Publié : 31 mars 2007
La mondialisation est passée par là, avec l'acceptation par ces partis de gauche du libéralisme en tant que système économique incontournable voir unique.diety a écrit :Serait-ce un phénomène qui se généralise en Europe?
Claude Cabanes a écrit :La punition de Muriel
Ouf ! Depuis hier, les patrons français dorment sur leurs deux oreilles du sommeil du juste. Et ils s’apprêtent à répondre, sans délai et avec ardeur, à l’appel qui leur a été lancé du haut d’une revue très chic : «Faites des profits, augmentez vos revenus !». Le problème, c’est que cette forte prière a été lancée par Ségolène Royal en personne dans les colonnes de l’hebdomadaire Challenges. L’ennui - qui n’en est pas un pour eux - c’est que les patrons n’ont pas attendu la candidate du Parti socialiste pour travailler à leurs bénéfices. C’est même ce qu’ils savent faire de mieux. Pour le reste - l’embauche, la démocratie, la transparence, la patrie, etc… - ils sont beaucoup moins performants. Mais les profits, c’est leur truc, toutes les statistiques régulièrement nous le claironnent. Ils vont donc mettre les bouchées doubles pour ne pas faire mentir une si belle proclamation.
Cet épisode de la campagne électorale nous jette dans une sorte de confusion entre le chagrin et la pitié. Et l’on a quelque pudeur à employer les grands mots, mais il le faut : Madame Royal vole au secours de la victoire que le Capital remporte sur le Travail depuis plus d’un quart de siècle. Et elle aggrave son cas en précisant : «Il faut sortir de l’idéologie punitive du profit».
Punis, les profits ? Diable, alors qu’ils n’ont jamais été aussi immenses, aussi constants et aussi obscènes. Un écrivain disait hier, dans les colonnes d’un quotidien, la stupeur qu’il éprouve à penser que son travail dans une entreprise «vaut 400 fois moins ou 100 fois moins, ou 60 fois moins que le travail de ses supérieurs». Certes, ce n’est pas le cas partout, mais c’est la «scène générale» dans la société. Et sont donc réellement «punis» le tiers des Français qui vivent dans la pauvreté et la précarité, et un autre tiers qui vit dans la vulnérabilité, à la merci du moindre coup dur. Au fond, ce que Madame Royal nomme «l’idéologie punitive du profit» n’est que l’un des aspects de l’espérance séculaire de la gauche en une société moins injuste : moins dure aux pauvres et moins bienveillante aux riches.
Nous sommes par ailleurs extrêmement étonnés que les prétendus prétendants de première classe, M. Sarkozy et Mme Royal, ignorent avec superbe l’action de redoutables prédateurs qui attaquent la substance même de l’économie française. En effet, des fonds d’investissement, généralement américains - les vautours comme on dit - prennent pour cible tous les jours l’une de nos entreprises. Ils l’achètent, ils la dégraissent, ils la découpent, ils la débitent et la revendent, le tout trois fois plus cher. Comme les terroristes, ils sont sans visage : ils surgissent de la nuit et y retournent, leur forfait accompli. Cette «corruption» gagne du terrain très rapidement. Que propose M. Sarkozy ? Un service «invasion du capital étranger» au futur ministère de l’identité nationale ? Et Madame Royal ? D’agiter de petits drapeaux tricolores aux fenêtres ? De toute façon, le mal ne sera pas trop visible : les chiffres du chômage seront trafiqués, comme aujourd’hui.
Ah, j’oubliais ! J’oubliais mon amie Muriel, de l’Yonne. Elle conduit un car de ramassage scolaire. Elle aime conduire. Mais le soir, c’est un calvaire : elle a du mal à surveiller à la fois la route et ses 50 passagers adolescents qui s’agitent. Elle se sent très responsable. Alors, elle va laisser tomber. Pourtant, il suffirait d’un adulte accompagnateur dans son véhicule...
Alors, mesdames et messieurs ? Ne me dites pas que ce n’est pas possible, ou je tire.
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