Les forçats de la volaille.

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Modérateurs : superuser, Yves

Ongles_noirs

Re: Les forçats de la volaille.

Message par Ongles_noirs »

romain23 a écrit :D'un autre côté plus ils automatisent plus ça devient simple à saboter... un petit coup dans le bon capteur de position, par exemple, et c'est toute la produc qui peut être bloquée...
Reste plus que le principal à acquérir... La conscience de classe (quote)

C'est tout le problème ! Qui va etre volontaire!
Il n'y a pas vraiment de problème, juste une question de conscience de classe et donc d'identification de son ennemi de classe. Toutes les luttes sont menées par ces salariés ayant pris conscience de leur exploitation. Ceux là sont d'emblée « volontaires » nul besoin de les y pousser.
Ça ne date pas d'hier...
Extrait de la brochure « Le sabotage » d'Émile Pouget :
Le délégué de la Fédération des Cuisiniers se tailla un beau succès et dérida le Congrès, en narrant avec humour le drolatique cas de sabotage suivant : les cuisiniers d’un grand établissement parisien, ayant à se plaindre de leur patron, restèrent à leur poste toute la journée, fourneaux allumés ; mais, au moment où les clients affluèrent dans les salles, il n’y avait dans les marmites que des briques « cuisant » à grande eau... en compagnie de la pendule du restaurant.
Perso, j'ai pu constater un exemple de ce genre de moyen d'action sur des lignes de prod automatisées. Le rendement des équipes de nuits était toujours inférieur à celui des équipes de jours. Cela a duré des semaines avant que l'on nous demande d'implémenter une journalisation (traçage) de tous les événements survenant sur les lignes. C'est comme cela que l'on a découvert la technique utilisée par les salariés de nuits, ceux-ci étant moins fliqués (les lèche-bottes hiérarchiques n'appréciant que modérément le travail de nuit). Ils se contentaient d'entrouvrir un panneau sous protection cela bloquait instantanément toute la partie robotique de l'installation. Quand ils « reprenaient » le taf ils leurs suffisaient de refermer le panneau et tout repartait...
Tout cela sans rien casser ni rien dérégler...
Invité

Re: Les forçats de la volaille.

Message par Invité »

Coucou, je ne suis pas en burqa aujourd'hui, mais c'est exactement le même costume que sur la photo, que je porte les autres jours ! Ce sont les mêmes dans tout l'agro-alimentaire.
On est un jour férié et vous me montrez cette photo !! :(
Je ne suis pas dans cette usine, mais c'est à peu près le même environnement partout. Cependant il y a des différences significatives de salaire et d'ambiance : on se refile les adresses des boîtes-à-éviter-à-tout-prix entre intérimaires. :D

Le froid n'est pas forcément un pb : ça dépend beaucoup des gens. Moi je n'ai jamais froid aux mains ; on peut mettre des gants chauds sous les gants en plastique. Et comme on travaille vite on n'a pas froid. C'est pour ça qu'on a inventé les cadences, d'ailleurs, pour que le petit personnel ait bien chaud. :D

A propos des travailleurs handicapés, je ne vois pas pourquoi ils auraient besoin d'en embaucher d'autres : l'essentiel de leur personnel titulaire est déjà handicapé à force de travailler dans ce genre d'usine, comme le dit Romain. :mrgreen:
Et ce n'est pas une parole en l'air : je les entend parler et ce qui revient tout le temps c'est : les douleurs, les infiltrations, les hernies discales, les poses de plaques au niveau de la colonne vertébrale ; dans d'autres boîtes, c'est les opérations au niveau du canal carpien (la main) etc... Il faut voir la morphologie complètement dégradée de ces femmes à partir de 40 ans et avant.
Mais elle sont fières de donner leur santé au boulot "c'est comme ça, c'est la vie comme on dit, on choisit pas, hein, dans la vie tu fais pas tout que ce que tu veux etc..."
Les autres sont intérimaires, en fait les 3/4 des gens qui travaillent là-dedans. C'est plus commode : l'agence d'Intérim vous demande toujours avant : "vous n'avez pas mal au dos ?" . Si vous répondez oui, c'est foutu, vous ne serez jamais pris.

Pour y travailler, facile, on s'inscrit en agence d'intérim et on attend.
On espère toujours y toucher un bon mois, car il peut y a souvent des heures suppl. Mais c'est très aléatoire, cela dépend des commandes, et celles-ci dépendent de la météo : quand il fait beau le consommateur-qui-fait-ses-courses-à-l'hyper achète des brochettes ; quand il pleut il mange du steack de poulet, et quand il fait froid, du petit-salé. Le net mensuel peut ainsi passer de 1500 à 800€, d'un mois à l'autre.
Et quand une mission est terminée, on ne sait jamais quand on en aura une autre.
Quant aux titulaires, qui sont jalouses des intérimaires, car celles-ci ont des heures suppl et les 10% de précarité, elles touchent un salaire fixe, sur 13 mois, ont des horaires qui changent tout le temps (elles ne savent jamais à quelle heure elles vont sortir) et elles récupèrent les heures suppl, mais pas quand elles veulent. Quand ça arrange l'usine.

Cela dit, moi j'y trouve mon compte pour le moment : ce n'est pas loin de chez moi, je sais faire durer les sous, et je gagne plus qu'une secrétaire en ville, vu que toutes les offres y sont au SMIC. De toutes façons ils ne veulent pas de moi comme secrétaire. :D Pourtant ce n'est pas marqué dans mon CV que je tape avec 2 doigts... :D
RaoulPiconBière

Re: Les forçats de la volaille.

Message par RaoulPiconBière »

Cela dit, moi j'y trouve mon compte pour le moment
En réalité, vous n'y trouvez que :
"un compte que la Machine vous accorde de pouvoir espérer".
maguy

Re: Les forçats de la volaille.

Message par maguy »

J'avais pensé à toi Serabeth quand j'ai trouvé l'article :wink:
De toutes façons ils ne veulent pas de moi comme secrétaire. :D Pourtant ce n'est pas marqué dans mon CV que je tape avec 2 doigts... :D
Tu parais savoir te servir de tes mains et ton orthographe et rédaction valent largement celles que j'ai pu voir, malgré les diplômes. On oublie souvent d'apprendre le gros bon sens dans les écoles en plus.
Quant aux titulaires, qui sont jalouses des intérimaires, car celles-ci ont des heures suppl et les 10% de précarité, elles touchent un salaire fixe, sur 13 mois, ont des horaires qui changent tout le temps
On n'est pas près d'avoir une conscience de classe si en faisant exactement le même travail, elles arrivent à se tirer dans les pattes et se jalouser.

On pourrait leur répondre comme je l'ai fait une fois devant quelqu'un qui jalousait mon ASS, "mais viendez, y'a plein de place, vous pourrez vous lever à midi... si vous arrivez à dormir !".
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