Comment faites-vous ?

[romain23]

Accepter et renoncer. C'est la seule issue.

Accepter , oui, parce que l'on est pas responsable de la situation économique et de la fabrication du système.

Mais RENONCER, non jamais! On sait ce qu'on vaut et de plus etre passé par où on est passé , avoir survécu, pris des forces et de la CONSCIENCE, ce sont des qualités qui ne permettent PLUS de renoncer.

Ne pas devenir Mouton et etre Libre, c'est de cela que la plupart des gens sont jaloux, le reste , leur belle maison, leur belle voiture, leur beau jardin, leur petit caniche de sac, et la dernière rollex, ne les rendent meme pas heureux...

[anya]

Je te plains sincèrement. Quoique tu dises tu restes un bon petit soldat totalement soumise aux codes inculqués dès le premier biberon aux classes modestes.


Oui, je m'efforce d'être un bon soldat parce que je n'ai pas d'autre choix. C'est la seule manière de survivre dans un monde sans pitié qui ressemble plus à une jungle qu'autre chose. J'ai bien conscience de ce que j'écris mais je me rends bien compte aussi que toute résistance est vaine, qu'il faut adopter la seule manière de penser possible, c'est à dire celle de la majorité quitte à accepter tout et n'importe quoi. Ces codes ont été inculqués à toutes les classes sans distinction. C'est tout le système qui fonctionne ainsi.Donc, oui, je sais que je dois devenir un parfait soldat, un parfait robot puisque c'est ce qu'on attend de moi et que c'est la seule manière de survivre. C'est ça ou la folie.



Il te faut quémander, supplier pour le droit de vivre, pis quoi encore ?

Les paroles sont une chose mais comme le disent la plupart des gens : il faut être réaliste. Etre réaliste dans ce monde consiste entre autres à accepter, obéir, se soumettre, supplier et quémander.

Et je me fiche de ce que les autres pensent de moi. Ce n'est pas une attitude bravache (j'ai passé l'âge) mais ma conviction profonde. D'ailleurs, plus personne ne s'y risque...


Tu t'en fiches, soit. Dans certaines cas c'est sans importance mais dans d'autres c'est ta vie qui en dépend. Quand il faut se vendre et convaincre qu'on fera un bon soldat, il est difficile d'ignorer le fait qu'on te jugera. C'est valable pour tout. C'est la règle j'observe par ailleurs que se comporter en bon soldat qui ne pose pas de question et ne fait pas de vagues est considéré comme une preuve indiscutable de maturité.

Il y a même de braves travailleurs qui m'envient : toi, tu as de la chance, blabla. Et bien venez au chômage les amis si c'est si bien que ça

Ces braves travailleurs t'envient peut-être ou déclarent t'envier mais je suis certaine que pour rien au monde ils ne prendraient ta place. La vie m'a appris qu'il y a très souvent une grande différence entre ce que les gens croient penser et ce qu'ils font en réalité. Nombreux sont ceux qui pensent que vivre en prison est une bénédiction mais très rares ceux qui aimeraient croupir dix années dans une cellule.

[bebert]

Je ne vais pas me faire de potes, mais je trouve que vous vous posez beaucoup de questions. Qu'est-ce que ca peut vous faire ce que les autres pensent de vous ? Ils viennent souvent vous demander ce que vous pensez d'eux ?

Vous avez tous des talents, des savoir-faire, aussi petits soient-ils, essayez d'en faire un peu de monnaie sans vous occuper des patrons, des statuts et de tout le reste, a quoi bon quand on n'a pas le choix ?

[maguy]

Je rejoins Romain qui est une résistante aussi. Ce n'est pas crier bêtement "veux pas, veux pas", la résistance commence par la façon de PENSER. Encore faut-il être armé pour cela, c'est à dire informé autrement que par les JT.

