comment garder le moral?

[TRIPLE BUSE]

Oui, le but est bien de tenir !!!

Voici mon témoignage : Comme beaucoup ici, des jours avec et sans (dents de scie). J'ai conscience de m'être isoler, je vis seule sans enfant avec l'ass et ma famille ( je les remercie) qui ne me laisse pas tomber. Coté boulot, j'ai laché l'affaire depuis un bon moment avec l'impression d'avoir les pieds dans la boue. Obligé de mentir ou bien dissimuler ...Pas dans ma nature. J'ai clairement perdu confiance en moi. Deux ans de chomage déjà, ca passe vite.

J'ai une vraie pensée pour tous ceux qui viennent ici sur ce forum et merci à vous tous d'intervenir régulièrement pour aider, commenter et débattre.
Je viens vous lire tous les jours.

Ces temps derniers, quelque chose (conviction ?) me fait dire qu'il y a forcément une sorte de troisième voie à trouver...
La valeur travail est mise à mal, j'en suis bien triste depuis longtemps. Pourtant, séniors que nous sommes et mis au rencard, nous avons moult richesses et experiences à partager et je me demande encore quel intérêt notre société trouve-t-elle à nous écarter et s'acharne à nous faire culpabiliser alors qu'il n'y a plus assez de boulot pour tout le monde.
Parfois, je me traine "la loose"...Mais, j'essaie de garder le moral et passer une journée après l'autre du mieux que je peux.

Après tout, c'est souvent la vie qui gagne. Alors une heure de bonheur et de sourires, cela n'a pas de prix et vaut bien tout l'argent du monde !!!

[Poussin]

Garder le moral c'est réussir à garder l'espoir que demain ça ira mieux. J'ai 37 ans, et je trouve que c'est de plus en plus dur. Comme je bosse dans le domaine social, j'ai eu l'occasion de lire depuis des années que les exclus étaient là où on ne les attendait pas, le travail n'étant plus protecteur.
J'ai commencé ma carrière à 26 ans, je sortais de la fac et je comprenais que mes études n'avaient servi "à rien". J'ai passé six ans dans un job qui me rebutait, mais j'avais mon chez moi (très petit) à Paris (le rêve avec le recul) même si je galèrais avec mon salaire minable. Je n'étais pas heureuse, mais j'étais jeune et j'avais plus d'espoir qu'aujourd'hui. Un harcèlement m'a poussée à quitter mon travail. J'ai rencontré quelqu'un, et un nouvel horizon c'est ouvert. Mais j'ai fait encore de mauvais choix d'orientation ou en tous cas pas assez réalistes. J'ai échoué à un concours, et depuis c'est la précarité. J'ai eu le malheur (encore que le chômage détruit efficacement les couples) de me séparer entre temps et depuis bientôt deux ans, j'ai squatté alternativement chez mon ex et chez mes parents (à 900 km de distance). J'ai cru m'en sortir en trouvant un CDI fin 2012, mais le service a fermé ! Et maintenant, c'est le black out..Comme je suis hébergée j'ai la "grande chance" d'éviter la pauvreté qui devrait être le corolaire de ma situation. Aujourd'hui, je vis dans une grande incertitude et la peur de l'avenir. J'ai conscience que cela pourrait être encore pire. Je crois que ce qui aide à tenir c'est les amis et la famille. Mais paradoxalement, il est très difficile d'entretenir les liens lorsque l'on souffre, d'autant que les chômeurs sont isolés. Tous mes amis ont des situations plutôt confortables ou pour le moins très stable (fonctionnaires). C'est dur de ne pas avoir honte, de ne pas se culpabiliser (après tout j'ai fait de mauvais choix, j'ai suivi mon désir et j'en paie le prix).
C'est très misérabiliste, et je devrais voir le verre à moitié plein je suppose, mais je me suis souvent demandée comment les générations de nos grands parents avaient pu survivre à la guerre, et pour les miens à la maladie et la mort. Etait-ce réellement pire que ce qui nous attend ??? Car je sais que même un travail ne peut sauver aujourd'hui...

[bebert]

Aujourd'hui, je vis dans une grande incertitude et la peur de l'avenir.

