Pendant ce temps, on évite de mettre en œuvre les moyens adéquoits pour enrayer le travail illégal et la fraude fiscale, qui représentent un manque à gagner 10 fois plus important que ces broutilles de luxe.
Juste un témoignage qui souligne bien cette remarque:
Dans une soirée j'ai rencontré un jeune homme, qui me raconte qu'il était venu à Paris sans aucun diplôme en poche, à la recherche d'un travail. Tout au début, il a falsifié son CV pour pouvoir commencer à travailler, car avec un CV véridique il n'aurait eu aucune chance. Il a travaillé dans une première boîte, assez "escroc" (vis-à-vis des clients) mais il a pu se faire une première expérience comme ça.
Maintenant il travaille dans une autre boîte, meilleurs que la première, et encore. Il est payé avec un
SMIC à mi-temps, pour le reste il est payé uniquement au pourcentage. Il travaillle 7j/7, 9 heures par jour, et le soir après le travail il est de permanence jusqu'à minuit. Donc si à 23h il a un appel il y va. Tout les jours, dimanches, jours fériés. Les autres employés font pareil.
Si il veut prend des vacances, il n'est pas payé, pas un centime, les vacances sont à ses frais. Donc lui comme salarié ne déclare que le mi-temps, n'est pas imposable et a néanmoins un bon salaire. Son patron paie un minimum de contributions sociales.
J'ai demandé au jeune homme comment son patron réagirait si il demandait des vacances payées ce qui serait conforme au droit du travail. Réponse évidente : Ce sera la porte.
Voilà. Une petite PME qui fonctionne comme ça. Cette histoire m'est resté dans la tête, et je crois qu'il doit y avoir des centaines, milliers, peut-être des dixaines de milliers de boîtes qui fonctionnent un peu comme ça.
Ce genre de pratique est quasiment indétectable, il faudrait un contrôle en profondeur pour déceler cette pratique.
Le jeune homme peut peut-être même demander une allocation de logement, le patron qui ne paie pas un jour de vacances, de maladie et juste une fraction des cotisations sociales de ce qui devrait payer se fait soit une bonne marge soit il est un concurrent très performant par rapport aux boîtes qui sont reglo.. Voilà la réalité banale. Et voilà des gens qui se lèvent tôt (pour parler en sarkolangue).
Peut-on reprocher au jeune homme d'avoir accepté ce travail et avoir accepté toutes ces conditions? De toute façon, s'il n'avait pas accépté une seule de ces conditions, il n'aurait pas eu le boulot. S'il joue cartes sur table sur le marché du travail, il n'a aucune chance. Le patron le sait et le jeune homme le sait et chacun sait que l'autre sait. Donc ni l'un ni l'autre vont aller se plaindre quelque part. En plus les deux sont gagnant financièrement.
Un autre ami dans cette soirée travaille dur, tout est reglo, mais: Il travaille souvent 7j/7, voyage beaucoup, a déjà accumulé 5 semaines d'heures sup qui sont théoriquement récupérables, mais pratiquement ce n'est pas possible. Le travail est intéressant, mais il m'a dit qu'il ne pouvait vivre à ce rhythme que pendant quelques années. En plus il est le seul à avoir un enfant dans cette boîte. Tous les autres sont jeunes et célibataires. Il a déjà des craintes si il dit trop souvent: je dois partir pour aller chercher mon fils à l'école, que ce soit "mal vu" à la longue. Il m'a parlé d'un autre collègue à lui, qui a travaillé dans les mêmes conditions et qui a craqué après deux ans. Pas grave. On jette et on prend un autre.
Je résume: Pour trouver du taf il faut mentir sur son parcours.
Pour être embauché il faut accepter des conditions qui sortent du cadre légal du code de travail. Pour travailler il faut être jeune pour pouvoir tenir un rhytme infernal. Et si on ne tient plus ce rhytme parce qu'on est devenu "trop vieux" ou parce qu'on est pressé comme un citron, on s'inscrit à l'ANPE. L'ANPE veut nous remettre dans ce truc infernal. Si ça ne marche pas, on fait de l'occupationnel: stages de CV, convocations, boulots subventionnés (l'état donne du fric à l'employeur pour qu'il ait la bonté de prendre ce pauvre type qui est trop vieux, trop jeune, pas assez machin, trop truc).
Bon, je vais me coucher. Mais je ne me lèverai pas tôt demain! Excuse-moi, Sarko. Pardon. Bonne nuit.