L'Emploi et le Chômage en Débats

renaud21 a écrit : je "tape" sur personne (à part sur l'ump et le fn). Je me contente de remarquer des comportements sociologiques très regrettables : des personnes "aidés" (içi les sans papiers) ne sont pas du tout reconnaissantes de la bienveillance (même si on peut la trouver limitée) de la gauche envers eux. Il ne faut alors pas s'étonner si les discours xénophobes et les partis associés (ump et fn) progressent. En faite ma critique est la même que celle que je fait aux chômeurs : ils sont victimes, mais ne réagissent pas et ne prennent pas position. Pourtant, VOUS qui êtes sur ce forum, vous réagissez, et cela vous semble logique : si on vous agresse, vous essayez de vous défendre. Certes, les situations des personnes d'origines étrangères et des chômeurs sont complexes, mais il devrait y avoir quand même un minimum de réaction. Et ma critique est positive, elle cherche à faire réagir, pas à accuser et condamner (quoique pour les chômeurs ... enfin bon).

Et c'est là que se situe la plus grande différence entre vous et moi. Perso, je n'ai aucun problème pour trouver un emploi, j'ai la chance de ne pas encore être "trop" vieille et je suis dans un secteur "porteur" comme on dit. J'arrive donc même à choisir mon employeur. Mais à aucun moment je ne vais reprocher aux autres de ne pas être dans ma situation, et je les défendrai toujours.

L'emploi, c'est comme le jeu de la chaise musicale, sauf qu'à la fin on blâme celui qui n'a pas réussi à trouver de chaises, et maintenant on lui demande en plus de s'asseoir sur un manche à balai.

Pour les sans-papiers c'est encore pire. Contrairement aux chômeurs, l'agression n'est pas que verbale (culpabilisation dans les médias notamment), mais elle est aussi physique: à chaque instant, ils risquent de se faire arrêter. Comment voulez-vous penser à militer quand ce n'est même pas du lendemain dont vous avez peur, mais du jour même ? Quand vous devez prier à chaque instant où vous êtes dans la rue que la police ne s'intéresse pas à vous ?

Ce n'est pas aux victimes de se défendre, mais au gens autour, qui eux ont tout, de les défendre.

des personnes "aidés" (içi les sans papiers) ne sont pas du tout reconnaissantes de la bienveillance (même si on peut la trouver limitée) de la gauche envers eux. Il ne faut alors pas s'étonner si les discours xénophobes et les partis associés (ump et fn) progressent. En faite ma critique est la même que celle que je fait aux chômeurs : ils sont victimes, mais ne réagissent pas et ne prennent pas position.

J'ai un ami qui me tient les mêmes propos: tu les aides à avoir des papiers et si un jour ils sont naturalisés français, ils votent pour Sarkozy.
Pourquoi parce que tu es immigré tu devrais être de gauche voire d'extrême-gauche?
On peut reposer la même question en remplaçant le mot immigré par chômeur mais la question apparait clairement dès lors comme ridicule.
On n'aide pas les gens pour obtenir quelque chose d'eux.
Aider les gens, c'est les éduquer (le mot est à prendre dans le sens éducation populaire et n'a rien de méprisant) indirectement. Les sans-papiers dont des milliers sont toujours en grève, sauf erreur, dans le silence le plus absolu, sont obligés de s'organiser collectivement pour avoir une chance d'obtenir une régularisation et cette organisation est formatrice.
C'est dans la lutte que les travailleurs accèdent à la conscience de classe

Oui, et pas besoin d'être d'un type physique visible pour être méprisé. En Allemagne, j'avais connu quelques périodes très courtes de chômage. J'étais chômeuse ET étrangère, il faut être particulièrement musclé du cerveau pour résister au réflexions malveillantes, au poison distillé, genre ces étrangers qui viennent bouffer notre pain. Pourtant j'avais cotisé comme les autres.

Dans ce cas, surtout pas de profil bas, il faut se montrer arrogant et le prendre de haut et non comme le préconise Renaud de baiser la main qui condescend à baisser le regard vers toi.
Mais quand on n'a pas de papiers officiels mais qu'on a travaillé comme un forçat sans cotiser, ce qui arrangeait surtout l'employeur voyou, que leur reste-t-il à faire : crever ?

Mais en silence, surtout

Irration a écrit :

renaud21 a écrit : Comment voulez-vous penser à militer quand ce n'est même pas du lendemain dont vous avez peur, mais du jour même ? Quand vous devez prier à chaque instant où vous êtes dans la rue que la police ne s'intéresse pas à vous ?

Je suis tout à fait d'accord. Mais quand certains sans papiers obtiennent des papiers, voire la nationalité Française, ils sont "tirés d'affaire", mais ne pensent pas pour autant mettre à profit cette liberté nouvelle pour défendre ceux qui sont encore sans papiers, et défendre les pauvres en général. C'est à ceux-là que je fait mon reproche.

tristesir a écrit : C'est dans la lutte que les travailleurs accèdent à la conscience de classe

Ben voyons. Ce que j'ai dit plus haut prouve hélas le contraire. Et c'est exactement pareil pour tous ces salariés du privé qui se battent contre les licenciements dans LEUR entreprise, et qui ne font absolument RIEN d'autre. En fait c'est même pire pour eux : Il y a des centaines de groupes de salariés qui se battent chacun dans leur petit coin, incapable d'essayer de se regrouper nationalement, ou même d'être solidaires dans leur région. Donc il n'y absolument pas la moindre conscience de classe. C'est uniquement du CORPORATISME.