C'est également le cas de beaucoup de gens qui travaillent... Dans notre monde capitaliste, il faudrait une forte croissance pour recommencer a y croire... Finalement, c'est peut être plus simple de changer le monde...

[maguy]

je me suis souvent demandée comment les générations de nos grands parents avaient pu survivre à la guerre, et pour les miens à la maladie et la mort.

Ils avaient le système D et sans doute plus d'entraide qu'aujourd'hui. Ils savaient aussi se contenter de peu.

Votre dernière partie de phrase est un peu nébuleuse... La maladie guette beaucoup de gens et la mort est inéluctable.

[bebert]

Ils avaient le système D et sans doute plus d'entraide qu'aujourd'hui. Ils savaient aussi se contenter de peu.

Il n'y avait pas la télé pour aider à la destruction des rapports sociaux... Le système D existe toujours, mais face à un monde plus complexe il demande plus de compétences. Pas sûr qu'ils se contentaient de peu... Je serais intéressé par un ratio entre ce qui est "achetable" sur le marché et ce qu'un prolo peut réellement se payer aujourd'hui et il y a soixante ans. Je pense qu'il y a soixante ans ils avaient moins de "besoins" inassouvis...

[maguy]

C'est vrai que ma mère ma racontait les veillées entre voisins et amis.

Pas sûr qu'ils se contentaient de peu...

Ben, si pas le choix puisque tout était rationné. Et encore chez ma mère les hommes n'étaient pas réquisitionnés puisque les mineurs étaient exemptés de STO.

Tout le monde dans les corons avaient un petit potager, quelques poules et lapins. Bien sûr, ils n'avaient pas de besoins énormes, ils devaient manger de la viande une fois par semaine et le soir c'était une soupe. J'ai retrouvé quelques habitudes qui font qu'on peut survivre.

[bebert]

Premier scoop : Maguy est du Nooooooooord... (ou tu nous rejoues Germinal ?)

Deuxième scoop : Maguy n'est pas une extraterrestre, la preuve, elle peut faire une faute...

Tout le monde dans les corons avaient un petit potager

C'etait juste un trait d'humour pour vous aider a garder le moral...

Pour revenir au débat, tu crois que la situation de pauvre est moins dure aujourd'hui qu'hier ? Je ne sais pas...

[Invité]

après tout j'ai fait de mauvais choix

Bonjour, Poussin. Merci pour votre témoignage que j'ai trouvé très touchant.
Je vous trouve très sévère avec vous même. Les choix que vous avez faits ont été certainement les bons au moment vous les avez fait.

[maguy]

Pour revenir au débat, tu crois que la situation de pauvre est moins dure aujourd'hui qu'hier ? Je ne sais pas..

Je suis suffisamment âgée pour avoir connu un peu tout. Le problème aujourd'hui reste surtout sur les envies, donc frustrations.

Quand je dis aux gens que je n'ai même pas de portable, je suis considérée comme un ovni. Alors que j'en ai eu un que j'ai laissé tomber quand on est passé à l'euro.

On se crée des besoins alors qu'en analysant un peu, on peut réduire son train de vie. Autrefois, ce n'était pas bizarre de porter les fringues des ainés (bon ce n'était pas la même qualité) ou de n'avoir qu'une paire de chaussures. Aujourd'hui, c'est le regard de l'autre qui prime sur le simple bon sens.

[bebert]

Pour revenir au débat, tu crois que la situation de pauvre est moins dure aujourd'hui qu'hier ? Je ne sais pas..

Je suis suffisamment âgée pour avoir connu un peu tout. Le problème aujourd'hui reste surtout sur les envies, donc frustrations.

Quand je dis aux gens que je n'ai même pas de portable, je suis considérée comme un ovni. Alors que j'en ai eu un que j'ai laissé tomber quand on est passé à l'euro.

On se crée des besoins alors qu'en analysant un peu, on peut réduire son train de vie. Autrefois, ce n'était pas bizarre de porter les fringues des ainés (bon ce n'était pas la même qualité) ou de n'avoir qu'une paire de chaussures. Aujourd'hui, c'est le regard de l'autre qui prime sur le simple bon sens.

