse, 35,5% par les remboursements des dépenses de santé, 9,2% par les aides à la maternité et à la famille, 6,2% par les aides à l’emploi, 2,6% par les aides au logement et l,5% par les aides destinées à combattre l’exclusion sociale. Neuf mille euros donc par Français — le même montant que celui ici envisagé — pour des résultats qui ne sont toutefois pas à la hauteur des sommes engagées.

Si l’on versait une allocation universelle de 750 euros par mois à tous les Français âgés de plus de 18 ans et 375 euros à chaque Français de la naissance à l’âge de 18 ans, cette prestation sociale «révolutionnaire» représenterait 510 milliards d’euros. En échange, toutefois, l’instauration de ce revenu garanti de la naissance à la mort serait accompagnée de la suppression de nombreuses prestations aujourd’hui versées, un dispositif unique, simple à verser et totalement compréhensible, remplaçant le maquis des innombrables dispositifs de protection sociale existants. Seraient ainsi supprimé l’ensemble des sommes versées pour ne pas résoudre vraiment la question du chômage. Soit ce qu’on appelle les «dépenses passives», qui comprennent les prestations accordées aux chômeurs et les incitations au retrait d’activité, auxquelles il faut ajouter les «dépenses actives», qui sont l’ensemble des sommes consacrées à améliorer l’employabilité des salariés et à leur proposer un emploi : 76,5 milliards d’euros en 2006, soit 38.000 euros par chômeur recensé !

Seraient aussi supprimées les allocations familiales et l’ensemble des aides à la famille, qui représentent 58 milliards d’euros. Chaque ménage percevrait, en effet, la moitié de l’allocation universelle par enfant jusqu’à l’âge adulte, soit 375 euros par mois. C’est-à-dire bien plus que le montant des allocations familiales aujourd’hui versées (120 euros par mois au-delà de deux enfants). De la même manière seraient évidemment supprimées l’ensemble des bourses accordées aux lycéens et aux étudiants qui, à partir de l’âge de 18 ans, percevraient 750 euros par mois, soit bien plus que les bourses étudiantes les plus élevées, qui atteignent aujourd’hui 400 euros par mois. Seraient encore supprimées l’ensemble des aides au logement, dont le montant atteint aujourd’hui près de 15 milliards d’euros.

Seraient supprimés enfin les droits à la retraite, qui représentent à ce jour près de 180 milliards d’euros. Une véritable révolution dont il faut ici mesurer l’enjeu. Comme on l’a vu plus haut, notre système de retraite par répartition est condamné à la faillite dans la mesure où le ratio de dépendance démographique — qui désigne le nombre de personnes à l’âge de la retraite par rapport au nombre de personnes en âge de travailler — va quasiment atteindre 100 cotisants pour 80 retraités en 2050, alors qu’il était de 400 cotisants pour 100 retraités dans les années 1980 et de 1.500 cotisants pour 100 retraités au moment où il est entré dans la loi en 1945. En 2050, l’espérance de vie des hommes à 60 ans serait de 27,2 ans, contre 20,4 ans en 2000, et celle des femmes de 32,1 ans, contre 25,6 ans en 2000. A législation inchangée, chaque Français ayant travaillé toucherait quasiment autant en pension de retraite qu’en revenu d’activité. Un moindre mal s’il avait financé lui-même sa retraite. Un scandale s’il fallait faire peser cette charge sur les générations nées après 1970, qui seraient amenées à supporter la charge des retraites d’une génération qui a bénéficié de carrières longues et a laissé filer une dette dont les intérêts et le capital devront être remboursés par ceux qui «bénéficient» de contrats précaires et d’un avenir moins assuré.

En attribuant à chacun 750 euros par mois jusqu’à la mort, l’allocation universelle distribuée de la même manière à l’ouvrière qu’au cadre de la SNCF rétablirait totalement l’équité. Surtout lorsqu’on sait que cette ouvrière se voit aujourd’hui prélever près de 250 euros par mois sur sa rémunération totale pour payer la retraite de ceux qui vivront plus longtemps qu’elle et qui bénéficient de régimes spéciaux. Imaginons qu’elle place la même somme prélevée de son allocation universelle (250 euros) en placement sécurisé (à 4%) pendant quarante ans. Au terme de ces quarante années, elle disposerait d’un capital d’un peu moins de 300.000 euros, dont le rendement à 4% (soit 1.000 euros par mois) s’ajouterait à son allocation universelle de 750 euros. Un doublement de sa retraite actuelle ! Une arithmétique simple qui tend à démontrer — c’était le but de l’utopie ici proposée — que l’allocation universelle permet d’améliorer surtout le sort des pauvres tout en les incitant à travailler pour épargner une partie du «revenu garanti» qui leur serait distribué. Une arithmétique qui cherche surtout à prouver qu’un système de capitalisation couplé avec un revenu garanti est bien plus équitable que le régime actuel de répartition qui permet avant tout aux Français les plus protégés de faire financer leur retraite et leur santé par les plus défavorisés.

Dans ce nouveau système serait maintenu le remboursement des dépenses de santé, qui ont atteint 160 milliards d’euros en 2007, et qui resteraient à la charge de la solidarité nationale. Au total, à périmètre inchangé, les dépenses de protection sociale se monteraient ainsi à 670 milliards d’euros, 16% de plus qu’aujourd’hui, sans même prendre en compte l’économie que représenteraient la suppression des bureaucraties tatillonnes fort budgétivores et les gaspillages des sommes qui sont distribuées à tous alors que certains n’en ont nul besoin. Sans même prendre en compte le surcroît de recettes que représenterait la TVA sur la consommation supplémentaire des ménages bénéficiaires, qu’on peut grossièrement chiffrer à un peu moins de 100 milliards d’euros.

