Je me retrouve vraiment dans votre post, j'ai été éduc lors de mon dernier emploi et j'ai travaillé avec des jeunes dans une structure délinquante. Et non l'inverse ou si peu. Bref, j'avais bcp de mal à leur expliquer pourquoi c'était si génial de trouver sa place dans le trafic, nous étions sensés faire de l'insertion. Les jeunes à qui l'on peut dire de se battre pour réaliser ses rêves et blablabla n'ont en principe pas besoin d'un éduc spé. Ceux dont je m'occupais n'avaient pas de rêves hormis le bling bling et la tuerie généralisée, donc, j'allais pas leur dire de se battre pour leurs rêves

Par contre, je me suis battue et j'ai déployé des ruses de sioux pour leur ouvrir de nouvelles perspectives, notamment en leur faisant visionner des films tels que "les enfants du marais", "into the wild" ....en leur lisant des contes ...en jouant au scrabble avec eux...en cuisinant des gâteaux ...etc etc. Car je crois que c'est là l'important, les ouvrir à d'autres manières de vivre pour qu'un jour ils puissent faire un choix un peu plus éclairé.
J'aimais ce métier difficile et comme vous je ne trouve plus d'emploi dans le secteur, et il est fort probable que ce soit parce que je suis repérée vu que je suis partie pour "désaccord éthique"-restons pudiques- avec l'encadrement. Le monde du social est un tout petit monde dans lequel les gens se connaissent et se reconnaissent. Si vous faites pas partie du club, vous êtes vite centrifugée, d'autant que dans le social, il faut maintenant des rééducateurs rentables et dociles et bien formatés plutôt que des éducs qui ont une stature et un minimum de jugeote.
Moi aussi, je me ronge les ongles, parce que j'ai un grand ado à élever qui n'est pas sorti de l'auberge et que je suis seule. De plus, pour vivre et payer mes factures et rien que cela, (pas d'écran plat chez moi ni même de vacances, pourtant dieu sait si j'en ai rêvé de partir une semaine voir l'océan avec mon gamin) j'ai contracté des crédits qui aujourd'hui ne sont pas pris en charge because motif de licenciement non recevable.
Vivre avec un minimum ne me fait pas peur, j'ai la chance d'avoir un jardin et de bien me débrouiller avec des ressources naturelles et je l'ai déjà vécu, je maîtrise correctement. Ce qui m'angoisse et me bouffe mon énergie, c'est la peur de ne plus pouvoir faire face financièrement, d'être harcelée par la banque, soucis que je n'avais pas auparavant. Moi non plus je ne sais pas comment faire, et comme pour vous, la rentrée de septembre risque d'être olé olé quand je serai en fin de droits. Alors OUI, on peut être très heureux au chômage une fois qu'on est débarrassé de sa culpabilité, mais quand on a des dettes, c'est horrible.