Le témoignage de l'intéressé
Publié : 23 févr. 2006
"On m'a pris, on m'a jeté": un salarié en CNE licencié gagne aux Prudhommes
Le Contrat nouvelles embauches (CNE) a essuyé un premier revers juridique devant les Prud'hommes de Longjumeau (Essonne), avec un jugement en faveur d'un salarié recruté abusivement en CNE puis licencié, qui apporte de l'eau au moulin à l'argumentation des syndicats.
"On m'a pris, on m'a jeté. Sans doute pour faire la jonction en période de vacances...", a expliqué mercredi Philippe Peyroux à l'AFP. Ce contrôleur technique automobile de 51 ans a été embauché le 21 mai 2005 par une PME (la SARL ACG) de l'Essonne, en contrat à durée indéterminée (CDI).
Le 6 août, quatre jours après la création par le gouvernement du CNE - contrat destiné aux entreprises de 20 salariés ou moins qui peut être interrompu par l'employeur sans motif pendant deux ans - la PME met fin à son contrat au terme de la période d'essai.
Le même jour, il est toutefois embauché par la SARL ACTE, étroitement liée à la première, dans le même secteur d'activité, et pour travailler sur le même poste, mais cette fois en CNE. Le 30 août, son CNE est interrompu.
"En fait je n'ai jamais mis les pieds chez ACTE, c'est un emploi fictif, j'ai toujours travaillé au même endroit", raconte-t-il.
"Quand j'ai signé, je ne savais pas ce qu'était le CNE, personne ne m'a expliqué. Je n'aurais rien fait, mais un copain qui est dans un syndicat de cadres m'a dit qu'il fallait les attaquer aux Prud'hommes", raconte-t-il.
Le conseil des Prud'hommes, selon le jugement obtenu par l'AFP, a considéré lundi que la rupture de la période d'essai était "abusive", puisqu'elle n'avait pas pour motif "le manque de compétence du salarié", mais était destinée à permettre le recours au CNE, qui n'était pas justifié.
Le jugement rappelle en effet que le CNE est destiné, "comme son nom l'indique", à favoriser de "nouvelles embauches", qu'il "ne peut être utilisé dans le seul but de précariser la situation d'un salarié et d'éluder le droit du licenciement".
Ce jugement intervient alors que les syndicats font état d'un nombre de plus en plus élevé de contestations de licenciements arrivant aux Prud'hommes.
Le cas de Longjumeau est particulier "puisqu'il y avait entente quasi-frauduleuse entre les deux entreprises", mais il "n'est pas unique", explique Philippe Masson, responsable juridique de la CGT, qui fait état d'un autre jugement, non encore prononcé publiquement, pour une affaire similaire mettant en cause une entreprise de maintenance bureautique. "L'utilisation du CNE par les patrons va générer toutes sortes de situations", affirme-t-il. "Malheureusement, la plupart des salariés amenés à travailler en CNE ont surtout des expériences de travail précaire et peu de moyens de défense".
"Tous les salariés embauchés en CNE et qui vont avoir des problèmes n'iront pas aux Prud'hommes, mais beaucoup iront, ne serait-ce que pour comprendre", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. Selon lui, le gouvernement "a faux à double titre : le CNE est bien un contrat précaire" et loin d'être allégé, le contentieux pour licenciement abusif va augmenter.
Les syndicats reconnaissent cependant la difficulté de prouver l'abus de CNE, hormis dans les cas de fraude avérée ou de licenciements illégaux (discrimination, femmes enceintes ...).
Mais ils comptent aussi sur le recours au droit international. La CFTC a demandé mercredi aux parlementaires opposés au CPE (contrat première embauche) de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel, car le CPE "déroge" selon elle "au droit international".
Le Contrat nouvelles embauches (CNE) a essuyé un premier revers juridique devant les Prud'hommes de Longjumeau (Essonne), avec un jugement en faveur d'un salarié recruté abusivement en CNE puis licencié, qui apporte de l'eau au moulin à l'argumentation des syndicats.
"On m'a pris, on m'a jeté. Sans doute pour faire la jonction en période de vacances...", a expliqué mercredi Philippe Peyroux à l'AFP. Ce contrôleur technique automobile de 51 ans a été embauché le 21 mai 2005 par une PME (la SARL ACG) de l'Essonne, en contrat à durée indéterminée (CDI).
Le 6 août, quatre jours après la création par le gouvernement du CNE - contrat destiné aux entreprises de 20 salariés ou moins qui peut être interrompu par l'employeur sans motif pendant deux ans - la PME met fin à son contrat au terme de la période d'essai.
Le même jour, il est toutefois embauché par la SARL ACTE, étroitement liée à la première, dans le même secteur d'activité, et pour travailler sur le même poste, mais cette fois en CNE. Le 30 août, son CNE est interrompu.
"En fait je n'ai jamais mis les pieds chez ACTE, c'est un emploi fictif, j'ai toujours travaillé au même endroit", raconte-t-il.
"Quand j'ai signé, je ne savais pas ce qu'était le CNE, personne ne m'a expliqué. Je n'aurais rien fait, mais un copain qui est dans un syndicat de cadres m'a dit qu'il fallait les attaquer aux Prud'hommes", raconte-t-il.
Le conseil des Prud'hommes, selon le jugement obtenu par l'AFP, a considéré lundi que la rupture de la période d'essai était "abusive", puisqu'elle n'avait pas pour motif "le manque de compétence du salarié", mais était destinée à permettre le recours au CNE, qui n'était pas justifié.
Le jugement rappelle en effet que le CNE est destiné, "comme son nom l'indique", à favoriser de "nouvelles embauches", qu'il "ne peut être utilisé dans le seul but de précariser la situation d'un salarié et d'éluder le droit du licenciement".
Ce jugement intervient alors que les syndicats font état d'un nombre de plus en plus élevé de contestations de licenciements arrivant aux Prud'hommes.
Le cas de Longjumeau est particulier "puisqu'il y avait entente quasi-frauduleuse entre les deux entreprises", mais il "n'est pas unique", explique Philippe Masson, responsable juridique de la CGT, qui fait état d'un autre jugement, non encore prononcé publiquement, pour une affaire similaire mettant en cause une entreprise de maintenance bureautique. "L'utilisation du CNE par les patrons va générer toutes sortes de situations", affirme-t-il. "Malheureusement, la plupart des salariés amenés à travailler en CNE ont surtout des expériences de travail précaire et peu de moyens de défense".
"Tous les salariés embauchés en CNE et qui vont avoir des problèmes n'iront pas aux Prud'hommes, mais beaucoup iront, ne serait-ce que pour comprendre", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly. Selon lui, le gouvernement "a faux à double titre : le CNE est bien un contrat précaire" et loin d'être allégé, le contentieux pour licenciement abusif va augmenter.
Les syndicats reconnaissent cependant la difficulté de prouver l'abus de CNE, hormis dans les cas de fraude avérée ou de licenciements illégaux (discrimination, femmes enceintes ...).
Mais ils comptent aussi sur le recours au droit international. La CFTC a demandé mercredi aux parlementaires opposés au CPE (contrat première embauche) de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel, car le CPE "déroge" selon elle "au droit international".