Bonjour,
Comme convenu, je réponds à Juicy.
Sans entrer dans le détail d’une affaire que je ne maîtrise pas,
je trouve sa requête tout à fait justifiée. Il apparaît, en effet, inadmissible qu'une indemnité transactionnelle versée à un salarié licencié (en "réparation" d'un préjudice tel qu’un "harcèlement moral", qu’une "incompatibilité d'humeur"…) diffère sa prise en charge par le régime d'assurance-chômage.
Et, on en arrive à la situation absurde où la réparation d'un préjudice réel, d'un traumatisme moral ou d'un quelconque abus de ce genre, passe finalement dans les poches de l'UNEDIC (comme l'explique simplement Juicy).
C'est une question importante qui ne concerne pas que les "chômeurs riches" (sous-entendu ceux qui toucheraient d'importantes indemnités de licenciement), mais tous les chômeurs qui peuvent être confrontés à cette situation.
C'est donc bien une
question de Justice sociale et non d'intérêts "corporatistes".
Bon, maintenant que c'est dit, c'est là que les choses se compliquent (comme dans bataille des "Recalculés de l'Assedic" à laquelle nous avons participée en 2003/2004).
Si les modalités d'indemnisation des chômeurs sont fixées par les partenaires sociaux de l'UNEDIC,
elles sont "agrées" par le gouvernement.
À ma connaissance, le sujet que soulève Juicy relève donc… malheureusement du Conseil d'État. Il faut donc contester
l'agrément du Gouvernement (qui, en quelque sorte, à valeur de loi) auprès du Conseil d'État (comme nous l'avons fait dans le cadre de l'affaire des "Recalculés de l’Assedic").
Le seul moyen de contester l'agrément du ministre de l'Emploi est de trouver une faille juridique (relevant du Droit administratif et non du Droit du travail).
En 2003/2004, nous avions fait appel à un des cabinets d'avocats les plus compétents sur ces questions : le Cabinet Lyon-Caen.
Nous nous heurtons ici à plusieurs problèmes :
• Tout d'abord,
le coût financier d'une telle procédure : étude du dossier, recherche des éventuelles failles, puis recours juridique à proprement parler.
• La nécessité de
mener une action collective (réunissant un nombre de plaignants significatifs) pour partager les coûts et donner plus de poids à la démarche.
Pour le moment, Juicy est la seule personne à nous avoir alertés sur ce sujet. Autant dire que nous aurons la plus grande difficulté à réunir un nombre significatif de plaignants pour engager une procédure (rappelons ici que lors de l'affaire des "Recalculés de l'Assedic" qui concernait 850.000 chômeurs, seuls 35 ont porté plainte à Marseille et une vingtaine à Paris !).
Après, il convient de soumettre ce dossier (assez simple en apparence mais très complexe sur son aspect "droit administratif") à un cabinet d'avocats comme le cabinet Lyon-Caen.
Si notre association peut participer aux coûts induits, elle ne peut supporter seule tous les frais d'étude… voire de procédure si une ou plusieurs failles sont décelées et validées par l’avocat.
Voilà pour le contexte juridique.
Pour le contexte politique,
ne comptez surtout pas sur les "députés" pour intercéder en votre faveur… de gauche comme de droite.
J'en reviens encore à l'affaire des "Recalculés de l'Assedic" qui concernait 850.000 chômeurs. Nous avons été plusieurs dizaines à alerter TOUS les députés par mails, téléphone, et même lors de rendez-vous, et ce pendant 4 mois.
Nous n'avons réussi à obtenir quelques courriers de soutien et qu'une QUESTION posée au gouvernement par un député PC, si je me souviens bien. Maigre, très maigre…
Autant dire que la marge de manœuvre sur les plans juridique et politique est plus qu'étroite.
Mais je pense qu'il faut creuser ce sujet car il s'agit bien d'une INJUSTICE.
La réparation d'un préjudice ne devrait pas être assimilée à un salaire !
Juste un bémol pour finir : L'article de Juicy mis en ligne par ma camarade Sophie/SuperUser (dans la colonne d'actualité d'Actuchomage) ne sert pas sa cause.
Juicy aurait du s'en tenir au "factuel" et éviter le "passionnel".
Pour donner toute sa pertinence à la dénonciation d'une injustice, il faut garder un peu de distance, éviter les "appels" au peuple, les raccourcis… Donc, s'en tenir aux faits, décrypter les modalités d'application, poser les questions essentielles, interroger le lecteur…
Mais Juicy est très impliqué dans cette affaire qui le met hors de lui. Et je le comprends.
Juicy, je reste à ta disposition :
contact@actuchomage.org
Yves Barraud
Président de l'asso.