Voici quelques réactions politiques à l'idée de Wauquiez :
Obliger les allocataires du RSA à un «service social» de cinq heures par semaine, plafonner les aides sociales à 75% du SMIC: à gauche et dans les milieux associatifs, les propositions de Laurent Wauquiez pour mettre un terme aux «dérives de l'assistanat», que l'ex-ministre de l'emploi qualifie de «cancer de la société française», font l'unanimité contre elles. Les réactions.
Le cancer, c'est le chômage
«Le cancer de la société ce n'est pas l'assistanat, mais le chômage. Ce qui manque, c'est l'emploi», souligne Bruno Grouès, de l'Uniopss, qui regroupe les principales associations du secteur socio-sanitaire. «Aujourd'hui, il y a un chômage qui est LE cancer de notre société», estime aussi le socialiste David Assouline.
«Les emplois manquent tout comme manquent les moyens en termes d'accompagnement des personnes», ajoute l'Association nationale des assistants de service social (Anas) dans un communiqué.
Les «assistés» stigmatisés
Le RSA, «ce n'est pas de l'assistanat», critique Marie-George Buffet. Il concerne «des personnes qui sont au bout des allocations chômage, qui sont au bout de tout», a réagi l'ex-secrétaire nationale du PCF.
La «sortie [de Wauquiez] est une insulte à l'égard de tous ceux et de toutes celles en situation de précarité, de pauvreté qui se trouvent ainsi discriminé-e-s et montré-e-s du doigt», pointe le NPA dans un communiqué.
Manuel Valls y lit une volonté de «désigner les chômeurs, ceux qui bénéficient du RSA comme (...) les boucs émissaires de la crise».
Wauquiez «donne les plus fragiles en pâture aux classes moyennes», estime l'Anas. Le mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) se dit aussi «indigné» de ces propositions et accuse le ministre de «stigmatiser toute une frange de la population».
Présidente de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale, Nicole Maestracci, contactée par libération.fr, dénonce «les arrière-pensées» qui se cachent derrière ces propositions. «Cela stigmatise des gens qui n'ont qu'une envie: retrouver du travail», s'insurge-t-elle. Au lieu de «dresser une population contre une autre, les classes moyennes contre les plus pauvres», il faudrait, défend-elle, «mettre en place un véritable accompagnement des demandeurs d'emploi, parmi lesquels figurent les bénéficiaires des minimas sociaux».
Accents frontistes
La CFDT tacle un ministre qui «se dit de la "droite sociale", mais ça frise plutôt avec la droite extrême».
«Ce discours vise à se positionner dans le discours ambiant sur le fait qu'il y aurait à la fois des chômeurs qui seraient des profiteurs et des étrangers qui profiteraient de notre système social», estime le secrétaire national Laurent Berger.
Olga Trotiansky, adjointe au maire de Paris chargée de la lutte contre l'exclusion estime elle aussi que la proposition fait «le lit du FN en parlant de "profiteurs du système"».
Le RSA en question
Encourager le retour au travail des allocataires des mininas sociaux, c'est précisément ce qu'ambitionnait le RSA, «mais la crise est passée par là et Pôle emploi s'est avéré incapable de faire face, note Nicole Maestracci. En guise d'accompagnement renforcé, on a des rendez-vous une fois par mois avec des conseillers débordés», critique-t-elle.
Martin Hirsch, le créateur de ce dispositif, n'a pas souhaité réagir aujourd'hui. Mais dénonçait, mi-avril, une «fausse bonne idée». L'ancien secrétaire d'Etat aux Solidarités actives fulmine, sur son blog: «La dénonciation de l'assistanat, mise en sourdine par la crise, a repris de la vigueur ces dernières semaines. La menace électorale du Front national risque de favoriser une course tête baissée vers des propositions démagogiques, dangereuses parce qu'inefficaces.»
L'ancien Haut commissaire aux Solidarités actives s'élève contre le principe du travail gratuit et craint qu'elle n'instaure une «concurrence déloyale» dans les entreprises. Martin Hirsch estimait aussi, à l'occasion du Forum de Rennes, que «tout travail mérite salaire».
C'est ce qu'il préconise, notamment, dans le courrier qu'il a envoyé à Marc-Philippe Daubresse. Le secrétaire général adjoint de l'UMP a été chargé d'une mission d'évaluation sur le RSA. Une convention de l'UMP sur la justice sociale, à laquelle Martin Hirsch espère bien être invité, doit se tenir début juin.
Wauquiez mordicus
Le ministre des Affaires européennes estime avoir lancé un «débat salutaire». «On a tout le concert des bien-pensants et du politiquement correct qui veulent que rien ne bouge. Aujourd'hui, la principale injustice dans la société française, c'est cette faiblesse de différentiel entre les minima sociaux et les revenus du travail», a-t-il déclaré à l'AFP.
Source :
http://www.liberation.fr/societe/010123 ... e-wauquiez