J'ai hésité longtemps avant de poster sachant que ma prise de position bien différente des autres forumeurs sur ce post allait très certainement "troubler la sérénité des débats", pour parler politiquement correct.
Je suis ancienne RMIste diplômée. Je dis ancienne, parce qu'actuellement, je travaille et ce, sur un poste passionnant même s'il est pour l'instant précaire, mais avec la perspective d'une transformation en poste pérenne.
Ah ça, je crois avoir tout connu en fait de galères de RMI, de manque d'argent, de contrats ultra-précaires ou sous-qualifiés, etc.
Mais je ne me retrouve pas dans les complaintes et les assertions des forumeurs de ce post. C'est le moins que l'on puisse dire. J'ai commencé à sortir de mes galères en 2003, par un changement d'état d'esprit. Non, tout n'est pas noir ou impossible dans la vie mais il faut savoir ce qu'on attend exactement de l'existence. Personnellement, je n'ai jamais attendu d'un diplôme le
droit au super-poste qualifié, bien payé et stable. En sortant de fac, voire même en y rentrant, il était clair pour moi que je ne m'orientais pas forcément vers le plus facile sauf à me diriger droit vers l'enseignement puisque je suis sortie avec une maîtrise de langues. J'ai tâté des concours d'enseignement et très vite compris que ce n'était absolument pas mon rayon. Quoi faire alors ? Eh bien, humblement, après une longue période de flottement, j'ai pris le parti d'adjiondre à mon diplôme une qualification professionnelle. En-dessous de mon niveau, pas forcément le métier dont je rêvais la nuit étant petite, mais avec un potentiel de polyvalence suffisamment intéressant pour mettre en valeur mon autre diplôme. Une maîtrise de langues, sorti de l'enseignement, ne sert pas à grand-chose dans l'absolu mais les choses changent lorsqu'on y adjoint une qualification professionnelle. Pas pour autant que je m'endormis sur mes lauriers ; sortant de l'AFPA, je ne cherchais pas forcément et exclusivement le poste d'assistante de direction ultra-prestigieux. J'ai eu la chance de trouver très vite un remplacement de six mois qui, même si ce n'était pas le Saint-Graal niveau paie (mais j'avais de quoi vivre), m'a mise en confiance. D'ailleurs, il m'arrive encore de faire des traductions pour mon ancien chef après la fin de mon contrat.
Puis j'ai connu une période de chômage assez longue. Je continuais à postuler sans désemparer. Je susi embauchée - en CDI - pour organiser le travail administratif et pour servir de traductrice dans les deux langues. Poste proposé/imposé par l'ANPE, 1300 € brut par mois. Tout ça pour me retrouver bonne à tout faire. J'ai pris le risque de lâcher ce poste au bout d'un mois parce que je n'avais pas les moyens de travailler correctement avec un patron certes voyant grand mais agissant petit. Je précise à cet égard que si la paie était maigre mais que le poste avait été "top", je serais restée. Non que je sois particulièrement humble mais je préfère un poste certes mal payé par rapport à ce au quoi je pourrais prétendre mais intéressant et avec une haute exigence de qualité.
Après deux mois, je me vois proposer des petits contrats pour une institution européenne. dans le genre contrat ultra-précaire, on fait difficilement pire mais la paie est bonne. Vient le temps où on me propose un contrat plus long, je suis toujours en poste à ce jour. Et je suis très contente de mon boulot qui est intense, polyvalent, d'une grande densité technique et exigeant du point de vue de la qualité. Je travaille dans un environnement multi-culturel prodigieusement intéressant, avec des collègues à côté desquels parfois je me sens bien petite... Mais ça en vaut largement la peine. Quant au salaire, surtout pour une personne qui devait survivre avec moins de 380 € par mois au RMI, il n'y a pas photo.
Je sais très bien que ma situation est encore très précaire. Je ne sais pas où je serai l'an prochain et je le garde dans un coin de ma tête avant de me lancer dans des projets pharaoniques. D'ailleurs, je m'en fiche un peu. Je vis très bien, je n'ai pas de dettes, pas de charges élevées - je profite simplement de la vie. Mon travail demande beaucoup d'investissement personnel, j'ai organisé ma vie en fonction de ça et je ne regrette pas une seconde mon choix de travailler parfois 50 heures par semaine, ça en vaut la peine. Pas pour mon ego personnel, mais parce que je pense qu'on ne travaille pas pareil quand on s'intéresse à son boulot. J'imagine très bien qu'une personne diplômée s'ennuie ferme dans des postes sous-qualifiés avec un salaire faible par rapport à ses qualifications. Mais je pense aussi que c'est uen question de mentalité.
Forcément, une personne avec un diplôme d'ingénieur l'aura saumâtre de se retrouver à des postes de technicien, une assistante de direction ayant travaillé dans des entreprises prestigieuses aura peut-être du mal à accepter de travailler dans une PME sans tâches exigeantes et sans un salaire à hauteur de ce qu'elle avait mais finalement, qu'est-ce qui fait que certaines personnes l'acceptent bien et d'autres non avec le risque de "ramer"
ad vitam aeternam ? Quel plaisir peut-on bien trouver au fait de "crever de faim" en se croyant perpétuellement incompris et mal considéré et ce sur des mois, voire des années ?
Et c'est là que je bloque un peu sur ce post. J'y pressens un manque de respect pour le travail. Vous pouvez tout à fait me reprocher un côté très "germanique" de ce point de vue. Mais je ne fais qu'exprimer une notion de respect de soi. Quand je lis comme certains sont prêts à saboter leur travail s'ils jugent leur paie trop maigre, je ne sais pas s'ils ont conscience que c'est eux en premier qu'ils sabotent. Cela manque singulièrement de cohérence d'être exigeant sur les postes proposés quand on oublie d'être exigeant avec soi-même, dans ses actes comme dans ses propos. Personnellement, j'aurais beaucoup de mal à faire mal mon travail sur une longue période parce qu'alors, je n'aurais aucune considération pour moi-même. Je trouve extrêmement regrettable de laisser circuler sans réaction autant d'incitations à l'immobilisme. Une statue de pierre, c'est joli mais c'est immobile et le temps l'use quoiqu'on fasse.
Si vraiment il insiste, tu oublies de prendre une douche une semaine avant, tu ne te rases pas, tu traines les pieds, mâches du chewing gum Tu rotes, tu bégaies
Il y a plein de trucs pour se rendre inconsommable
Cela dénote une attitude complètement irresponsable, Maguy, bien dans le ton de ce post. Ca fait du bien à l'égo, je le conçois, mais ça ne fait pas avancer d'un centimètre. De la part d'un adolescent, je n'aurais pas vraiment de problèmes avec cette attitude, mais de la part d'une femme adulte, là, c'est vraiment immature.
PS : Pour ceux que cela intéresse, je n'ai jamais été une pro-Sarkozy. J'exècre ce démago de premier acabit mais je n'en pense pas moins des partisans du "tout-social" de tout poil.