En somme, distribuer à chaque Français un revenu garanti pendant toute la vie ne coûterait pas beaucoup plus au budget de l’État-providence que le système actuel qui a réussi l’exploit de dépenser autant pour faire de la France le pays où le sentiment d’insécurité est le plus élevé. Bien loin d’être une méthode grossière et utopique de lutte contre la pauvreté, l’allocation universelle, dont le coût de distribution est négligeable au regard des dispositifs actuels, apparaît donc comme un moyen d’atteindre toutes les personnes pauvres à moindre coût.

Aurait-on pour autant résolu le problème des relations troubles entre les Français et l’argent ? Rien n’est moins sûr, sauf qu’à dépense égale, le pari en vaut certainement la peine. En garantissant tout d’abord qu’un emploi, même faiblement rémunéré, ne supprimerait pas l’allocation de base, elle conforterait, bien mieux qu’aujourd’hui, l’idée que le travail «paie». Versée automatiquement à chacun, sans égard pour sa situation familiale et ses ressources, l’allocation universelle revaloriserait en effet paradoxalement le travail. Certes, pour ses adversaires, elle pourrait encourager la multiplication d’emplois peu rémunérés. Reste que ces derniers ne trouveraient preneurs que s’ils sont suffisamment enrichissants, formateurs ou susceptibles d’ouvrir des perspectives de carrière. A l’inverse, il est vrai, les emplois repoussants et sans perspectives ne seraient pas favorisés. Faut-il s’en désoler ?

En offrant par ailleurs un revenu garanti sur lequel s’appuyer, l’allocation universelle faciliterait les va-et-vient, tout au long de l’existence, entre les plages de travail, les activités familiales et les moments de formation. En offrant une véritable bourse à tous les étudiants, en sécurisant un budget de consommation minimale, elle rendrait en effet plus facile pour tous le fait de ralentir ou d’interrompre des activités professionnelles afin de faire face à des obligations familiales, d’acquérir une formation complémentaire ou de se réorienter. Avec bien plus d’efficacité que la formation professionnelle qui engloutit aujourd’hui 24 milliards d’euros pour satisfaire la demande de ceux qui n’en ont pas réellement besoin. Loin de décourager l’envie de travailler qui est surtout liée, aujourd’hui, aux faibles perspectives d’ascension sociale qu’offre une société fort peu solidaire, l’allocation universelle serait au contraire susceptible de marier ce qui paraît pour l’instant incompatible : une sécurité indispensable et une flexibilité accrue du travail. Un bénéfice dont les femmes, qui subissent aujourd’hui plus que les autres salariés le temps partiel et les interruptions de carrière, sortiraient massivement gagnantes.

Enfin, en nourrissant une forme de patriotisme renouvelé autour d’un tel projet national de solidarité, cette allocation faciliterait l’intégration plus efficace de populations immigrées qui ne pourraient en jouir qu’en devenant citoyens français et qu’en adhérant aux valeurs d’une nation aussi exemplaire. Une véritable rupture par rapport aux allocations et subventions multiples distribuées sans conditionnalité et qui ne font qu’entretenir de vastes poches de personnes difficilement intégrables dans le système productif et souvent radicalement hostiles aux valeurs de la patrie qui les héberge et les nourrit.

A tous ceux qui pensent que cette allocation universelle est un fantasme d’excentrique, rappelons que peu de monde, à l’époque de Guizot, acceptait l’utopie du suffrage universel, les uns parce qu’ils le croyaient révolutionnaire, les autres parce qu’ils considéraient, comme les Constituants de 1789, que seul un homme riche pouvait avoir une opinion indépendante et que seule la richesse assurait un vote sincère et libre. N’oublions pas toutefois que la Déclaration d’indépendance américaine s’ouvrait en 1776 par ces mots : «Nous tenons pour évidentes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux, ils sont dotés par leur créateur de certains droits inaliénables au nombre desquels figurent la liberté, la vie et la poursuite du bonheur ; les gouvernements sont institués parmi les hommes pour garantir ces droits et ils tirent leurs justes pouvoirs du consentement des gouvernés.»

Mettre en place demain ce droit inaliénable à la vie pour tous les jeunes Français qui naissent et pour tous les jeunes Français qui atteignent l’âge de 18 ans coûterait aux finances publiques 11 milliards d’euros la première année, desquels il faudrait défalquer les allocations familiales et les bourses étudiantes. Une telle somme, qui représente moins de 1% des dépenses publiques, n’est-elle pas un pari sur l’avenir moins risqué que le financement d’un Revenu de solidarité active qui peine à répondre aux situations de pauvreté ?

C’est bien le paradoxe de cette allocation qui renvoie à la question d’un droit au revenu, c’est-à-dire d’un droit à la vie. Prestation destinée à libérer l’individu de la pression marchande, elle se présente aussi comme l’incontournable auxiliaire du marché en permettant aux plus pauvres d’accéder aux «choses» livrées sur le marché. Prestation accordée sans condition, elle implique le démantèlement de tous les secours et contrôles étatiques. Prestation accordée à tous, elle satisfait en partie l’idéal communiste qui est de permettre à chacun de vivre en partie «selon ses besoins». A condition toutefois que chacun reconnaisse en même temps que c’est le progrès historiquement réalisé par les logiques du marché qui permettrait son instauration. Une voie libérale vers le communisme, en somme !

http://www.libgauche.fr/allocation-univ ... marseille/
superuser
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Re: Revenu de base : financement ?

Message par superuser »

conundrum a écrit :Financement du revenu de vie : une bonne affaire pour les comptes publics ?

Suite : http://owni.fr/2011/03/17/financement-revenu-universel/
Merci pour cette excellente synthèse !
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