a lire..
Publié : 25 juil. 2005
Alain Guédé, Le Canard enchaîné, 10 nov 2004
23 novembre 2004 , par La rédaction
L’ANPE et l’UNEDIC ont inventé un concept révolutionnaire qui, à coup sûr, permettra de terrasser le chômage : à savoir, appliquer une loi qui n’a pas encore été votée ! Alors que le projet Borloo sur la cohésion sociale n’a même pas été examiné par l’assemblée, l’Unedic vient de conclure avec une société étrangère un contrat qui aboutira à mettre en pratique, dès le 1° janvier, l’une des dispositions de cette future loi : la suppression du monopole de l’Agence pour l’emploi.
Explication : l’an dernier, l’Unedic, dont le rôle devrait, en principe, se borner à indemniser les chômeurs, a tenté une expérience en concluant avec une boîte hollandaise, Maatwerk, un marché aux termes duquel ces spécialistes bataves du placement devaient caser 150 chômeurs. Le résultat ne fut pas mirifique : après un an de travail, cette société privée avait placé seulement 70 personnes, soit un résultat inférieur aux prestations - gratuites, elles - de l’ANPE.
Forte de cette remarquable expérience, l’Unedic relance ce type d’opération qui concernera, cette fois, 6000 chômeurs de longue durée du Nord et de Seine-Maritime. C’est encore une boîte étrangère (australienne), Ingéus, qui a décroché le gros lot. Le montant de ce marché : 26,8 millions d’euros. Cette douloureuse représente trente fois le seuil minimum au-delà duquel un appel d’offres doit être passé. Pourtant, cette société Ingéus a emporté le morceau sans se plier à cette obligation. Cette boîte, qui n’avait ni bureau ni salarié en France, a recruté comme directeur le patron de l’Assedic de Haute-Normandie...laquelle est désormais cliente d’Ingéus. On peut espérer qu’avec un salaire « boosté » ce brave directeur sera plus efficace qu’auparavant pour recaser les chômeurs.
A raison de 4 300 euros par demandeur d’emploi placé ( 6 000 euros pour les chômeurs âgés ), les boîtes d’intérim sont désormais dans les starting-blocks pour ce type de marché juteux. Les syndicats, hostiles au projet, font remarquer qu’il pose quelques problèmes. Primo, chaque placement d’un chômeur par ces boîtes privées risque de devenir hors de prix, comparé à ceux réalisés par l’ANPE. Deuzio, rien n’est prévu pour contrôler les fichiers que tiendront ces boîtes. Tertio ( toujours selon les syndicats), cette innovation met une épée de Damoclès au-dessus de la tête des chômeurs : les demandeurs d’emploi qui n’accepteraient pas les boulots sous payés proposés par ces officines d’intérim pourraient être dénoncés comme tire-au-flanc par ces mêmes officines. Et se verraient donc sucrer leurs allocs. C’était notre rubrique : le gouvernement défend le modèle français de service public.
sans commentaire...
Votre agressivité veut tout dire, ce qui est dommage
23 novembre 2004 , par La rédaction
L’ANPE et l’UNEDIC ont inventé un concept révolutionnaire qui, à coup sûr, permettra de terrasser le chômage : à savoir, appliquer une loi qui n’a pas encore été votée ! Alors que le projet Borloo sur la cohésion sociale n’a même pas été examiné par l’assemblée, l’Unedic vient de conclure avec une société étrangère un contrat qui aboutira à mettre en pratique, dès le 1° janvier, l’une des dispositions de cette future loi : la suppression du monopole de l’Agence pour l’emploi.
Explication : l’an dernier, l’Unedic, dont le rôle devrait, en principe, se borner à indemniser les chômeurs, a tenté une expérience en concluant avec une boîte hollandaise, Maatwerk, un marché aux termes duquel ces spécialistes bataves du placement devaient caser 150 chômeurs. Le résultat ne fut pas mirifique : après un an de travail, cette société privée avait placé seulement 70 personnes, soit un résultat inférieur aux prestations - gratuites, elles - de l’ANPE.
Forte de cette remarquable expérience, l’Unedic relance ce type d’opération qui concernera, cette fois, 6000 chômeurs de longue durée du Nord et de Seine-Maritime. C’est encore une boîte étrangère (australienne), Ingéus, qui a décroché le gros lot. Le montant de ce marché : 26,8 millions d’euros. Cette douloureuse représente trente fois le seuil minimum au-delà duquel un appel d’offres doit être passé. Pourtant, cette société Ingéus a emporté le morceau sans se plier à cette obligation. Cette boîte, qui n’avait ni bureau ni salarié en France, a recruté comme directeur le patron de l’Assedic de Haute-Normandie...laquelle est désormais cliente d’Ingéus. On peut espérer qu’avec un salaire « boosté » ce brave directeur sera plus efficace qu’auparavant pour recaser les chômeurs.
A raison de 4 300 euros par demandeur d’emploi placé ( 6 000 euros pour les chômeurs âgés ), les boîtes d’intérim sont désormais dans les starting-blocks pour ce type de marché juteux. Les syndicats, hostiles au projet, font remarquer qu’il pose quelques problèmes. Primo, chaque placement d’un chômeur par ces boîtes privées risque de devenir hors de prix, comparé à ceux réalisés par l’ANPE. Deuzio, rien n’est prévu pour contrôler les fichiers que tiendront ces boîtes. Tertio ( toujours selon les syndicats), cette innovation met une épée de Damoclès au-dessus de la tête des chômeurs : les demandeurs d’emploi qui n’accepteraient pas les boulots sous payés proposés par ces officines d’intérim pourraient être dénoncés comme tire-au-flanc par ces mêmes officines. Et se verraient donc sucrer leurs allocs. C’était notre rubrique : le gouvernement défend le modèle français de service public.
sans commentaire...
Votre agressivité veut tout dire, ce qui est dommage