J'ai bien conscience de ce que j'écris mais je me rends bien compte aussi que toute résistance est vaine, qu'il faut adopter la seule manière de penser possible, c'est à dire celle de la majorité quitte à accepter tout et n'importe quoi

Jamais je n'ai accepté et n'accepterai n'importe quoi. D'ailleurs, les employeurs qui m'avait choisie dans le passé ne voulaient pas de quelqu'un de mou, d'obéissant, ils avaient besoin d'une personnalité marquée sachant prendre ses distances. Cela ne s'invente pas.

Je ne veux pas, ni ne peux penser comme la majorité : je suis MOI avec mon propre cerveau. A part me lobotomiser, je ne vois pas comment je pourrais me rabaisser à la pensée unique distillée par d'autres.

Je précise que je suis en ASS depuis 11 ans et demi et j'habite Paris, où comme chacun sait la vie est très bon marché...

Ah, je vois mon bébert

a quoi bon quand on n'a pas le choix ?

Je me demande s'il ne s'agit pas du plaisir douteux de pleurer sur soi.

Comme cela ne sert à rien, ben je ne pleure pas, et voila

[anya]

Je me demande s'il ne s'agit pas du plaisir douteux de pleurer sur soi.

Comme cela ne sert à rien, ben je ne pleure pas, et voila

Grossière erreur. Je ne pleure pas. Je constate. Ensuite même si c'était le cas, je ne vois pas en quoi c'est interdit. A moins que ce soit un interdit de plus. Chacun peut bien pleurer sur lui si ça lui chante. En tous cas je ne me permettrai jamais de juger qui le ferait. Mais bon, visiblement on ne se comprend pas. Ce qui est certain c'est que si vous ne pleurez pas sur vous, nul ne le fera à votre place. C'est chacun pour soi.

[maguy]

Chacun peut bien pleurer sur lui si ça lui chante.

Bien sûr, cela m'arrive aussi, mais disons que ma pudeur m'interdit de le faire en public. C'est très intime je trouve.

[tristesir]

La plupart des gens se fichent du sort des autres tant que tout va bien pour eux. Certains échapperont au chômage parce qu'ils sont plus "adaptés" que d'autres. J'emploie sciemment les concepts employés par les partisans du darwinisme social. Etre adapté dans notre système signifie aussi être docile et malléable. C'est aussi une manière de faire de l'insécurité une norme.

Vous savez qui va échapper au chômage vous? En tout cas, je sais que beaucoup de gens qui méprisent les gens au chômage (on ne peut pas dire que les médias dominant fassent un travail d'explication correct sur ce sujet) et qui se croient protégés ("j'suis pas un fainéant moi") seront à leur tour broyés par le système. L'une des raisons est qu'ils prennent de l'âge chaque année

Je vous invite à regarder la vidéo postée en début de fil de messages:
http://www.actuchomage.org/forum/index. ... =viewtopic
pour avoir une idée de comment le monde marche.
et puis vous pouvez consulter notre fil de message sur les "plans de licenciements"', "dépôts de bilan", et "liquidations judiciaires":

http://www.actuchomage.org/forum/index. ... =viewtopic

L'INSEE prévoit la suppression de 75 000 postes de travail (hors fonction publique) au premier semestre 2013.
Combien parmi ces gens qui vont perdre leur emploi en 2013 se sentent "protégés" et n'ont que mépris pour les sans emplois?

[superuser]

je réalise maintenant que l'argent est la chose la plus importante au monde. (...) Se comparer aux autres est probablement la pire des choses mais on n'a pas le choix. (...) Je ne pensais pas ainsi avant, mais il faut être lucide. (...) je crois qu'on est contraint à un moment donné d'adopter la pensée unique pour ne pas devenir fou, même si cela équivaut à renoncer à soi-même.

Je ne vous reconnais pas...
Où est passée l'Anya qui nous recommandait de lire Corinne Maier, Paul Lafargue ou Bertrand Russell ???

Visiblement, vous souffrez de vos propres contradictions. J'espère que ça va vous passer et que vous choisirez enfin votre camp.