D'accord avec toi. Question de réduire son train de vie, tu prêches un convaincu. J'ai commence a m'entrainer alors que rien ne m'obligeait a le faire...

Les envies, quand tu n'as pas la télé et que tu vis en cambrousse, tu les limites au minimum...

[Invité]

T'as pas la télé ? Mais qu'est-ce que tu fais le soir ? que demandent en chœur mes collègues d'usine... (moi je ne te demande rien, hein )

[bebert]

(moi je ne te demande rien, hein )

Moi, je te réponds quand même... Je regarde la télé d'un œil chez la Beberette, (in english ) et de l'autre je lis ce qui se poste sur Actu...

Mais ce n'est pas tous les soirs. Bientôt le temps nous permettra de passer nos soirées dehors, en attendant de voir les chauves souris remplacer les hirondelles...

[Poussin]

Pour revenir au degré de satisfaction de nos aînés, effectivement je crois qu'ils avaient moins de besoins, parce qu'il n'y avait pas cette foutu télé pour nous agiter tout un tas de trucs sous le nez. Il y a aussi la proximité avec la guerre et de ses horreurs, mais aussi le fait que la médecine a fait des progrès considérables en 50 ans (on a gagné 30 ans d'espérance de vie). Bien sûr que la vie sera toujours "précaire", avec pour finalité la mort et donc la maladie (ça par contre c'est la seule certitude). Ca on ne peut pas l'éviter, c'est inéluctable. Par contre ce qui ne l'est pas c'est d'obliger les gens à travailler sans aucune contrepartie et dans la souffrance. Et ça en revanche c'est loin d'être le cas de tout le monde (hormis les membres de ce forum).
Je pense à l'instar des spécialistes du sujet que la frustration est nécessaire au plaisir et que le bonheur ne consiste pas à avoir tout sur un plateau, au contraire. Mais je suis persuadée que qu'on ne peut pas aller bien quand on vit tout le temps dans la précarité et la souffrance. L'être humain n'a eu de cesse au cours de l'histoire a rechercher la stabilité à défaut de la permanence. Il y a des limites à l'adaptation, en partie individuelles, et à trop vouloir les repousser on peut basculer dans la maladie. Et j'en reviens au message de départ : "comment garder le moral" ? Il faut coûte que coûte rester en lien avec les autres, garder une activité qui met en mouvement le corps et l'esprit, pour ne pas ruminer notre inquiétude. C'est une véritable gestion de soi, qui permet de tenir en attendant mieux. Et là encore, ce n'est pas qu'une recette personnelle.
La question étant, jusqu'où peut-on tenir ?

[maguy]

il n'y avait pas cette foutu télé pour nous agiter tout un tas de trucs sous le nez

Et faire naitre le désir de choses.

Je résiste sans trop de mal les pubs sont tellement stupides et/ou machistes qu'au contraire, je ferais presque une liste noire de ce que je ne VEUX pas.

Il faut coûte que coûte rester en lien avec les autres, garder une activité qui met en mouvement le corps et l'esprit, pour ne pas ruminer notre inquiétude.

Mmouais... à quoi sert de chercher de la compagnie si on est soi-même mal dans ses baskets ? On risque juste d'être classé dans les ennuyeux, tristes, bref pas fréquentables. Mais ceci n'est que mon avis.

[bebert]

la médecine a fait des progrès considérables en 50 ans (on a gagné 30 ans d'espérance de vie)

Je ne le crois pas. On nous balance des statistiques la-dessus qui tendent a le laisser penser, mais je ne crois pas que l’espérance de vie aie vraiment augmente, plutôt qu'un nombre considérable de gens vit -un peu- plus vieux... En fait, le privilège de la vieillesse, (qui est le seul moyen qu'on ait trouve pour ne pas mourir) s'est un peu démocratise...

De tous temps, les gens qui ont eu des vies confortables et épanouies ont vécu jusqu’à des ages très similaires a ce qu'on trouve aujourd'hui. Pour nous, ça ne va pas être franchement le cas... (comment garder le moral ? Lisez mes posts... )