Re: le droit a se former est une loterie surtout a l'afpa
Publié : 20 juin 2012
Pour mieux comprendre le fonctionnement de l'AFPA, le Canard Enchaîné de ce jour nous livre quelques éclaircissements :
Malformation professionnelle
Le ministre du Travail, Michel Sapin, doit déjà faire face à un risque majeur : celui du naufrage de l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Selon un document confidentiel qui vient de lui être remis, cette énorme structure est menacée d'un déficit de 179 millions d'euros à la fin de cette année, sur un budget total qui tutoyait le milliard en 2010. Or son banquier historique, Dexia, se trouve dans l'incapacité de lui fournir le ballon d'oxygène de 20 millions indispensable à sa survie... notamment pour payer une dette de 18 millions à la Sécu.
Sapin a décidé de recevoir les syndicats de l'Afpa de toute urgence, mardi 19 juin, quelques jours seulement après la démission du président, Jean-Luc Vergne (un ancien dirigeant du groupe Peugeot). Mais, pour les représentants du personnel, c'est la mauvaise tête qui est tombée. Depuis des mois, ces derniers demandaient celle de l'homme qui détient l'essentiel du pouvoir, le directeur général, Philippe CaÏla, ancien directeur adjoint du cabinet d'Eric Woerth à Bercy.
Quand il a pris, en 2009, les commandes du service public de la formation, celui-ci formait chaque année 181 000 stagiaires (dont 120 000 chômeurs). Depuis, le chômage a explosé et Sarko n'a cessé de claironner l'importance de la formation pour faire face à la concurrence mondiale. Mais, fin 2011, le nombre de stages Afpa était tombé à 160 000 (dont 92 000 chômeurs). Pendant que le navire fait eau, la croisière s'amuse... Un rapport d'audit rédigé par un inspecteur général des Finances, Pierre Lepetit, note qu'en 2011 l'Afpa a déboursé 19 millions en honoraires versés à des cabinets de consultants qui devaient contribuer à la « mise en œuvre du plan de transformation ». Succès total.
Une chambre en ville
Plus rigolo : toujours selon l'inspecteur Lepetit, Caïla s'est fait offrir « un bureau de passage » dans le centre de Paris pour 36 000 euros par an, une adhésion à l'Automobile Club de France (droit d'entrée : 3 500 euros), une autre à l'Association pour le rayonnement de l'Opéra de Paris (3 500 euros), une troisième au Club LCI (3 588 euros), un abonnement au Forum francophone des affaires (5 900 euros). Autant de menues dépenses tout à fait indispensables pour former les chômeurs aux métiers du bâtiment.
Les syndicats, quant à eux, dénoncent le loyer déboursé pour les cinq derniers étages d'une tour qui domine Paris, sans oublier une flotte de 60 voitures, principalement réservées à la direction, un budget de communication énorme (6 millions en 2011), etc.
Ces petites libéralités seraient jugées vénielles si, dans le même temps, Caïla avait porté ce service public à l'excellence. Mais, en trois ans, le budget de l'Afpa a chuté de 200 millions et la mise en cessation de paiements menace. Histoire de détendre l'atmosphère, l'actuel directeur général a fini par proposer sa démission pour septembre, mais le ministre du Travail pourrait bien le remercier avant cette échéance. Ça sent le sapin.
Alain Guédé