[jym]

Je suis beaucoup moins stressé depuis que je suis au chômage, repenser à la schizophrénie et à l'incohérence du temps de mon boulot me détresse au besoin , mais c'est rare

[Trinita]

Donc, oui, je sais que je dois devenir un parfait soldat, un parfait robot puisque c'est ce qu'on attend de moi et que c'est la seule manière de survivre. C'est ça ou la folie.

Moi, j'essaierais la folie.
D'ailleurs, sérieusement, des fois je me dis que je dois être un peu "décalé", pour ne pas tomber, ne pas déprimer. Peut-être que dans les moments plus difficiles, j'arrive à me mettre dans une sorte d'état second, (sans drogue ni alcool), à moins que ça ne soit que de la mélancolie à une dose un peu plus forte que d'habitude.

Après m'être fait virer, (harcèlement , calomnies, saloperies...), j'ai passé des mois à ruminer, tout en étant à fond dans la recherche de boulot. Puis vint le printemps. J'ai réalisé que j'avais les temps, (celui qui passe et celui qu'il fait), et que je serais idiot de ne pas en profiter. Promenade, campagne, air. J'en suis encore à ça après quelques années. Mes quelques balades ne me rapportent pas un centime, mais je ne considère pas que ce soit du temps de perdu. Au contraire. (Bien sûr je nuancerais si je n'avais plus de quoi me nourrir, me loger...)

Pour lutter contre le sentiment de culpabilité, je m'informe, j'essaye de piger au mieux les mécanismes. (Tout en essayant aussi d'éviter les prédicateurs de malheurs, ceux pour qui on est toujours à l'avant veille d'une calamité, de la guerre civile, etc, sinon... état second )

[maguy]

Pour lutter contre le sentiment de culpabilité, je m'informe, j'essaye de piger au mieux les mécanismes

Très sage je trouve. Quand on comprend pourquoi et comment, on est tout de suite moins vulnérable.

Tout en essayant aussi d'éviter les prédicateurs de malheurs, ceux pour qui on est toujours à l'avant veille d'une calamité, de la guerre civile,

N'oublie pas la fin du monde, ah zut, on l'a ratée

[Trinita]

N'oublie pas la fin du monde, ah zut, on l'a ratée

Ah oui, je pensais même pas à ça .

Et parmi les informations aidant à la déculpabilisation, quand j'ai su combien Nico allait toucher après son job de cinq ans, ça m'a bien aidé.

[anya]

Visiblement, vous souffrez de vos propres contradictions. J'espère que ça va vous passer et que vous choisirez enfin votre camp.

Oui ce n'est pas simple mais faut-il choisir et avons-nous vraiment le choix ? Moi, je sais que je ne l'ai pas. Alors, oui, il y a des moments où on s'interroge vraiment, où l'on se remet en question, où l'on doute, où l'on se demande si on n'est pas un extraterrestre perdu dans un monde auquel on n'a rien compris comme vous le font remarquer avec arrogance et mépris ceux qui savent et qui manifestement ont choisi leur camp. Mais ont-ils vraiment choisi ? Je me rappelle l'interview de Frédéric Lordon pour son livre Capitalisme, désir et servitude, Marx et Spinoza. J'ai trouvé cela très fort et très juste. Mais cela soulève encore d'autres questions et un épineux problème. Il y a ce qu'on pense et ce qu'on doit faire. Parfois ce sont deux choses qui s'opposent.

[anya]

Et parmi les informations aidant à la déculpabilisation, quand j'ai su combien Nico allait toucher après son job de cinq ans, ça m'a bien aidé.

Oui mais lui estime l'avoir mérité, comme tous ses supporters et il est loin d'être au chômage. Il fait même partie de Sages.

[tristesir]

Il y a ce qu'on pense et ce qu'on doit faire. Parfois ce sont deux choses qui s'opposent.

On doit faire parfois des compromis. Mais je ne me souviens pas avoir fait de compromis très violent ces derniers temps.