SOLIDARITÉ
La contradiction entre le « tout-liberté » à l’américaine (sans l’égalité) et le tout-égalité à la soviétique (sans la liberté), tente de se résoudre en France dans la présence de droits collectifs qui s’expriment dans la triangulation républicaine liberté – égalité – fraternité. Du point de vue des républicains, l’idée de la fraternité signale qu’on ne se choisit pas, mais que l’on fait partie d’une société (et non d’une communauté), comme dans une famille où l’on ne demande pas à un frère s’il veut bien avoir l’obligeance d’être « solidaire » de ses autres frères et sœurs.
Au contraire, le modèle anglo-saxon de la liberté, toute la liberté, rien que la liberté s’oppose à l’imposition de droits collectifs qui sont vécus comme des freins insupportables à la logique du contrat libre entre les individus. Dans ce modèle, par exemple, l’éducation n’est pas un droit collectif mais une simple rencontre entre une offre privée d’éducation est une demande privée d’éducation : elle peut donc faire l’objet d’un commerce.
La solidarité suppose le registre du volontariat. Nul n’est obligé d’être solidaire. Il s’agit essentiellement d’une attitude individuelle, proche de la charité. La fraternité, en revanche, impose le principe de droits collectifs ou, si l’on veut, d’une « solidarité obligatoire » imposée, non volontaire, non libre et non négociable.
Or ce vieux terme de la gauche ouvrière, la « solidarité », est aujourd’hui récupéré par la droite et détourné de son sens. L’intérêt de la manœuvre est de culpabiliser la victime et la société civile. Si les choses vont si mal, c’est du fait d’un manque de solidarité entre les gens (donc entre les victimes de l’exploitation elles-mêmes). Les gens sont devenus si «individualistes », ma brave dame ! nous répète sans fin un système qui a tout fait pour casser les organisations collectives. Le patron de Michelin qui licencie 7000 ouvriers l’année de ses bénéfices record n’est pas un « individualiste », lui !
Dernier forfait en date de cette escroquerie intellectuelle, la journée de la solidarité avec les personnes âgées. Après avoir défiscalisé à mort les patrons, exempté les entreprises de cotisations sociales (pour les vieux, donc…), le gouvernement demande aux travailleurs de rendre une journée fériée à la Pentecôte et d’augmenter d’une journée de travail les profits des entrepreneurs.
L’appel incessant à la solidarité, thème faussement généreux, vise à détruire le sentiment d’un destin commun encadré par des droits collectifs, au profit d’une philosophie du contrat dans laquelle
on fait appel à l’engagement sélectif des uns au profit des autres.
A cette philosophie correspond la montée de l’humanitaire comme corollaire à l’effondrement du politique. Il s’opère alors un transfert de responsabilités de l’État vers la société civile : la puissance publique qui détruit les garanties sociales, le droit du travail, qui prône une politique monétaire, qui fait flamber la bourse et qui défiscalise les entreprise, encourage dans le même temps une « économie solidaire » qui confie aux associations le soin de réparer les dégâts de ses choix politico-économiques.
Quand j’entends le mot « solidarité », je sors mon code du travail !
source:
http://www.scoplepave.org/ledico/frame_dico.htm
Quelques précisions:
- les rSastes eux-mêmes contribuent au paiement de leur rSa (prise en considération de tout type d'épargne, de tout type d'équipement en leur possession)
- il y a une telle crise et un tel taux de chômage que rSa ne veut pas dire fainéant ou profiteur
- c'était sûr qu'en créant cette taxe l'état diviserait, et en toutes choses quand une personne (ici physique) divise, crée du conflit entre des gens égaux, en favorisant certains aux dépens des autres, c'est qu'elle est mauvaise dans son fond (une moralité ancestrale), ici la personne physique représente tous les intérêts des capitalistes de haut niveau (la spiritualité du capitalisme et tout ce qu'elle implique en inégalités, sur ce site beaucoup d'infos). Et ce système dirigeant qui prône la lutte contre ceci-cela, est totalement immoral lui-même.
Vous êtes victime tout autant que les rSastes à mon avis et seulement sur ce point de vue où vous contestez qu'on vous enlève 300 euros, car pour le reste vous avez la chance d'avoir un revenu et un toit sur la tête !